AUGUSTE

(Gaïus Octavianus; puis, après son adoption par Jules César, dont ilétait le petit-neveu, nommé Gaïus Julius Caesar Octavianus, enfinCésar-Auguste, né 23 sept. 63 av. J.-C, mort 19 août 14 ap. J.-C). Ilfut d'abord membre du second triumvirat (Octave, Antoine, Lépide),puis, après l'élimination de Lépide et la bataille d'Ac-tium (2 sept.31 av. J.-C), où il défit Antoine, devint seul maître du monde. Ilreçut du Sénat, en 27 av. J.-C, le titre honorifique d'Auguste (grec sebastos : terme qui implique une vénération religieuse et quiqualifia dans la suite tous les empereurs romains). Pour sesinterventions dans les affaires de Palestine, voir l'articlePalestine au siècle de J.-C, parag. 2, 3, 4.--On lit dans Lu 2:1: «Or, il arriva, en ces jours-là, qu'ilsortit un édit de César-Auguste ordonnant que l'univers entier fûtrecensé» (Lagrange). Il faut donner au mot «sortit» la valeur d'unplus-que-parfait, c-à-d. «avait été promulgué», puisque lapromulgation d'un édit précède l'obéissance à cet édit; et c'est parobéissance à l'édit, antérieurement promulgué, que Joseph et Mariequittèrent Nazareth pour Bethléhem. Le verset 2 est une remarqueintercalée comme détermination chronologique entre la mention del'édit et le commencement du récit: «Ce dénombrement fut le premieret eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie.» Le sensest celui-ci: «Ce fut là un premier recensement, et il eut lieu,etc.» Il y a donc en une seule phrase deux affirmations: cette mesurefut la première, prise par Auguste, et elle fut exécutée alors queQuirinius était gouverneur de Syrie. Luc sait (Ac 5:37) quecette prescription, jusque-là inouïe, devait provoquer uneextraordinaire agitation au sein du peuple juif et donner naissanceau parti des zélotes (voir ce mot et Palestine au siècle de J.-C,parag. 9). Il rappelle que Jésus naquit au moment où, pour lapremière fois, un recensement semblable avait lieu. Et c'est pourobéir à l'ordre impérial que Joseph et Marie quittèrent Nazareth pouraller à Bethléhem, «afin de se faire enregistrer chacun dans saville».Or, il faut examiner deux faits:

1. le recensement,2. le moment où Luc le place.
1. Le recensement . L'histoire profane ne saitrien d'un recensement ordonné par Auguste pour toute la terre, c-à-d.pour tout l'empire. Tacite (Ann., I, 11) raconte qu'après la mortd'Auguste, Tibère se fit apporter un registre, ouvrage d'Auguste, quicontenait l'état des richesses de l'empire, le nombre des citoyens etdes alliés sous les armes, etc., mais c'est autre chose que la mesureindiquée Lu 2:1. Ce que nous savons, c'est qu'à cette époque ily eut des recensements dans les Gaules, en Egypte et en Syrie; commela Palestine avait avec la Syrie un certain lien administratif (voirGouverneur), n'est-il pas naturel que l'on ait fait pour la Palestinece que l'on faisait pour la Syrie? Mais--et c'est ici une autreobjection que l'on fait à la valeur historique de Lu 2:1 --Joseph n'était pas obligé de se rendre à Bethléhem: c'est aulieu de son domicile, non de son origine, qu'il devait se faireinscrire. Imparfaitement renseignés comme nous le sommes sur lescirconstances particulières des parents de Jésus, nous ne pouvonsdéclarer péremptoirement impossible un voyage surprenant, mais paspour autant inexplicable. Depuis quand les ancêtres de Joseph, Josephlui-même avaient-ils quitté Bethléhem pour s'établir à Nazareth? Nousl'ignorons. Si Joseph avait conservé quelque fonds de terre àBethléhem, il pouvait avoir intérêt à ce que ses droits personnelsfussent établis par l'autorité romaine. Il est naturel qu'il ait prisMarie avec lui dans la situation où elle se trouvait; il n'a pasvoulu l'abandonner quelques semaines avant la naissance du petitenfant. Enfin, on dit qu'au moment où Hérode était encore vivant,Rome ne devait ni ne pouvait intervenir dans les affaires de Judée,ni ordonner une mesure comme celle-là, dans le territoire d'un roiassocié de Rome. Cette objection perd de sa valeur si l'on tientcompte des faits racontés dans l'article cité plus haut: Hérode étaitvassal de Rome; ses sujets avaient été forcés de prêter sermentd'allé geance à César en même temps qu'au roi; ce qui suppose que lepays est envisagé par Rome comme sujet auquel on tient à faire sentirqu'il n'est pas libre. Enfin, les circonstances étaient telles qu'ilétait de bonne administration de connaître la contrée, en vue detroubles toujours possibles. Les objections faites ne sont pas denature à emporter la conviction.2. L'époque du recensement . Là-dessus, ladifficulté est tout autrement grande, attendu qu'au moment oùQuirinius était gouverneur de Syrie, Hérode était' mort (printemps 4av. J.-C.). Quirinius aurait-il été deux fois gouverneur, c-à-d. 3/2av. J.-C, et 6 ap. J.-C? Ce n'est pas impossible. Mais même ainsi, laconcordance des dates n'est pas établie; il est impossibled'attribuer une autorité suffisante aux renseignements de FI Josèphe;ils doivent toujours être vérifiés avec soin. On a trouvé à Antiochede Pisidie (voir art.) une inscription qui amène les savants à fixerla date du gouvernement de Quirinius d'une autre manière qu'on necroyait jusqu'ici. Il aurait été gouverneur de 10 à 7 av. J.-C. Cefait remet en question le problème que l'on croyait pouvoir résoudrede façon approximative. Il convient d'attendre de nouvellesdécouvertes. Que Quirinius ait été gouverneur de Syrie, uneinscription du temps d'Auguste le déclare et confirme Lu 2:2,tandis que Josèphe ne lui donne jamais son titre officiel: legatusAugusti pro proetore, ce qui prouve à tout le moins son peud'exactitude en cette affaire. On trouvera Rev. Bibl., 1911, n°1, un article (Lagrange) et dans les Commentaires, les renseignementsbibliographiques nécessaires à l'étude complète d'un sujetparticulièrement difficile. Josèphe est très insuffisamment renseignésur toute cette époque de l'histoire; son récit est d'une surprenantebrièveté. Voir Chronol. du N.T., I, 1. Ern. M.