VÊTEMENT

I Généralités. Chose essentielle a la vie, avec la nourriture et le logement,d'après le Siracide (Sir 29:21, cf. 1Ti 6:8). Il estdifficile de préciser avec certitude les formes d'habillement desIsraélites. La Bible possède en ce domaine de nombreux termeshébreux, mais souvent isolés et sans description. Nos versions sontdonc fréquemment en désaccord, et parfois la même hésite ou varie,suivant les passages, entre des traductions différentes (par ex.:manteau, robe, vêtement). D'autre part, les renseignements fournispar l'archéologie (peinture sur vases, sculpture, stèles, dessins)sont relativement peu nombreux en ce qui concerne Israël. Enfin, laBible embrasse une si vaste période, qu'on ne peut sans doute étendreà toutes ses époques des indications sur le costume d'un certainmoment. Ce qui facilite pourtant la tâche, c'est que cette évolutiona dû être fort lente à travers les siècles, l'Orient ayant dans unegrande mesure échappé à la tyrannie de la mode toujours changeante.Même, on peut encore se faire une idée assez juste du costumeisraélite d'après celui des paysans palestiniens d'aujourd'hui. Ilcomporte toujours la grande robe flottante retombant en plis, sortede burnous appelé abaye, et la tunique, chemise descendantjusqu'aux genoux. Telle est dans la Bible la distinction essentielleentre vêtement de dessous, court et léger, et vêtement de dessus,lourd et chaud, porté ou enlevé à volonté; c'est la plus solidedonnée de notre étude. Quant à l'identification des diverses piècesdu costume, il faut suivre les plus fortes probabilités, et préciseren transcrivant les termes originaux.II Matériaux et fabrication. Le récit de la Chute rattache le besoin de vêtement à la connaissancedu bien et du mal acquise par le premier couple, qui pourvoitd'abord avec de provisoires ceintures de feuilles (Ge 3:7). Puisapparaissent les primitifs vêtements de peaux de bêtes (Ge3:21), portées avec le poil (Ge 25:25); ils seront encore,beaucoup plus tard, un costume de prophètes du désert (2Ro 1:8,Mt3:4 7:15). On tissa aussi le poil (Ex 26:7), mais on employasurtout la laine des moutons du pays (Job 31:20,Pr 27:26), lelin (Pr 31:13) et ses variétés plus luxueuses d'Egypte ou deSyrie («fin lin», byssus: Ge 41:42,Lu 16:19). La soie apparaîtdans Eze 16:10. Les vêtements furent longtemps fabriqués enfamille (Pr 31:18,24,Esa 38:12,Ac 9:39). La couleur la pluspratique, dans les pays de grand soleil, était le blanc (Esa1:18,Mr 9:3); on savait les teindre (pourpre, cramoisi, écarlate,vermillon: 2Sa 1:24,Pr 31:21 et suivant), ou même les tisserd'or, les broder, les ornementer de motifs divers, raffinementspossibles aux classes riches (Jug 5:30,Eze 16:13 27:24, cf.Ex 36:8-35). Voir Filage et tissage, Laine, Lin, etc.III Les diverses pièces du vêtement. 1. VETEMENTS DE DESSOUS. La ceinture des reins (hébreu ézôr) estl'élément primitif de tout costume. Faite de peau, de cuir ou de lin,posée à même le corps, elle restait quelquefois le seul vêtement dutravailleur. On la dénouait pour dormir (Esa 5:27). Elle étaitainsi le symbole de l'inséparable (Esa 11:5,Jer 13:11). Latunique tendant à la remplacer, les prophètes, champions de la viesimple, se complurent à la porter: elle fut le signalementd'Élie (2Ro 18), de Jérémie (Jer 13:1), deJean-Baptiste (Mr 16). Peut-être l'a-t-on parfois confondue avecle sac (voir ce mot, parag. 