Page 331 - Dictionnaire Westphal

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AFFRANCHIS
(Traduction, dans Ac 6:9 seulement, de
libertinoï,
transcription grec du latin
libertini
=fils de
liberti,
c-à-d. d'affranchis; d'où la traduction litt. mais inexacte de
Martin:libertins.)Il s'agit d'une synagogue de Jérusalem ainsi dénommée, dont
quelquemembres discutèrent contre Etienne. Ces Affranchis étaient lesdescendants
des Juifs qu'à partir de 63 av. J.-C. Pompée avaitemmenés esclaves à Rome, qui
avaient été par la suite émancipés etadmis aux privilèges des citoyens romains, comme
le confirme entreautres un témoignage de Philon. On sait par ailleurs que
Romeémancipa beaucoup d'esclaves des familles impériales etaristocratiques, et que
ces affranchis furent assez souvent despersonnages influents. Il était naturel que les
Juifs de cetteclasse, revenant à Jérusalem (où les synagogues étaient fortnombreuses),
soit pour s'y fixer, soit comme visiteurs, fussent bienaises de se retrouver entre eux
pour leur culte, eux qui nepossédaient pas aussi bien l'hébreu que leurs frères
palestiniens;tout comme aujourd'hui, dans les grandes cités, les principaux paysont
leurs églises particulières. Et l'on s'explique aussi que parmices notables si attachés à
leur judaïsme, il se soit levé des chefsd'opposition contre la prédication d'Etienne,
subversive à l'endroitdes institutions d'Israël.--L'énumeration de ce texte ne laisse pas
clairement voir si cesJuifs d'origine romaine, ceux d'origine africaine (pyrénéens
etAlexandrins) et ceux d'origine asiatique (Cilicie et Asie) seréunissaient ensemble ou
dans des synagogues séparées; il estprobable qu'il y en avait une distincte pour
chacun de ces troisgroupes.Il est donc inutile de chercher une explication
géographique du mot
Libertinoï,
soit en le remplaçant par le mot, que ne porteaucun
ms.:
Libystinoï
=Juifs de Libye (Afrique), si séduisantqu'il paraisse de les joindre ainsi
aux Africains nommés avec eux;
soit en conjecturant un pays inconnu
nomméLibertum, d'après une unique mention d'un évêque «libertinensis» auconcile de
Carthage (411).--En 1914 les fouilles de R. Weill, sur la colline du S.-E. àJérusalem,
ont mis au jour des vestiges qui projettent une certainelumière sur cette synagogue
des Affranchis. Une inscr. grec a étéretrouvée dans une citerne, parmi de nombreuses
pierres sculptéescomme les blocs de frises décorés que nous reproduisons avec elle(fig.
1 et 2); on y lit sans peine: «Théodotos, de la famille deVettenos, prêtre et chef de
synagogue, fils d'un chef de synagoguelui-même chef de synagogue, a construit la
synagogue pour la lecturede la Loi et l'enseignement des préceptes, ainsi que
l'hôtellerie etles chambres, et les installations des eaux, pour l'hospitalisationde ceux
qui en ont besoin, venus de l'étranger; synagogue qu'ontfondée ses pères, et les
anciens, et Simonidès.» Les savants datentcette inscription du milieu du I er siècle de
notre ère. Ce prêtrejuif Théodote (forme grec de l'hébreu Jonathan) pouvait donc
êtreclient ou descendant d'un affranchi, Vettenus; avec les fondsprobablement fournis
par les anciens, entre autres ses propresascendants, il avait bâti pour des Juifs
étrangers à Jérusalem unesynagogue avec une hôtellerie et des bains. «Peut-être la
synagoguefondée dans ces conditions est-elle identique à la synagogue desAffranchis.»