Certains auteurs bibliques semblent avoir considéré le tempshistorique, celui qui a eu un «commencement» (Ge 1:1,Jn 1:1),comme un moment dans l'immensité de la durée (éternité), destiné àavoir une fin (Ap 10:6). Pour Dieu, «mille ans sont comme unjour» (2Pi 3:8,Ps 90:4). Nous n'avons pourtant pas à nousoccuper des systèmes modernes concevant Dieu comme hors du temps;cette préoccupation métaphysique est à peu près étrangère aux auteurssacrés. Il s'agit ici, plus simplement, des divisions du tempsadoptées par les hommes, où s'encadrent événements et circonstancesde la Bible.I Ancien Testament. 1. LE JOUR.La succession des jours et des nuits a toujours imposé la premièredivision du temps, par l'obligatoire interruption du sommeil dans lecours de la pensée et de l'activité. Ce cadre enferme le récitsacerdotal de la création: (Ge 1) la séparation du jour et de lanuit marque le premier jour, avant toute autre manifestation, et lesastres n'apparaissent que le 4 e jour, ce qui prouve l'agencementartificiel du système (voir Création, t. I, p. 250). Remarquer quechaque jour y est formé d'un soir et un matin, parce que pour lesHébreux la journée commence le soir, au coucher du soleil. Il va desoi que la notion d'aujourd'hui entraîne celle d'hier et de demain(Ex 5:14 8:23,Lu 13:32 et suivant, cf. Heb 13:8). Les subdivisions quotidiennes: soir, matin, midi (Ps 55:18,etc.), avaient leur grande valeur pour des chasseurs ou des pêcheurs,des nomades, des agriculteurs, comme pour des gens sédentaires dontles occupations suivent plus ou moins le cours de la journée. Maisc'étaient trois étapes approximatives, presque continuellementapparentes par la position du soleil au-dessus de l'horizon, plutôtqu'à proprement parler des heures, qui ne parvinrent aux Juifs quepar la civilisation romaine. On désignait plutôt des moments: parexemple la brise du soir (Ge 3:8, cf. Job 24:15), sur lesoir =de nuit (Ex 12:18), l'aurore (Ge 19:15 32:24), lachaleur du jour (Ge 18:1,1Sa 11:9), ou bien des habitudesménagères ou rituelles assez régulières (Ge 24:11,1Ro 18:29,Esd9:4,Da 9:21). La curieuse expression: «entre les deux soirs» (Ex12:6 29:39), a été interprétée de deux manières: entre le déclin dusoleil à partir de 15 heures et sa disparition (Juifs, Talmud), oubien entre sa disparition et le crépuscule (Samaritains). La nuitétait divisée en trois veilles d'environ quatre heures chacune: laveille du milieu ou seconde veille (Jug 7:19) allait de 22 h. à2 h.; la veille du matin (Ex 14:24,1Sa 11:11), de 2 h. à 6 h.Pour la mystérieuse mesure du temps, dans le «signe» donné par Ésaïeà Achaz (2Ro 20:9,11), voir Cadran d'Achaz. Les divers moments avaient leurs caractères propres. Pour lesIsraélites pieux, le matin était l'heure entre toutes favorable à laprière (Ps 5:4 59:17 88:14 92:2 et suivant); mais la prièrequotidienne avait trois moments consacrés: matin, midi, soir (Ps55:18). L'heure de midi (1Ro 18:27,29,2Ro 20:16) était celle dela grande lumière et de la forte chaleur (Am 8:9,De 28:29,Job5:14,Esa 59:10 etc.), moment du repas (Ge 43:16), et du reposdes gens (2Sa 4:5) et des troupeaux (Ca 1:7), emblème desécurité (Jer 15:8,Sop 2:4), de clarté (Ps 37:6,Job 11:17),de bénédictions (Esa 58:10). Son ardeur brûlante était aussiconnue pour dangereuse (Sir 34:19 43:3, cf. Ps121:6). Dans Ps 91:5,6 quatre locutions poétiques évoquent desdangers permanents, «de nuit, de jour, dans les ténèbres, en pleinmidi», qui peuvent tous désigner la peste, citée dès le verset 3;dans la quatrième, «la mortalité qui sévit en plein midi», les LXX,la Vulg, et la Pechitto ont rattaché le verbe hébreu yâchoud (=sévir) à chéd, nom des démons (voir ce mot), d'où leurstraductions: «l'accident, le démon de midi» ou «le souffle du démonde midi», expression que la littérature moderne a appliquée à destentations de l'âge mûr, ce qui introduit un tout autre ordre d'idées. 