PROPITIATION

Plus peut-être qu'aucune autre notion religieuse, la notion depropitiation est familière aux cultes païens. Le terme «propitiation»désigne soit l'action d'apaiser le dieu irrité, de gagner la faveurdu dieu indifférent, soit les moyens employés pour parvenir à cettefin. Chez celui qui la recherche, la propitiation implique laconscience d'une faute ou le sentiment d'un abandon, avec, dans l'unet l'autre cas, la persuasion que la bienveillance de la divinité àqui la propitiation est offerte vaut d'être obtenue. 1. Le Primitif a la conviction que son existence est enveloppée, dominéepar des puissances mystérieuses dont il connaît mal la nature et lavolonté, dont il redoute le mécontentement, avec lesquelles il saitqu'il ne pourrait entrer en lutte. Maladies et déceptions, pertesmatérielles et blessures, tous les événements pénibles, tous lesaccidents inopportuns sont la preuve du courroux de ces puissances;la démarche la plus urgente et la plus sage est, évidemment, de lesamener à des dispositions plus sympathiques. Confondues avec lesforces de la nature au stade de l'animisme, conçues sous des formesanalogues au mode des individus humains au stade des religionsnaissantes, l'homme a toujours le souci d'être en paix avec elles;dans le premier stade il faut surtout éviter leur contact quitroublerait l'existence, dans le deuxième stade il faut chercher leurprésence pour recevoir l'aide indispensable. Et c'est souvent par lesmêmes opérations: prières, offrandes, holocaustes, que l'homme essaied'obtenir tantôt l'éloignement, l'abstention des pouvoirs redoutés,tantôt l'intervention, la collaboration des pouvoirs invoqués. Lapropitiation se rapporte uniquement à la deuxième attitude. Elle estun acte positif, à fond moral ou rationnel, même quand ses motifssemblent contredire la morale ou la raison, par lequel le croyants'efforce d'entrer ou de rentrer en rapport avec son Dieu. Par làelle se sépare nettement de tout ce qui ressortit aux multiplesmanifestations de la magie et elle appartient à la religionproprement dite. Si les sentiments sont divers qui inspirent le Primitif, opposésmême selon les circonstances: crainte ou gratitude, désir de succèsou de délivrance, intérêt général ou délivrance exceptionnelle, lapropitiation répond chez lui à l'un de ses instincts partoutmanifesté. Le civilisé antique est sur ce point frère du Primitif. Il suffitd'évoquer la mythologie grecque et la mythologie romaine pourenregistrer l'ampleur de la croyance à la nécessité et à l'efficacitéde la propitiation. Le Grec, amoureux de la lumière et de la beauté, peuple l'Olympede dieux revêtus de beauté et de lumière, victorieux des vieuxTitans, présidant à la vie individuelle et sociale des humains. Trèsloin de la morale, très près de l'homme, leurs passions éclatentcomme des orages et la destinée des habitants de la terre peut enêtre bouleversée. La négligence à leur égard les offusque, la tropgrande félicité excite leur jalousie; l'homme n'est jamais assuré deleur constance et de leur bonté. Malheurs personnels, ruinesfamiliales, défaites nationales sont imputés, par delà les causesterrestres apparentes, à la volonté des dieux. La plus élémentaireraison conduit à se prémunir contre leur déplaisir, à s'assurer leurconcours favorable ou tout au moins leur neutralité. Homère abonde endescriptions de sacrifices d'animaux offerts aux divinités pourgagner leurs bonnes grâces. En des heures solennelles, le sacrificeprenant un caractère tragique opérait plus efficacement sur l'humeuret l'action du dieu: il devenait un sacrifice humain. Agamemnoncherche à effacer l'offense qui a blessé Diane en immolant sa filleIphigénie; Ménélas, bloqué par des vents contraires, offre quelquesadolescents égyptiens pour pouvoir continuer son voyage, etThémistocle offre trois prisonniers pour s'assurer la victoire avantle combat de Salamine; quand sévissait la peste, l'oracle de Delphesordonnait habituellement un sacrifice expiatoire humain. Plus portés vers l'ordre, la précision, la règle, les Romains seplaisent à mettre chaque domaine de l'existence sous la directiond'un dieu spécial, mais, ceci fait, ils restent à la merci de sesdispositions changeantes. Les rites et les cultes devaient assurerquelque continuité aux bienfaits des dieux. Et le jus divinum n'ad'autre but que de procurer la pax deorum. Le plus ancien collègede prêtres connu, «les frères arvales», appelait par des processionsen plein champ l'attention de la déesse de la terre; si un dangerimprévu, menaçant les moissons, montrait quelque relâchement dans laprotection attendue, le don de deux agneaux noirs passait pour laraviver. L'institution des flamines, origine d'un culte