1. Le pays et ses habitants. Les régions bordées par l'Arménie, la Perse, le golfe Persique etle désert de Syrie doivent leur fertilité et leur civilisation auxdeux fleuves célèbres qui les arrosent: le Tigre et l'Euphrate. LesGrecs appelaient bien à propos ces contrées: Mésopotamie, «au milieudes fleuves». Dans l'antiquité, la surface bordée par les deuxrivières était bien plus restreinte qu'aujourd'hui, car le cours del'Euphrate est maintenant à l'Ouest, celui du Tigre à l'Est de leurcours de jadis; d'autre part, la terre a envahi le golfe Persique surune étendue de plus de 100 km. (les villes de Éridou et Our étaientanciennement sur la mer). Les deux fleuves débouchaient d'ailleursdans la mer séparément. On peut dire que l'Euphrate est le fleuve dela Babylonie, tandis que le Tigre est le fleuve de l'Assyrie. Surl'ancien cours inférieur de l'Euphrate s'élevaient les villes deÉri-dou, Our, Larsa, Shourouppak, Nippour, Kish, Babylone et Sippar;sur le cours supérieur du Tigre florissaient les villes de Assour,Kalah et Ninive. Le cours tranquille de l'Euphrate et le courstumultueux du Tigre semblent avoir laissé leur empreinte sur lecaractère national respectif des Babyloniens et des Assyriens. A l'époque la plus reculée, nous trouvons deux peupladesdistinctes en Babylonie: au Sud les Sumériens (voir Asianiquhs), auNord les Accadiens, de race et de langue sémitiques. Les Assyrienssont de même des Sémites. Dans les temps historiques, la Mésopotamiea été envahie par les peuplades voisines, les Élamites, les Kassites,les Amorréens, les Araméens, sans pourtant modifier dans une mesureconsidérable ses caractères ethniques.2. Explorations et fouilles. Arbelles est la seule ville de l'ancienne Mésopotamie qui n'ait pasdisparu: les autres sont toutes ensevelies, oubliées. Le rabbinBenjamin de Tudela (1160) est le premier qui ait donné, après dessiècles de silence, une description des ruines de Ninive et deBabylone. Marco Polo, qui visita Bagdad et Mossoul, ne semble pass'être intéressé aux ruines. Depuis lors, Babylone fut visitée par lemédecin allemand Rauwolff (1574), par le commerçant anglais Eldred(1583), par Shirley (1599), qui vit aussi Ninive; par Cartwright(1611), par Pietro délia Valle (1614-26), et par bien d'autresdepuis. Tous, excepté le premier, commettent l'erreur de confondreBabylone avec Bagdad. Jean Otter, de l'Académie Royale desInscriptions, détermina à peu près, sur les données des géographesarabes, l'emplacement de Babylone et de Ninive. Le Carmélite Emmanuelde Saint-Albert, Niebuhr, l'abbé Beauchamp, Guillaume Olivier, auXVIII e siècle, et les Anglais Rien, Buckingham et Porter, aucommencement du XIX e, ont préparé par leurs voyages l'époque desfouilles archéologiques. Paul Botta, agent consulaire français à Mossoul, commença en 1842les fouilles en Mésopotamie et découvrit le palais de Sargon àKhorsabad; Layard découvrit les palais de Kalah à Nimroud trois ans plustard et, en 1849-50, ceux de Ninive à Kouyoundjik (où son successeurRassam découvrit en 1853 la bibliothèque d'Assourbanipal). EnBabylonie, les fouilles commencèrent en 1854, quand Lof tus explorale sol de Warka (Érek). Peu après, Taylor travailla à Mukayyar (Our)et Rawlinson à Birs Nimroud (Borsippa). En même temps Fresnel etOppert firent des fouilles à Babylone et, en 1877, de Sarzec commençacelles de Tello (Lagash), qu'il continua avec des résultatssurprenants jusqu'à sa mort en 1901. Les Américains (Peters, Haynes)eurent d'excellents résultats à Nippour (depuis 1888) et lesAllemands de même à Babylone (Moritz et Koldewey, depuis 1887) et àAssour (Andreae, depuis 1903). Banks découvrit l'ancienne ville deAdab à Bismya (1903). De nos jours, les fouilles les plus importantessont celles de Our, Kish, Ourouk (Érek), Nuzi (près de Ker-kouk).3. Histoire de la Babylonie. Voir Atlas 8Dans la période ancienne de l'histoire de la Babylonie, nousassistons à une lutte entre villes pour l'hégémonie du pays qui, mêmelorsqu'il était conquis, ne restait jamais longtemps dans les mêmesmains (voir Asia-niques). Quand une nouvelle dynastie d'origineamorréenne s'empara du trône de Babylone, la lutte fut acharnée entreIsin et Larsa, ce qui devait faciliter le triomphe de Babylone. Lepremier de ces rois amorréens, Soumouabou (2225-2212), dirigea sonattention vers le N.: il s'empara de Kish, mais ne put pas régnersans difficultés sur tout le pays de Accad; il fut même attaqué parun «patesi» (gouverneur) de Assour. Son successeur, Soumou-la-ilou(2212-2176), dans ses trente-six années de règne, réussit à étendreson pouvoir sur le territoire de Accad tout entier, bien que Kish eûtsecoué le joug de Babylone au commencement de son règne. Zabioum(2175-2161) transmit à Abil-Sin (2161-2144) le royaume dans sonétendue intégrale. Mais, pendant ce temps, les Elamites menaçaientles trois villes