USURE

1. DETTES.Au Moyen âge et même plus tard, les Juifs furent les grands usuriersde l'Europe, du reste avec l'aide de la chrétienté. Le vastevocabulaire de l'A.T, relatif à la dette (voir ce mot) et audébiteur montre que cette spécialité remonte haut. Il n'est pas sanssignification qu'un des termes désignant l'usure veuille dire«morsure». L'élément tragique de la dette, c'est que le débiteurinsolvable pouvait être saisi, emprisonné, ses enfants vendus; bref,c'était le naufrage total (voir un exemple typique dans Ne 5).Esa 24:2 montre la généralité de la pratique. Les prophètes onttonné contre ces abus (Am 2:6,8). Le Deutéronome veut qu'onprête sans intérêts (De 23:20 et suivant); il essaie desoustraire au créancier les gages indispensables à la vie dudébiteur (De 24:6,17) et de limiter des abus (De 24:10,13);il tente d'y introduire l'idée jubilaire (De 15:16). En réalité,seule une élite morale observait ces lois de bienveillance (Eze18:7,16 33:15), mais l'usage courant restait impitoyable (2Ro4:1,Le 25:39,47,Esa 50:1,Job 22:6 24:9,Pr 20:16 22:7). Le fait que Jésus ait touché à ce sujet dans deuxparaboles (Mt 18:23,35,Lu 7:41 et suivant) montre l'importancesociale de la dette et les graves conséquences qui pouvaient enrésulter (d'où, dans l'Oraison dominicale: «Remets-nous nos dettes»). 2. INTERETS.Dans Ne 5, l'intérêt est de 2 pour cent par mois, soit 24.Ailleurs, on sait qu'il allait de 10 à 20.La recommandation de prêter sans intérêts ne s'étendait pas auxétrangers. Il va de soi que ce taux élevé correspondait à laquasi-certitude de non-remboursement et au manquede système de crédit organisé. 3. BANQUIERS. Du temps de Jésus, le banquier et le changeur (voir ce mot) nefaisaient qu'un. Le système monétaire au I er siècle était des pluscomplexes (voir Monnaie). Or les redevances au Temple devaient êtreversées par des milliers de visiteurs pieux en monnaie exclusivementphénicienne, de par la volonté des autorités religieuses juives(tandis que les impôts romains se payaient en monnaie romaine). Lechangeur devait donc: changer les grosses pièces de valeur en monnaied'usage courant; fournir les pièces de monnaie pour l'offrande auTemple (l'agio sur ce change était strictement limité); échanger contre monnaie ayant cours les piècesque les pèlerins apportaient de tous les pays riverains de laMéditerranée et d'au delà. Le changeur était donc un intermédiaireindispensable, mais il devait respecter les taux admis du change etrester à sa vraie place, hors des parvis; le terme de «voleur», quelui infligea Jésus (Mr 11:17), était souvent mérité, vu lanécessité et l'ignorance du pèlerin pressé.