d'État, estdestinée à veiller à l'intérêt général, à côté des cultes privés parlesquels les familles acquièrent l'appui des Pénates et des Lares. Leplus grand bénéfice attendu des dieux était le maintien de «la paixromaine». Comme les fautes à leur égard pouvaient être réellesquoique involontaires, des cérémonies périodiques, les lustrations,étaient destinées à purifier les êtres terrestres par des actessymboliques empruntant l'eau ou le feu, à se concilier les êtrescélestes par l'offrande d'une victime. Les événements importants:déclaration de guerre, mise à la voile d'une flotte, etc., étaientprécédés des mêmes précautions et des mêmes implorations. Lorsque,par des signes funestes: tonnerre par temps clair, éclipses desoleil, pluies de pierres ou de sang, etc., les dieux laissaientcomprendre leur dépit, il était d'usage de recourir pour regagnerleur mansuétude à des lustrations supplémentaires. Plus tard, sous l'influence grecque, s'introduisirent denouvelles formes de propitiation, tels le lectisternium, festinpublic servi aux divinités, la supplicatio, pèlerinage répétantd'un temple à l'autre les appels à la clémence du ciel, le piaculum, sacrifice qui comportait une notion nouvelle, la notionde compensation pour l'atteinte portée à la majesté ou aux ordres desdieux. 2. Du plan naturel où se meut le Primitif, du plan social où se tient leGrec, du plan légal où agit le Romain, l'A.T, passe au plan moral.Dans l'A.T., les relations de Dieu et de l'homme ont lieu sous lesigne de la grâce divine. Israël n'est pas seulement en rapport avecDieu parce qu'il fait partie de la création, parce qu'il est membrede l'humanité, parce qu'il est régi par le destin qui gouverne lemonde, mais parce que Dieu l'a appelé, l'a choisi; il est le peupleélu; le lien général qui unit tous les êtres à Dieu, le Créateur, seprécise, se transforme en un lien spécial; entre Dieu et Israël il ya une alliance. Cette faveur qui lui vaut d'insignes privilèges luifait porter, par réciprocité morale, une responsabilité accrue. Chezlui la faute devient le péché; chez lui, plus que chez toute autrerace, la propitiation sera une nécessité. Nécessité d'autant plusrigoureuse que si les dieux païens participent de la faiblessehumaine, en contraste irréductible avec eux et avec elle, le Dieud'Israël est saint. La sainteté est l'attribut spécifique de Jéhovah, le vrai Dieu,le seul Dieu (Le 11:44 19:2 20:26 21:7,1Sa 6:20). L'élection estun acte de sa libre miséricorde (Ps 15:2,Esa 5:16,Os 11:9). Elupar Jéhovah, Israël a par ce fait le gage certain que son Dieu est àson égard plein de bonté paternelle (Ex 4:22,Joe 2:13,Esa 1:2).Mais parce que Jéhovah est saint, il s'oppose irrémissiblement àtoute compromission avec le mal; il abandonnera donc à lui-même lepécheur si le pécheur ne se repent, il condamnera toute forme ettoute manifestation d'idolâtrie, et l'A.T, parlera de la jalousie deDieu, de la colère de Dieu (voir ces mots). Le Dieu saint exige, par suite, qu'Israël, son peuple, deviennelui-même saint. L'effort vers la sainteté sera, chez l'Israélite, lavéritable réponse à l'appel de Dieu; un effort qui implique laconsécration progressive et constante de la personne et de la vie,c'est-à-dire un effort trop grand pour l'homme si l'homme est seul àle poursuivre. De là vient la grande place donnée dans la loi deMoïse aux sacrifices par lesquels l'homme confesse sa culpabilité ettraduit son besoin de pardon. Cette interprétation ne va pas sans discussion dans la penséemoderne. A entendre quelques théologiens, et surtout les disciples deRitschl, le sacrifice mosaïque est essentiellement un témoignage debonne volonté, bien moins un aveu de péché qu'un engagement de resterfidèle à l'alliance divine. Dès lors il conviendrait de rectifier latraduction des LXX qui a rendu le verbe hébreu kipper =couvrir,par le verbe gr. hilaskesthaï =rendre propice. L'Israélite,membre de l'alliance, savait qu'à ce titre il possédait labienveillance de Dieu, et que, s'il persévérait, autant que faire sepouvait, dans les observances religieuses, morales, civiles que cetitre entraînait, Dieu lui garderait et lui multiplierait sabienveillance. Mais il ne cessait pas, cependant, d'être un homme,une fragile créature, si fragile qu'il ne saurait s'approcher àdécouvert de Jéhovah, du Tout-Puissant, sans être anéanti par lamajesté et la gloire divines. Aussi, quand il entre dans lesanctuaire où siège son Dieu, l'Israélite se couvre-t-il, seprotège-t-il en interposant le sacrifice comme une sorte de bouclierentre sa misérable faiblesse et l'omnipotence redoutable du Très-Haut. Quelques textes, si on les détache de leur contexte, donnent unsemblant de base à cette métaphysique (De 5:23,25,Ex 