2), sorte de pagne ou grossier tissu decrin. La tunique (hébreu kethôneth, d'où vientprobablement le grec khitôn) était le vêtement ordinaire del'Israélite. Les travailleurs la portaient courte (jusqu'aux genoux)et sans manches. Dans les villes, elle était plus longue etcomportait des demi-manches. Dans les costumes de cérémonie, commeceux des princes, la tunique descendait jusqu'aux chevilles et auxpoignets: elle est mentionnée, pour les filles du roi, dans 2Sa13:18 et suivant; c'est aussi la robe de luxe donnée par Jacob àJoseph (Ge 37:3), car la kethôneth passim est litt, une«tunique d'extrémités», c-à-d. «longue tunique» (Bbl. Cent.), ou«robe longue» (Cramp.), plutôt qu'une «robe bigarrée» (Ost., Mart.),ou de «diverses couleurs» (Sg., Vers. Syn.), traduction due aux LXX (khitôn poïkilos) et à la Vulg, (tunica polymita). Le col enétait toujours étroit (Job 30:18). La tunique était faite delaine ou de lin, soit en deux pièces cousues sur les côtés(quelquefois peut-être sur un seul, Ge 9:21), soit d'une pièceunique, tissée sans couture, comme celle de Jésus (Jn 19:23). Ilressort de Mt 24:18 qu'on la gardait pour travailler. Onl'enlevait pour la nuit (Ca 5:3). Mais on pouvait être considérécomme nu quand on n'avait plus que la tunique; cela peut être le casdans 1Sa 19:24 et Jn 21:7; les analogies littéraires etpopulaires admettent ce sens dérivé aussi bien que le sens littéralde l'épithète «nu» (Mr 14:52). L'habitude se répandit au I ersiècle de porter en dessous une seconde tunique, véritable chemise(Josèphe, Ant., XVII, 5:7): c'est la khâlouk de la Mischna. La ceinture proprement dite (khagôr), passée sur la tunique, et tout à fait différente du pagne primitifqui se nouait autour des reins, pouvait être de lin ou de cuir, trèsouvragée ou réduite à une corde (Esa 3:24); on la mettaittoujours au moment de partir (Ex 12:11,Ac 12:8), de faire sonouvrage (Lu 12:37,Jn 13:4) ou de fournir un effort, enparticulier de combattre: c'est à ce geste que fait allusionl'expression proverbiale de 1Ro 20:11. Les soldats portaient laceinture (1Ro 2:5), où était suspendue leur épée (2Sa20:8). On pouvait y glisser une plume, ou bien y mettre samonnaie (Eze 9:2,Mr 6:8). 2. VETEMENTS DE DESSUS. Le manteau ou vêtement, traductionsordinaires des mots hébreux très courants begèd et surtout simlâh. Plus lourd et plus chaud que la tunique, le manteauprotégeait des intempéries et servait de couverture pour la nuit:aussi ne pouvait-on le retenir en gage après le coucher dusoleil (Ex 22:26). La simlâh était de laine ou de lin. Saforme est discutée. Vaste pièce d'étoffe rectangulaire, elle n'étaitsans doute l'objet d'aucune confection; on devait, non 1' «enfiler»,comme l'abaye moderne, mais l'enrouler et la draper autour du corps:il ressort de No 15:38,Lu 8:44 qu'elle n'était pas cousue,qu'elle avait des pans puisque aux quatre coins, dont l'un devaittomber au milieu du dos, elle portait selon la loi une frange et uncordon. On pouvait s'en couvrir la tête. (cf. 2Sa 15:30,Est6:12) On laissait ce manteau pour le travail des champs (Mr13:16). Dans ses vastes replis, «le sein» (voir ce mot, 4), onpouvait placer cadeaux, provisions, objets de toute espèce (2Ro4:39,Pr 21:14,Ag 2:12,Lu 6:38). Il pouvait encore servir de drap, deselle, de tapis (1Sa 21:9,2Ro 9:13,Mt 21:7). D'autres vêtements, analogues ne peuvent être différenciés