(=ami de Dieu; équiv, de l'hébreu Jedidia). Nom grec, porté parle personnage auquel sont dédiés le troisième évangile et le livredes Actes (Lu 1:3,Ac 1:1), ce qui semble bien les placer sousson patronage et même indiquer qu'il aidait à leur édition; leurcomposition si soignée indique en tout cas qu'ils ne devaient pointêtre limités à l'usage privé d'un privilégié. La signification de son nom a fait supposer parfois (Origène) quec'était un personnage fictif, exactement comme la Philothée (nom demême sens, mais féminin) imaginée par siècle François de Sales:Théophile aurait alors personnifié tout «ami de Dieu», toutcatéchumène idéal; il aurait été un type abstrait des païensconvertis au christianisme. Mais l'épithète «excellent», qui est jointe à son nom dans lapréface de l'évangile, prouve qu'il s'agit bien d'un personnage réel:sans doute un pagano-chrétien, et comme tel représentatif deslecteurs auxquels Luc destinait son ouvrage en deux volumes;peut-être un Romain cultivé, surtout si Luc était lui-même affranchiet citoyen romain (voir Luc, 1). Inutile de recourir à l'hypothèse (Ramsay, Bartlet) d'un nom debaptême chrétien employé par prudence au cas où il se fût agi d'unhaut fonctionnaire de Rome, comme pourrait aussi le suggérer le titred'excellent. L'absence de ce titre dans la préface d' Ac 1 neprouve nullement que Théophile se fût converti depuis la rédaction du3° évangile (Zahn); car ce titre honorifique, d'un usage païen eneffet, pouvait à l'occasion être employé entre chrétiens (voirExcellent), et de plus Luc a rappelé à Théophile déjà dans sonpremier volume qu'il a «reçu des enseignements» chrétiens (Lu1:4; grec katèkhêthès, litt. «tu as été catéchisé»). Ce nom de Théophile se trouve dans les inscriptions et papyrus del'empire dès le III e siècle av. J.-C.; il est quelquefois porté pardes Juifs, sous les formes Théophilos ou Teuphilos. Voiraussi Actes des Apôtres; Luc (évangile de). Jn L.