SERMENT

Attestation solennelle, devant Dieu, de la vérité d'une déclarationou du sérieux d'un engagement, le serment entraîne l'acceptation aumoins implicite d'une malédiction divine pour le cas où ladéclaration serait fausse ou l'engagement rompu. Ainsi défini, ils'inspire du sentiment d'une absolue dépendance à l'égard du Dieutrès saint, Dieu de vérité et souverain Juge. Aussi n'est-il pasinterdit par la Loi, qui n'en condamne que le mauvais usage. (cf.Ex 20:7,Le 19:12,Am 8:14,Os 4:15) L'habitude de prêter sermentétait très répandue chez les Juifs, non seulement devant le juge lorsd'un procès, mais même dans les relations ordinaires de la viequotidienne.On peut en distinguer plusieurs genres: 1. Le serment d'adjuration, par lequel on sommaitquelqu'un, sous menace de la malédiction divine, de dire toute lavérité; d'où les deux expressions synonymes: «entendre un serment» et«entendre une malédiction». C'était la sommation d'usage avant lesdébats judiciaires, et celui à qui elle s'adressait répondaitsimplement par «amen, amen» (=en vérité). On en connaît un exemplecélèbre, au procès de Jésus (Mt 26:63). 2. Le serment proprement dit, par lequel on se liaitsoi-même de la façon la plus rigoureuse, voire avec imprécationsappelant le châtiment si l'on ment (par ex. le serment de Pierre,dans la scène du reniement, Mt 26:72-74). 3. Le serment dit de purification, qu'on prononçaitsi l'on était soupçonné de vol ou de dégradation du bien d'autrui,quand tout témoin faisait défaut. 4. Citons encore le serment de fidélité à Dieu et auroi, et les serments par lesquels on scellait une alliance ou untraité quelconque, serments qui pouvaient être faits par le peupletout entier (2Ch 15:15,Ne 10:29). A ce serment de l'hommecorrespond, par un anthropomorphisme naturel, le serment de Dieu (cf.Ps 132:2-11 95:11, cité Heb 3:8 et suivants, Jer 11:5,Sag 12:21, Ac 2:30,Ps 110:4, cité Heb 7:21, etc.). 5. Enfin, les serments votifs, dont il était impossible demodifier la teneur, si peu que ce fût, une fois qu'ils avaient étéformulés. On en trouvera, à l'article Voeu, des exemples dont celuide Jephté est le plus célèbre. Chez les Zélotes, il n'était pas rarequ'on s'engageât même par serment à commettre un meurtre si l'onpensait être agréable à Dieu en le faisant (ex., le serment votifrapporté par Ac 23:12 et suivant). Il est curieux de noter quel'un des mots usités en hébreu pour exprimer l'idée de sermentprovient de la racine chéba qui veut dire «sept»; ce mot signifielittéralement: «être sous l'empire des 7 [choses sacrées]»; on saitque le nombre 7 était sacré pour les Juifs. D'autres pensent qu'ilfaut voir là un reste d'influence caldéenne, les Caldéensreconnaissant 7 divinités planétaires. D'ordinaire, et surtout dans les temps les plus anciens del'histoire d'Israël, on jurait au nom de Dieu lui-même, et la Biblerenferme une assez grande variété de formules de serments. Par ex.:«Que Dieu me traite avec la dernière rigueur si...». (cf.1Ro2:23) Il faut remarquer ici le caractère indéterminé du châtimentpossible, comme si l'on n'osait point le préciser, en raison même dece qu'il pouvait avoir d'effrayant. Peut-être au début s'y mêlait-ilun reste de croyance animiste: on craignait que le mauvais esprit, secroyant invoqué, ne vînt à se manifester en causant le maléficeredouté. D'autres fois pourtant on trouve une formule plus explicite, dansle genre de celle-ci: «Que l'Éternel te traite comme Sédécias etcomme Achab, que le roi de Babylone a fait rôtir au feu!» (Jer29:22). Les formules les plus habituelles paraissent avoir été lessuivantes: «L'Éternel est témoin entre toi et moi» (Ge 31:50,1Sa20:23. cf. 2Co 1:23,Phi 1:8,Ga 1:20): «Que l'Éternel soitjuge entre nous!» (Ge 31:53); ou encore: «Le Seigneur estvivant», ou: «Aussi vrai que l'Éternel est vivant et que ton âme estvivante!» (1Sa 20:3, cf. 2Sa 15:21); «Que l'Éternel soitcontre nous un témoin fidèle et véridique si...» (Jer 42:5) De même qu'on jurait par Dieu, Dieu était considéré comme jurantpar Lui-même (Ge 22:16,Heb 6:13 et suivants). Plus tard, quandon n'osa plus proférer le nom divin, de crainte de le profaner et des'attirer le terrible châtiment que devait entraîner une telleprofanation, on se contenta de jurer par l'oeuvre de Dieu ou par deschoses associées à son service, par les anges, par les cieux et laterre, par le soleil, par le Temple, par l'or (=les vases sacrés etle Trésor) du Temple, ou par les sacrifices; ou encore par la viemême, considérée comme sacrée, de celui à qui l'on prêtait serment,surtout s'il s'agissait d'un roi. La prestation de serment s'accompagnait souvent de cérémoniesparticulières destinées à lui donner un caractère encore plusexpressif, plus solennel (ex., Jer 34:18; cf. Ge 15:10), oud'un geste symbolique, dont le plus fréquent consistait à lever lamain vers le ciel, demeure de Dieu (Ge 14:22,De 32:40,Da 12:7).L'acte étrange rapporté dans Ge 24:2 47:29, et par lequel autemps des patriarches on scellait un engagement d'importance, semblebien être en rapport avec le mystère de la génération, dont Dieu estla source (voir Cuisse); on s'engageait par là vis-à-vis de lapostérité du vieillard ou du mourant. Dans le judaïsme postérieur, les serments faits à la légère, lesfaux serments et les parjures se multiplièrent d'autant plus quel'expiation en était rendue plus facile par la casuistique despharisiens. C'est ce qui explique la condamnation de tout sermentprononcée par Jésus dans le sermon sur la montagne (Mt 5:34), età laquelle fait écho l'interdiction de Jacques (Jas 5:12). M. M.