23:20,1Sa6:19 et suivant). Celle-ci est étrangère à l'esprit et à la lettredes péricopes visées. Schématiquement, les sacrifices (voir ce mot) dans l'anciennealliance se rangent en deux classes: les holocaustes et lesoffrandes. L'holocauste consistait dans le sacrifice d'une victime;une offrande s'y ajoutait, mais le sacrifice était l'acteprédominant. L'offrande consistait dans le don de certains produitsde la terre. Partie très importante de la religion mosaïque, ils sontordonnés, réglés avec un soin minutieux, et placés sous l'autoritéd'hommes spécialement éduqués: les sacrificateurs. Le rite des holocaustes était constant: l'Israélite amenait lavictime à l'entrée de la tente d'assignation; il lui imposait lesmains; l'immolation suivait, accomplie par le donateur lui-même,d'après Le 1:3, ou le plus souvent par le sacrificateur. Parmiles diverses phases de la cérémonie dont beaucoup sont secondaires,l'imposition des mains est à remarquer. Elle est le centre religieuxde ce grand acte du culte, et, sauf erreur, un geste originalappartenant en propre à la religion d'Israël. On a voulu y voir lesymbole de la substitution de l'animal à l'homme, d'un animalrituellement pur à l'homme moralement impur, celui-ci se déchargeantde ses péchés sur celui-là, celui-là étant mis à mort à la place decelui-ci. D'une part, les textes n'appuient pas cette hypothèse.D'après Le 1:4, l'imposition des mains a lieu afin que lavictime soit agréée en faveur de celui qui l'offre. Les textes,d'autre part, ne fournissent de façon explicite aucune explicationthéorique. Mais l'imposition des mains (voir art.) est, en général,un signe de consécration, et le contexte du Lévitique rend cetteinterprétation préférable à toute autre. L'Israélite attestait qu'ilprésentait, d'un coeur contrit, l'holocauste, en témoignage à la foisdes fautes qu'il avait commises et de son espoir dans la bonté deJéhovah. Des holocaustes avaient une signification déterminée: holocaustesde louanges, ils rendaient grâces pour une bénédiction exceptionnelleet, semble-t-il, inattendue; holocaustes de reconnaissance, ilsavaient le même sens que les précédents mais se rapportaient à unedélivrance sollicitée et accordée; holocaustes volontaires, ilstraduisaient une ferveur spontanée, un sentiment de libre gratitude àcôté des manifestations prévues par la Loi. L'holocauste pour le péché avait une haute valeur religieuse. Ilimpliquait, comme les autres, la conscience des transgressions dontl'homme s'était rendu coupable; ils s'accompagnait, en outre, d'uneconfession publique de ces transgressions, les unes concernant lesmanquements connus à la Loi, les autres consistant en violationscommises par pure imprudence ou même commises sans le savoir. Vis-à-vis de la majesté sainte de Jéhovah, l'homme ne savaitjamais être juste; l'holocauste pour le péché proclamait cette tareoriginelle, universelle et représentait une sorte de réparation. Lesrites spéciaux du «Jour des Expiations» se rattachent à l'holocaustepour le péché; ils rappelaient non plus à l'individu concret mais aupeuple entier, et aux grands-prêtres eux-mêmes, l'indispensablenécessité de veiller pour ne pas offenser Jéhovah. Parmi les offrandes, les unes étaient collectives comme celle desprémices de la moisson présentées pendant la Pâque, ou celle despains de proposition présentés pendant le sabbat; les autres étaientpersonnelles, comme celle qui chez les indigents était donnée à laplace d'une colombe, ou celle que le prêtre devait apporter après saconsécration, ou encore celles qui étaient faites pour souligner leprix attaché à un voeu (voir ce mot). Indépendamment du sens particulier de tel ou tel acte déterminédu culte, un sens général se retrouve dans tous, aussi bien dans lesoffrandes les plus simples que dans les plus grands holocaustes.Offrande et holocauste étaient, du côté de l'homme, un sacrificeselon la signification littérale du terme, un acte qui coûtaitquelque chose, qui entraînait une privation, un renoncement. C'est unmâle qu'il faut choisir pour l'holocauste, un mâle sans défaut prisparmi les animaux purs. Et l'offrande n'est jamais faite avec desfruits que la terre produit spontanément, mais avec des fruits dus autravail de l'homme. Le besoin indispensable de la faveur de Jéhovah,l'importance de ne pas l'aliéner quand on la possédait, de lareconquérir quand on l'avait perdue, en d'autres termes le permanentbesoin de propitiation est la grande pensée inspiratrice de tout lerituel du Lévitique; avec des contours plus ou moins nets maispartout discernables, elle forme l'unité fondamentale des multiplescérémonies, elle en est l'explication générale. Sans doute la privation, le renoncement, conséquences