TRIBU, TRIBUS

Dans l'A.T, ce terme est la traduction des deux mots hébreux chébèt ou mattèh; et dans le N.T. 1l traduit phulê. Ces termes,sauf deux exceptions (Esa 19:13, tribus ou «nomes» de l'Egypte,et Mt 24:30 dans un sens général) s'appliquent toujours auxdouze tribus d'Israël. Jusqu'au moment de sa suppression par lamonarchie, cette forme d'organisation sociale de la tribu prévalut enIsraël. Même alors le peuple y resta attaché comme à une sorted'idéal et il apparaît ainsi dans l'Apocalypse du N.T (Ap 7). 1. ORGANISATION DE LA TRIBU.Notre connaissance des lois et coutumes de la tribu chez les Hébreuxse complète et se confirme par ce que nous savons des institutionssimilaires de l'ancienne Arabie. Le clan était l'unité fondamentaleet la tribu était constituée par l'union de plusieurs clans. Dansl'A.T, il y a deux mots pour désigner le clan: michpâkhâh, quetraduit «famille», et èlèph, une communauté ou une association(litt., mille). Le clan se composait de «frères» (=parents, Ge24:27 29:13,1Sa 20:29) ou plus exactement de parents du côtépaternel; dans l'A.T, de telles associations sont désignées sous lenom de «maison du père» ou simplement «maison». On désigne les chefsde tribus par le terme même de «chefs» (Ge 36:15 et suivants) oude «principaux» (Ex 34:31) et de «princes» (No 1:16, litt,têtes), bien que leur titre ordinaire soit celui d' «anciens», quicorrespond exactement au cheik arabe (voir Chef). Le conseil desanciens correspondrait au divan des Arabes. La fraternité tribaleétait fondée sur la parenté du sang, réelle ou supposée, et sur laparticipation au culte de la tribu. On a prétendu trouver dans l'A.T,quelques traces de la religion de la tribu sous la forme du totémismeou du culte des ancêtres. «Siméon», d'après l'étymologie de Ge29:33, viendrait de châma =entendre; mais de nombreux savantsy voient le nom d'un animal synonyme du simou arabe, qui désignele produit de croisement du loup et de l'hyène. On cite encore Léa(=génisse sauvage?), Lévi (nom considéré comme apparenté à Léa) etRachel (=brebis). Cette conception, au point de vue philologique, ades bases peu solides. A l'appui de la théorie d'un culte primitifdes ancêtres, on invoque les coutumes funèbres, les tombes despatriarches, en particulier le monument élevé sur la tombe deRachel (Ge 35:20). Gad (voir ce mot) est le nom d'une anciennedivinité sémitique de la fortune (Esa 65:11; comp, certainesinscriptions araméennes); mais il n'y a là aucune raison valabled'affirmer que c'était une divinité de la tribu israélite du mêmenom. Si les clans hébreux avaient des cultes de tribu, ceux-ci furentcomplètement supprimés par la religion de JHVH. Toutes les formesd'idolâtrie, contre lesquelles fulminèrent les prophètes, avaient étéempruntées à leurs voisins. 2. LE SYSTEME GENEALOGIQUE.D'après l'A.T., les douze fils de Jacob furent les fondateurs destribus d'Israël. Ce nombre douze a créé à certains interprètes desdifficultés qui ne s'imposaient pas. D'après Cheyne, il provientd'une théorie sacerdotale; Winckler préfère attribuer ce nombre à desinfluences mythologiques dérivant des signes du Zodiaque, tandis queStade le fait dépendre du nombre des préfectures de Salomon. Écartantces suppositions, nous nous demandons pourquoi Jacob ne pourraitavoir eu douze fils aussi bien que tel autre nombre? Le vrai problèmedécoule des principes généraux que se fixe l'interprète. Sans preuvessuffisantes, on donne pour axiome que «les nations nouvelles n'ontjamais pour origine le fort accroissement d'une tribu, les tribusnouvelles ne dérivant jamais d'une même famille qui se multiplieraitrapidement pendant plusieurs générations». Mais les récits de l'A.T.,tout en regardant les douze fils de Jacob comme des ancêtres detribus, ne supposent pas que les tribus d'Israël sont entièrementissues d'une seule famille. Il y avait la foule mélangée (Ex12:38,No 11:4), il y avait les apports du dehors sous formed'esclaves, de concubines, et plus encore l'accroissement naturel parl'annexion de clans étrangers, par exemple les Kéniens (Jug1:16) et les Calébites (Jug 1:12 et suivants, cf. 1Ch2:9,18,42). La généalogie des tribus hébraïques se présente ainsiqu'il suit:

