PAUL (ses voyages) 4.

IV Le troisième voyage missionnaire. Paul dut passer à Antioche l'hiver 52-53. Il repartit, sans doutedans le courant de l'année, pour un troisième voyage missionnaire. Sil'on en juge d'après le texte occidental (Ac 19:1, ms. D), Paulavait l'intention de parcourir les régions d'Asie Mineure, qu'ilavait déjà évangélisées, et d'aller ensuite à Jérusalem, laissantpour plus tard la réalisation de son projet de séjour à Éphèse. Maisici, une fois de plus, sa volonté propre devait céder à la voix del'Esprit. Son itinéraire est indiqué succinctement, dans Ac18:23, en ces termes: «Il partit, traversant successivement larégion galatique et la Phrygie.» C'est l'ordre inverse de celui du 2e voyage (Ac 16:6), et le «successivement» oblige à y prêter uneattention particulière. Il semble donc que, de Tarse, après avoirfranchi les Portes Ciliciennes, Paul se soit dirigé vers le nord, surla voie de la Cappadoce et de la Galatie. Il peut avoir suivi laroute de Tyana, Mokissos (Justinianopolis) et Tavium ou, depréférence, la voie, pour lui plus directe, de Tyana, Nazianzos,Archelaïs-Colonia, Parnassos et Ancyre. D'Ancyre, Paul aurait gagnéGordium, ou Germa, et, poursuivant ensuite vers le sud, Pessinus,Amorium, Antioche de Pisidie et peut-être Iconium, aux confins de laPhrygie et de la Lycaonie. Son intention était de continuer versJérusalem (Ac 19:1, ms. D) après avoir affermi la foi de tousles disciples (Ac 18:23); mais «l'Esprit lui dit de retourner enAsie» (Ac 19:1, ms. D), ce qu'il fit en passant «par lehaut-pays»: (Ac 19:1) Antioche, Metropolis, Dionysopolis,Éphèse. La route habituelle passait à Colosses et Laodicée, que Paulne connaissait pas encore lorsqu'il écrivait à Césarée, quelquesannées plus tard. Clemen pense que les vallées du Lycus, du Méandreet du Caystre étaient inondées, comme cela arrive presque chaqueannée, par les pluies d'automne. Paul resta à Éphèse de la fin de 54 au début de 57. Éphèse étaitla capitale de la province romaine d'Asie, cité antique etflorissante située à l'embouchure du Caystre, à environ 5 km. de lamer (voir Ephèse). Selon son habitude, Paul, dès son arrivée àÉphèse, se mit à prêcher dans la synagogue. Il réussit à faire, sansdoute, un certain nombre de prosélytes, et même à exercer sur lacolonie juive une action étendue, jusqu'au moment où quelquesirréductibles se liguèrent contre lui et travaillèrent à lui aliénerla foule (Ac 19:8). Pressentant des événements semblables à ceuxqui s'étaient passés ailleurs, et qui l'avaient obligé à partir, Pauljugea plus sage de se retirer avec les frères gagnés complètement auChrist. Il obtint d'un certain Tyrannus, directeur d'une école etsans doute professeur de grammaire et de philosophie, une salle degymnase. Les cours avaient lieu habituellement le matin, jusqu'à 11heures, et Paul pouvait disposer du local dans l'après-midi. Unerecension postérieure spécifie que Paul enseignait chez Tyrannusentre 11 h. et 4 heures; Clemen estime que l'auteur de cette glosepeut être tombé juste. L'activité de Paul à Éphèse paraît avoir été intense et toutaussi étendue qu'à Corinthe. L'apôtre se dépensa sans compter. Lebref récit des Actes donne un aperçu un peu confus, et certainementincomplet, de ses occupations nombreuses et variées. Le discoursqu'il adressa aux anciens d'Éphèse, à Milet, et quelques passages desépîtres permettent de compléter heureusement ces détails. Paul exerça son métier de fabricant de tentes (tailleur de tentesen cuir, bourrelier, d'après Chrysostome, Théodoret, Nestlé, Zahn,Preuschen, etc.); il travaillait sans doute chez Aquilas. Ilenseignait chaque jour chez Tyrannus. Il allait indifféremment auxJuifs et aux Grecs, se donnant tout entier et offrant le spectacled'un homme entièrement consacré à sa vocation (Ac 20:19,21). Ilrestait en relations suivies avec les Églises qu'il avait fondées. Ilécrivit une lettre aux Galates et plusieurs lettres aux Corinthiens,dont celle qui nous est parvenue comme étant la première, mais qui,en réalité, est la seconde. Paul vit donc s'ouvrir devant lui,suivant ses expressions, «une porte grande et puissante» (1Co16:9). Son influence devint telle qu'il se trouva des magiciens pouressayer de la capter à leur profit; il leur arriva une mésaventurequi accrut la popularité de Paul; plusieurs de ceux qui s'adonnaientà la magie apportèrent des livres d'incantations, dont on fit un tasque l'on brûla (Ac 19:13-20). Paul rencontra aussi de très graves difficultés. Les adversairesétaient nombreux (1Co 16:9). Paul fut sans doute emprisonné àÉphèse, bien que les Actes n'en fassent pas mention. Il écrit auxCorinthiens, peu après son départ d'Éphèse, qu'il a été en prisonbeaucoup plus que tous les autres