rivales, Isin, Larsa et Babylone: leur roi,Kou-dour-Maboug, installa son fils, Warad-Sin, sur le trône de Larsa(2167); le sceptre de ce dernier passa, à sa mort, à son frèreRim-Sin (2155-2094). Sinmouballit (2143-2124), le successeur deAbil-Sin, s'allia avec Rim-Sin qui, en 2126, s'empara de Isin. Quandle célèbre fils de Sinmouballit, Hammourapi (2123-2081), devint roide Babylone, il n'avait donc qu'un seul rival sérieux: Rim-Sin, maisil le battit complètement en 2095, après avoir étendu ses domainesjusqu'à Assour et Ninive. Ainsi il fonda un empire s'étendant dugolfe Persique jusqu'à l'Assyrie, il acheva l'union des Sumériensavec les Sémites, et fit de Babylone une métropole qui a laissé samarque sur l'histoire universelle. Conquérant invincible, Hammou-rapise distingua surtout comme administrateur soucieux des moindresdétails du gouvernement et comme législateur éclairé (voy., sur soncode, parag.8). Il restaura les temples, creusa des canaux et, engénéral, améliora la situation sociale et économique du pays.Samsou-ilouna (2080-2043) continua la politique sage de son illustrepère, mais il dut combattre contre les ennemis du dehors: lesKassites, montagnards sauvages qui devaient plus tard s'emparer duroyaume, menacent la frontière orientale; un prétendant, qui sefaisait passer pour le vieux Rim-Sin, organise une révolte dans leS.; à l'Ouest, des Amorréens essayent de franchir la frontière. Bienque Samsou-ilouna réussît à vaincre ces ennemis, il ne put pasempêcher la formation d'un État indépendant dans les marécages prèsdu golfe Persique, le «Pays de la mer» où Ilouma-iloum fonde unedynastie qui, après que les Hittites eurent donné le coup de grâce àla dynastie de Hammourapi (1926), saisit les rênes du gouvernement dela Babylonie (1925-1762). La faiblesse de ces rois de la II e dynastie était propice à uneinvasion étrangère: sous le commandement de Gandash (1761), lesKassites conquirent le pays et fondèrent la III e dynastiebabylonienne, qui occupa le trône pendant cinq cent soixante-seizeans. Comme d'ordinaire, les conquérants barbares s'assimilèrent lacivilisation des vaincus; la contribution principale des Kassites auprogrès semble avoir été le cheval, qui, auparavant, était presqueinconnu en Babylonie. Vers 1720, les rois kassites étendirent leurpouvoir sur le «Pays de la mer». Après un siècle et demi durantlequel les sources font défaut, les tablettes de Tell-el-Amarna(Egypte), provenant des archives d'Amé-nophis III et IV et contenantune partie de la correspondance diplomatique des deux pharaons avecles princes de l'Asie antérieure, vers 1400, jettent quelques lueurssur les règnes de Kadash-man-Ellil I er et de Bournabouriash II, dontonze lettres sont connues. Bournabouriash rappelle à Aménophis IV lapolitique favorable à l'Egypte de son père Kourigalzou II, qui refusade favoriser l'insurrection du pays de Canaan contre l'Egypte, et ill'exhorte à agir de même à son égard, maintenant qu'un vassal du roibabylonien (Ashour-ouballit, roi d'Assyrie) envoie une ambassade enEgypte, comme s'il était un souverain indépendant. En général, ceslettres concernent des mariages et des cadeaux. Depuis 1400,l'Assyrie commence à prendre conscience de ses forces et se soustraitau pouvoir des rois kassites, dont l'autorité est en déclin.Bournabouriash, malgré le ton très fier de sa lettre, fit uneconvention au sujet des frontières avec Ashour-ouballit, dont ilépousa la fille; quand un fils de ce mariage fut tué par un complotantiassyrien, Ashour-ouballit eut l'audace d'envahir la Babylonie etde placer un autre de ses petits-fils sur le trône. Ce dernier,Kourigalzou III, battit le roi d'Élam, Hourpatila; mais quand il setourna contre l'Assyrie après la mort de son grand-père, il échouacomplètement. Nous apprenons au moyen des archives hittites queKadashman-Tourgou avait l'intention de s'allier au roi hittite contrel'Egypte, mais il ne semble pas qu'il ait envoyé une armée. Lecélèbre traité de paix entre Ramsès II et Hattpusil fut signé autemps de son fils Kadashman-Ellil II, dont une lettre à Hattousil aété retrouvée dans la capitale hittite. L'Assyrie prend de plus enplus l'offensive contre la Babylonie: Toukoulti-Ninourta I er pritBabylone et fit prisonnier son roi Kashtiliash III (1256). La luttese poursuivit dans la suite avec un succès variable:Adad-shoum-outsour battit les Assyriens et assiégea même la capitale(Assour). Sous ses successeurs immédiats, Melishipak II etMardouk-apal-iddina I er, la Babylonie jouit d'une paix et d'uneprospérité relatives, mais Zababa-shoum-iddina fut battu d'abord parAshour-dan I er d'Assyrie, et peu après par Shoutrouk-Nahunté, roid'Élam, qui emporta à Suse, avec un grand butin, le code deHammourapi. Il n'est donc pas surprenant que son successeur,Ellil-nadin-ahe, fût le dernier roi de la ligne kassite. La IV e dynastie (dite pashe) compte onze rois, qui régnèrentcent trente-deux ans. Le plus célèbre est Neboukadrezar I er ouNébucadnetsar, vers 1140; après une défaite, il réussit à porter laguerre dans le territoire même d'Élam et des Amorréens, mais il futbattu par les Assyriens. Mardouk-nadin-ahe, trente ans après, eutd'abord quelques succès contre Téglath-Phalasar, mais vit bientôt sacapitale et d'autres villes occupées par les Assyriens, qui,d'ailleurs, ne purent pas y rester longtemps. Les trois dynastiessuivantes (v e -VII e) ne surent pas empêcher les ravages desSoutéens, Araméens nomades, qui, sous le fondateur de la VIII° dyn.,Nabou-moukin-apli (vers 1000), deviennent les maîtres de lasituation. D'autre part l'Assyrie croît en puissance: Adad-nirâriravagea plusieurs villes de Babylonie, Ashour-natsir-pal irrtposa sesconditions à Nabou-apal-iddin qui avait fait alliance avec lesAraméens de i Souhi (879), et Salmanasar III aida Mardouk-zakir-shoumà se défaire d'un frère qui s'était proclamé souverain des régionsorientales, mais en même temps il le réduisit à la position d'unvassal (852). Mardouk-balatsou-iqbi essaya en vain, avec l'aided'Élam, de secouer le joug assyrien; même, pendant la période dedécadence de l'Assyrie qui suivit (jusqu'à la moitié du VIII esiècle), les faibles souverains babyloniens n'essayèrent pasd'affermir leur autonomie. Du reste, cette période est très obscure. Téglath-Phalasar III, le fondateur du grand empire assyrien,obligea Nabonassar (IX e dyn.) à reconnaître son autorité et, aprèsle court règne de trois rois babyloniens, il saisit lui-même «lesmains de Mardouk» en se faisant proclamer, sous le nom dePoulou, (cf. 2Ro 15:19) roi de Babylone (x e dyn.). Sonsuccesseur, Salmanasar V, en fit autant et prit, en Babylonie, le nomde Ouloulaï. A sa mort (722), Mérodac-Baladan II (cf. 2Ro 2 o 12et suivants, Esa 39), prince de Bit-Jakin, organisa uneinsurrection des patriotes babyloniens contre l'Assyrie et, s'alliantavec Houmbanigash, d'Élam, il battit le nouveau roi assyrien, Sargon,à Der. Ce ne fut que douze ans plus tard que Sargon, après sesguerres en Syrie et en Arménie, réussit à le chasser et, en 709, à sefaire proclamer «lieutenant» de Babylone (pour ne pas froisser lessentiments des Babyloniens, bien qu'en réalité il exerçât despouvoirs souverains). Sennachérib, fils et successeur de Sargon, sedéfit de Mérodac-Baladan, qui avait de nouveau occupé le trône, etproclama Bel-ibni vice-roi (702), mais il fut obligé de le remplacertrois ans plus tard par son fils Ashour-nadin-shoumi (700-694). Cedernier, tandis que son père attaquait Mérodac-Baladan dans sonrefuge sur la côte d'Élam (Sennachérib avait construit une flottepour traverser la mer), fut fait prisonnier par le roi d'Élam, qui leremplaça par Nergal-shezib (694-669). Sennachérib, à son retour,emmena ce roi captif en Assyrie, mais Moushezib-Mardouk (693-689),prince caldéen ennemi de l'Assyrie, se fit proclamer roi. En 691 unegrande coalition, comprenant toutes les tribus araméennes deBabylonie, les Perses et les Babyloniens, fut battue par Sennachéribà Haloulé; deux ans après, la grande ville de Babylone futcomplètement rasée et inondée par Sennachérib. Assar-haddon (681-669)renversa la politique de son père; il rétablit la paix en Babylonieet, dix ans après sa destruction, il ordonna la reconstruction de lacapitale. Mais il commit l'erreur de partager l'empire entre deux deses fils: Assourbanipal reçut l'Assyrie et Shamash-shoum-oukin(669-648) devint vice-roi de Babylone. Une guerre féroce entre lesdeux frères ne tarda pas à éclater; bien que soutenu par plusieursrois, Shamâsh-shoum-oukin fut assiégé dans Babylone et périt dans lesflammes de son palais. Toutefois, après la mort d'Assourbanipal, l'Assyrie, saignée parces longues guerres, allait bientôt être anéantie. En Babylonie,Nabopolassar (625-604) devient roi (XI° dyn. néo-babylonienne) etdélivre pour toujours son pays du joug assyrien. Ses attaques contrel'Assyrie en 616 n'eurent pas de succès: l'Egypte se rangea contrelui; mais, deux ans après, Cyaxare le Mède entre en campagne contrel'Assyrie; il prend Assour, où Nabopolassar le rejoint et où letraité d'alliance est confirmé par le mariage de Nébucadnetsar(Nabu-chodonosor), fils de Nabopolassar, avec la petite-fille deCyaxare. Les alliés marchèrent ensemble contre Ninive en 612, laprirent en trois mois et la détruisirent complètement. Le PharaonNéco voulut profiter de la débâcle assyrienne pour s'emparer de laPalestine: il défit Josias à Méguiddo (2Ro 23:29) en 608, maisNabopolassar envoya Nabuchodonosor à sa rencontre; et les Égyptiens,complètement battus à Carchémish, durent abandonner leurs conquêtesd'Asie (604). Au moment d'envahir l'Egypte, Nabuchodonosor dut,rentrer à Babylone à cause de la mort de son père. Toutefois, laPalestine et la Syrie devenaient