Léa Ruben Siméon Lévi Juda Issacar Zabulon Rachel Joseph Benjamin Éphraïm Manassé Zilpa Gad Asser Bilha Dan Nephthali
Ainsi les douze tribus remontent à un seul père, Jacob-Israël, età quatre mères, Léa et Rachel épouses légitimes, Bilha et Zilpa étantdes concubines. Considérons les principes posés par les commentateurs modernespour l'interprétation tribale des récits patriarcaux: Le nom du père est en réalité la désignationd'une tribu; une épouse ou une mère représente une tribu pluspetite qui se laisse absorber par une plus forte, par exemple Léa parJacob; un mariage correspond à l'amalgame de deuxtribus, une concubine représentant une tribu de moindre importance; la naissance d'un enfant marque l'origine d'unenouvelle tribu. Une telle théorie des récits des patriarches, quoiquescientifique, n'en est pas moins extrêmement problématique. On peutmême en relever brièvement plusieurs points faibles. Elle méconnaîtles caractères si vivants des personnages présentés dans les récitsavec une telle vérité, par exemple la rivalité et la jalousie entreLéa et Rachel ou la vie de famille de Juda; elle pose ou affirme sansvéritable preuve plusieurs principes généraux. Si le groupementgénéalogique est un reflet des conditions politiques etgéographiques, la parenté des tribus que nous révèle l'histoirepostérieure devrait y correspondre. C'est ici que la théories'écroule, car certaines tribus, étroitement unies dans le systèmegénéalogique, sont sans étroites relations politiques et restentgéographiquement fort éloignées les unes des autres, par exemple Gadet Asser, Juda, Issacar et Nephthali, et malgré les nombreusesconjectures, qui dans un tel problème ne peuvent être démontrées, iln'en demeure pas moins que l'on n'apporte aucune preuve positivecontre l'exactitude des traits essentiels du récit biblique surl'origine des tribus hébraïques.L'Écriture groupe les tribus en bien des ordres divers, suivant desprincipes différents de classement: leur parenté avec Jacob, ses femmes et sesconcubines (Ge 29 à 35, Ge 46, Ge 49,Ex 1,No 1, No 2, No 7,No 10, No 13, No 26,1Ch 2,27); leur position géographique (No 34,De 33,Jos 13 Jug 5,1Ch 12,Ap 7); leur géographie modifiée par la tradition; (dansDe 27, les tribus les plus importantes bénissent et les moinsimportantes maudissent) un groupement idéalisé (Eze 48). 3. LES ANCETRES DE LA TRIBU.On ne sait rien de la vie personnelle de la plupart des fils deJacob; ce ne sont que des noms. Quelques faits sur certains d'entreeux ont été conservés. Siméon et Lévi sont associés dans une attaquedéloyale contre les habitants de Sichem pour venger le rapt de leursoeur Dina (Ge 34), au mépris de l'accord qui avait été conclu.Ils sont sévèrement blâmés pour ce crime dans la Bénédiction deJacob, et leur postérité condamnée à la dispersion en Israël (Ge49:5 et suivants). Rachel mourut en donnant naissance à Benjamin,près d'Éphrata; elle lui donna le nom de Benoni (=fils de madouleur) que Jacob changea en Benjamin (=fils de ma droite, Ge35:16,18). Il est représenté comme le favori de son père qui,.contre-coeur, le laisse descendre en Egypte avec ses frères (Ge42 ss). Juda (=loué) était le quatrième fils de Jacob parLéa (Ge 29:35), mais il se comporte en chef parmi ses frères etbientôt semble exercer les droits d'un premier-né. Ruben, l'aîné, etJuda agissent en représentants de leurs frère-dans l'histoire deJoseph; c'est Juda qui dirige d'après Ge 37:26 43:3 44:16 46:28(J), c'est Ruben d'après Ge 37:22 42:37 (E). Juda est présentésous un