del'holocauste et de l'offrande, sont en grande partie d'ordrematériel. Tels quels ils conduisaient Israël, ils le préparaient à unstade plus élevé, à la privation et au renoncement d'ordre moral.Sans ces derniers, les premiers couraient le risque grave desatisfaire non pas Dieu mais l'homme; le sacrifice qui coûtait àl'homme pouvait devenir un sacrifice qui rapportait si la faveur deJéhovah était due en retour, si l'alliance était conçue comme uncontrat où l'homme donne pour que Dieu rende. C'était là l'opinionpaïenne, c'était l'opinion qui menaçait de ruiner le progrèsreligieux d'Israël: une propitiation qui jouerait automatiquement,mécaniquement, et créerait pour l'homme une sorte de droit sur Dieu,obtiendrait le pardon et le secours non de l'amour de Dieu mais envertu d'une obligation exercée sur la volonté divine. La lutte contre cette funeste déviation fut l'une des tâches duprophétisme. Le message des prophètes a un double contenu: positifquant à la révélation plus complète de la nature et du but de Dieu,négatif quant à la réaction inlassable contre le sacrilège dumatérialisme utilitaire de la piété, contre la réduction des rapportsavec Dieu à des actes rituels. Amos (Am 5:22) dira: «Quand vousme présentez des holocaustes et des offrandes je n'y prends aucunplaisir»; Osée (Os 6:6) différenciera religion et culte: «J'aimela piété et non les sacrifices»; Ésaïe (Esa 1:11) proclamera lenéant des cérémonies légales: «Qu'ai-je à faire de la multitude devos sacrifices!» Avec les prophètes, en même temps que la notion de péchés'individualise, que la notion de personne morale s'approfondit, lanotion de propitiation, logiquement, dépasse le domaine rituel pouroccuper le domaine spirituel. Et l'Eternel fait miséricorde non parceque l'homme observe des jours de fête ou des prescriptions légales,mais parce que l'amour divin est l'unique motif de la création et del'élection. Assurément, cet amour ne se répand pas au hasard, n'agitpas sans discernement comme une force de la nature; parce qu'il estl'amour du Dieu qui est toujours le Dieu trois fois saint, il exigecertaines conditions que le coeur humain doit remplir; ces conditionselles-mêmes sont devenues dans le prophétisme purement spirituelles,et ce sont la repentance, la prière, la contrition, la foi,l'espérance qui sont les moyens d'obtenir la propitiation. Un autre moyen apparaît, pour la première fois, chez lesprophètes et, çà et là, dans les Psaumes, qui va prendre une valeurnotable: la souffrance. Le lien est, psychologiquement, naturel entrele péché, la souffrance et la propitiation. Puisque le péché a pourconséquence et pour châtiment la souffrance, il est normal que lasouffrance soit, en un sens, comme une expiation du péché, et, parsuite, procure en quelque sorte une propitiation pour ce péché. Maisce point de vue intellectuel n'est pas celui des prophètes: c'est duseul point de vue moral qu'ils envisagent le rôle de la souffrance;et ce sont essentiellement, peut-être même uniquement, lessouffrances des justes qui ont une valeur propitiatoire; lesdéclarations du chap. 53 d'Ésaïe en sont le plus illustre et le plusémouvant témoignage. 3. Le N.T. résume et unifie tous les modes et moyens de propitiation enJésus-Christ, et la propitiation n'est pas seulement mise en rapportavec sa personne et avec son oeuvre, mais elle est placée dans leurdépendance immédiate. Les termes techniques qui l'expriment sont cependant très raresdans les livres de la nouvelle alliance, bien plus rares que dansceux de l'ancienne alliance. Le verbe hilaskesthaï =rendrepropice, ne se rencontre que deux fois: «O Dieu, sois propice enversmoi...», prie le péager (Lu 18:13); «Il fallait un grand-prêtresemblable à ses frères pour faire la propitiation des péchés dupeuple» (Heb 2). Les substantifs dérivés ne sont pas plusfréquents; hilasmos est employé deux fois: «Jésus-Christ est unepropitiation pour nos péchés et pour les péchés du mondeentier» (1Jn 2:2); «Dieu nous a aimés et a envoyé son Fils commeune propitiation pour nos péchés» (1Jn 4:10); hilastèrion est employé deux fois également: «Dieu a destiné Jésus à être unepropitiation» (Ro 3:25); Heb 9 5 ne concerne pasJésus-Christ, mais décrit le tabernacle et mentionne le couvercled'or de l'arche comme «propitiatoire». Toutefois ce petit nombre de vocables ne signifie pas le peud'importance de la réalité. La propitiation fait corps, dans lesdonnées des évangiles et des épîtres, avec la rédemption. Larédemption est le vocable le plus compréhensif; il désigne le fait dusalut dans sa portée sans limites, englobant le passé; le présent etl'avenir, rénovant l'homme et la nature, le corps et l'âme,s'étendant au peuple d'Israël, au peuple de la