des provinces babyloniennes. Quandle royaume de Juda, malgré les remontrances de Jérémie, se révolta,Jérusalem fut prise et les principaux citoyens furent déportés (597).Quand, plus tard, Sédécias s'allia à l'Egypte, à Tyr et à Sidon(587), sa capitale fut prise et détruite après un siège d'un an etdemi; Tyr fut aussi assiégée pendant treize ans (585-573) mais ne putpas être prise. (cf. Eze 29:18) Dans ses inscriptions,Nabuchodonosor parle de ses constructions, mais ne dit pas un mot deses campagnes. C'est lui, en effet, qui fut considéré comme lecréateur de la nouvelle Babylone, (cf. Da 4:30) celle quiremplit d'admiration les historiens classiques (cf. Josèphe, Ant., X, 11:1), le véritable centre commercial et littéraire del'Asie occidentale jusqu'à Alexandre; les plus grandioses des ruinesque les fouilles récentes ont révélées sont l'oeuvre de sa main. Sonfils et successeur, Évil-Mérodac (561-559), se montra inapte àgouverner et fut remplacé par son beau-frère Neriglissar (559-556),qui mourut bientôt, laissant le trône à son jeune fils,Labashi-Mardouk, déposé après neuf mois. Nabo-nide (555-539) fut élupar le parti sacerdotal; prêtre et archéologue, ce roi s'intéressaplus aux questions de chronologie et aux travaux de restauration destemples qu'aux affaires d'État, qu'il laissa en grande partie auxsoins de son fils Bel-shatsar. (cf. Da 5) En ce temps, Cyrus,roi d'Anzan, vassal d'Astyage roi des Mèdes, réussit à déposercelui-ci, avec l'approbation de Nabo-nide, qui ne se doutait pas desconséquences de cet acte (550). Cyrus conquiert ensuite la Lydie(546) et se tourne contre la Babylonie; Belshatsar est battu à Opis,Sippar ouvre ses portes aux Perses (539); Babylone est prise en troismois par Gobryas, et Cyrus y est reçu en libérateur, tandis queNabonide, qui s'était enfui, devait finir sa vie dans l'exil. Al'époque perse, Babylone conserva encore pour un temps sonimportance, mais des rébellions, sous Darius I er et Xerxès,contribuèrent à hâter sa décadence; sous Alexandre, la ville eut sadernière heure de grandeur, mais la fondation de Séleucie, lanouvelle capitale, en 312, ôta désormais toute importance à lavieille métropole.4. Histoire de l'Assyrie. Voir Atlas 7Les fouilles de Assour, qui, comme le pays tout entier, porte le nomdu dieu national, ont démontré que la plus ancienne civilisation dupays était sumérienne; d'autre part, le nom des plus anciens roisassyriens connus, Oushpia, le fondateur du temple du dieu Ashour, etKikia, qui bâtit les murs de la capitale, ne sont pas sémitiques,mais mitanniens. On pourrait en déduire que les Mitanniens, connuspar les lettres de Tell-el-Amarna (vers 1400), étaient la populationautochtone et qu'ils adoptèrent la culture sumérienne. En Cappadoce,on a retrouvé des tablettes, datant du XXV e siècle, qui ont uncachet nettement assyrien (voir Asianiques). Nous devons placerl'invasion des Sémites en Assyrie peu après cette date. Les fouillesont révélé leurs ravages et la période de décadence culturelle quisuit. Mais peu à peu ils subirent l'influence de la culturesumérienne (écriture et religion en particulier). En réalité, vers2400, l'Assyrie est tributaire de Bour-Sin, roi de Our, qui envoieZarikoum. comme gouverneur du pays. Dans les premiers temps de la 1re dyn. de Babylonie, l'Assyrie semble avoir été plus ou moinsautonome, mais Hammourapi énumère les villes de Assour et de Niniveparmi celles de son empire. Après la chute de cette dynastie,l'Assyrie devient indépendante (Shamshi-Adad II, vers 1860); suiventtrois siècles dont nous ne savons rien: peut-être les Mitanniensont-ils occupé le pays pendant une partie de ce temps, car, vers1400, Doushratta, roi de Mitanni, envoie à son beau-frère, le PharaonAménophis III, une statue d'Ishtar de Ninive, ville qui lui estsoumise. Mais déjà Ashour-ouballit (vers 1380) envoie en Egypte uneambassade et agit en souverain indépendant, bien que Bournabouriashde Babylone prétendît le considérer comme vassal; nous avons même vuqu'il intervint dans les querelles dynastiques de Babylone, et plaçason petit-fils sur le trône, tout en gardant peut-être le pouvoirdans ses propres mains. Il avait battu les Mitanniens et avaitincorporé à son royaume une partie de leur territoire. Sessuccesseurs se montrèrent d'aussi bons capitaines: Ellil-nirari batles Babyloniens et leur enlève du territoire; Arik-den-ili fait desraids bien réussis; Adad-nirari I er fait des campagnes dans le N.,l'Ouest, et le S.; Salma-nasar I er (1290-1260) battit Shattouara roide Hanigalbat avec ses alliés, les Hittites et les Ara-méens Ahlamê,aussi bien que les Coutéens et les Babyloniens; pour des raisonsstratégiques, il transféra sa capitale de Assour à Kalah. Le premierAssyrien qui occupa le trône de Babylone fut Toukoulti-Ninourta I er(1260-1240), qui se distingua aussi par des campagnes importantesdans les montagnes au Nord-E., N.