(araméen Bar-Abba =fils du père, ou d'Abba). Brigand (Jn18:40), mis en prison pour sédition et meurtre (Lu 23:18), encompagnie d'autres meurtriers (Mr 15:7); personnage connu àJérusalem (Mt 27:16); fut relâché à l'occasion des fêtes de laPâque, le jour de la mort de Jésus. Cet épisode est commun aux quatreévangiles, avec de menues divergences: 1. Marc (Mr 15:6,14) donne à la foule l'initiative dedemander la grâce habituelle pour la Pâque. Pilate offre de délivrerJésus; poussée par le clergé, la foule réclame alors Barabbas. 2. Matthieu (Mt 27:15-23) montre Pilate se réclamant del'usage pour offrir d'emblée le choix entre Barabbas et Jésus. Lafoule, guidée par le clergé, choisit Barabbas. 3. Luc (Lu 23:18-25) ne parle ni de la coutume, pascale,ni de l'intervention du clergé. Pilate tire argument de l'innocencede Jésus, et propose de le relâcher. La foule demande Barabbas. 4. Jean (Jn 18:39 et suivant) présente les choses commeLuc, mais fait faire allusion par Pilate à la coutume pascale. On peuten conclure que Barabbas a permis au procurateur de tenter unediversion (d'ailleurs vainement) pour détourner la colère des Juifs,d'un innocent sur un coupable, et que selon la prophétie (Esa53:12, citée Lu 22:37), non seulement d'une manière générale,«juste, Jésus est mort pour des injustes» (1Pi 3:18, cf. Ro5:8), mais d'une manière précise et exacte, le «Saint et le Juste»est mort à la place d'un brigand, le «Prince de la vie» à la placed'un «meurtrier», comme le dira courageusement Pierre (Ac 3:14). Tous ces témoignages s'opposent aux hypothèses (Jérôme, etc.)d'après lesquelles le nom de Bar-A bbas (fils du père, ou dumaître, ou, suivant une forme voisine admise par Renan, Bar-Rabban =fils du rabbin) aurait représenté réellement unpersonnage populaire parmi les Juifs, un meneur antiromain. Aussiimprobable est l'appellation qui se trouve dans quelques manuscritset versions de Mt 27:17: «Jésus Barabbas, ou Jésus qu'onappelle Christ?» Si les noms eux-mêmes avaient effectivement marquéun contraste aussi dramatique (dont Origène et beaucoup d'autres à sasuite ont tiré de grands effets d'édification), il aurait été mis enévidence ailleurs que dans ce seul v. 17: d'abord au verset 20, puisdans les trois autres évangiles; c'est donc une erreur de copiste,qui pourrait s'expliquer par la répétition des deux dernières lettresdu mot grec précédent, lesquelles étaient couramment employées commeabréviation du nom de Jésus. Jq. L.