avecprécision: le kesouth de Job 31:19, le lebouch ou malbouch, habit de fête (Est 6:8, roi; Ps 45:14, fillede roi; 1Ro 10:5, officiers royaux), le costume des envoyés deDavid que l'on coupa à mi-corps afin d'outrager leur chef (2Sa10:4). Pour les espèces de houppes suspendues aux coins du vêtement(No 15:38 et suivant, De 22:12), peut-être souvenird'anciennes amulettes et en tout cas origine de l'étoffe juive àprière qu'on appelle aujourd'hui taleth, voir Franges. La robe. Nos versions appellent encoremanteau la robe désignée par le mot meîl. C'est un vêtement assezélégant, car la Bible n'en revêt que des gens d'une certainesituation: Job et ses amis (Job 1:20 2:12); Samuel, enfant etadulte (1Sa 2:19 28:14); Saül et son fils Jonathan (1Sa 18:424:3); David, les lévites et les chantres (1Ch 15:27,Esd 9:3).L'obélisque de Salmanasar III, où sont représentés des notablesisraélites apportant le tribut de Jéhu (t. I, fig. 28), nous lesmontre vêtus d'une longue robe sans manches, ouverte sur les côtés,qui doit être le meîl. C'était un costume de cérémonie, quecertains mettaient à la place de la simlâh, comme une sorte deseconde tunique: peut-être Jésus y pense-t-il lorsque, recommandantla simplicité à ses disciples en mission, il leur défend de prendredeux vêtements (Lu 9:3). 3. AUTRES VETEMENTS.Le sâdîn (Jug 14:12,Esa 3:23,Pr 31:24) était, d'aprèscertains auteurs, un fin vêtement de dessous (nos versions trad.«chemise», «tunique», «mousseline»), d'après les autres un manteauélégant et léger; de toute façon, c'était un vêtement de gala, «piècede fine étoffe» (Bbl. Cent.); comp, le grec sindôn (Mt27:59), nom du linceul pour les morts. D'un tout autre genre était l' addèreth, lourd manteauparfois très riche. Tel était le précieux «manteau de Sinéar», c-à-d,de Babylonie, qui avait excité la convoitise d'Acan (Jos 721 -24).les tissus babyloniens étaient réputés pour la variété de leurscouleurs éclatantes (Pline, H. N., VIII, 48); les LXX traduisentici «tissu de diverses couleurs», et Josèphe (Ant., V, 11°) dit:«un manteau royal tissu d'or». Le manteau du roi de Ninive n'étaitcertainement pas moins luxueux (Jon 3:6). Il existait par contreune forme grossière de l' addèreth, le manteau de poils debrebis, de chèvre ou de chameau (Ge 25:25), qui fut porté parles prophètes les plus austères (2Ro 1:8 2:13,Za 13:4,Mr 16). 4. VETEMENT FEMININ.Il n'y avait guère, aux temps bibliques, de différences essentiellesentre costume masculin et costume féminin. Des femmes portent latunique (Ca 5:3), le manteau (Ca 4:11, cf. 1Ti 2:9),la ceinture (Esa 3:24). Pourtant l'interdiction des échanges devêtements entre hommes et femmes (De 22:5) prouve que l'identitén'était pas complète: les vêtements féminins devaient être plusamples et plus longs, pourvus de manches; il est parfois question deleurs pans, qui représentent une traîne (Jer 13:22,Esa 47:2,Na3:5). Surtout, ils comportaient une variété beaucoup plus riched'articles de toilette; il surfit pour s'en rendre compte de lirel'énumération ironique et instructive des colifichets dont se paraitune élégante de Sion, au temps du prophète Ésaïe (Esa 3:16-24).Un grand nombre de ces articles sont impossibles à identifier. Le


