PHILIPPE

Nom grec (=amateur de chevaux) très répandu dans toute l'antiquité.I DANS LES APOCRYPHES. 1. Père d'Alexandre le Grand (1Ma 1:1 6:2),connu dans l'histoire sous le nom de Philippe II de Macédoine. 2. Avant-dernier roi de Macédoine, qui régna sous le nomde Philippe V et qui fut défait par le consul romain QuintiusFlamininus à Cynocéphales, en 197 av. J.-C (1Ma 8:5),. Sonfils Persée lui succéda en 178. 3. Conseiller d'Antiochus Épiphane; peut-être son frèrede lait ou son compagnon d'enfance (pour le sens du terme gr. suntrophos oui lui est appliqué dans 2Ma 9:29,voirManahem). D'après 1Ma 6:14,16, Antiochus, sur le point demourir, en Perse, l'aurait fait appeler, comme ami de confiance, pourlui remettre l'empire et le soin de diriger son jeune fils, AntiochusEupator, jusqu'à sa majorité. Mais un autre des généraux d'AntiochusÉpiphane, Lysias, à qui la même charge avait été donnée auparavant,s'empressa, à la mort du roi, de faire monter sur le trône AntiochusEupator (1Ma 6:17), âgé seulement de neuf ans selon lesuns, de quatorze ans selon les autres. Philippe, après avoir ramenéle corps de son maître, se heurta à l'hostilité de Lysias etd'Antiochus Eupator, se réfugia en Egypte (2Ma 9:29) etfut finalement vaincu par son rival à Antioche et mis à mort. CePhilippe est sans doute le même que le Phrygien dont il est questiondans 2Ma 5:22 et 6:11, qu'Antiochus Épiphane nomma gouverneur de Jérusalem et qui se distingua par sa cruauté.II DANS LE NOUVEAU TESTAMENT. 1. Frère d'Hérode Antipas , premier époux d'Hérodias;voir (Mr6:17,Mt 14:3) Hérodes (les), parag. 9. 2. Autre frère d'Hérode Antipas , tétrarque de la Trachonite et del'Iturée;voir (Lu 3:1,Mr 8:27,Mt 16:13) Hérodes (les), parag.10.--Pour ces deux personnages, voir aussi Palestine au siècle deJ.-C. 3. L'apôtre Philippe .L'un des Douze (Mr 3:18 parallèle Mt 10:3 parallèle Lu6:11), que Jésus appela lui-même et personnellement. Clémentd'Alexandrie pense que c'est lui qui aurait dit à Jésus: «Laisse-moid'abord ensevelir mon père» (Lu 9:59 parallèle Mt 8:21),hypothèse qui ne cadre pas avec la place de cet incident dans leministère du Maître, mais qui s'explique par une certaine analogie desituation avec le caractère de Philippe. En dehors des listes desDouze, c'est le 4 e évang, seul qui nous renseigne à son sujet, commec'est aussi le cas pour André (voir ce mot). Dans les 4 listes, Andréest nommé le quatrième du premier groupe de quatre, et Philippe lesuit comme le premier du deuxième groupe de quatre. Comme André etPierre, il est de Bethsaïda en Galilée (Jn 14:4), et deux foisAndré se trouve nommé, au moment d'agir, à côté de Philippe (Jn6:8 12:21 et suivant). De même qu'André appelé par Jésus va porter àPierre la nouvelle qu'il a trouvé le Messie attendu, de même Philippeappelé à son tour va l'annoncer à Nathanaël; mais au lieu d'un brefcri du coeur comme celui d'André: «Nous avons trouvé le Messie!» letémoignage de Philippe est un exposé documenté, plutôt pesant, etdont tous les mots portent: «Celui dont Moïse a parlé dans la loi etdont les prophètes aussi ont parlé, nous l'avons trouvé: c'est Jésusde Nazareth, le fils de Joseph» (Jn 1:41,45). La réponseétourdie de Nathanaël (voir ce mot): «Peut-il venir quelque chose debon de Nazareth?» provoque la réplique calme et positive d'un espritqui s'attache aux faits: «Viens et vois!» (Jn 14:6). Ce tourd'esprit précis, méticuleux, se manifeste encore dans sa réponse àJésus sur l'endroit