jour défavorable dans Ge 38. Il épousa une Cananéenne,qui lui donna trois fils: Er, Onan et Séla. Pour Er. son père choisitune femme du nom de Tamar, mais quand Er mourut sans enfants, Onanrefusa de remplir les obligations que lui imposait la loi du léviratsur le mariage. Alors, afin d'assurer la réparation du tort qui luiétait fait, Tamar déguisée en prostituée sacrée (qedhêchâh) séduisit Juda, qui par elle devint le père de Pérets et Zérach. II nefaut pas juger ces actes de Juda d'après les principes d'aujourd'hui;en somme il se conduisit honorablement selon les coutumes de sontemps. De nombreux interprètes modernes ont vu dans cette histoireune manière naïve de présenter les relations entre les tribus. Tamarne serait ainsi qu'un clan cananéen, s'unissant à la tribu israélitede Juda. Si tel avait été réellement le cas, le récit aurait pudifficilement prendre cette forme, car il jette un jour fâcheux surle caractère du fondateur de la tribu à laquelle appartiendra David(le chap. 38 est attribué à J, le document de Juda). Ruben (=voiciun fils) est le premier-né de Jacob et de Léa (Ge 29:32). Enfantde sept ou huit ans, il ramassa des mandragores pour sa mère (Ge30:14). Son caractère présente à la fois des côtés sombres etlumineux. Il commet un inceste avec Bilha, une concubine de sonpère (Ge 35:22); et. dans la Bénédiction de Jacob (Ge 49:3et suivant), il est dit qu'il perdit son droit d'aînesse en expiationde cette faute. (cf. 1Ch 5:1) D'autre part, il apparaît dansl'histoire de Joseph comme un noble caractère qui plane au-dessus despetites et mesquines jalousies de ses frères; il sauve la vie deJoseph (Ge 37:21,29), il est le porte-parole des autres (Ge42:22 et suivants), et il donne en gage ses deux fils à Jacob pourgarantir le retour d'Egypte de Benjamin (Ge 42:37). 4. HISTOIRE DES TRIBUS.Voir Atlas 4Voir Atlas 27L'histoire des tribus séparées sera limitée ici à l'époque des Juges.Pour la suite de cette histoire, voir Israël, parag. 3ss. Pendantleur marche au désert, les tribus, d'après P, étaient divisées enquatre groupes. Celles de Juda, Issacar et Zabulon campaient à l'Estdu sanctuaire et formaient l'avant-garde; elles étaient suivies deRuben, Siméon et Gad au Sud du Tabernacle. Après elles venaient,divisées en deux, Éphraïm, Manassé et Benjamin, suivies de Dan, Asseret Nephthali, les premières plantant leurs tentes à l'Ouest et lesdernières au Nord de la tente d'assignation (No 2). On trouverala liste des clans des diverses tribus dans Ge 46 et No 26.Nous avons aussi un recensement détaillé, à la fois au temps del'exode (No 1 No 2) et, trente-huit ans plus tard, à la fin duvoyage au désert (No 26). Les tribus de Juda et d'Éphraïm onttenu le rôle le plus important dans l'histoire de la nation, et ellesfurent continuellement en rivalité pour obtenir l'hégémonie surIsraël. La position de Juda à l'avant-garde, pendant la marche audésert, indiquait la prééminence de cette tribu, qui comptait 76.500personnes au second dénombrement (No 26:22). Cette tribus'agrandit avec l'addition d'éléments kéniens (Jug 1:16) et dedeux clans kéniziens, Caleb et Othniel (Jug 1:12-16,20 Jos14:6,15 15:13,19). Juda s'annexa encore Siméon, qui, pendant levovage au désert, avait baissé de 59.300 (No 1:23) à22.200 (No 26:12 et suivants). Siméon n'est mentionné ni dans la Bénédiction deMoïse (De 33) ni dans le chant de Débora (Jug 5) Cesomissions indiquent clairement que, dès la période des Juges, cettetribu avait perdu son identité, et il y a de fortes raisons de croirequ'elle fut absorbée par Juda. C'est à Juda qu'elle était associéependant la conquête (Jug 1:3). Le territoire attribué àSiméon (Jos 19:1,9) appartenait en réalité à Juda (cf. Jos15:26-32,42) et après l'exil les Judaïtes sont seuls mentionnéscomme habitant ces villes (Ne 11:26 et suivants).Le territoire de Juda se divise par sa configuration en quatreparties: la contrée montagneuse (Jos 15:48 et suivants); le désert, qui part de la chaîne centralejusqu'aux bords de la mer Morte (Jos 15:61 et suivants); la Séphéla, placée entre la plaine maritime etles premières collines (Jos 15:33 et suivants); le Négeb, ou midi, dans l'extrême sud.