III Temple d'Hérode (plan n° 4). Voir Atlas 24Poussé par son amour du faste, et désireux d'autre part de seconcilier la faveur de ses administrés, le roi Hérode (37-4 av.J.-C.) entreprit, la 18 e année de son règne (20/19 av. J.-C), lacomplète restauration du temple de Jérusalem. Le travail dura environ10 ans (1 an et demi pour le temple proprement dit, 8 ans pour lesdépendances); mais tout ne fut pas alors absolument terminé, carl'oeuvre fut continuée, évidemment sur des points de détail, jusqu'en64 ap. J.-C, 6 ans avant la prise de Jérusalem par Titus. En l'an 28on y travaillait depuis 46 ans (Jn 2:20). Il était difficile detoucher à l'édifice sans encourir le reproche de profanation. MaisHérode sut tenir compte des sentiments du peuple, en évitant tout cequi aurait pu le froisser trop ouvertement. C'est ainsi qu'il confiala construction du temple proprement dit uniquement à des prêtresqu'il avait fait instruire dans l'art de bâtir. En tout cas il n'estnulle part question d'opposition violente contre son entreprise. L'ancien espace réservé au temple et à ses dépendances nesuffisait pas pour les grandioses projets d'Hérode. En même tempsdonc qu'on travaillait ailleurs, il fallut l'agrandir à peu près dudouble. L'agrandissement eut lieu spécialement au sud et ausud-ouest, où la terrasse fut élevée au moyen de substructionsvoûtées qui existent encore sous le Harâm-ech-Chérif et que lesArabes appellent écuries de Salomon. En outre, au même endroit, depuissants murs de soutènement (entre autres le mur des Lamentations)achevèrent de donner à la terrasse une assise solide. Ces murs, quidépassaient le sol et servaient en même temps de remparts, furentcontinués tout autour de la terrasse, rejoignirent peut-être ici etlà les murs de la terrasse de Salomon, et le tout forma une grandeenceinte fortifiée qui avait, d'après Josèphe, un périmètre de 6stades (1.110 m.) tandis que l'ancienne enceinte n'en avait que 4(stade =185 m.). C'était en gros un rectangle, ou mieux un trapèzeorienté du sud au nord. Le Harâm-ech-Chérif actuel occupe le mêmeemplacement, mais, si la donnée de Josèphe est exacte, avec unesurface agrandie. Le Harâm-ech-Chérif mesure en effet au sud 285 m.,au nord 317 m., à l'est 474 m., à l'ouest 486 m.; total du pourtour:1.562 m. Il est possible du reste que le chiffre donné par Josèpheait été inférieur à la réalité. Le terrain n'avait pas partout lemême niveau. Il était plus élevé là où se trouvaient le temple et sesparvis que dans la grande cour qui entourait de toutes parts lesbâtiments sacrés et qu'on appelle généralement le «parvis desGentils», parce que les païens y avaient accès, mais le nom ne setrouve pas dans les anciennes sources. On entrait dans la grande cour ou parvis des Gentils parplusieurs portes, probablement 4 à l'ouest, 2 au sud, 1 au nord et 1à l'est. On arrivait à la principale porte de l'ouest (porte deCoponius) par un pont qui reliait, au-dessus du Tyropoeon, la collinedu temple à la colline occidentale (voir plus haut, temple deZorobabel). La porte (ouest) la plus méridionale ne s'ouvrait pasdirectement sur la cour; elle était pratiquée dans le mur d'enceintetout près du sol et on devait par des escaliers souterrains monter delà sur la terrasse. De même les deux portes méridionales, l'unedouble, l'autre triple, qui sont appelées portes de Hulda, nedonnaient accès à la cour qu'au moyen de degrés établis dans lessubstructions voûtées dont nous avons parlé. A l'est, la porteappelée porte de Suse, parce que sur les battants était représenté,dit-on, un plan de la ville de Suse, ne doit pas être identifiée avecla porte dite «porte Dorée», qu'on distingue encore dans le murd'enceinte et que la tradition