-O., et dans la région du lac deVan. Lui aussi, il fonda une nouvelle capitale en l'appelant de sonnom, Kar-toukoulti-Ninourta, mais elle ne lui survécut pas. Il futtué par son fils au cours d'une révolution, à la suite de laquellel'Assyrie traversa une période de décadence. Une nouvelle dynastie commence avec Ninourta-apal-Ekour (vers1190). Après quelques règnes sans grande importance, Ashour-resh-ishiI er (vers 1120) battit des peuplades voisines et la Babylonie. Sonfils, Téglath-Phalasar I er (vers 1110), étendit les frontières del'empire assyrien dans le N. et l'Ouest, plus loin que sesprédécesseurs, et atteignit même les bords de la mer Noire et de laMéditerranée (sans pourtant oser attaquer Damas et les plusimportantes villes phéniciennes). En cinq ans, il se vante d'avoirconquis quarante-deux peuples avec leurs rois. Il battit aussi, dansla suite, Mardouk-nadin-akh, roi de Babylone, en réduisant sonroyaume en vasselage, bien qu'on ait des raisons de croire que cedernier sût prendre sa revanche. En tout cas Ashour-bel-kala, fils deTéglath-Phalasar, conclut un traité de paix avec le roi babylonien etépousa sa fille. Les campagnes militaires avaient affaibli l'Assyrie, qui traversaune période de décadence et ne put empêcher les nouvelles provincesplus éloignées de secouer son joug. Les tribus araméennes enprofitèrent pour pénétrer dans la Syrie du N., en Mésopotamie et mêmedans la Babylonie méridionale, en y occupant des territoiresfertiles. Les populations de ces régions devinrent de plus en plusaraméennes de race et la langue araméenne devint plus tard celle detoute la région entre la Méditerranée et la Perse (Jésus parlaitaraméen). Adad-nirari II (vers 900) prépara le terrain pour lesgrandes conquêtes de ses successeurs immédiats. Toukoulti-Ninourta II(vers 890) part en campagne chaque année et nous a laissé sesitinéraires de marche. Ashour-natsir-pal II (884-880) nous a laissébien des inscriptions et des monuments, retrouvés dans les ruines desa capitale, Kalah, qu'il restaura en y faisant travailler sesprisonniers de guerre. Implacable envers ses ennemis, qu'ilécorchait, empalait, torturait sans pitié, il se battit dans le N.-E.et le N.-O., et atteignit les bords de la Méditerranée, où lesgrandes villes phéniciennes s'empressèrent de lui payer tribut, maisil n'osa pas attaquer le royaume de Damas. Salmanasar III (859-824),son fils, recula encore les frontières de l'empire. Il se battitsurtout en Syrie; une coalition qui comprend Ihouleni, roi de Hamath,Adad-idri, roi de Damas, Achab, roi d'Israël, de même que des troupesde la Cilicie, d'Ammon, et d'Arabie, lui livra bataille à Qarqar(854). Bien qu'il se vante d'avoir massacré ses ennemis, Salmanasardut rentrer en Assyrie. Dans la suite, il battit Hazaël, roi deDamas, et l'enferma dans sa capitale, autour de laquelle il détruisittous les palmiers; mais il ne put pas prendre cette ville fortifiée.Cependant Tyr, Sidon, et Jéhu, roi d'Israël, lui envoyèrent leurtribut. Il mourut pendant une révolte de son fils aîné,Ashour-danin-apla, laissant son trône à un autre fils, Shamshi-adad V(824-810), l'époux de la célèbre Sémiramis. Malgré ses campagnes, ceroi dut réduire l'étendue de ses frontières. Par contre, son fils,Adad-nirari III (810-782), après quatre ans passés sous la tutelle desa mère, put se vanter d'avoir reçu les tributs des régionsorientales de la Médie et de la Perse, du «pays hittite, Amurru danssa totalité, Tyr et Sidon, du pays de Omri, Édom, Palastu (c-à-d. lepays des Philistins) et de Damas». Il introduisit en Assyrie le cultede Mardouk et de Nabou; un de ses fonctionnaires put même écrire àpropos de ce dernier: «Aie confiance dans Nabou, n'aie de confiancedans aucun autre dieu». Salmanasar IV (782-772) et Ashour-dan(772-754) se battirent contre les Araméens et contre Damas, mais sousleur règne et sous celui du pacifique Adad-nirari IV (754-746), quipérit dans une révolte, l'Ourartou (Arménie) se fortifie aux dépensde l'Assyrie. Téglath-Phalasar III (745-727), un des plus grandsparmi les rois assyriens, réussit à étendre et à organiser l'empirecomme aucun de ses prédécesseurs n'avait su le faire. Il eut dusuccès sur tous les fronts: il fit cesser les empiétements del'Ourartou en Syrie; il réduisit Arpad (Esa 10:9), ce quiprovoqua la prompte soumission de nombre de princes de la Palestineseptentrionale, parmi lesquels Ménahem d'Israël (2Ro 15:19 etsuivant); il étendit ses frontières du côté de la Médie. En 734, Achazde Juda l'appela contre ses ennemis «Retsin, roi de Syrie, et Pékachfils de Rémalia» (2Ro 15:37 16:7). Ce dernier vit les provincesseptentrionales de son royaume envahies par l'Assyrien (2Ro15:29) et fut tué par Osée (2Ro 15:30) qui se soumitpromptement. Téglath-Phalasar continua sa marche vers le S. et pritGaza; la reine