où acheter des pains pour la foule: il calculeinstantanément la quantité nécessaire, dont il connaît le prix, etdoute que 200 deniers soient «suffisants» (Jn 6:7). De même,dans la chambre haute, sur les assurances spirituelles de Jésus ilest préoccupé des conditions positives suffisantes: «Montre-nous lePère, et cela nous suffit» (Jn 14:8). C'est une naturereligieuse lente à se donner, par besoin de preuves décisives, mais àl'abri des ardeurs irréfléchies, présomptueuses et inconstantes. Lefait que Jésus l'ait pris à partie parmi les Douze, pour le problèmede la foule à nourrir, permet de penser qu'il devait avoir desqualités pratiques d'organisateur, et qu'il pouvait même être chargédu ravitaillement de la petite troupe. Il est à remarquer aussi quec'est lui qu'abordent les Grecs désireux de voir Jésus (Jn12:21), et qu'André et Philippe, de nouveau cités ensemble ici, sontles deux seuls apôtres porteurs de noms grecs. Encore une foismentionné, dans la liste des Onze réunis après l'ascension duSeigneur (Ac 1:13), Philippe ne reparaît plus dans le N.T. Pour l'apocryphe «évangile de Philippe», voir Évang, apocr. Laseule tradition vraisemblable qu'on puisse conserver des extravagants«Voyages de Philippe» (III° siècle) est sa mission en Phrygie, oùd'après Polycrate il fut enterré, à Hiérapolis. On y a découvert uneinscription prouvant que l'église de cet endroit était dédiée à lamémoire «du saint et glorieux apôtre et théologien Philippe». 4. L'évangéliste Philippe. L'un des sept diacres (voir ce mot) mis à part à la demande desHellénistes de l'Église primitive pour s'occuper du problème desaumônes et de l'aide aux veuves. Comme cinq de ses compagnons,c'était un Juif de langue grecque, le septième, Nicolas, étant leseul prosélyte, c'est- à-dire ancien païen devenu juif (Ac 6:5).Après la dispersion qui suivit le martyre d'Etienne, ses missionsparmi les païens en Samarie (Ac 8:4,8) contribuèrent fortement àpréparer la victoire de l'Église sur les préjugés judaïques. Il futaussi l'instrument de la conversion de l'officier d'Ethiopie, qu'ilbaptisa après l'avoir instruit (8:26 et suivants). Nous le retrouvonsà Azot, d'où il gagna Césarée en prêchant dans les villes du littoral(8:40). C'est là qu'il résida et travailla sans doute, avec sesquatre filles qui étaient prophétesses, pendant tout le temps quisépare ces faits de l'arrivée de Paul. Celui-ci, au retour de sondernier voyage vers Jérusalem (Ac 21:8 et suivant), séjourna eneffet dans la maison du vieil évangéliste qui avait tant fait luiaussi pour combler l'abîme entre les Juifs et les païens. Peu après,Paul fait prisonnier à Jérusalem était amené à Césarée pour unecaptivité de plus de deux ans (Ac 23:33-26:31); le pronom «nous»dans le récit de son départ pour Rome (Ac 27:1 et suivants)montre que Luc s'y était trouvé avec lui au moins un certain temps:d'où l'hypothèse souvent faite que Luc, en train de recueillir lestémoignages les plus sûrs pour la composition de son évangile, dut enrecevoir de l'évangéliste Philippe, peut-être en particulier quelqueséléments spéciaux à son évangile dans le long récit (Lu9:51-18:14) des voyages de Jésus se dirigeant vers Jérusalem (voirÉvang, syn., IV, 2, B). On ne sait rien des circonstances de sa mort:des traditions provenant des Montanistes indiquent que la tombe desprophétesses et celle de leur père seraient à Hiérapolis; il semble yavoir là quelque confusion avec l'apôtre du même nom (parag. 3).