ROBOAM

Fils de Salomon et d'une mère ammonite qui, d'après le texte d'un desmanuscrits des LXX, aurait été la fille du roi Hanun d'Ammon. Ilavait 41 ans lorsqu'il succéda à son père; 1Ro 14:21 et 2Ch12:13 lui attribuent un règne de 17 ans (933-917). Les conditions dans lesquelles il trouva le royaume de Salomon,extérieurement si brillant, n'étaient pas pour faciliter sa tâche!Les dépenses excessives que ce dernier avait faites pour ses grandesconstructions, le luxe qui régnait à sa cour, comme aussi l'entretiend'un harem très considérable, avaient fait peser sur son peuple unfardeau écrasant d'impôts et de corvées. En outre, il faut rappelerla vieille rivalité qui existait entre les tribus du N. du royaume etcelle de Juda, devenue la tribu royale privilégiée, le siège de lacapitale, alors que, pendant longtemps, la suprématie avait étépossédée par la «maison de Joseph», c-à-d, par Éphraïm. Peut-êtreencore l'érection du sanctuaire royal de Jérusalem, qui constituait,pour les anciens lieux de culte de province (Silo, Béthel), uneconcurrence menaçant d'être redoutable, avait-elle contribué àaugmenter le mécontentement d'une partie d'Israël. Toutes ces raisonscombinées allaient entraîner, au début du nouveau règne, desdissensions graves et un événement de la plus haute importance pourla nation entière. Si, dans 1Ro 12:1, on voit les chefs israélites rassemblés àSichem, la vieille cité historique d'Éphraïm, pour le sacre deRoboam, c'est sans doute parce que le nouveau roi avait jugépolitique de donner ainsi une certaine satisfaction auxsusceptibilités tribales de l'Israël du nord. On sait quelle réponseil y fit aux demandes des représentants du peuple concernant unallégement des impôts et corvées. Écoutant les avis intéressés dejeunes conseillers inexpérimentés et qui avaient bénéficié du régimeinstitué par Salomon, il fit comprendre au peuple, en un langageinsolent et maladroit, qu'il devait s'attendre, non pas à unallégement, mais à une aggravation de ses charges (1Ro 12:14),et que sa main à lui pèserait sur ses sujets plus lourdement quecelle de son père. C'est alors que le peuple, irrité de la réponse duroi, donna libre essor à l'esprit de révolte qui l'animait, et, auxcris de: «Qu'avons-nous à faire avec David? A tes tentes, Israël!»les tribus du centre et du nord se séparèrent de celle de Juda etmirent fin à l'unité nationale réalisée par David. C'est le schismedes dix tribus. Après un essai infructueux de négociations,maladroitement confiées par Roboam à son ministre des impôts Adoram(que lapida le peuple furieux), le roi, comprenant que la partieétait perdue, s'enfuit à Jérusalem. Il essaya bien de préparer uneexpédition, pour réprimer la révolte de ses sujets du nord: une arméede 180.000 hommes allait entrer en campagne, lorsqu'un prophète,Sémaja, vint de la part de Yahvé dissuader Roboam de porter les armescontre ses frères israélites; l'expédition fut abandonnée. 1Ro14:30 dit pourtant que les hostilités entre les deux royaumes sepoursuivirent pendant tout le cours de ce règne; elles continuèrentsous les suivants et durèrent environ soixante ans. D'après 2Ch 11:5 et suivants, Roboam paraît avoir eul'intuition qu'un danger le menaçait du côté de l'Egypte. Ce paysavait récemment donné asile à un personnage, Jéroboam, qui avait eudes démêlés avec Salomon, s'était enfui en Egypte et en était revenuaprès la mort de ce dernier; c'est lui que les tribus révoltéesvenaient de placer sur le trône du nouveau royaume. Le roi de Juda,d'après 2Ch 11:6 et suivants, construisit un certain nombre devilles fortes dans le S. de ses États, et il les approvisionna enarmes et en vivres. L'attaque égyptienne racontée par 1Ro 14 et 2Ch 12 se produisit en effet, en la 5 e annéedu règne de Roboam, au cours d'une expédition dirigée par Sheshonq Ier (le Sisak des textes bibliques), qui s'empara de Jérusalem, pillales trésors du palais royal et du temple et emporta les boucliersd'or de la garde royale. Une inscription du temple de Karnak (fig.270) contient les noms des 165 localités que Sheshonq aurait prises,en grande partie à Juda; toutefois il ne détrôna pas le roi judéen,qui continua de régner sur un royaume très amoindri et appauvri,composé seulement de Juda et d'une partie de Benjamin. D'un caractèreobstiné et puéril, si l'on en juge par la réponse qu'il fit, àSichem, aux chefs du peuple (1Ro 12:14), il paraît n'avoirpossédé ni les aptitudes administratives de son père, ni les vertusguerrières de son grand-père David. Sous son règne le désordrereligieux se développa beaucoup en Juda; il toléra certainesinstitutions licencieuses, telles que celles des hiérodules(prostitués sacrés), ainsi que le culte des hauts-lieux avec sonaccompagnement de simulacres divins; de sorte que le rédacteur desRois, appliquant à ce règne son critère habituel, porte sur lui unjugement particulièrement sévère (1Ro 14:22 et suivants). La fin du règne de Roboam semble avoir été dépourvue d'événementsmilitaires. Mais d'après 2 Chr., qui traite de ce règne avecd'abondants détails (non confirmés par 1Ro 14), Roboam aurait,de son vivant, réglé la question de sa succession au trône, endésignant Abija, fils de sa femme préférée, tandis que, pour éviterdes rivalités entre ses 27 autres fils, il aurait établi ceux-ci dansdiverses villes de Juda où ils auraient constitué autant de petitescours provinciales; le rédacteur des Chroniques donne ce fait commeune preuve de l'habileté politique de Roboam. Ant.-J. B.