des Arabes envoya son tribut. Deux ans plus tard, laville de Damas tomba dans ses mains (2Ro 16:9) et devint uneprovince de l'empire. En 729, il devint roi de Babylone sous le nomde Poulou (Pul: 15:19). Pour consolider ses conquêtes, il déporta despopulations entières (cf. 2Ro 15:29) et remplaça souvent les princesconquis par des gouverneurs assyriens. Salmanasar V (727-722) marchacontre Osée, roi d'Israël, et l'assiégea pendant trois ans dans sacapitale. A la mort de Salmanasar (pendant le siège de Samarie), Sargon II(722-705) s'empara de la couronne et fonda la dernière et la plusglorieuse dynastie assyrienne. Quelques mois après, Samarie futconquise et 27.290 de ses habitants furent emmenés en captivité. (cf.2Ro 17:6 18:11) En 721, Mérodac-Baladan se proclama roi deBabylone et fit alliance avec le roi d'Élam; ce dernier battitSargon, qui voulait s'emparer de la Babylonie. Le roi assyrien sedirigea alors vers la Syrie, où l'Egypte intriguait comme d'habitude:il battit Jaou-bidi, roi de Hamath, à Qarqar (720), et Hanno, roi deGaza, ainsi que ses alliés égyptiens, à Raphia. Les années 717-714furent consacrées à des campagnes contre Oursa I er (Rousa), roi del'Ourartou (Arménie): Sargon s'empara d'abord de la capitale duroyaume hittite, Car-chémish, puis du royaume de Van, et enfin battitOursa si complètement que celui-ci se tua. L'Ourartou cessa d'êtreune menace pour l'Assyrie, mais son affaiblissement permit auxCimmé-riens, dans la suite, de faire des raids en territoireassyrien. Après une campagne en Philistie (711), Sargon put enfin sediriger contre Mérodac-Baladan; au cours de deux campagnes, ilconquit la Babylonie et fut reçu avec enthousiasme par les prêtres dela capitale. Il eut également du succès contre les Mèdes et reçut letribut de sept rois de Chypre. Ses capitales furent successivementAssour, Kalah, Ninive (où il fonda une bibliothèque qui devaitdevenir célèbre), et, en 707, il inaugura la ville qu'il avait bâtieet qu'il appela d'après son nom, Dour-Sharrou-kin (à Khor-sabad); ily mourut de mort violente deux ans après, en laissant le trône à sonfils Sennachérib (705-681). Ce dernier, moins habile à la guerre etdans la paix, mais plus cruel et plus orgueilleux que son père,détruisit complètement la ville de Babylone (voir plus haut dans lasection correspondante de l'histoire de Babylone). Pendant son règne,Sennachérib n'eut pas à s'occuper des frontières à l'Est et au Nordde son empire; par contre, les provinces occidentales lui donnèrentautant de difficultés que la Babylonie. Depuis Tyr jusqu'à Juda etÉdom, les princes formèrent une coalition contre l'Assyrie; ilscomptaient d'abord (703) sur l'appui de Mérodac-Baladan (2Ro20:12-19,Esa 39) et, après la défaite de ce dernier (702-701), surl'Egypte (Esa 30:1-5). On commença par se débarrasser des roisd'Askalon et d'Ékron, fidèles à l'Assyrie (ce dernier, Padi, fut jetédans une prison de Jérusalem), de même que du gouverneur assyriend'Ashdod. En 701, Sennachérib attaqua et prit Sidon, dont le rois'était enfui; alors un bon nombre de princes palestiniens, dans leurterreur, vinrent à Lakis payer leurs tributs. Askalon fut vite priseet Sennachérib se dirigea vers Ékron: à Eltékéh, il battitcomplètement les Égyptiens, prit Ékron sans difficulté et replaçaPadi sur le trône. Ainsi Ézéchias, roi de Juda, se trouva seul, appuyé sur destroupes de mercenaires arabes, à résister à l'armée assyrienne.Soutenu par la promesse d'Ésaïe, il fortifia sa capitale et seprépara à la résistance; le reste du pays fut saccagé: 46 villesfortes tombèrent dans les mains des Assyriens (cf. 2Ro 18:13)qui, selon le compte rendu officiel, sans doute exagéré, emmenèrent200.150 Judéens en Assyrie. Ézéchias fut bloqué à Jérusalem comme «unoiseau dans sa cage»; il décida de se soumettre et envoya son tributà Lakis (2Ro 18:14; selon les sources assyriennes, à Ninive).D'autre part les événements narrés dans 2Ro 19:9 et suivants nepeuvent pas avoir eu lieu en 701, car Tirhaka régna de 689 à 664: ils'agit d'une campagne ultérieure de Sennachérib contre l'Egypte, danslaquelle son armée fut décimée par la peste près de la frontièreégyptienne (2Ro 19:35, Hérodote, II, 141; Bérose, dans Josèphe, Ant, X, 1:5; les sources assyriennes parlent d'une campagne deSennachérib en Arabie en 690), ou bien l'auteur biblique et lesauteurs grecs font allusion à la campagne d'Assarhaddon contrel'Egypte en 675, qui n'eut pas de succès. Sennachérib nommaAssarhaddon (681-668) son successeur, mais fut tué par son filsArad-Malkat (ou par ses fils Adrammélek et Sharetser, 2Ro19:37). Après avoir mis fin à la révolte, Assarhaddon entreprit lareconstruction de la ville de Babylone. Dans le N., il réussit, avecbeaucoup de peine, à retenir les hordes cimmériennes qui avaientenvahi l'Ourartou. En Syrie, il n'eut pas de succès contre Tyr, maisil