nouvelle alliance, àtous les peuples de la terre. La propitiation est un moment de cetteseconde création qui s'appelle la rédemption. De plus, la propitiation ne se distingue que difficilement detelle autre notion relative à l'action de Jésus-Christ, et, entreautres, de la notion de réconciliation. Paul déclare: «ParJésus-Christ nous avons obtenu la réconciliation avec Dieu» (Ro5:11); «Dieu a réconcilié le monde avec lui en Christ» (2Co5:19). Le verbe grec de ce dernier texte, katallasseïn, a lesens premier et général: modifier une situation de manière àl'améliorer, modifier un rapport de manière à le restaurer, àl'affermir. C'est là, exactement, le résultat de la propitiation. Ona quelquefois entendu la propitiation comme une cause de laréconciliation, en alléguant que la réconciliation est un résultatobtenu sans indication du moyen pour l'obtenir; la distinction estspécieuse car il en est de même de la propitiation; le moyen parlequel a été procurée la propitiation demande à être déterminé toutcomme le moyen par lequel a été procurée la réconciliation. Or, leN.T. fait provenir propitiation et réconciliation non seulement dumême auteur, Jésus-Christ, mais du même acte, le sacrifice deJésus-Christ. Enfin il paraît vraiment inutile d'essayer de dissocier lapropitiation et la substitution, la substitution qui répond mieux quel'expiation à la langue et à la pensée du N.T. (voir Expiation).L'une et l'autre notions indiquent identiquement ce qu'a été l'oeuvrehistorique de Jésus-Christ, expliquent de la même manière le«comment» de la rédemption. L'analyse des textes le montreclairement. Un théologien très conservateur, Grétillat, a écrit:«Nous adoptons le terme de propitiation de préférence à celui qui estle plus usité en français, expiation, comme traduisant plusexactement les termes bibliques.» (Dogmatique, t. IV, p. 276.)Non seulement les termes sont synonymes mais les faits sontinterchangeables: la propitiation s'est opérée par la substitution deJésus-Christ à l'homme, la substitution de Jésus-Christ à l'homme aété une propitiation. Il convient donc de tenir compte, en étudiant la propitiation,des passages contenant la chose bien qu'ils ne contiennent pas lemot. Ceux qui mentionnent la propitiation suffisent d'ailleurs àétablir l'interdépendance affirmée. (Pour Ro 3:25, voirExpiation) De Lu 18:13 ressort seulement, mais nettement, que la seuleprière exaucée est celle qui est tout d'abord une confession despéchés, un appel à la grâce de Dieu pour que Dieu daigne se montrerpropice. La nécessité de la propitiation pour l'homme, pour touthomme, y compris les prétendus justes, est implicitement enseignée. Le contexte de Heb 2:17 développe cette thèse que pourporter secours à la race d'Abraham, le Propi-tiateur devait devenirmembre de cette race, et, puisque ceux-ci ont en partage la chair etle sang, avoir lui-même la chair et le sang en partage (verset 14).Comme si cette caractéristique ne suffisait pas, il répète: «Ilfallait qu'il fût semblable à ses frères en toutes choses» (verset17). «En toutes choses» (=kata panta) est absolu. C'est uneréelle humanité que celle du Christ. Elle ne consiste pas à revêtirla personne de Jésus d'une forme différente, d'un organisme charnelvoilant une nature secrète; le Christ traverse les souffrances et lesépreuves (Heb 2:18) et même les tentations (Heb 4:15) quiaffectent la simple humanité; la similitude touche à l'identité.Pourquoi cette transformation de celui qui était «le reflet de lagloire de Dieu et l'empreinte de son être» (Heb 1:3),transformation qui est considérée comme obligatoire: «ilfallait»? (Heb 2:17) «Afin d'être, répond l'épître, un souverainsacrificateur miséricordieux et fidèle auprès de Dieu pour faire lapropitiation des péchés du peuple.» Cette propitiation n'était doncpossible que si Jésus était devenu homme, que si Jésus homme, à laplace de ses frères, obtenait pour eux la réconciliation qu'ils nepouvaient par eux-mêmes obtenir. Substitution et propitiation ne vontpas l'une sans l'autre; l'une et l'autre présentent sous deux aspectsle même acte de renoncement et d'amour. Les deux textes 1Jn 2:2 4:10 sont commentés plus quetraduits par certaines versions avec la périphrase «victime depropitiation»; le grec porte le seul terme hilasmos, propitiation; Jésus est la propitiation. Sans doute, le commentaires'accorde avec l'ensemble de l'épître, mais il est incomplet et latraduction littérale est seule correcte. 