Page 1521 - Dictionnaire Westphal

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CHEOL ou SCHEOL
Équivalent sémitique de la conception classique de l'
Hadès,
etque nos versions
françaises rendent habituellement par «séjour desmorts». L'origine du mot cheol est
douteuse; il semble bien que ce termedérive de l'assyr., soit de la rac.
chaal
(=consulter
un oracle),soit de
chilu
(=chambre); ce dernier mot d'ailleurs a quelquerapport avec
l'idée d'un trou, d'un puits profond, idée qui seretrouve dans la conception hébraïque
du cheol (Job 11:8 26:6,De32:22,Ps 86:13 88:7). Quoi qu'il en soit, le cheol est le
lieusouterrain où vivent les ombres des morts; l'ancienne coutumesémitique de brûler
les corps d'une même famille dans une tombecommune a pu enrichir également la
signification de ce mot. Les Hébreux n'ayant jamais élaboré une doctrine complète
etsystématique de la vie future, on a quelque peine à reconstituerl'idée qu'ils se sont
faite du cheol. Dans cette demeure souterrainela vie se poursuit, mais les distinctions
terrestres sont supprimées,même les différences morales (Job 3:17,19); c'est un pays
deténèbres (Job 30:23 10:21), où tout est silence, où l'on s'étenddans la poussière (Job
17:16 20:11 21:26,Ps 30:10), d'où l'on nerevient pas (Job 7:10). Pourtant la possibilité
de faireréapparaître les morts par les formules magiques de la nécromanciesemble
avoir été une croyance assez générale (1Sa 28,Le 19:3120:8,De 18:11,Esa 8:19). La vie
des morts dans le cheol est-elle consciente et active?rien de précis à ce sujet. (cf. Ps
88:13 94:17 30:10,Eze 32:27)Le dernier passage donne plutôt l'impression d'une
inactivitécomplète. Il semble même que du cheol les âmes ne puissent plusadresser de
prières à l'Éternel (Ps 6:6), que Dieu soit absentde ce lieu de désolation. Lorsque toutes
les espérances nationales furent déçues par ladestruction de Jérusalem et l'exil à
Babylone, un individualismenouveau pénétra la piété; on se préoccupa davantage du
sort de chaquehomme après sa mort. La dure doctrine de la rétribution individuellese
révéla insuffisante; pour croire à la justice de Dieu, on futobligé de croire à des
sanctions dans l'autre vie. Avant l'exil déjà, chez Amos (Am 9:2) et dans lePs 139:8, on
voit en quelque sorte Dieu pénétrer dans le cheol. Maisc'est surtout plus tard que
l'idée d'un jugement après la mort sedéveloppe. Dans le livre d'Hénoch éthiopien (II e
et I er siècle av. J.-C),le cheol est divisé en quatre parties, réservées respectivement
auxmartyrs, aux justes qui ne furent pas martyrs, aux pécheurs ayantvécu dans la
prospérité, et aux pécheurs déjà punis sur cette terre.Le sort des âmes varie suivant
les catégories, allant de l'extrêmefélicité jusqu'à la perte de l'espoir même d'une
résurrection, pourles plus coupables; les âmes versées dans la 3 e section
seront«tuées» au jour du jugement, sans qu'on puisse bien comprendre ce quel'auteur
entend par ce genre de mort. D'ailleurs rien ne prouve quecette division du cheol en
quatre parties ait jamais été admise partout le monde. Au contraire, il semble probable
qu'on se soit borné àdiviser le cheol en deux parties: le séjour des bénis et celui
desmaudits. Puis, sous l'influence du pharisaïsme, la pensée juive aprécisé: on en vint
à affirmer qu'au jour de la résurrection quiprécédera le jugement, les ombres des
justes sortiront du cheol,qu'elles recevront un corps, et monteront ainsi dans le ciel.