ZACHÉE

(forme grecque de l'hébreu de l'A.T. Zaccaï =pur). Ce nom ne setrouve que dans le vivant épisode de Lu 19:1,10, qui renfermetout ce qu'on sait au sujet du personnage. C'était un «chef des péagers» (grec arkhitélônès), ternierare dont il est difficile de préciser rigoureusement la portée.Peut-être sa fortune (verset 2) lui avait-elle permis d'acheter lasituation de fermier-général (publicain; v. Péager) à Jérico,fort lucrative pour l'importance commerciale et la richesse de cemarché frontière. Dalman (Itin., p. 318) voit en Zachée «vraisemblablement lepréposé supérieur de qui dépendaient toutes les stations douanières àpéage du Jourdain du sud». D'autres pensent qu'il occupait des fonctions intermédiairesentre les publicani ou grands fermiers et les portitores oureceveurs subalternes (Plummer). Il ressort de la confession de sa conscience réveillée (verset 8)qu'il ne s'était pas fait scrupule d'extorquer aux contribuablesbeaucoup plus que les taxes normales. C'était la réputation, tropsouvent méritée, des péagers; on la retrouve, en dehors même desrancunes juives, dans les papiers du temps comme le papyrus égyptiende l'an 156 av. J.-C, où un chef de service envoie ses instructions àun subordonné, au nom de l'administration humaine des Ptolémées,condamne les manoeuvres frauduleuses dont sont victimes ceux qui ontaffaire aux péages, et interdit qu'ils soient lésés, principalementpar les péagers dont l'entreprise consiste à «faire du tort» (letexte emploie deux fois le verbe même du verset 8: si j'ai faittort à quelqu'un...; cf. VGT, pp. 596, 631). Sur les mobiles qui le poussaient à voir Jésus, au point demonter sur un sycomore pour parer à l'inconvénient de sa petitetaille dans la foule, on ne peut qu'émettre des suppositions:curiosité sans doute, peut-être déjà un travail intérieur en rapportavec la renommée du prédicateur. C'est le Seigneur qui prendl'initiative de leur rencontre, indifférent aux préjugés populaires,en l'interpellant pour s'inviter chez lui. Au cours de sa visite, ladéclaration solennelle de Zachée: «Voici, Seigneur...» (verset 8)marque bien une résolution prise sur place, à ce moment, pour réparerses torts passés. Au contraire, F. Godet (Comm, sur Luc) voit dans les verbesau présent: «je donne la moitié..., je rends le quadruple», larévélation de «sa règle de conduite dès longtemps pratiquée par lui»;mais cette explication se heurte à la nécessité de lire dans ce cas: «je donne lamoitié de mes revenus», traduction peu naturelle du mot grec quidésigne toujours les biens, le capital, à l'invraisemblance de régulières restitutions quadruples pour des torts involontaires réguliers. La plupartdes commentateurs, depuis les Pères de l'Église, ont vu là unedécision subite: Zachée donne aux pauvres la moitié de sa fortune, etl'autre moitié lui permet de faire les restitutions (s. Augustin).D'où la déclaration solennelle que Jésus fait à son tour: le «salutentré aujourd'hui dans cette maison» (verset 9) est celui d'un «filsd'Abraham» qui «était perdu», et qui est «sauvé» par la «venue duFils de l'homme» (verset 10). Jn L.