1Jn 2:1 invite les destinataires de la lettre à ne pointpécher. Ce conseil a le caractère formel d'un commandement. Pourtantles lecteurs auxquels l'auteur le donne gardent, à côté de leur foi,l'originelle et insurmontable faiblesse, et le péché proscrit jetteson ombre et exerce sa domination même sur la voie de lasanctification. Mais il faut bannir, malgré cette humilianteexpérience, tout découragement, car si le croyant pèche encore, il a,auprès du Père, un garant, un répondant, Jésus-Christ le Juste.Jésus-Christ le Juste est qualifié pour ce rôle d'intercesseur, demédiateur, parce que, d'après 1Jn 2:2, il est «la propitiationpour nos péchés». Dans l'A.T, la personne qui opère la propitiationet l'offrande qui sert de propitiation sont séparées; la séparations'efface dans l'épître aux Hébreux; dans le johannisme l'effacementde la séparation est achevé: le Christ est à la fois propitiateur etpropitiation. Voilà pourquoi le sens du texte est affaibli si l'ontraduit hilasmos par «victime de propitiation», car Jésus-Christn'est pas seulement la rançon offerte, il est aussi celui qui offrela rançon. Sans se servir du mot technique, l'évangile de Jean exprime uneidée analogue par l'image de (Jn 1:29): «Voici l'agneau de Dieuqui ôte les péchés du monde.» D'autre part, l'action du Propitiateurs'exerce encore après l'accomplissement de la propitiationhistorique; elle est analogue à l'intervention que Jésus promet à sesdisciples (Jn 14 et Jn 16), à l'intercession que mentionnel'épître aux Hébreux: (Heb 7:25) «Jésus peut sauver parfaitementceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pourintercéder en leur faveur», à la médiation dans laquelle Paul posel'un des fondements de la certitude chrétienne: «Qui condamnera?Jésus-Christ est mort, bien plus il est ressuscité, il est à ladroite de Dieu et il s'entremet pour nous» (Ro 8:34). La propitiation concerne les péchés des croyants et «les péchésdu monde entier», de tout le cosmos. L'opposition entre le croyant etle monde ne vise pas chez Jean, comme souvent chez Paul, leschrétiens et les Juifs, mais les chrétiens et les païens, les «brebisdu bon Berger» et les autres membres de la race humaine. Les lecteursde l'épître étaient en grande partie sortis du paganisme; leparticularisme juif n'avait point de sens pour eux et n'était pointun péril. Mais ils ne devaient pas se considérer eux-mêmes et leursfrères en la foi comme les seuls élus, se prévaloir comme d'une grâceà eux seuls accordée de l'état de choses nouveau instauré par le Filsde l'homme; toutes les créatures étaient appelées avec eux et commeeux à participer au salut, avec eux et comme eux elles étaient misesau bénéfice de la propitiation de Jésus-Christ. L'universalismerelatif à la propitiation rejoint l'universalisme relatif à larédemption; ce tout universel a évidemment des parties universelles;limitée au moment de sa réalisation historique, comme tout faitconcret accompli sur la terre, la propitiation n'a de limites ni dansle temps ni dans l'espace; Jésus-Christ a été et il demeure lePropitiateur pour le monde entier. 1Jn 4:10 ramène la propitiation à sa source première: elleest une attestation de l'amour de Dieu, elle vient de l'amour deDieu. L'épître est ici encore un écho de l'évangile: «Dieu a envoyéson Fils comme propitiation pour les péchés.» Il faut soulignerl'affirmation capitale que ce n'est pas la propitiation qui éveilleou attire l'amour de Dieu. Il y a un renversement complet entre laconception païenne qui regarde la faveur de la divinité comme unerécompense, ou tout au moins comme une réponse, et la conceptionchrétienne qui situe en Dieu toute initiative. Ce n'est donc pas lapropitiation qui nous vaut l'amour de Dieu, c'est l'amour de Dieu quinous vaut la propitiation. Ni oeuvre, ni offrande, ni mérite, niprière, ni sacrifice n'émeuvent le coeur de Dieu pour le rendremiséricordieux; c'est du coeur du Père, c'est de sa miséricordeéternelle que viennent la révélation et la rédemption. «Ce n'est pasnous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés et a envoyéson Fils comme propitiation.» Il y a assez de lumière dans cetteparole pour se borner à la citer. 4. Pourtant la déclaration de Jean et les multiples déclarationsanalogues, si elles sont évidentes en elles-mêmes, posent unproblème: puisque Dieu est l'initiateur de la propitiation opérée parle Christ, comment la propitiation opérée par le Christ est-elleofferte à Dieu? Si, avant toute propitiation, Dieu nous aime, quelleest la nécessité, quelle est l'utilité de la propitiation? L'union à rétablir entre Dieu et l'homme n'a pas été rompue desdeux côtés; les témoignages bibliques sont unanimes à faire porter àune seule personne, à la personne de l'homme, la responsabilité de larupture. Paul, qui formule avec le plus d'ampleur et résout avec leplus de netteté le problème de la réconciliation, ne parle nullementd'un changement qui doit survenir dans les dispositions de Dieu. Onl'a