confond à tort avec la «Belle Porte»de Ac 3:2; la porte Dorée est d'origine byzantine. La porte dunord est appelée dans la Mischna porte de Todi. Quoique n'ayant pas le caractère sacré du sanctuaire, le parvisdes Gentils participait à la magnificence de l'ensemble. Le sol étaitcouvert d'un pavé en mosaïque, et sur les quatre côtés, le long desmurailles, s'élevaient de superbes colonnades de pierre (portiques),recouvertes de bois de cèdre ouvragé à l'intérieur. Le portiqueméridional ou portique royal l'emportait sur les autres en beauté. Ilse composait de trois allées, avec quatre rangées de colonnes demarbre en style corinthien; l'allée centrale était plus large que lesautres et une fois plus haute. Sur les autres côtés de la cour il n'yavait que deux rangées de colonnes et deux allées. Le portiqueoriental était appelé portique de Salomon (Jn 10:23,Ac 3:115:12), peut-être parce qu'on avait pu utiliser ici des restes del'ancien temple (Jos., Ant, XX, 9:7). Aux portiques étaientadjointes, sans que nous sachions exactement comment, desconstructions diverses dont on ne peut préciser ni le nombre, nil'emploi. A l'angle nord-ouest se trouvait la tour Antonia, àlaquelle on montait par des degrés, et d'où les soldats romainssurveillaient le parvis pour y rétablir l'ordre quand il étaittroublé. (cf. Ac 21:32,40) Les occasions de disputes nemanquaient pas dans ce lieu ouvert à tous, où l'on avait laissés'établir un marché et des offices de changeurs (voir ce mot) pourles Juifs qui venaient de toutes parts fréquenter le temple (Jn2:13,17,Mr 11:15,17 et parallèle). L'angle sud-est, à l'extrémité duportique royal, surplombait de 400 coudées la vallée du Cédron. C'estlà qu'on localise généralement le «faîte du temple» où le diabletransporta Jésus (Mt 4:5,Lu 4:9). On pourrait du reste penseraussi au sommet du portique (voir plus loin) du temple proprement dit(voir Pinacle). Le temple et ses dépendances n'étaient pas placés au milieu duparvis des Gentils, mais dans la partie nord, de telle façon pourtantqu'il y avait un espace entre l'enceinte sacrée et les mursextérieurs: très grand au sud, moins large à l'est et au nord, plusétroit encore à l'ouest. L'emplacement réservé au temple était à unniveau plus élevé que le parvis des Gentils. Il comprenait toutd'abord une petite terrasse, large de 10 coudées, à laquelle onmontait par 14 degrés; la terrasse, y compris les degrés, étaitentourée d'une balustrade de pierre de 3 coudées de hauteur, portantde distance en distance une inscription interdisant à tout étranger,sous peine de mort, de passer plus avant. Une de ces inscriptions aété retrouvée en 1871 près de Jérusalem dans un monceau de ruines(fig. 260). La terrasse supportait les murs très forts quientouraient de toutes parts le parvis intérieur. Ils avaient à partirdes fondations 40 coudées de haut, réduites à 25 coudées du côté del'enceinte sacrée. Ils étaient percés de portes auxquelles on nepouvait accéder que par cinq nouveaux degrés. Comme il n'y avait pasde portes à l'ouest, on a supposé avec raison que, de ce côté-là, lemur du parvis intérieur partait directement du parvis des Gentils. Laterrasse n'entourait donc que de trois côtés le parvis intérieur.Tout l'espace compris entre la balustrade en pierre et les murs del'enceinte sacrée était appelé Hel =fortification. Le parvis intérieur n'était pas orienté du sud au nord, comme leparvis des Gentils, mais de l'est à l'ouest, et il était partagé parun nouveau mur en deux parties inégales: la plus grande à l'ouest, laplus petite à l'est. Cette dernière était appelée le parvis desfemmes, parce que les femmes aussi y avaient accès; la plus grandecomprenait le parvis d'Israël (parvis des