2. LA SEMAINE.Ses désignations en hébreu signifient: sept ou sabbat. On saitl'importance mystique du chiffre sept (voir Nombre, III); c'est à cecaractère sacré que l'on doit la semaine, quart approximatif du moislunaire, laquelle a été transportée dans le récit de laCréation (Ge 1). La première mention explicite de la semaine estfaite à propos de Jacob (Ge 29:27 et suivant), et appliquée àune semaine d'années. Pour le système sabbatique construit sur lechiffre sept, voir Sabbat. Le 10 e jour est aussi mis à partquelquefois comme exceptionnel (Ex 12:3,Le 16:29,Jos 4:19,2Ro25:1). Les jours de la semaine étaient simplement désignés par leurchiffre, le 7 e seul ayant un nom: le sabbat. 3. LES SAISONS.Une des promesses de Dieu après le déluge garantit que les saisons neseront plus bouleversées (Ge 8:22). Il n'est fait mentionexpresse dans la Bible que de l'été et de l'hiver (Ps 74:17,Jer8:20 36:22,Za 14:8 etc.), les deux saisons dominantes en Orient,celle de la sécheresse et celle de la pluie (voir Palestine, V). Maisla poétique description de Ca 2:11 et suivant salue l'arrivée duprintemps, dont le nom n'apparaît que dans l'expression: la pluie duprintemps, ou pluies d'arrière-saison qui terminaientl'hiver (Job 29:23,Pr 16:15,Jer 3:3 etc.). Voir, Sag 7:17 s,la place des saisons dans la succession du temps. Les indicationschronologiques fondées sur les travaux des champs sont malgré toutinévitablement imprécises, variables d'une région à une autre (Ge8:22,Ex 34:21,Le 26:5,Ru 1:22,2Sa 21:9). L'archéologue Macalister atrouvé à Guézer une sorte de calendrier agricole, un peu antérieur àl'exil, indiquant la correspondance de huit travaux de culture encette région avec les périodes successives de l'année (Rev. Bbl., 1909). Toutefois, les saisons n'ont jamais été prises comme unitésofficielles pour la mesure du temps. i. Le mois. La division la plus naturelle, après celle des jourset des nuits, est en effet le mois, fixé par les phases de la lune(voir ce mot). La réapparition de la nouvelle lune était le signal deréjouissances (1Sa 20:5,No 10:10 etc.), et l'on fêtait aussi lapleine lune (Ps 81:4). C'est que pour les primitifs, lesbergers, les cultivateurs, les nuits sans lune sont les plusredoutables. Les deux termes hébraïques qui désignent le moissignifient, l'un la lune, l'autre la nouveauté. Mais certains noms demois furent déterminés par les saisons. Tels, les vieux noms des moisanciens qui se trouvent dans l'A.T.: 1° Abib (=jeunes épis) est un mois du printemps (Ex 13:4); 2° le nom du mois suivant, Ziv (1Ro 6:1-37), est interprété par les Targums: éclat des fleurs; 3° Êthanim (=ruisseaux d'eau courante) est unmois d'automne (1Ro 8:2); 4° le nom du mois suivant, mois des pluies, est Bul (1Ro 6:37). Les deux derniers apparaissent dans desinscriptions phéniciennes et cypriotes, qui confirment leur originecananéenne et leur antiquité. L'exil fit connaître aux Israélites les mois babyloniens, qu'ilsconservèrent après leur retour en Palestine. Sept sur douze sontmentionnés dans l'A.T.: 1° Nisan, l'ancien Abib, correspond àmars-avril (Ne 2:1,Est 3:7); 2° Iyyar, l'ancien Ziv, avril-mai, est citépar Josèphe (Ant.); 3° Sivan, mai-juin (Est 8:9); 4° Thammouz, juin-juillet, doit son nom (ou l'adonné) au dieu babylonien d'origine sumérienne dont la fête secélébrait à cette époque de l'année, fin de toute végétation ou floreprintanière (voir Thammuz); 5° Ab, juillet-août, nommé par Josèphe; 6° Ëlul, août-septembre (Ne 6:15, 1Ma 14:27); 7° Tisri, l'ancien E thanim, septembre-octobre, cité par Josèphe; 8° Marchesvan, l'ancien Bul, octobre-novembre; 9° Kisleu, novembre-décembre (Za 7:1,Ne 1:1; Chasleu: 1Ma 1:34 4:59,2Ma 1:9,18 10:5); 10° Tébeth, décembre-janvier (Est 2:16); 11° Sébat, janvier-février (Za 1:7; Sabat: 1Ma 16:14); 12° Adar, février-mars (Est 3:7,Esd 6:15, 1Ma 7:43),le dernier mois, était suivi de temps en tempsd'un second Adar, treizième mois occasionnel destiné à rétablirl'accord entre l'année lunaire et l'année solaire. 