(Jos 15:21 et suivant) La frontière méridionale de Juda allait de l'extrémité de la merMorte au ouâdi el-Arich en passant par Kadès-Barnéa; la frontière N.s'étendait en ligne irrégulière de Kirjath-Jéarim en Séphéla jusqu'àEn-Roguel, dans le voisinage de Jérusalem, puis aboutissait auJourdain (Jos 18:11-20). Juda n'est pas mentionné dans le chantde Débora (Jug 5); évidemment, à l'époque lointaine des juges,cette tribu suivait sa destinée d'une manière tout à faitindépendante des autres. Immédiatement au Nord, séparant Juda de son rival principal,s'étendait le territoire de la petite mais héroïque tribu deBenjamin. L'histoire a justifié l'oracle: «Benjamin est un loup,qui déchire» (Ge 49:27); car c'était une tribu guerrière,célèbre par ses archers et ses frondeurs: (Jug 20:16,1Ch 8:4012:2) parmi ses guerriers elle comptait Éhud, Saül et Jonathan.Elle prit part avec les tribus du N. à la campagne contreSisera (Jug 5:14). La ligne la séparant d'Éphraïm partait duJourdain près de Jérico, par la route de Béthel (assignée à Benjamindans Jos 18:13, à Éphraïm dans 1Ch 7:28), et arrivait àBeth-Horon la basse. Ephraïm occupait le milieu de la région au Nord deBenjamin, et, en théorie tout au moins, s'étendait du Jourdainjusqu'au bord de la mer (Jos 16:6 17:7 et suivants). Deuxpoèmes prophétiques (Ge 49:22-26,De 33:13,17) promettent auxtribus étroitement apparentées d'Éphraïm et de Manassé un sol fertileet un courage militaire indomptable. La première ne put conquérirentièrement son territoire, car Guézer resta en possession desCananéens jusqu'au règne de Salomon, mais il est dit qu'elle s'emparad'Ajalon et de Saalbim, localités ayant d'abord appartenu àDan (Jug 1:35). Éphraïm absorba les éléments cananéens,particulièrement à Sichem (Jug 9:1 et suivants). Sonattitude hautaine de tribu principale provoqua souvent des tensionsentre elle et les autres chefs d'Israël, par exemple Gédéon etJephté. Parmi les héros de cette tribu, on cite Josué, Samuel etJéroboam I er. Après le schisme, le royaume du nord prit le nomd'Éphraïm. Avant d'aller plus loin vers le N., tournons-nous vers lesvallées d'Ajalon et de Sorek qui s'étendent au Nord-O, de Jérusalem.Dans le premier partage, celles-ci furent attribuées àDan (Jos 19:40,48). Le sarcasme de Débora: (Jug 5:17)«Et Dan, pourquoi s'est-il tenu sur les navires?» indique qu'à unecertaine époque son territoire venait jusqu'à la côte. Il a pu mêmeoccuper Joppé (Jug 1:34). Une grande partie de cette tribu,incapable de conserver sa position et cernée par les Amoréens et lesPhilistins, fut forcée d'émigrer vers l'extrême N. et conquit laville de Laïs (Jug 18:1,7,27). Samson appartenait à la partie dela tribu restée en arrière. Dans la Bénédiction de Jacob, Dan estcomparé à «un serpent sur le chemin, une vipère sur le sentier,mordant les talons du cheval» (Ge 49:16); dans la Bénédiction deMoïse, à «un jeune lion qui s'élance de Basan» (De 33:22). Lesdeux images caractérisent la tribu qui se tapit en embuscade ets'élance soudain contre l'ennemi. Cette description poétiques'accorde avec le récit de Jug 18, qui parle de la brusqueirruption de 600 guerriers de cette tribu fondant sur les habitantspacifiques et sans défense de Laïs (appelée plus tard Dan). Juste au Nord d'Éphraïm se trouvait le territoire occidental dela tribu de Manassé . Son lot s'étendait vers l'Ouest jusqu'autorrent de Kana et comprenait les villes frontières au Sud de laplaine d'Esdrelon. Ici encore, la conquête n'était que partielle etdes points importants tels que