hommes), le parvis desprêtres et!e temple. Entre le parvis des hommes et le parvis desprêtres il n'y avait qu'une barrière peu élevée. D'après Midd., II, 6, il semble que le parvis des hommes n'était qu'une bandeétroite (11 coudées) entre le parvis des femmes et celui des prêtres,qui aurait occupé tout le reste de l'espace de la plus grande courintérieure, mais c'est probablement une erreur. D'après Josèphe (Ant., XIII, 13:5; G.J., V, s 8), le parvis des prêtres étaitentouré de tous les côtés par celui d'Israël. Le parvis intérieur dans son ensemble avait neuf portes, ilvaudrait mieux dire neuf pylônes, ou portails; trois conduisaientdans le parvis des femmes, un à l'est, un au nord et un au sud; sixconduisaient dans le parvis d'Israël, trois au nord et trois au sud.Les portes proprement dites avaient double battant; elles étaient surles bords latéraux du parvis, de bois magnifiquement -travaillé, plustard recouvert d'or et d'argent, don de l' alabarchès Alexandred'Alexandrie. La porte orientale était d'airain (bronze) de Corinthepoli; elle est appelée à cause de cela la Corinthienne par Josèphe;la Mischna l'appelle porte de Nicanor, du nom de celui qui l'avaitdédiée, un Juif également d'Alexandrie, dont on a retrouvé l'ossuaireà Jérusalem (ZNTW,1909, p. 62); elle l'emportait sur les autresen beauté; c'est probablement la «Belle Porte» de Ac 3:2. Toutesles portes s'ouvraient sur un porche plus large que la porteelle-même, ouvert du côté du parvis, divisé en trois allées par despiliers de 12 coudées de circonférence, et pourvu d'un étagesupérieur. L'ensemble formait ainsi un véritable édifice (pylône) quioffrait sinon pour toutes les portes, du moins pour quelques-unes,l'apparence d'une tour (grec exedra). Malgré l'absence de porte,une tour analogue avait été élevée à l'ouest du parvis du temple,sans doute par raison de symétrie. D'après Josèphe, les pylônesétaient hauts de 40 coudées, les portes elles-mêmes de 30, et chaquebattant était large de 15 (G.J., V, 5:3). D'après la Mischna (Midd., I, 4), les portes latérales du parvis des hommes sesuccédaient de l'est à l'ouest dans l'ordre suivant: au sud, portedes eaux, porte des premiers-nés, porte du feu; au nord, porte del'étincelle, porte des offrandes, porte (maison) du foyer. Adjointsaux pylônes, puis tout le long des murs du parvis intérieur, étaientaménagés des locaux (leschakoth) pour les besoins du culte et desprêtres, avec un étage supérieur moins haut que celui des pylônes.L'un de ces locaux était réservé aux séances du sanhédrin. Commeplusieurs servaient de dépôts pour l'argent et tous les objetsprécieux qui appartenaient au temple ou pour les sommes que lesparticuliers voulaient mettre en lieu sûr, l'historien Josèphe donneà tous le nom de gazophulakia (trésoreries). Mais ce nom devaits'appliquer spécialement au local, situé dans le parvis des femmes,près duquel se trouvaient 13 troncs (châpharôth-- trompettes) enforme de trompettes renversées, où l'on mettait les offrandesdestinées au temple. En grec, les troncs étaient aussi appelés gazophtilakia, et de nouveau le nom semble avoir été appliquéspécialement à l'un d'eux, d'après Lu 21:2 et Mr 12:43; cf.Jn 8:20, où le mot désigne plutôt le local de la trésorerie. Enavant des locaux, tout le parvis intérieur était bordé de colonnesplus petites, mais non moins belles que celles du parvis des Gentils. Le parvis des femmes avait d'un mur à l'autre 135 coudées de longet de large. De là on entrait dans le parvis d'Israël par une porteplus grande que celle de l'enceinte sacrée et plus richementrecouverte d'or et d'argent. Le pylône avait 50 coudées de haut et laporte elle-même 40 (Jos., G.J., V, 5:3). Comme le parvis d'Israëlétait