conquit Sidon (676). Plus tard, après la campagne de 675 quin'aboutit pas, il marcha contre l'Egypte par la voie du désert:Tirhaka fut battu, Memphis fut prise (671), et, après la conquête deThèbes, tout le pays fut occupé et divisé en vingt-deux provinces.Assarhaddon mourut en 669, au cours d'une deuxième expédition enEgypte; il avait réglé sa succession en nommant Assourbanipal(669-626) prince héritier, et son fils aîné, Shamash-shoum-oukin(669-648), roi de Babylone (sa mère était babylonienne). La campagned'Egypte se poursuivit malgré la mort du roi assyrien, et Tirhaka futde nouveau battu; on réorganisa le pays jusqu'à Thèbes, mais unenouvelle révolte éclata après le départ de l'armée assyrienne;nouvelle expédition punitive jusqu'en Nubie, contre le neveu deTirhaka qui avait pris le commandement après la mort de son oncle. EnSyrie tout était tranquille: Manassé (698-643) avait adopté unepolitique opposée à celle de son père, Ézé-chias, et favorisaitl'Assyrie. En Asie Mineure, Gygès, roi de Lydie, fait alliance avecAssourbanipal et obtient son secours contre les Cimmé-riens (660).Mais lorsque Psammétik, entre 658 et 651, réussit à délivrer pourtoujours l'Egypte du joug assyrien et à fonder la XXVI e dynastie,Gygès s'allia avec lui et, privé du concours assyrien, fut battu parles Cimmériens (652); son fils, Ardys, s'allia de nouveau avecAssourbanipal en 646. Une lutte féroce entre Shamash-shoum-oukin,soutenu par l'Élam, et Assourbanipal (652-648), se termina par lesuicide du premier, mais l'Assyrie dut continuer les opérations enCaldée et en Arabie, et dut entreprendre deux expéditions trèscoûteuses contre l'Élam (646 et 641), qui ruinèrent complètement cepays et préparèrent par là les conquêtes de Cyrus. Assourbanipaltriompha ainsi de tous ses ennemis, son empire atteignit le zénith dela puissance, les arts et les sciences florissaient comme jamaisauparavant, mais l'Assyrie, saignée par tant de guerres, allait vitesuccomber sans espoir de relèvement. Les faibles souverains quisuivirent Assourbanipal virent toutes les provinces se déclarerindépendantes. Enfin Ninive tomba sous les coups de Cyàxare, roi desMèdes; de Nabopo-lassar, roi de Babylone; et des Scythes, dans l'étéde 612; Nahum (Na 2-3) chanta sa ruine dans un péan superbe. La luttese poursuivit jusqu'en 605: à cette date la nation assyrienne cessad'exister.5. Institutions politiques. On peut supposer que, à une époque très reculée, le clan était àla base de l'organisation sociale et que le terme sumérien pour roi(lu-gal =homme grand) indiquait à l'origine le chef du clan, quisurpassait les autres en stature, force, intelligence et possessions.Mais déjà au commencement de l'époque historique nous trouvons enCaldée une organisation territoriale plutôt qu'ethnique: le pays estdivisé en de petits États, des cités dont le dieu local estthéoriquement le roi, mais qui sont gouvernés par des gouverneurs (patesi ou isak) ou des rois choisis par les dieux eux-mêmeset qui, comme Naram-Sin, reçoivent les attributs de la divinité déjàavant leur mort. Cette apothéose tomba en désuétude à partird'Hammourapi, bien que ce roi s'appelle encore «le dieu des rois». Cequi était essentiel pour un roi était d'appartenir à une lignée desouverains légitimes et les usurpateurs devaient avoir recours à desgénéalogies imaginaires ou bien prétendre avoir reçu des dieux unevocation spéciale à la royauté. Les titres des souverainscorrespondaient théoriquement à l'étendue de leurs domaines: roid'une ville, roi de Sumer et d'Accad, roi des quatre régions(Babylonie, Élam, Amurru et Assyrie), et enfin, en Assyrie, roi dumonde (shar kishshati). Comme chef de l'État, le roi s'occupaitdes relations avec les autres États, de l'administration de lajustice, de la conduite de la guerre, du développement agricole etcommercial du pays, de la construction des temples et des palais, duculte public. La correspondance de Hammourapi nous montre les milledétails qui retenaient l'attention du roi. D'ailleurs l'armée desfonctionnaires alla croissant et devint une bureaucratie trèsdéveloppée dans l'empire des Sargonides. Dans le palais royal, il yavait un majordome, un échanson, un panetier en chef, un chef desprovisions, mais ces titres avaient perdu leur significationprimitive et indiquaient simplement de hauts fonctionnaires ou dehauts officiers (cf. le «rab-shakè», échanson, dans 2Ro 18:17).Parmi les hauts fonctionnaires, il faut aussi compter le grand vizir,le préfet du palais, le secrétaire en chef, le juge principal. Le roiavait une garde royale pour protéger sa personne, des courriers, desscribes, des interprètes pour sa correspondance. Le gouvernement desprovinces, culminant dans les préfets, occupait aussi une nombreusebureaucratie.6. Institutions sociales. L'humanité, selon la conception babylonienne, occupe une zoneintermédiaire entre les dieux et les animaux: au plus haut del'échelle, le roi «est semblable à dieu»; à l'autre extrême,l'esclave «est l'ombre de l'homme»; au milieu, l'homme «est l'ombrede dieu» (Harper, Assyr. Babyl. Letters, n° 652). Dans lasociété, la royauté et le clergé occupent une place à part; le restedes sujets se divise en trois classes: les patriciens, les plébéiens (mush-kenu, d'où vient le mot «mesquin»), et les esclaves (cf.Code de Hammourapi, parag.parag. 