5. L'ANNEE.En effet, les mois lunaires n'ayant que 29 à 30 jours, l'annéelunaire a environ 11 jours de moins que l'année solaire (la duréetotale du déluge, jusqu'au rétablissement de la terre sèche, d'aprèsGe 7:11 et Ge 8:11, est sans doute évaluée à 12 moislunaires plus 10 jours, soit une année solaire; mais les données destextes hébreux et grecs marquent ici des divergences et descomplications qui montrent une chronologie encore mouvante lors de lacomposition du récit). Il fallait donc tous les deux ou trois anscombler l'écart par un mois supplémentaire. Le sanhédrin procédait àcet égard d'une manière assez primitive: voir Chronologie du N.T., t.I, pp. 200, 201. On n'a pas encore pu interpréter convenablement lachronologie donnée dans Ge 5. Avant l'exil, l'année israélite, qui avait été jusque-là celled'un peuple agricole, commençait fort probablement à l'automne, à lafin des récoltes et du battage. Ainsi, la fête des Récoltes secélébrait à la fin de l'année (Ex 23:16 34:22); ce devait êtrela grande fête du renouvellement, ou du Nouvel An (voir Fêtes, I, 4).Cette célébration religieuse devait rester fixée à cette saison, mêmeaprès l'adoption du calendrier babylonien pour l'année civile juive,qui commença dès lors à l'équinoxe de printemps. Il y eut donc deuxcalendriers: l'un religieux, dont aujourd'hui encore les Juifspratiquants célèbrent le premier de l'an, et qui commença d'abord au10 e jour du 7 e mois civil (Le 25:9, cf. Eze 40:1), plustard au 1 er jour de ce mois (Le 23:24,No 29:1), dates quicorrespondent au 21 septembre ou au 1er octobre; l'autre calendrier,civil, partait du 1er jour du 1er mois (Nisan), correspondant ànotre 21 mars. Le rythme de l'année israélite suivait la vie agricole, et c'estautour de ses grandes dates que se fixèrent les manifestationsreligieuses et sociales d'Israël: les fêtes de la Pâque (14e jour du1er mois), des Semaines ou Pentecôte (3e mois), des Trompettes oudes Tabernacles (7e mois), du Jeûne (7e mois), de la Dédicace (9emois) et de Purim (12e mois). Voir Fêtes.Les Apocryphes font allusion à deux autres calendriers. 1° Le macédonien. Le nom du mois dit Dioscorinthien dans 2Ma 11:21 ne se trouve pasailleurs; ce peut être une confusion, soit avec le 12 e moismacédonien, Dystros, qui correspond à mars, et qui est mentionnédans le ms. du Sinaï de Tob 2:12, soit avec le mois de Dios (corresp. à novembre), ou bien une création par ailleursinconnue due à Antiochus, Épiphane. Le Xanthicus, nommé plusloin (2Ma 11:30,33,37), est le 1er mois (corresp. à avril). 2° Le calendrier égyptien est représenté dans 3Ma 6:38 par les mois de Pachon et d'Êpiphi, le 9e et le 11 e; les 40 jours indiqués là (cf. 4:15), du 25 Pachon au 4 Êpiphi, correspondent à la période: 20 mai-28 juin, et les 3jours du 5 au 7 Êpiphi =29 juin-1 er juillet. 6. LES AUTRES PERIODES.Dans certains passages de Daniel, le mot temps (araméen îddân), déterminé numériquement, est la désignation apocalyptique d'uneannée (Da 4:16,23,25,32); la période indiquée dans Da 7:23représente 1 + 2+1/2 =3 an et suivant 1/2 ce qui fut la durée despersécutions d'Antiochus (168 à 165 av. J.