Hébreu: 1. behémâh, bétail en général, y compris les bovidés, Ge 34:23. 2. bâqdr, troupeau de boeufs, sans distinction d'âgeou de sexe. 3. chôr, Ge 32:5,1Sa 22:19, etc. (araméen tôt, Esd 6:9,17,Da 4:25-32 et suivant), tantôt un troupeau, tantôt un individu isolé, quels que soient l'âge et le sexe. 4. par, jeune taureau, fém. pârâh, génisse. 5. égel, fém. églâh, veau d'un an, appliquéexceptionnellement à une génisse dressée, Os 10:11; à unelaitière, Esa 7:21; à une génisse de labour, Jug 14:18;à une génisse de trois ans, Ge 15:9. 6. abbîr, pluriel abbîrîm, les forts, désignedans quelques passages des taureaux, Ps 22:13 50:13,Esa 34:7. 7. alâphîm, pluriel, terme général pour boeuf, De7:13 28:4,18,51,Ps 8:8,Pr 14:4,Esa 30:24. 8. reêm, boeuf sauvage, No 23:3, etc.Le boeuf était le principal animal domestique des anciens Juifs. Lespatriarches, qui étaient des semi-nomades, en possédaient de grandstroupeaux. Établis en Canaan, les Israélites en réduisirent l'élevageet le proportionnèrent aux ressources de leur pays. Le désert deJuda, la plaine maritime, la Galilée, la Trans-jordanie surtout (lebétail de Basan était célèbre: Ps 22:13,Am 4:1), restèrent despays d'élevage. Ailleurs on ne garda guère que les bêtes nécessairesaux travaux des champs (labourage, De 22:10,1Ro 19:19;dépiquage, De 25:4,Os 10:11; charrois, No 7:3, cf. 1Sa6:7, etc.; transports à dos, 1Ch 12:40), et on ne leur donnaitqu'une maigre pitance, probablement comme aujourd'hui quelquespoignées de paille d'orge (Esa 11:7 30:24). On se nourrissait deleur laitage (2Sa 17:29,Esa 7:21 et suivant); mais on nemangeait de leur chair qu'aux jours de fête (De 14:4,1Ro 1:9). Al'hôte de passage on offrait généralement un veau (Ge 18:7,Lu15:23). Les bêtes destinées à être mangées étaient engraissées àl'étable (1Ro 4:23,Pr 15:17,Am 6:4,Mal 4:2,Lu 13:15). Onimmolait surtout les boeufs pour le sacrifice (Ge 15:9,1Ro8:63,2Ch 29:33). La loi de Moïse renfermait des prescriptionsrelatives à la protection du bétail (Ex 23:12,De 25:4). Le boeufgardé à l'étable est ordinairement doux, mais celui qui jouit de laliberté des pâturages est à demi-sauvage et peut devenir dangereux. Ces animaux ont l'habitude d'entourer l'objet qui les étonne etfinissent quelques fois par le charger (Ps 22:13). La loimosaïque règle les dommages causés par ces attaques (Ex21:28-36). Les boeufs en liberté résistent énergiquement aux fauves,ils enferment dans un cercle les vaches et les veaux et font face,cornes baissées, à l'ennemi. Les boeufs actuels de la Palestine nesont qu'une race dégénérée, faute de soins et d'une nourrituresuffisante. Dans les régions riches en herbages (les mêmes qu'auxtemps bibliques), le bétail est plus beau. Dans la vallée du Jourdainle boeuf commun (bos taurus) est remplacé par le buffle(bubalus) . Il faut à ce dernier le marécage. Il s'y enfonce dansle jour jusqu'au cou, comme on en voit aujourd'hui couramment dansles bras du Delta d'Egypte. Cette bête énorme et disgracieuse estredoutable. Elle vient de l'Inde où elle existe à l'état sauvage.Elle est arrivée par la Perse, trop tard pour être mentionnée dans laBible. Dans l'antique Orient le boeuf, ou plus exactement le taureau,était considéré comme le symbole de la puissance, de la fécondité, dela vie. En Egypte, le dieu Apis à Memphis, le dieu Râ à Héliopolis,le dieu Kern à Thèbes, le dieu Mentu à Hermonthis, étaientreprésentés sous la forme d'un taureau. Les Babyloniensreprésentaient ainsi Adad, le dieu de la pluie fécondante, et lesAraméens Hadad (dieu qui était adoré aussi chez les Hittites). Dansle monde égéen, le Dionysos crétois, dieu de la végétation et de lavie, était aussi figuré sous la forme d'un taureau. On ne peut doncpoint s'étonner qu'Israël, dans ses temps primitifs, ait fait de mêmepour son propre Dieu (voir l'épisode du taureau d'or au pied duSinaï, Ex 32,De 9, et le taureau érigé par Jéroboam à Dan et àBéthel, 1Ro 12:29,2Ro 10:29). Cette représentation,inconciliable avec le culte jéhoviste instauré par Moïse, futconstamment combattue par les prophètes. S'appuyant sur une ressemblance phonétique, certains savants ontidentifié le reêm biblique avec l'antilope oryx (arabe rîm ),qui habite les solitudes voisines de la Palestine. Mais cet animal nerépond pas aux descriptions de la Bible. Les LXX ont rendu reêm par monokéros et en ont fait un animal fabuleux unicorne (la«licorne» de nos vieilles versions, et du Psautier, jusqu'à Mart. etOst.). Le reêm est en réalité un bovidé bicorne. La Bible décritsa grande force, sa férocité, ses cornes redoutables (No 23:22,De33:17,Ps 22:22 92:11,Esa 34:7, cf. Job 39:12-15). Ps 29:6le met en parallèle avec le boeuf domestique. D'après Esa 34:7,il était agréé pour le sacrifice. Il ne peut s'agir du buffle indien(voy. plus haut), mais plutôt d'un des grands bovidés sauvages quipeuplaient jadis les forêts de la Palestine et dont quelques dentsont été découvertes dans une station ossifère du Liban: le bison etl'aurochs. Le bison (bison bona-susovl bosurus), aux cornescourtes et fortes, souvent appelé aujourd'hui aurochs et confondu àtort avec l'urus de César, n'a plus que quelques descendants dansles forêts de Lithuanie et dans quelques recoins perdus du Caucase.Le vrai aurochs ou boeuf ancien des Germains existait encore au tempsde César, qui le décrit sous le nom d'urus, corruption d'aurochs (De Bello Gallico, 6:28). C'est le bos primi-genius desnaturalistes. Ce bovidé, aujourd'hui éteint, d'où proviennentpeut-être nos boeufs à longues cornes, était une bête énorme auxcornes longues et puissantes. Les rois d'Assyrie, qui chassaient cefauve presque aussi redoutable que le lion, l'ont représenté surleurs monuments; une inscription de Salma-nasar III dit: «Je foulaiaux pieds son pays, comme un rimoû.» C'est certainement le reêm Pour le «boeuf sauvage» (teô) de De 14:5 etEsa 51:20, voir Antilope. E. D.