qichehour (verset 20) doit être une ceinture; (cf. Jer 2:32:la jeune fille ne l'oublie pas; Vers. Syn. trad.: parure) au verset22 semblent désignées deux sortes de châles; (cf. Ru 3:15) le râdîd du v. 23 (cf. Ca 5:7) et le pethîgîl du v. 24 sontobjets d'interprétations très diverses (mantille, robe flottante,etc.). Enfin le tsâîph dont Rébecca et Tamar s'enveloppaient latête est évidemment un voile (Ge 24:65 38:14); un autre est citédans Ca 4:1 6:7. 5. VETEMENT DES PRÊTRES.Le vêtement caractéristique du prêtre israélite estl'éphod (1Sa 2:18 21:9,2Sa 6:11,Os 3:4), qui par ailleursétait un symbole religieux, objet sacré et moyen dedivination;voir (Jug 8:27 17:5) Éphod. Mais le Code sacerdotal,qui attache une grande importance à tout l'appareil du clergé,fournit des données détaillées sur ce que devint dans le judaïsme lecostume des prêtres (Ex 28 et Ex 30,Le 8:6,9,13, cf. Eze42:14 44:17-19, Sir 45:7 et suivants 50:11). Les vêtements deservice des officiants comprenaient: les caleçons, couvrant des reinsaux genoux; la tunique, étroite, à manches; la mitre (Sg., bonnet),dont le nom hébr., dérivé d'un mot désignant une coupe, sembleindiquer que sa forme était conique (ces trois pièces de vêtementétaient en lin, pour éviter la transpiration); enfin, la ceinturebrodée, ou abnét, nouée sur le devant et retombant jusqu'auxpieds après avoir fait plusieurs fois le tour de la taille. Le prêtreallait pieds nus. Les «vêtements sacrés» du grand-prêtre comportaientde plus une grande robe violette, la robe de l'éphod, garnie en basde glands en forme de fleurs de grenades et de clochettes (voir cemot) en or; l'éphod lui-même, vêtement de lin tissé d'or et de filsde couleur, assez court, dont les deux pièces (dos et devant) étaientréunies sur les épaules par deux agrafes et deux pierres précieuses;le pectoral, sorte de sac carré (Bbl. Cent., «poche â oracles»),suspendu à l'éphod et contenant le mystérieux «urim et thummim»; uneceinture spéciale, et une tiare, munie d'une plaque d'or portant cesmots: Sainteté à l'Éternel. Le grand Jour des Expiations, legrand-prêtre était vêtu d'un simple costume de lin blanc (Le16:4). Les prêtres déposaient tous ces vêtements avant de quitter lesanctuaire (Eze 42:14). Pour plus de détails, voir Prêtres, III,4. 6. DANS LE NOUVEAU TESTAMENT.L'essentiel de ce qui précède reste valable pour le temps de Jésus.On portait encore tunique et manteau, khitôn et himation (Ac 9:39). Jésus distingue ces deux pièces devêtement: dans Lu 6:29, il s'agit du malfaiteur qui s'empared'abord du manteau, vêtement de dessus («laisse-lui aussi tatunique»); dans Mt 5:40, il s'agit du plaignant qui réclame autribunal la tunique, vêtement de dessous («laisse-lui aussi tonmanteau»). La tunique était longue, ajustée, pourvue de manches; lemanteau devait être de couleurs voyantes comme les burnousmulticolores des Orientaux d'aujourd'hui. (cf. Lu 22:36) Laceinture existe toujours (Lu 12:35,Ac 21:11), et la robe (stolè) est mentionnée à plusieurs reprises: robes longues despharisiens, robe de l'enfant prodigue pardonné, robe de dessus deSimon Pierre (Mr 12:38,Lu 15:22,Jn 21:7). Les femmes pouvaientporter un voile; saint Paul écrit aux Corinthiens qu'elles doivent leporter dans l'Église;voir (1Co 11:5-15) Voile, II; Chef. Sontencore mentionnés dans le N.T.: le manteau militaire pourpre, dontles soldats romains affublent Jésus par dérision (Mt 27:28parallèle Lu 23:11), les linges (lat., semicinctia), dont seceignaient les travailleurs (Ac 19:12), le manteau de voyage quePaul avait