vu, réconciliation et propitiation sont des notions similaires.La propitiation, la réconciliation ne rendent pas Dieu autre qu'iln'était auparavant; c'est. d'un changement dans les dispositions del'homme qu'il s'agit; la propitiation, la réconciliation modifient lasituation de l'homme vis-à-vis de Dieu. 2Co 5:17,19 rattache le renouvellement de toutes choses à sacause première qui est le dessein de Dieu et résume ce renouvellementdans la réconciliation. Le rôle du propitiateur, du médiateur, est àpeu près passé sous silence, et seules sont en présence les deuxparties: Dieu et l'homme. En présence mais non opposées, car uneseule partie est hostile, l'homme, et c'est l'autre partie, c'estDieu qui, voulant gagner sa créature pécheresse, entreprend derétablir des rapports nouveaux avec elle, c'est Dieu qui opèrelui-même ce rétablissement. Le verset 19 insiste sur le fait que sile Christ est le moyen dont Dieu s'est servi pour racheterl'humanité, Dieu cependant et Dieu seul a résolu, a conduitl'entreprise de la nouvelle création. «Tout vient de Dieu qui nous aréconciliés avec lui par le Christ.» Par contre, Eph 2:13,16 met au premier plan la personne duPropitiateur. La situation est la même que dans le texte précédent:un éloignement, une séparation dont l'homme est le mauvais ouvrier etqui le laissent «sans Dieu et sans espérance dans le monde». Pareilleaussi est la tâche: détruire l'inimitié, réconcilier avec Dieu. LeChrist l'assume, la porte à la perfection par son sacrifice; le verbecomposé du verset 16, apokatallasseïn, renforçant l'idée du verbesimple, note que la propitiation, la réconciliation, a été complète.L'oeuvre du médiateur est définitive. Elle ouvre à jamais «un accèsauprès du Père»; elle est universelle: les païens comme les Juifssont «membres de la famille de Dieu» (verset 19). Mais sous quelqueforme qu'elle soit présentée, quels que soient les détailshistoriques plus ou moins mis en relief, la propitiation a uneorigine identique, et le contexte la rappelle quand le texte nel'indique pas expressément; c'est «la richesse de la miséricorde deDieu», c'est «le grand amour dont il nous a aimés» (Eph 2:4) quimotivent l'apparition du Propitiateur dans le monde. Col 1:19 juxtapose l'action de Dieu que relève 2Co 5:18et suivants et l'action du Christ que relève Eph 2:13 etsuivants: «Il a plu à Dieu de réconcilier en Christ toutes chosesavec lui-même.» En Christ, par le moyen, par l'intermédiaire duChrist. La propitiation du Christ est la cime culminante dans lachaîne des faits de l'histoire du salut. Celle-ci commence avec lachute de l'homme, se poursuit dans le paganisme où le souci de rendrela divinité propice tourmente la conscience naturelle, se précisedans le peuple d'Israël où la législation et le culte mosaïquesrévèrent le vrai Dieu, révèle l'oeuvre même de Dieu dans l'oeuvre deJésus de Nazareth. Elle se perpétue ensuite de siècle en siècle,s'élargit jusqu'aux extrémités de la terre, atteint les bornes del'univers, mais la propitiation du Christ met du définitif dans lecours incessant des choses, du divin immuable dans les actions et lesréactions des hommes. Avant le Christ il n'y avait que dupréparatoire, il n'y a rien de nouveau après le Christ, parce quedans le Christ et par le Christ Dieu intervenait personnellement. Ladoctrine religieuse vraie sera essentiellement l'explication del'enseignement du Christ; l'activité religieuse féconde seraprincipalement la propagation et l'imitation de l'action du Christ.Le plan de Dieu n'est pas modifié mais du côté de Dieu,objectivement, il est totalement accompli; il se réalise,subjectivement, du côté de l'homme, par degrés, par étapes. Et danscette progression qui se continue par «le ministère deréconciliation», selon l'expression paulinienne, non seulement lavolonté de Dieu qui a décidé et la volonté du Christ qui a effectuéla propitiation demeurent solidaires, mais elles sont confondues, etsi bien qu'en scrutant l'intervention divine dans le monde ou dansson propre coeur, le croyant ne saurait discerner ce qui vient deDieu et ce qui vient du Christ. Or la constatation que selon le N.T. (dont il serait superflu demultiplier les citations parce qu'elles se répètent simplement l'unel'autre) et selon l'expérience religieuse, Dieu est tout ensemblecelui qui veut et celui qui procure la propitiation, rend plusinévitable l'interrogation déjà énoncée: pourquoi la propitiation? 