-C.); cette expressionreparaît dans Ap 12:11. Les périodes plus longues sont celles de 7 ans (De 16:1,12), années sabbatiques, et celles de 7 fois 7 ans, suivies du jubilé de la 50 e année (voir Sabbat, II et III); mais elles neparaissent que pour les prescriptions cérémonielles (Le 25), etdans la pratique ne servaient pas à la mesure du temps. Des périodesà chiffres ronds (7, 10, 40) sont couramment indiquées, notammentcelle de 40 ans qui correspond approximativement à une générationhumaine (voir Nombre, III), mais sans se prêter à des calculspositifs (cf. pourtant Lettre de Jérémie 3). Certains grands événements ont plus ou moins servi de points dedépart pour le compte des années: l'exode, ou sortied'Egypte (1Ro 6:1), l'exil en Babylonie (Eze 33:21 40:1),un mémorable tremblement de terre (Am 1:1, cf. Za 14:5);mais aucune de ces dates n'a ouvert une ère officielle (voir Rois[livre des], parag. 4). L'année 312 av. J.-C, où Séleucus Ier pritBabylone, fut le début de l'ère séleucide (1Ma 1:10), quifut de longue durée, tandis que l'ère juive qui lui fut opposée sousles Macchabées, partant de l'accession du grand-prêtreSimon (1Ma 13:41 14:27), ne se maintint que fort peude temps. Pour les computs chronologiques de l'antiquité, voirChronol. de l'A.T.II Nouveau Testament. A l'époque de Jésus, le système des heures est décidément adopté;mais on distingue entre les heures du jour (Jn 11:9), du matinau soir, et les veilles de la nuit, du soir au matin. Les heures se comptent suivant la journée moyenne du temps deséquinoxes, donc de 6 h. du matin à 6 h. du soir; dans la pratique oncite surtout les heures multiples de 3, comme les plus faciles àévaluer d'après la hauteur du soleil (ce qui en trahitl'approximation): la 3° heure =vers 9 h. du matin (Mr 15:25,Ac2:15), la 6 e =vers midi (Mr 15:33,Ac 10:9), la 9 e =vers3 h. de l'après-midi (Mr 15:33 et suivant et parallèle, Ac3:1 10:30). On pense généralement que le 4 e évang, compte de lamême manière, ce qui supposerait de sa part l'intention de rectifierune donnée de Marc: Jésus condamné vers midi (Jn 19:14), et nonpas crucifié vers 9 h. (Mr 15:25); mais il n'est pas impossibleque Jean ait adopté un compte analogue au nôtre, déjà connu chez lesRomains, qui nous donnerait dans ce cas 6 h. du matin (Jn19:14), et dans les autres 10 h. du matin (Jn 1:39), 6 h.du soir (4e), 7 h. du matin ou du soir (Jn 4:52). Pour lavaleur figurée de «l'heure», voir ce mot. Pour la division de la nuit en veilles ,(cf. Ps 63:7 90:4 119:148,La 2:19) les trois veilles de quatreheures (A.T.) ont été remplacées par quatre veilles romaines, detrois heures chacune, clairement désignées dans Mr 13:35: lesoir (18 h. à 21 h.), minuit (21 h. à 24 h.), chant du coq (24 h. à 3h.), matin (3 h. à 6 h.). Les rabbins attachaient une certaineimportance à la veille du «chant du coq»: (cf. 3Ma 5:23)leur liturgie contient encore une prière pour ce moment-là; onconnaît la dramatique allusion de Jésus à Pierre au sujet de sonreniement (Lu 22:34-60). Les 2 e et 3 e veilles sont aussimentionnées par Jésus dans ses exhortations à la vigilance (Lu12:38). La 4e veille, à la fin de la nuit, fut le moment de sonarrivée sur la mer auprès de ses apôtres (Mr 6:48,Mt 14:25). La désignation des jours chez les Juifs dépendait du joursacré, celui du repos, le sabbat (voir ce mot), équivalent de notresamedi. La veille était le jour de sa préparation (voir ce mot), paraskeuê (Mt 27:62,Lu 23:54,Jn 19:31,42) ou prosabbaton (Mr 15:42). Il commençait le vendredi au coucherdu soleil: fait capital pour la chronologie de la Passion. Le premierjour de la semaine est celui de la résurrection de Jésus (Mr16:2 et parallèle), il devient bientôt pour les chrétiens «le jourdu Seigneur» (voir art.), comme l'écrit le Voyant (Ap 1:10).Dans le judaïsme, le sabbat, les fêtes, les jeûnes avaient créé enquelque sorte une hiérarchie des valeurs entre jours, mois, années, àobserver; l'apôtre Paul voit dans ces préoccupations de «pauvresrudiments», périmés avec l'Évangile (Ga 4:9), et, tout enrespectant les convictions des frères conservateurs en cedomaine (Ro 14:5 et suivant), il proclame la liberté chrétiennedevant les ordonnances anciennes, «ombre des choses à venir» (Col2:16 et suivant). Mêmes mentions de saisons dans le N.T. que dans l'A.T.:été (Mr 13:28 et parallèle), hiver (Mr 13:18,Jn 10:22,1Co16:6,Ac 28:11,Tit 3:12,2Ti 4:21); elles servent souvent à marquerune vague chronologie sans dates, mais complétée occasionnellementpar les fêtes juives, points de repère au cours des années. Pourles préoccupations de chronologie du 4 e évang, autour de ces fêtes,voir Jean (évangile). Pour les précisions de temps dans le 3 eévang, et les Actes, voir Luc (évangile); le point de repère chronologique remarquable entre tous est celui par lequel cetévangile situe dans l'histoire générale l'apparition de Jean-Baptistepeu avant Jésus-Christ, par une énumération détaillée des personnagesofficiels alors en fonctions (Lu 3:1,2). Mais l'on sait que lesplus anciens documents relatifs à l'ère chrétienne sont lescalculs, d'ailleurs faux d'environ 4 ans, du moine Denys le Petit auVI e siècle seulement. La notion, en somme fort lâche, de génération (voir ce mot), rencontrée dans l'A.T., se trouve auseuil du N.T., comme charpente toute théorique de la généalogie deJ.-C. (voir art.), dans l'évangile de Matthieu (Mt 1:17). Au delà decette durée, dans toute la Bible il s'agit d'âges, longuespériodes indéfinies, compensant l'absence de la notion troparithmétique de siècle (voir ce mot). Les deux expressions du N.T.: temps (khronoi) et moments (kairoi) , quelquefois réunies, déjà dans l'A.T, (cf. Sag 8:8; ausingulier, Ec 3:1), sont ordinairement interprétées comme suit(cf. Trench, Syn. N.T., parag. 57). Le temps (khronos), ladurée la plus étendue, se divise en moments particuliers, ou saisons (kaïroi): des figues (Mr 11:13), de la moisson (Mt13:30), de la mort du Christ (Ro 5:6), etc. Ainsi la versiondes LXX fait suivre très justement le khronos de Ec 3:1 detous les kaïroï des sept versets suivants: litt., un moment pournaître et un moment pour mourir, etc. Dans un papyrus du II e siècleav. J.-C., une simple femme supplie son mari de revenir, eu égard àtout ce qu'elle a souffert, «pour ne rien dire de tant de temps qui a passé,--et quels moments!» Le temps embrasse tous lesmoments possibles; on peut donc dire le plus pour le moins: temps,pour: moments, et traiter en synonymes «les temps (kaïroï) derafraîchissement» et «les temps (khronoï) derétablissement» (Ac 3:20 et suivant), «les temps» del'incarnation (khronos, Ga 4:4; kaïroï, Eph 1:10);mais on ne pourrait, à l'inverse, désigner du terme limitatif«moment» la réalité sans limite du «temps». Donc, dans Ac 1:7 et1Th 5:1, deux passages clairement relatifs au retour duSeigneur, «les temps» sont la durée indéfinie de l'Église de Dieu, et«les moments» en sont les points critiques, que Dieu a «prédéterminésavec leurs limites» (Ac 17:26), les jointures ou lesarticulations, où les lentes gestations des siècles viennent au jourdans les grands événements qui clôturent une période, en ouvrent unenouvelle, mais qui souvent ne paraissent tels aux hommes qu'avec lerecul du temps lui-même: missions de saint Paul à travers l'empireromain, proclamation du christianisme comme religion d'État, grandeshérésies, Réformation, Méthodisme, réveils, etc.; par-dessus tout,dans le passé l'oeuvre de Jésus de Nazareth, dans l'avenir le retourdu Seigneur glorieux, moments du présent permanent où Jésus-Christreste «le même, hier, aujourd'hui, éternellement» (Heb 13:8),«le Premier et le Dernier, le Vivant» (Ap 1:17 et suivant),Révélateur définitif de Celui qui, «d'éternité en éternité, estDieu» (Ps 90:2).Voir Chronologie de l'A.T., du N.T. Jn L.