PÉAGER

Fonctionnaire d'un bureau de péage. Ce titre, adopté par la plupartde nos versions modernes pour traduire le gr. télônès du N.T., ya remplacé l'ancien terme de: publicain. 1. Dans l'antiquité latine on désignait sous le nom de publicani lesprincipaux représentants de grandes compagnies fermières auxquellesla République romaine confiait, par adjudication, le soin depercevoir dans les provinces ou les colonies de son ressort les portoria (étym., droits sur les ports), c-à-d, les impôtsindirects tels que droits de douane, d'octroi, de péage, etc. Cesfermiers généraux appartenaient à la classe des chevaliers. Ilsoutrepassaient fréquemment les prérogatives qu'ils tenaient de leurscontrats, et commettaient d'odieux abus que favorisaient parfois lacomplicité et la vénalité des gouverneurs provinciaux. L'appellationde publicani fut appliquée abusivement aux agents subalternes(douaniers, péagers, receveurs, contrôleurs) placés sous la directionde ces hauts fonctionnaires, et dont le titre exact était celui de portitores ; il s'en trouvait dans tous les ports, marchés, lieuxde passage des caravanes, zones de trafic, etc., utilisés par lecommerce de l'époque. 2. Sous l'empire, l'État romain se substitua progressivement auxcompagnies fermières et institua dans les provinces et coloniesimpériales des «procurateurs» (procuratores Augusti) chargésd'assurer et de surveiller, pour le compte de César, l'acquittementdes taxes et impôts rentrant dans la catégorie des portoria. Ilsavaient sous leurs ordres des employés qui continuèrent à porter lenom de publicains. 3. Il semble bien que tel ait été, en particulier, le cas des«publicains» ou «péagers» mentionnés par le N.T., et qui exerçaientleurs fonctions dans la Palestine du temps de Jésus. Ceux-ci étaient,pour la plupart, des Juifs qu'avaient séduits les avantages et lesprofits de toute nature attachés à cette situation. Mais en semettant ainsi au service de César ils étaient en scandale à leursconcitoyens, dont le patriotisme s'accommodait mal de la dominationromaine; ils étaient surtout haïs et méprisés à cause des vexations,fraudes et malversations dont ils se rendaient coupables (Lu 3:1219:8), et assimilés à la lie de la population, aux non-pratiquantsde la Loi juive que les Israélites stricts appelaient des «pécheurs»ou des «gens de mauvaise vie» (Mt 9:10 11:19 18:17 21:31,Lu 5:307:34 15:1). C'est pourquoi le Seigneur oppose, dans une parabolecélèbre, un péager repentant à un pharisien orgueilleux (Lu18:10 et suivants); et il faut noter que dans cet évangile de Luc enparticulier les péagers apparaissent sous un jour favorable àl'Évangile (Lu 3:12 5:27 7:29 etc.). Il ressort des documentsévangéliques que Capernaüm, ville de Matthieu (Mt 9:1-9), etplus encore Jérico, ville de Zachée (Lu 19:2), étaientd'importants centres de péage. Ern. M.