ABIMÉLEC

(=le père est roi, ou le roi est père, ou Moloc est père). 1. Nom d'un roi de Guérar à l'époque des patriarches.Buhl (dict. Gesenius) admet qu'il a pu y avoir plusieurs Abimélec. LaVers. Syn. (note à propos de Ps 34:1) émet l'hypothèsequ'Abimélec était un titre que prenaient les rois de Philistie (commepharaon était un titre des rois d'Egypte). D'après Ge 20:1 leGuérar d'Abimélec serait une oasis du désert du Sud, dans la régionde Kadès. D'après Ge 26:1 (cf. Ge 21:32) Guérar setrouverait en pays philistin. Ge 20 raconte qu'Abraham fit unséjour à Guérar avec Sara. Par crainte des gens du pays, il la fitpasser pour sa soeur. Ayant remarqué la beauté de la femme dupatriarche, Abimélec la fit enlever pour l'introduire dans son harem.Frappé par Dieu d'une maladie, il ne commit pas l'adultère, maisapprit la vérité par un songe que l'Éternel lui envoya. Il renditimmédiatement Sara et comme compensation fit à son mari de richesprésents. Il obtint la guérison grâce à l'intercession d'Abraham. Nous retrouvons avec d'autres variantes la même anecdote dansl'histoire d'Isaac et de Rébecca (Ge 26); c'est une secondeversion du même récit (donnée par J, alors que Ge 20 est de E).Une troisième en est fournie par Ge 12, mais là Abimélec estremplacé par un pharaon. La forme la plus récente (E) de ce récit,qui n'est en aucune de ses recensions à l'honneur du patriarche, tendà disculper ce dernier: son mensonge (cf. Ge 12:13) n'est plusqu'une restriction mentale (Ge 20:12) et ses calculs intéresséssont passés sous silence. La Genèse nous raconte également deux fois l'alliance que conclutAbimélec, accompagné de son général Picol, avec un patriarche hébreu.Dans Ge 21 c'est avec Abraham et dans Ge 26 avec Isaac. Lelieu de l'alliance est Béer-Séba et il est question des puits que lepatriarche y avait fait creuser. Le récit veut établir les droits desIsraélites sur les puits de Béer-Séba, à l'époque du rédacteur (oncomprend d'ailleurs l'immense valeur pour des bergers nomades commeles patriarches d'une grande oasis en plein «pays sec» du Négeb). Lestraces des documents J et E y sont visibles: deux étymologies sontdonnées du nom de Béer-Séba: puits des sept (agneaux) et puits duserment; le serment est rapporté deux fois dans Ge 21:27 etGe 21:31-32. 2. Fils de Gédéon et d'une Cananéenne de Sichem (Jug8:31). Les habitants de cette ville (Israélites et Cananéens)avaient accepté la suzeraineté du héros israélite. A la mort de sonpère, Abimélec s'y rendit et, usant de son influence, décida leshabitants à prendre parti pour lui contre les soixante-dix autresfils de Gédéon. Il fit assassiner ses frères à Ophra et fut acclaméroi par les Sichémites près du «Chêne du monument» (Jug 9:6),célèbre dans l'histoire comme lieu sacré, vénéré par les Cananéens,puis par les Israélites. (cf. Ge 12:6,Jos 24:26) Au bout detrois ans, Sichem se révolta contre son roi, trop israélite sansdoute à son gré (Jug 9:28), sous l'inspiration d'un certainGaal, fils d'Ébed. Abimélec, prévenu, anéantit ses adversaires et mitle siège devant Sichem; puis il détruisit la ville de fond en comble.Alors qu'emporté par sa rage destructrice, il assiégeait Thébets,il fut atteint à la tête par une meule que lui lança une femme. Ilcommanda à son serviteur de l'achever. Toute cette histoire estintimement liée à celle de Gédéon: on y retrouve les mêmes sources,aussi inextricablement mélangées. Mention doit être faiteparticulièrement de la fable de Jotham, le seul des fils deGédéon qui ait échappé au massacre d'Ophra (Jug 9:6). Cettefable (Jug 9:7-16) est un vieil apologue populaire, pittoresqueet naïf de forme, mais de signification très profonde: toute royautéhumaine est un mal. Cette idée se retrouve dans plusieurs livres del'A.T. (1 Samuel, Osée): Israël ne doit avoir qu'un seul roi,l'Éternel (ce trait est sous-entendu dans la fable de Jotham). Unrédacteur a dû attribuer ce fragment à Jotham, afin de pouvoir enappliquer la morale à Abimélec, qui brigua la royauté pour le malheurde ses sujets. 3. Fils d'Abiathar (1Ch 18:16), mais il semble qu'ilfaille lire Akhimélec (voir Ahimélec). 4. Ps 34:1 Le personnage auquel il est ici faitallusion s'appelle, dans 1Sa 21:10-15, Akis.