oublié (2Ti 4:13). Voir Linge. Jésus, qui ne portait pas d'habits de luxe comme les familiersdes rois (Lu 7:25), devait avoir une tunique sanscouture (Jn 19:23), peut-être un présent des femmes qui luiassuraient leur assistance (Lu 8:3), le manteau vaste etflottant des rabbins, sans doute de couleur car il devint blanc à latransfiguration (Mt 17:2), un turban sur la tête, blanccertainement car c'était l'usage général, des sandales retenues pardes courroies (Lu 3:16); enfin une ceinture de lin, comme latunique. Ce sont les objets que les quatre soldats de service pour lecrucifiement se partagèrent: manteau, coiffure, chaussures etceinture, quatre lots; et la tunique fut tirée au sort (Jn19:23 et suivant). Les figurations du Christ dans l'art chrétien devaient dépendred'abord d'un type gréco-latin, avec la tunique ou khitôn arrêtéeaux genoux (voir fig. 13, l'image du bon Berger, du musée de Latran),et le petit manteau ou himation (le pallium romain), puisd'un type syrien historiquement plus vraisemblable, avec l'ample etlongue robe orientale. Ces deux types se sont par la suite plus oumoins confondus dans les représentations traditionnelles du Seigneur(voir P. Bourguet, le Visage de Jésus, chap. II).IV Chaussures. L'Israélite ne se chaussait que pour sortir (Ex 12:11,Jos 9:13,Ac12:8); il devait se déchausser dans les lieux sacrés (Ex 3:5,Jos5:15); les prêtres, nous l'avons vu, étaient pieds nus dans leTemple. On déchaussait les gens qu'on faisait prisonniers (Esa20:4,2Ch 28:15). La chaussure usuelle était la sandale (fig. 236);on en a retrouvé divers genres, mais c'était d'habitude une semellede bois ou de cuir dur, attachée sous le pied par deslanières (Ge 14:23,Jn 12:7). Il est question de celles desnomades (De 29:5), des soldats (1Ro 2:5), des femmesaussi (Ca 7:2); celles de Judith enchantent Holopherne (Jug16:9). Assurément, il en était d'élégantes, comme celles de peauteinte en bleu, couleur d'hyacinthe (Eze 16:10); les coquettes yfixaient des boucles, même des sonnettes (Esa 3:16,20) Il yavait aussi celles des pauvres (Am 8:6). Les sandalesn'abritaient pas les pieds de la poussière; aussi fallait-il se leslaver à l'arrivée: c'était le premier soin, le premier devoir del'hospitalité (Ge 18:4 24:32). Quand Jésus envoie en mission lesapôtres et leur dit de ne pas prendre de chaussures (Mt 10:10),il parle d'une paire de rechange qu'on portait ordinairement dans sonsac. Les Israélites ont certainement, du moins les riches, porté devéritables souliers, couvrant tout le pied; c'est ainsi que sontchaussés leurs princes sur le bas-relief de l'obélisque de Salmanasar(fig. 28). Jeter sa chaussure sur un objet, c'était en prendrepossession (Ps 60:10). Voir Soulier.V Coiffure. Les Israélites, dans un pays d'ardent soleil, ne pouvaient sortirtête nue: être découvert, c'était la terrible marque du lépreux, oula honte de la femme adultère (Le 13:45,No 5:18). On pouvaittoutefois se contenter de s'envelopper la tête du manteau ou de larobe: ainsi ont dû se voiler David, Élie, Ézéchiel, dans lescirconstances de 2Sa 15:30 19:4,1Ro 19:13,Eze 12:6. Ailleurs, ilest question d'une pièce d'étoffe spéciale, d'un «voile», soit pourdes hommes (Ex 34:35,Est 7:8), soit pour des femmes (Esa3:19, cf. plus haut, III). La coiffure la plus commune dans lescampagnes de Palestine devait ressembler au keffîyé des bédouinsactuels, sorte