SÉDÉCIAS

(hébreu Tsidqiyâh, Tsidqiyâhou =JHVH est juste). 1. Un des prophètes de la cour d'Achab; décida ce roi,malgré l'opposition du prophète Michée fils de Jimla, à fairecampagne contre les Syriens (1Ro 22:11,34,2Ch 18:10,23). 2. Autre faux prophète, au temps de Jérémie; condamné parcelui-ci, ainsi qu'un certain Achab, pour leur immoralité et leursprophéties mensongères (Jer 29:21,23). 3. Un des chefs sous le roi Jéhojakim (Jer 36:12). 4. Un des prêtres qui apposèrent leur sceau à l'alliancede Néhémie (Ne 10:1). 5. Dernier roi de Juda, fils de Josias (1Ch 3:15: siau verset 16, dans le titre «fils de Jéchonias», fils équivaut àsuccesseur, il s'agit encore du fils de Josias, mais ce peut être uneaddition postérieure). Ce roi Sédécias, qui succéda à son neveu Jojakin, détrôné etemmené captif à Babylone en 597, était le fils cadet de Josias. Ilfut mis sur le trône par Nébucadnetsar, qui changea son nom deMatthania en celui de Sédécias, sans qu'on puisse indiquer la raisonde ce changement. Il dut prêter le serment de vassal à son suzerainle roi caldéen (Eze 17:13-19); il avait 21 ans lors de sonélévation au trône et régna 11 ans (597-586). D'un caractère faibleet vacillant, soumis aux mauvaises influences de son entourage, horsd'état de résister aux intrigues politiques qui s'ourdissaient alorsà Jérusalem, il était le prince le moins capable d'affronter l'oragequi allait fondre sur Juda. Des conseillers mal inspirés et des fauxprophètes fanatiques prédisaient au peuple la chute prochaine del'ennemi étranger, en contradiction formelle avec les déclarationsles plus énergiques de Jérémie, le fidèle héraut de Yahvé. La cour de Sédécias devint bien vite le centre de la réaction etdes complots contre le pouvoir caldéen. Dès la 4 e année du règne deSédécias, on voit des messagers d'Édom, de Moab, d'Ammon, de Tyr etde Sidon réunis à Jérusalem pour aviser aux moyens de secouer le jougétranger (Jer 27:3 et suivant). Jérémie les adjure alors de nepas écouter les avis dangereux des faux prophètes qui prêchent larévolte, et il les exhorte, au contraire, à supporter leur état devassalité vis-à-vis de Babylone, seul moyen de sauvegarder leurexistence nationale. A ce moment-là, il semble que l'on ait abandonnétout projet de soulèvement. Sédécias, sans doute dans le dessein dedissiper tout sentiment de défiance dans l'esprit du roi caldéen, luienvoie d'abord une ambassade pour l'assurer de son loyalisme, en mêmetemps qu'elle portait aux Judéens de la captivité une lettre parlaquelle Jérémie leur prêchait la soumission, les mettait en gardecontre l'influence des faux prophètes et leur faisait, pour l'avenir,des promesses dont il fallait attendre en paix laréalisation (Jer 29). Il semble en outre que, peu après,Sédécias ait été appelé à venir lui-même à Babylone pour se justifierdes soupçons qui pesaient sur lui (Jer 51:59); il aurait alorsregagné la confiance de son suzerain, et, durant les quelques annéesqui suivent, aucune velléité d'émancipation ne se manifeste. Mais, en la 9 e année du règne de Sédécias (588), au moment oùmonte sur le trône d'Egypte un nouveau pharaon, Apriès I er (leHophra de Jer 44:30), sur l'appui duquel on croyait pouvoircompter, la révolte du roi de Juda, auquel se joignirent ceux de Tyret d'Ammon, éclata contre le pouvoir caldéen. D'après Eze 17:15,Sédécias envoya des messagers au pharaon pour lui demander dessecours en hommes et en chevaux. Nébucadnetsar se hâta de marchercontre les rebelles. Établissant son quartier général à Ribla surl'Oronte, il dirigea une partie de son armée contre Tyr, l'autrecontre Juda, et vint mettre le siège devant Jérusalem. La ville futentourée de puissants travaux d'approche. On y prit toutes lesmesures nécessaires pour soutenir un long siège; pour augmenter lenombre des défenseurs de la ville, on rendit la liberté aux esclaveshébreux qui avaient été jusqu'alors maintenus en servitude, au méprisdes prescriptions formelles de la loi israélite (Jer 34). Onapprit tout à coup que le pharaon Apriès approchait avec une fortearmée pour se mesurer avec le roi caldéen. La joie fut grande àJérusalem; la délivrance apparut toute proche et l'on crut voir là lebras de Yahvé venant au secours de sa cité sainte. Revenant sur la mesure de justice qu'on venait de prendre àl'égard des esclaves hébreux, on les replaça sous le joug de laservitude. Nébucadnetsar, à l'approche du pharaon, leva le siège etse dirigea vers le nord. Mais cette joie fut de courte durée, et lepuissant monarque caldéen, oui n'avait pas lieu de craindre beaucouples Égyptiens, revint bientôt devant Jérusalem. La ville connut alorstoutes les horreurs d'un investissement complet et prolongé. Seshabitants montrèrent une vaillance admirable et souffrirent bientôtde la famine; d'après La 2:19-22 4:10. on vit des mères dévorerleurs enfants. Lorsque la détresse fut à son comble, les Caldéensdonnèrent l'assaut au mur d'enceinte qu'avait élevé Ézéchias. Tandisque les troupes assaillantes entraient dans la ville par le N.,Sédécias et ses gens de guerre tentèrent de s'échapper en sortant parle S.-E., à l'angle des jardins royaux, et cherchèrent, en gagnantles bords du Jourdain, à passer sur le territoire de la Pérée. Maisils furent rejoints près de Jérico; les hommes d'armes furentmassacrés; le roi, fait prisonnier, fut emmené à Ribla devantNébucadnetsar, et là, il dut assister à la mise à mort de ses fils;puis, après avoir contemplé ce tragique spectacle, il eut les veuxcrevés et fut emmené dans les chaînes à Babylone. L'impitoyablecruauté du vainqueur faisait expier ainsi sa rébellion au roi vaincu. Pendant un mois, la ville fut livrée au pillage et à l'incendie;on combattit pied à pied, de rue en rue. Alors que la première brècheavait été faite le 9 e jour du 4° mois de la 11° année de Sédécias,ce ne fut que le 7° jour du 5° mois que les vainqueurs vinrent à boutde cette héroïque résistance. On ne sait pas combien de temps le roicaptif survécut à tous ces désastres, qui mirent fin au royaumejudéen: Jer 52:11 mentionne seulement le fait qu'il fut maintenuen prison jusqu'au jour de sa mort. Ant.-J. B.