196-205; 209-214 et pass.). Engénéral, les classes étaient séparées par des barrières difficiles àfranchir, bien que la législation témoigne qu'il y avait des mariagesentre membres de castes différentes (ibid., parag. 175). Laclasse moyenne, la bourgeoisie, était la plus nombreuse:agriculteurs, pâtres, petits commerçants, fonctionnaires subalternes,formaient la base de la société. Mais, comme souvent au cours del'histoire (en Israël et à Rome par ex.), les difficultés économiquestendaient à concentrer la richesse dans les mains des puissants et àréduire les petits bourgeois au rang d'esclaves, (cf. Am 2:6,Esa5:8) dont le nombre va croissant d'une façon redoutable: à l'époquela plus ancienne, c'était exceptionnel pour une famille d'avoir plusd'une vingtaine d'esclaves, tandis que, plus tard, on en trouvaitsouvent plus d'une centaine dans la possession d'un seul individu. Ilne semble pas qu'ait été rigoureusement appliquée la loi quiordonnait la délivrance, après trois ans de servitude, du débiteurinsolvable réduit en esclavage (Code Hamm., parag. 117, cf. Ex21:2). Les réformes sociales de certains rois, comme Ourou-kagina,Téglath-Phalasar III et Salmanasar V, n'eurent pas de résultats plussatisfaisants que les discours d'Amos et d'Ésaïe: en Mésopotamiecomme en Israël, l'appauvrissement progressif de la classe moyennefut une des causes de la ruine nationale.7. Organisation économique. Dans aucun autre domaine, probablement, l'influence babylonienne n'aété aussi étendue et aussi permanente que dans les institutionscommerciales: Babylone a trafiqué dès sa jeunesse (Esa 47:15);les marchands de Ninive sont plus nombreux que les étoiles duciel (Na 3:16) et, par conséquent, bon nombre de motsbabyloniens, en particulier les noms de métaux, poids et mesures,métiers, étoffes, transactions commerciales, etc., ont passé dansl'hébreu parlé au pays de Canaan (et aussi dans l'araméen etl'arabe). Des caravanes babyloniennes visitaient depuis une époquereculée des pays lointains, et le babylonien devint le langage de ladiplomatie vers 1400, comme l'atteste la correspondanceinternationale des pharaons retrouvée à Tell-el-Amarna (un millénaireplus tard ce sera l'aratnéen qui deviendra la lins.ua franco). Ondéveloppa même des communications postales, surtout pour lescommunications officielles, on bâtit des routes et des ponts (cf.Hérod. I, 186), on navigua sur les fleuves et les canaux (cf. lois deHamm. sur la construction de bateaux et sur la navigation, parag.234-240). Les articles d'exportation étaient surtout des produitsagricoles (Hammourapi nomme les graminées, la laine et l'huile:parag. 104); on importait les matières premières (métaux, pierres etbois), des objets d'art et des esclaves. On exportait aussi desarticles fabriqués, comme ce «beau manteau de Sinéar» (Jos 7:21)pris par Acan dans le butin de Jérico. Les centaines de contratsqu'on a publiés nous permettent de fixer d'une façon exacte le prixdes choses vendues. Aux environs de 2100, un sicle d'argent (quicorrespond à peu près à un dollar) était le prix de 120 litres deblé, de 5 litres d'huile, de 120 litres de dattes, de 7 kg. de laine,de 2 habits, de 4 meules de moulin, de 3 pots; un ouvrier gagnait unsicle par mois; le prix légal moyen d'un esclave était de 20 sicles(Code Hamm., parag.252; en Canaan 30 sicles: Ex 21:32). Un boeufcoûtait de 15 à 25 sicles, une vache de 2 à 5, un âne de 4 à 15, unebrebis 1 ou 2, un cochon 1 sicle. Les champs coûtaient 1 /10 e desicle par are, les vergers un sicle par are, le loyer d'une maisonordinaire était de 3 sicles par an. L'intérêt sur un prêt s'élevaitordinairement à 20 pour cent pour l'argent et à 33 1/3 pour cent pour les graminées.8. Législation. Dans l'histoire de la jurisprudence, la Babylonie occupe, avantl'époque romaine, une place unique. Le célèbre code de Hammourapi(vers 2083), rédigé en langue sémitique, mais fondé sur des codessumériens antérieurs (on a retrouvé les parallèles sumériens desarticles 191-192, 209-212, 244-245), est le code de lois le pluscomplet que nous connaissions dans l'antiquité orientale.L'analyse qui suit (cf. notre art. dans Americ. Journ. o'f Sentit.Lang., 1920, 36, 310SS, où sont indiqués les parall. avec le «juscivile» romain) montre l'ordre logique des lois et l'étendue dessujets traités (les nombres entre parenthèses indiquent les articlesdu code).