5. C'est que le Dieu de la Bible et le Dieu de la conscience morale estjustice comme il est amour. Si c'est l'amour qui est le plus souventinvoqué dans le N.T., si même, par comparaison, la justice semble peucitée, elle n'en apparaît pas moins comme un attribut majeur de Dieu.Considérée chez l'homme, la justice est la conformité à la loi;considérée chez Dieu, la justice est le maintien de la loi, lagarantie du respect qui lui est dû et de la domination qu'elle doitexercer. Dans l'A.T, ou dans le N.T. la justice n'est pas envisagéedans l'abstrait, métaphysiquement, mais comme une caractéristique del'attitude de Dieu vis-à-vis des hommes, dans le concret, moralement.Inséparable de la sainteté dans l'A.T., elle est pour le N.T.1nséparable de l'amour. Ici et là elle est l'un des mobiles del'action de Dieu, l'un des aspects de cette action. La justiceintervient pour garder les fidèles, pour avertir les pécheurs, etdans l'un et l'autre cas elle réagit contre les influences opposéesau plan de Dieu concernant le destin de l'humanité. L'influence contraire, qui résume, renferme, engendre toutes lesautres, celles-ci n'étant que ses manifestations diverses, est lepéché (voir ce mot). Le péché est ce que Dieu ne voulait pas puisquele péché est la ruine de l'harmonie de la création; il est ce queDieu ne saurait admettre puisque le péché est la contradiction de lasainteté constitutive de l'être de Dieu et du but assigné à lacréature humaine. L'A.T, prescrivait: «Soyez saints car je suissaint» (Le 19:2); le N.T. redit: «Soyez parfaits comme votrePère céleste est parfait» (Mt 5:48). L'homme étant libre, arefusé de tendre vers cet idéal, il est devenu pécheur; il ne peutdésormais cesser d'être pécheur; il est par suite éloigné à jamais deDieu. Or, parce qu'il est saint, Dieu ne saurait pactiser avec le péchéen restant en relation avec l'homme pécheur. Il est exact de soutenirque le péché a étendu sa répercussion jusqu'à Dieu; à cause du péché,Dieu, en vertu de sa justice, demeure séparé du pécheur,transgresseur de sa loi; Dieu se contredirait lui-même si, au nommême de la loi qu'il a établie, il ne réagissait pas contre celui quila viole. Cette réaction de Dieu, énergiquement soulignée dansl'A.T., l'est de même dans le N.T.; elle y est pareillement désignéepar les termes éminemment expressifs de «colère» (Ro 9:22,1Th5:9), «inimitié» (Ro 5:10), qui traduisent l'incompatibilitéabsolue de la volonté de Dieu et de la conduite de l'homme. Il y aentre elles une opposition que la sainteté ne saurait accepter, quele péché ne saurait surmonter. Dieu ne peut pas ne pas vouloir cequ'il a voulu dès l'origine: voir l'homme lui devenir semblable ens'élevant vers la sainteté; et l'homme ne peut pas se dégager de sonpéché, même s'il s'y efforçait, pour se réconcilier avec Dieu. Il faut que, d'une part, pour reprendre ses rapports avecl'homme, Dieu constate que cet homme a obéi à la loi de sa destinée,a atteint la sainteté, et d'autre part il faut, pour appeler Dieu,que l'homme sache Qu'en dépit de son péché Dieu lui est propice. Ladouble condition est pour l'homme une double impossibilité. C'est parJésus-Christ que la double impossibilité est surmontée. A la place del'homme, Jésus homme réalise la sainteté proposée à l'homme, etl'homme sait qu'au nom de Jésus homme, Dieu pardonne et accueille(voir Expiation). Jésus est le Propitiateur qui rétablit entre Dieuet l'homme l'union rompue par le péché, qui ouvre un libre cours àl'amour du Père en lui ramenant ses fils prodigues. Et bien que Dieu ait l'initiative de la propitiation (c'est de sapart que le Christ vient dans le monde), bien que Dieu soit lui-mêmeauteur de la propitiation (Il agit avec le Christ et par le Christ),cependant il est vrai de soutenir qu'en un sens, Dieu parJésus-Christ devient propice à l'homme. Comme le péché a étendu sarépercussion sur Dieu, la propitiation a sur Dieu un effet direct.Par Jésus-Christ, l'homme saint qui présente à Dieu sa sainteté pourles hommes ses frères, Dieu que le péché éloignait s'est rapproché del'homme, Dieu qui réagissait contre le péché s'est réconcilié avecl'homme, Dieu que le péché arrêtait, tout en demeurant le Dieu juste,témoigne directement son amour à l'homme. Il y a donc unetransformation dans les rapports de Dieu avec l'humanité, sans que,d'ailleurs, une atteinte soit portée à l'immutabilité du «Père deslumières, en qui il n'y a aucune variation ni ombre dechangement» (Jas 1:17). Car la pensée de la rédemption est unepensée éternelle de Dieu. Si la prévision de la chute est inséparabledu don de la liberté à l'homme, la prévision de la réparation estinséparable de la création de l'homme susceptible de pécher. L'amourinfini de Dieu qui appelait l'homme à la vie ne l'abandonnait pas surla route de la mort; la propitiation est l'accomplissement en unmoment déterminé de l'histoire, par un moyen historique déterminé, dela volonté toujours la même de Dieu: recevoir dans sa grâce l'hommequi aura consenti à se laisser sauver. And. A.