plus élevé que le parvis des femmes, on arrivait à la porte parun escalier demi-circulaire de 15 marches (Midd., II 6e); de làle nom de porte supérieure. La tradition juive, admise encore par denombreux interprètes modernes, place ici la porte de Nicanor, tandisque la «grande porte» aurait été située à l'est du parvis des femmes.C'est le sens le plus naturel de Midd., I, 4, mais c'estprobablement une erreur, vu les renseignements de Josèphe qu'il y atout lieu de croire exacts. Le parvis d'Israël, avec le parvis des prêtres qu'il entourait detoutes parts, avait, sur une largeur de 135 coudées comme le parvisdes femmes, une longueur de 187 coudées (Midd., II, 7d), mais laplus grande partie de la place était occupée par le parvis desprêtres, y compris le temple. Le parvis des hommes n'était sur lesquatre côtés (non pas seulement à l'est, comme le veut Midd., II, 7b) qu'une bande étroite de 11 coudées, séparée du parvis desprêtres par une balustrade en pierre d'une coudée de hauteur. Midd., II, 7c dit que le parvis des prêtres était de 2 coudées1/2 plus élevé que le parvis d'Israël: c'est sans doute pure théorie.Théorie également la bande de 11 coudées devant le parvis d'Israël,où étaient censés se tenir les prêtres avant d'entrer en fonctions. Le temple était placé dans la partie occidentale du parvis desprêtres. Devant le temple (à l'est), en face de l'entrée, se trouvaitl'autel des holocaustes, dont les dimensions étaient considérables.Bâti sur le même emplacement que l'ancien, il avait, d'après Josèphe (G.]., V, 5:6), 15 coudées de haut et formait un carré de 50coudées de côté; les chiffres de la Mischna (Midd., III, 1) sontmoins élevés: 8 coudées de hauteur, 32 de côté en bas et 24 en haut,parce qu'il allait en se rétrécissant. Il avait des cornes aux quatrecoins. On y montait du côté sud non par des escaliers, mais par unerampe en pente douce, large de 10 coudées et longue de 32. Le toutétait fait uniquement de pierres non taillées, sur lesquelles onn'avait jamais porté le fer, et qu'on blanchissait deux fois parannée, à la fête de Pâque et à la fête des Tabernacles. A l'anglesud-ouest de l'autel deux trous avaient été pratiqués dans le solpour l'écoulement du sang dans une fosse, d'où il était entraîné parun canal dans le torrent du Cédron; la fosse était fermée par uneplaque de marbre (Midd., III, 1-4). Au nord de l'autel, on voyaittout d'abord, fixés au sol, 24 anneaux, en 6 rangées de 4 ou 4rangées de 6, pour y attacher, la tête baissée, les victimes àégorger; puis 8 courtes colonnes portant de larges poutres de cèdre,avec chacune 3 rangées de crochets pour y suspendre les corps desanimaux immolés, enfin 8 tables de marbre sur lesquelles on préparaitles viandes pour les sacrifices (Midd., III, 5). Au sud-ouest del'autel se trouvaient le grand bassin d'airain où les prêtres selavaient les pieds et les mains avant d'entrer dans le temple (Midd., III, 6), une table de marbre où on plaçait les morceauxdes victimes qui devaient être apportés à l'autel, une table d'argentpour les ustensiles d'or et d'argent servant aux sacrifices (Tamid, III, 5) et une fosse où l'on versait les cendres (Tamid, I, 4). Le temple, distant de 22 coudées de l'autel des holocaustes,était bâti sur un emplacement un peu plus élevé que le parvis desprêtres. On y montait par un escalier de 12 marches hautes d'unedemi-coudée, larges d'une coudée, avec de petites terrasses après la4 e (2 coudées), la 8 e (id.) et la 12 e marche (4 coudées). Dans sonensemble l'escalier occupait un espace de 20 coudées de profondeur etaccédait ainsi tout près de l'autel, dont il n'était séparé que par 2coudées (Midd., III, 6b). Plan n° 4. Temple d'Hérode Voir Atlas 24