de mouchoir carré qui protège le crâne, la nuque etles épaules, et que maintiennent des anneaux de grosse corde. (cf.1Ro 20:31) Il y avait aussi des coiffures particulières: celles des prêtres(voir plus haut, III, S, et les art. Mitre, Tiare), des soldats (pourle casque, voir Armes, II, 2). Antiochus Épiphane voulut imposer lepétase (voir ce mot), chapeau rond hellénique, aux jeunes noblesjuifs (2Ma 4:12). Le turban est désigné par deux termesassez difficiles à différencier: le peér de certains grandspersonnages (Eze 24:17,23), en particulier des prêtres (Ex39:28,Eze 44:18), ou du marié le jour de ses noces (Esa 61:10;Vers. Syn., «diadème»), ou des élégantes de Jérusalem (Esa 3:20),et le tsânîph, que portaient aussi riches, élégantes, prêtres ourois (Job 29:14,Esa 3:23 62:3,Za 3:5); ce dernier mot signifie«enroulement», sans doute d'une mousseline ou d'une étoffe analogueautour d'un petit bonnet intérieur.VI Coutumes relatives au vêtement. 1. UTILISATIONS DIVERSES.L'amplitude des vêtements orientaux permettait d'y transporter toutessortes d'objets. Nous en avons vu quelques exemples; en voicid'autres: les Hébreux s'enfuyant hors d'Egypte mettent leurs pétrinset leurs pains dans leurs manteaux que chacun enroule sur sonépaule (Ex 12:34); les guerriers de Gédéon étendent un manteausur le sol, et y jettent le butin (Jug 8:25); Ruth déploie sonmanteau devant elle, et Booz y verse six mesures d'orge (Ru3:15, cf. encore Pr 30:4). Les voyageurs, les nomades, et de façon générale les gens dupeuple n'avaient d'autre couverture de nuit que leur manteau. Or, lacoutume était très répandue en Israël des «saisies» d'objets pris engage (voir ce mot) sur le débiteur, et c'était du manteau qu'ons'emparait ainsi le plus facilement (Am 2:8,Mt 5:40, cf. Eze18:16). A cause de ses conséquences inhumaines (Hab 2:6,Job22:6 24:7 et suivant), la loi interdit cette saisie dans le cas dela veuve, et impose la restitution du manteau le soir dans le cas dupauvre;voir (De 24:12,17) Dette. Pour les primitifs, le vêtement était imprégné de la personnalitéde son possesseur; en faire cadeau à quelqu'un était donner quelquechose de son âme, (cf. 1Sa 18:3 et suivant) à plus forte raisonquand on l'offrait à la divinité (Eze 16:17 et suivant). Dans leculte juif, la notion du sacré (voir Pur et impur) rendaitobligatoires les vêtements de cérémonie spéciaux, ou en tout caschangés et lavés avant et après (Ge 35:2,Ex 19:10,14 Le16:23,28,No 8:7). 2. GESTES.L'Oriental se sert de ses vêtements pour divers gestes symboliques.S'en couvrir la tête, c'est marquer tristesse (Jer 14:3 etsuivant) ou crainte (1Ro 19:13). Les secouer avant de quitter unendroit, c'est rompre avec des gens malveillants (Ac 18:6, cf.Lu 9:5). Naturellement, on s'en débarrasse quand ils gênent lesmouvements (Mr 10:50,Ac 7:58); on les jette en l'air parexcitation (Ac 22:23). La Bible parle souvent du geste dedéchirer ses vêtements, signe de violente émotion pénible,douleur (Ge 37:29 34 Job 1:20) effroi (1Ro 21:27,2Ro 11:1422:11), indignation (2Ro 5:7,Mt 26:65), désespoir (Jephté,Ézéchias, Mardochée, Jug 11:35,2Ro 19:1,Est 4:1);voir Deuil, 2.Le lépreux, le messager de mauvaises nouvelles avaient aussi leurshabits déchirés (Le 13:45,2Sa 1:2). On saisit quelqu'un par lepan de son vêtement, pour le supplier (1Sa 15:27,Za 8:23);comparer certains malades auprès de Jésus (Mt 9:20). Voir Gestes. 