SICHEM

Aujourd'hui Naplouse, ville au pied des monts Ébal et Garizim, ou Balata, petit village à 1 km. à l'Est (voir plus loin le problèmede l'identification). Un officier du pharaon Sésostris III (1887-1849), en expéditioncontre les «bédouins asiatiques», mentionne une région appelée Sakmen ; c'est la première mention de Sichem, dont le nomreviendra à plusieurs reprises, cinq cents ans plus tard, dans lestablettes d'el-Amarna, sous la forme Sha-ak-mi. Dans l'histoirebiblique, Sichem apparaît dès l'époque patriarcale (Ge 12:6). Ony vénérait un chêne célèbre, au pied duquel Jacob, installé àproximité (Ge 33:18), enfouit les idoles domestiques de sonclan (Ge 35:4). Là Josué dressa sa stèle (Jos 24:26), après le conseil tenudans la ville (Jos 24:1). Le chêne du sanctuaire cananéen,désaffecté et consacré à l'Éternel, vit encore la proclamationd'Abimélec, roi de Sichem (Jug 9:6), ville du dieu païenBaal-Bérith (Jug 9:4). A Sichem se consomma le schisme, et Jéroboam, roi d'Israël, yétablit sa résidence (1Ro 12:1,25); ses successeurs Baésa etOmri déplacèrent leur capitale à Thirtsa puis à Samarie. Sichem semaintint, mais sans doute assez effacée. La ruine du royaume d'Israël (721 av. J.-C.) fut suivie de lacolonisation du pays (2Ro 17:24). Les étrangers s'établirent auxalentours de Sichem, mais les deux populations ne se mélangèrentjamais et devinrent rivales lorsque, après l'exil, les Samaritains,écartés de Jérusalem, construisirent un temple sur le Garizim. Dutemps de Jérémie, des fidèles montaient encore de Sichem àJérusalem (Jer 41:5); mais à l'époque de Jésus, la femme«samaritaine», originaire de Sichar, village tout proche de Sichem,et venue puiser de l'eau au «puits de Jacob», pouvait opposer auculte de Jérusalem celui du Garizim (Jn 4:20). Après la guerre juive, Vespasien fit rebâtir Sichem, qui prit lenom de Flavia Neapolis, nom qui a survécu dans l'appellationmoderne de Naplouse. Si Néapolis fut un centre florissant pour lechristianisme des premiers siècles (Justin martyr était de cetteville), Naplouse ne compte actuellement qu'une minorité de chrétiens(moins d'un millier sur 25.000 hab., en grande majorité musulmans). Acôté d'une colonie juive, une centaine de «Samaritains» se terrentdans un quartier fermé, avec son grand-prêtre, sa synagogue et sonPentateuque (fig. 233), manuscrit qui est loin d'avoir l'antiquitéque lui attribuent ses possesseurs! De toutes les villes dePalestine, Naplouse fut celle qu'éprouva le plus le tremblement deterre du 11 juillet 1927. Le problème de l'identification de Sichem que les fouillesavaient, semblait-il, résolu, vient d'être remis en question. Depuis1903, le P. Lagrange situait Sichem au petit village de Balata, àl'entrée du défilé que dominent les monts Ébal et Garizim. Un sondageentrepris en 1913 par le professeur Sellin, puis des fouilles menéesen 1926 avaient dégagé les éléments de diverses constructions(remparts, palais, sanctuaires) que l'archéologue datait etinterprétait selon des données qui parurent quelque peu suspectes. Le Dr Welter, qui succéda à M. Sellin dans la direction duchantier, semble s'orienter vers des conclusions toutes différentes.Il est sans doute prématuré de conclure, mais il serait dès à présentpossible d'admettre que l'installation découverte à proximité deBalata et au pied même du mont Ébal est la «maison de Millo» (Vers.Syn. trad.: «citadelle», Jug 9:6) ou la fameuse Migdal-Sichem=tour de Sichem (Jug 9:46). La ville de Sichem, un peu plus àl'Ouest et à l'emplacement de la moderne Naplouse, aurait été ainsiprotégée par un ouvrage fortifié, occupant une position stratégique(entrée du défilé) et surveillant le puits, tout proche, «de Jacob».Près de Balata, on montre un prétendu «tombeau de Joseph», ouélimoderne, mais qui perpétue pourtant la tradition biblique quicherchait à Sichem la tombe de Joseph (Jos 24:32). A. P.