1. Fils d'Omri, roi d'Israël de 871 à 852 environ. Le Livre des Rois consacre à ce règne des développements plusconsidérables qu'à celui de Salomon lui-même (1Ro 16:29 à 2Ro10:36), chapitres d'une valeur historique très inégale. Lesmeilleurs éléments sont extraits d'une histoire populaire de ladynastie d'Omri et de sa chute: 1Ro 20-22,2Ro 9-10. Ces pages,d'un ton anecdotique, ont dû être rédigées vers l'an 800. Elles sontactuellement interrompues par les biographies d'Élie et d'Elisée.D'autre part, les récentes et importantes fouilles américaines surl'emplacement de Samarie précisent nos connaissances sur lacivilisation israélite au temps d'Achab et sur la personnalité de cesouverain. Enfin la stèle de Mésa et les documents assyrienscomplètent opportunément la documentation. Le tout vient appuyer lejugement de Renan: «Achab égala Salomon par l'ouverture d'esprit etle surpassa par sa valeur militaire.» En épousant Jézabel, fille du roi de Tyr Ethbaal, Achabs'assurait l'alliance de la principale puissance phénicienne contreles redoutables ennemis héréditaires d'Israël, les Araméens de Damas.Il put, de la sorte, obtenir quelques succès; en outre, sous sonrègne, les hostilités subirent des temps d'arrêt. Ben-Hadad, roi deDamas, menacé à son tour par Salmanasar III d'Assyrie, lui opposa unecoalition de douze princes parmi lesquels figure Achab, et quesoutenait l'Egypte. La bataille de Karkar, près de l'Oronte, dontSalmanasar, dans une inscription, s'attribue le gain mais qui enréalité ne lui procura aucun avantage, fournit la première dateentièrement certaine de l'histoire israélite: 854. Le danger assyrienconjuré pour l'heure, Araméens et Israélites redevinrent ennemis.Pour récupérer Ramoth ou Rama, au delà du Jourdain, Achab appela àson aide le roi de Juda; et cette alliance aussi fut cimentée par lemariage de la fille du roi, Athalie, avec le prince héritier judéenJoram, fils de Josaphat. Achab, mortellement frappé devant Ramoth,expire tandis que son armée se débande. Il avait, pendant un tempsseulement, maintenu en vasselage ses voisins Moabites (Mésa), etAmmonites aussi semble-t-il. Aucun souverain israélite n'apparaît sous un jour plus sombre auxyeux du rédacteur des Rois. En fait, si Achab manifesta un certainamour du luxe et même des allures de despote (meurtre judiciaire deNaboth), s'il ne comprit: pas l'exclusivisme religieux du culte del'Éternel représenté avant tout par les prophètes (Élie, Michée, filsde Jimla), il fut brave, énergique, avisé politique et se fit aimerde son peuple. L'érection a Samarie d'un temple du Baal de Tyr,Melqart, en signe de l'alliance des deux États, ne paraît pas avoirmécontenté les sujets d'Achab: comme sous Salomon, on en est encoreau stade où Israël reconnaît les, droits des autres dieux, à côté deceux du sien. Si la conscience religieuse d'une élite s'offusqua, cefut quand on put voir le roi en personne, régulièrement peut-être,sacrifier au Baal tyrien dans le sanctuaire de Samarie, alors queseuls les sujets d'un dieu national ont qualité pour lui rendre leurculte. Sous Achab Israël accède à la diplomatie internationale et prendun réel essor économique. Par ce que, grâce aux fouilles, nousentrevoyons de l'organisation du royaume, avec son intendance,véritable ministère des finances et des fournitures de guerre, avecl'usage étendu de l'écriture, l'activité commerciale, l'art desfortifications, la beauté, voire le luxe des constructions de pierrede taille à Samarie où le roi a même un «palais d'ivoire»,nous obtenons des précisions confirmant bien les donnéesassyriennes sur les forces militaires israélites à Karkar. Bref, ilest désormais établi que, parmi les États alors confédérés, celuid'Achab comptait à tous égards au premier rang. 2. Faux prophète au temps de Jérémie (Jer 29:21 etsuivant).JQ. M.