Beth-Séan, Dor, Endor, Thaanac etMéguiddo (Jug 1:27 et suivant, cf. Jos 17:11 et suivants)demeurèrent en la possession des Cananéens. Dans l'histoire deDébora (Jug 5:14), Manassé est désigné sous le nom de Makir, queportait l'un de ses principaux clans. Parmi les anciens hérosd'Israël, Gédéon appartenait à cette tribu. Le sud et l'est de la plaine d'Esdrelon et la chaîne de montagnesde Guilboa échurent à Issacar (Jos 19:17-23). La fameuse Via Maris (=Route de la Mer), qui traversait ce territoire, étaitla source d'une grande richesse (De 33:19). Le tableau poétiquede Ge 49:14 et suivant fait d'Issacar une tribu robuste, quisuccombe aux séductions de la prospérité et se laisse subjuguer parles Cananéens. Les hommes d'Issacar épousèrent avec ardeur la causedes tribus qui se mirent en campagne contre Sisera (Jug 5:15). A l'époque des Juges, Nephthali, tribu courageuse etpatriote (Jug 5:18) à laquelle appartenait Barak (Jug 4:6),prit part à la guerre de libération de Gédéon contre lesMadianites (Jug 7:23). Son territoire s'étendait à l'Est d'Asseret de Zabulon, et immédiatement à l'Ouest de la mer de Galilée, versle N. jusqu'aux eaux de Mérom et aux sources du Jourdain. Lafertilité de cette région est proverbiale; Josèphe en parle commed'un paradis terrestre et les voyageurs modernes ont rivalisé dans lechoix d'expressions élogieuses pour décrire la richesse et lafécondité du sol, déjà célébrées par les anciens poèteshébreux (Ge 49:21,De 33:23). Nephthali faisait partie de lacontrée qui porta plus tard le nom de Galilée et que devait consacrerplus que toute autre légion de la Palestine (à part Jérusalem) lepassage du Seigneur au cours de sa vie et de son ministèreterrestres. Une autre tribu, Zabulon, se lança impétueusement dans laguerre contre Sisera (Jug 5:18), mais par la suite elle ne jouaqu'un rôle très peu important dans l'histoire d'Israël. La situationde ce territoire était particulièrement favorable; d'après lesfrontières indiquées dans Jos 19:10,16, il se trouvaitentièrement à l'intérieur des terres, limité au Sud par Issacar, àl'Ouest par Asser, à l'Est et au Nord par Nephthali. Ces frontièresrenfermaient la plaine d'Asochis. La Bénédiction de Jacob (Ge49:13) parle de cette tribu dans des termes qui lui supposent unaccès vers la mer: «Zabulon habitera sur la côte des mers, et il seraun port pour les navires, et sa limite s'étendra du côté de Sidon».Il est possible que ses frontières aient varié au cours de l'histoireet qu'elle ait eu quelque temps accès à la mer, comme Josèphe entémoigne. Zabulon associée avec Issacar s'enrichit dans le commercemaritime: «Ils exploiteront les richesses des mers» (De 33:19).Le territoire de Zabulon était aussi une partie de la région connueplus tard sous le nom de Galilée: paysage «d'une grande variété, avecses vallées boisées, sa plaine fertile et ses fraîches collines». Asser reçut pour sa part une bordure de rivage s'étendant du montCarmel à la Phénicie (Jos 19:24-31). Cette tribu était trèsriche en cultures; celle de l'olivier y réussissait particulièrementbien (De 33:24). C'est elle qui approvisionnait les tablesroyales (Ge 49:20). La conquête de son territoire ne fut pascomplète; en effet, parmi les villes qui lui furent attribuées setrouvaient Acco, Tyr et Sidon, qui ne devaient jamais êtreisraélites. Asser se mélangea peu à peu avec les Cananéens (Jug1:31) et ne se joignit pas aux autres tribus pour rejeter le jougde Sisera (Jug 5:17). Dans les inscriptions de Séti I er et deRamsès II, Asser ('-s-rou) désigne le haut pays phénicien;certains critiques en infèrent qu'Asser était à l'origine un termegéographique. Moïse autorisa Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé à s'établirà l'Est du Jourdain, à la condition de prendre part à la conquête duterritoire des autres tribus (No 32). La poésie et l'histoires'accordent à représenter