3. VETEMENTS DE FÊTE.Jésus a fait allusion aux porteurs d'habits somptueux (Mt 11:8,Lu16:19). Prophètes et apôtres ont combattu les extravagances detoilette (Jer 4:30,Sop 1:8,1Ti 2:9,1Pi 3:3). Il estcouramment question dans la Bible des manteaux ou robes de fête,tenus en réserve pour les grandes occasions (Esa 3:22 61:3,Lu15:22), en particulier pour les noces (Mt 22:11). Ces vêtementsétaient ordinairement blancs (Est 8:15,Ec 9:8); et ce trait esttout naturellement retenu pour les descriptions de la gloire duciel;voir (Ap 3:5,18) Couleurs, I, 3. La possession de telsvêtements de rechange est un signe de fortune (Job 27:16,Jas5:2). Quant aux rois, ils disposaient d'un vestiaire, véritablegarde-robe assez importante pour nécessiter un fonctionnairespécial (2Ro 10:22 22:14). Pour le détail des parures dansl'habillement, voir Ornements. 4. VETEMENTS DE DEUIL.Exception faite des habits de veuve de Ge 38:14, il n'est guèrequestion dans la Bible que du «sac» traditionnel, grossier tissu depoil, porté sur la peau (Job 16:15), soit comme vêtement dedessous (2Ro 6:30), soit même pour tout costume (Ge37:34,Esa 32:11). Peut-être usait-on aussi de cordes (1Ro20:31,Esa 3:24). On quittait ses chaussures et parfois sacoiffure (2Sa 15:30,Eze 24:17). Voir Deuil, Sac. Pour la mise des courtisanes, voir Prostitution.VII Sens figuré. Tout ce qui concerne le vêtement est, dans l'Écriture, matière ànombreux enseignements et paraboles. Jésus exhorte le fidèle à ne passe mettre en souci pour lui-même du vêtement matériel (Mt 6:25et suivants), mais à s'en mettre en souci pour les autres; (Mt25:36-43) voir Souci. Une image fréquente repose sur ce point decomparaison: de même que le corps s'enveloppe d'un costume qui luidonne une certaine apparence, de même l'âme se revêt, se pare ous'affuble de manifestations visibles de sentiments cachés: violencepar exemple, ou au contraire justice, équité (Ps 73:6,Job29:14). Or c'est une évidence que le costume peut tromper sur laréalité et que l'habit ne fait pas le moine: les faux prophètes sontdes loups ravisseurs, vêtus de peaux de brebis (Mt 7:15; comp.La Font., Fables, III, 3). Mais il y a un habillement de laSagesse divine, de la justice (Sir 6:29,31 27:8); leSeigneur, revêtu de force, en revêt aussi ses enfants (Esa 51:952:1, Sir 17:3). Alors que la malédiction emprisonne comme unmanteau (Ps 109:18 et suivant), le prophète de l'exil parle dusalut comme d'un vêtement (Esa 61:10). St Paul approfonditl'image et l'enrichit: le vêtement doit être l'exacte expression dessentiments réels, l'habit révèle l'être intérieur, et ce que lechrétien revêt, c'est le nouvel homme; mieux encore, c'est Christlui-même (Col 3:10,Ga 3:27). L'apôtre dresse donc, d'une part,le tableau du costume du chrétien dans la vie sociale: revêtu debonté, d'humilité, de douceur, etc., toutes vertus réunies par laceinture de la charité, lien de la perfection (Col 3:12,14),d'autre part le tableau du costume du chrétien militant (sans douteinspiré de la vue du soldat romain que l'apôtre prisonnier avait àson côté), revêtu de toutes les armes de Dieu (Eph 6:13 etsuivants, cf. 1Th 5:8,Ro 13:12). La condition pour n'êtrepas trouvé nu devant Dieu est d'être vêtu par Dieu Lui-même (2Co5:2 4, cf. Ap 3:17 et suivant). CONSULTER: E. Stapfer, Palestine , ch. X; Alf. Bertholet, Hist. Civ Isr.; Ad Lods, Israël. Jn. R.