Page 175 - Dictionnaire Westphal

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ABDIAS
Le quatrième des douze petits prophètes, vivait, d'après son uniqueoracle, dirigé contre
Édom, à une époque où Jérusalem avait été priseet pillée par une coalition de peuples
voisins, dont les Édomitesfaisaient partie. Il leur déclare à tous, mais particulièrement
àceux-ci, comme les plus coupables à cause de leur parenté avec lesIsraélites, qu'ils
seront abaissés à leur tour. Comme ils prirent unelarge part à la ruine de Jérusalem
par Nébucadnetsar (Ps 137,La4:21 etc.), on a cru longtemps que cet oracle fut
composé pendantl'exil. Mais rien n'indique qu'à l'époque d'Abdias Jérusalem eût
étédétruite, et rien non plus ne suppose la période caldéenne ou perse.De plus,
Jérémie a connu et reproduit en partie cet oracle (Jer49:7-22). Joe 2:32 l'a même cité:
«Sur la colline de Sion il yaura délivrance,
comme l'a dit l'Éternel.
» (Cf. Ab 1:17) Or il y
eut en effet, avant Joël et Amos, une époque où Jérusalemfut prise et pillée par les
Philistins, les Phéniciens et diverseshordes arabes (2Ch 21:16, Joe 3:5, Am 1:6-9). Il
est donc biennaturel de placer Abdias peu avant ces deux prophètes. D'autant
plusqu'en le mettant à la suite d' Osée et de ces mêmes prophètes, ceux quiformaient
le recueil des Douze montraient évidemment par là qu'ils leconsidéraient (avec raison)
comme l'un des plus anciens. Seulement,comme son livre est beaucoup plus court, ils
le placèrent après lesleurs. Procédé qui a été adopté aussi dans le N.T. pour les
épîtresde saint Paul, qui sont rangées d'après leur importance et leurétendue, sans
égard pour leur ordre chronologique. Ils auraient pu setromper sans doute, mais on
voit qu'il y a d'assez bonnes raisons depenser qu'ils ne se sont pas fait illusion. Il faut
considérer aussi qu'il est peu probable que lalittérature prophétique ait commencé
chez les Hébreux seulement auVIII e siècle par l'ouvrage d'un berger, un ouvrage
remarquable àbien des égards (voir P. Humbert,
La religion d'Amos,
dans
Rev.Laus.,
1929); et pourquoi aucune de ces premières productions ne seserait-elle conservée,
quand des poésies bien plus anciennes, commele chant de Débora et bien d'autres,
sont parvenues jusqu'à nous? Onsait qu'Ésaïe en a cité une relative à Moab. Celle
d'Abdias relativeà Édom, son imitation par Joël et sa reproduction par Jérémie
avecquelques modifications, n'ont rien de plus surprenant. Il nous estresté de
l'ancienne littérature hébraïque plus de monuments qu'unecritique trop sceptique ne
veut le croire, pour des raisons parfoisbien insuffisantes.Cf.
Histoire critique de la
littérature prophétique des Hébreux,
etc., par Ch. Bruston, 1881.
Les plus anciens
prophètes,
par lemême, 1907, etc. L'opinion contraire a été adoptée par L. Gautier,
Intr.
A.T.;
P. Fargues,
Intr. A.T.,
etc. Il n'y a aucune raison sérieuse de douter de l'intégrité
du textede cet oracle, mais il semble avoir subi au moins une légèrealtération. Ce qui
n'a rien de surprenant. Il y en a ailleurs de bienplus nombreuses et plus graves,
surtout dans le livre d'Osée,cependant plus récent. Ch. Br.