Gad comme une tribu courageuse etguerrière: «Gad sera assailli par des armées, mais il les assailliraet les poursuivra» (Ge 49:19, cf. De 33:20). Son entouragecontribuait à lui donner ce caractère: Ammonites, Moabites et autrestribus du désert faisaient de fréquentes incursions sur sonterritoire (Jug 11). Quelques-uns des «vaillants hommes» deDavid, «semblables à des lions et aussi prompts que des gazelles surles montagnes», étaient Gadites (1Ch 12:8). D'après No32:34-36, le territoire de Gad s'étendait à l'Est et au Nord-E, dela mer Morte; les villes énumérées dans ce passage étaient situéesentre le Jabbok et l'Arnon. Le partage de Josué (Jos 13:24,28)attribua à Gad le territoire compris entre la mer de Galilée et lepays des Ammonites vers le sud. Nul doute que les vicissitudes de laguerre n'en aient fait varier les limites à différentes époques. L'inscription de Mésa (voir ce mot) corrobore les données bibliques(1.10: «les hommes de Gad habitaient l'Ataroth depuis des tempsanciens»); l'inscription mentionne aussi plusieurs autres citésgadites. Ruben était une importante tribu au temps des Juges; illui est fait de sévères reproches pour n'avoir pris aucune part à ladéfense commune lors de la lutte critique au cours de laquelle lestribus du Nord vainquirent Sisera (Jug 5:15,17). Les Rubénitesdurent avoir beaucoup à souffrir entre les mains de leurs voisins lesMoabites, car leur population diminue, et il n'en est plus faitmention par la suite. La liste de leurs villes est donnée dans Jos13:15-23; elles formaient une enclave dans le territoire deGad (No 32:37 et suivant). Comme Juda s'était annexé Siméon,ainsi Gad absorba Ruben. Les caractères du pays et son influence surl'histoire de la tribu ont été décrits par G.A. Smith: «Ces hauteslandes fraîches, dont les sentiers poussiéreux n'étaient encoremarqués que par les sabots des brebis et des troupeaux, avaientretenu deux tribus qui, en demeurant à l'est du Jourdain, ne purents'élever comme les autres de la vie nomade et pastorale à celle del'agriculteur.» De Ruben n'est sorti aucun grand héros national. Après la défaite d'Og, une partie de la tribu de Manassé continua d'occuper l'Est du Jourdain jusqu'au Jabbok vers le sud. Sonterritoire, qui comprenait une grande partie du Hauran, s'étendaitvers le N.-E, et vers le N. jusqu'aux pentes inférieures de l'Hermon.Les bourgs de Jaïr (voir art.) appartenaient à Manassé (De3:14). Les clans orientaux de cette tribu, conservant leur genre devie pastorale, se maintinrent avec peine contre les nomades du désertet les Ammonites. De Lévi, en tant que groupement séculier, on sait peu dechose. Le sens de ce nom est incertain; l'opinion d'après laquelle«Lévi» ne serait pas un nom de tribu, mais un titre professionnel(cf. lawi'u =prêtre, des inscriptions minéennes) n'est qu'unesimple conjecture. Le fait que Moïse était membre de cette tribu etle dévouement qu'elle montra pour la cause de Jéhovah (Ex 32:25et suivants) lui valurent les privilèges du sacerdoce. Dansl'histoire d'Israël, les Lévites furent de bonne heure les gardiensdu sanctuaire et des objets du culte (No 3:5). En tant que tribusacerdotale, elle ne possédait pas de territoire déterminé, mais illui fut attribué quarante-huit villes;voir (No 35:1,8) Refuge(villes de), Prêtres et lévites.


BIBLIOGRAPHIE.--Barton, Sketch of Sem. Origins (1902), ch 2;Mr Curdy, Hist., Proph., and the Monuments (1894-1901, vol. II,ch. 2, 3); W R. Smith, Kin. and Marr. In Early Arabia (1855); Paton, Earl. Hist of Sir and Pal. (1901); G.A.Smith, Hist. Geog. (1896); ouvrages de Binzinger (1907) et de Nowack(1894) sur Hébreu Arch.--Jeri-mia, The O.T. In the Light of theAnc. East, II, p 77 (1911)--Pour la discussion des théoriesmodernes, voir Orr, The Problem of the O T. (1906). James A. Kelso. Voir aussi nos articles aux noms respectifs des tribus.