prédicateurs de l'Évangile (2Co11:3). Or, les Actes ne mentionnent jusque-là que quelques heuresd'emprisonnement à Philippes. La durée du séjour de Paul à Éphèse etla violence des oppositions qu'il y rencontra sont déjà uneprésomption favorable en faveur de l'hypothèse d'une captivitééphésienne. Clément de Rome, dans son ép. aux Cor. (5:6), spécifieque Paul fut captif 7 fois. Une tradition moins sûre précise que l'unde ces emprisonnements eut lieu à Éphèse (prologue marcionite deCol.). Une tradition locale, moins sûre encore, désigne comme laprison de Paul un vieux fort situé sur le mont Péon, au Sud d'Éphèse.On doit mentionner ici un texte obscur de 1Co 15; au verset 32Paul écrit: «Si c'est selon l'homme (dans des vues purement humaines)que j'ai combattu les fauves à Éphèse, à quoi bon!» La plupart descommentateurs entendent l'expression: «j'ai combattu les fauves» ausens figuré (lutte contre Satan, les autorités romaines, lesadversaires de Paul: Juifs implacables, païens enragés, faux frères,etc.). J. Weiss fait remarquer justement que le terme grec doit êtrepris au sens propre, comme partout ailleurs. Le seul exemple de sensfiguré que l'on cite, dans Ignace, n'est que le développement de lapensée d'un supplice réel que l'auteur vient d'envisager. Mais sil'on prend l'expression au sens propre, comment expliquer que Paulait pu sortir vivant d'une lutte avec les fauves? Dans les cas trèsrares où les condamnés n'étaient pas dévorés par les fauves, ilsétaient exécutés immédiatement après. D'autre part, la condamnation ad bestias aurait privé Paul de son droit de citoyen romain. Ilne reste plus qu'une solution, indiquée par J. Weiss et reconnue parLietzmann comme grammaticalement possible: c'est de donner à ladéclaration de Paul un sens hypothétique: «Si j'avais été amené àcombattre les fauves», dit l'apôtre; et s'il le dit, il va de soiqu'il ne saurait s'agir d'une supposition vaine, mais d'une menacequi a failli se réaliser: Paul, arrêté et emprisonné à Éphèse, s'esttrouvé sous le coup d'une accusation qui a failli entraîner pour luile martyre sous la dent des fauves. Il fut acquitté par miracle. Sansdoute fait-il allusion à ces événements et à d'autres semblables,lorsqu'il écrit aux Corinthiens qu'il a même désespéré de lavie (2Co 1:8). J. Weiss suppose que l'emprisonnement et lamenace de condamnation doivent être mis en relation avec l'émeute deDémétrius. Mais la date de composition de 1Co s'y oppose. C'est bienavant, peut-être vers le milieu du séjour à Éphèse, que cesdifficultés, dont l'issue aurait pu être aussi tragique, se sontproduites. Ces grandes épreuves et ces dangers terribles ont une importanceréelle au point de vue du développement de la pensée de Paul. Nonqu'il ait compris seulement alors qu'il pouvait mourir, et modifié,sous le coup de l'émotion, son eschatologie. La preuve en est que1Co 1 mplique une notion de la parousie qui ressemble encore àcelle de 1 et 2 Thess, (voir art. sur ces ép.). Mais le nouveauproblème capital de la nature de la résurrection est posé. Dansl'espace de quelques mois qui sépare 1 et 2 Cor., Paul, méditant surtant d'expériences graves, sent monter du fond de sa consciencereligieuse une conviction qui s'impose à lui; elle ne porte plus,comme la précédente, la marque des préjugés du temps; elle parle àtoute âme humaine, elle vaudra toujours: «Les choses visibles ne sontque pour un temps; les invisibles sont éternelles. Si notre demeureterrestre, qui est une tente, est détruite, nous avons dans le cielune demeure éternelle qui n'est pas faite de main d'homme, mais quiest l'oeuvre de Dieu» (2Co 4:18 5:1). Dans 1 Cor., Paul écrit qu'il pense rester à Éphèse jusqu'à laPentecôte. Sans doute fut-il obligé par les événements d'écourter sonséjour et de partir pour la Macédoine plus tôt qu'il ne l'avaitpensé. Au mois de mai, chaque année, avait lieu la grande fêted'Artémis. Des milliers de pèlerins venaient alors de la province, etmême de l'Egypte. Il se faisait autour du sanctuaire un commerceconsidérable. Les marchands vendaient aux dévots des reproductions enminiature du temple, en bois, en ivoire, en argent. La fabrication deces objets de piété employait une foule d'ouvriers. C'était une desprincipales industries de la ville. Or, cette année, les commerçantss'aperçurent que leur commerce rendait moins que les annéesprécédentes. Un orfèvre, Démétrius, qui avait sans doute eu maille àpartir avec Paul, essaya de le représenter comme le grand responsablede cette crise. Sa haine dépassait la réalité présente, mais lerendait perspicace plus qu'il ne pensait peut-être lui-même. Un tempsviendrait où l'Évangile de Paul détruirait toute son industrie.Démétrius réussit à fomenter un soulèvement. La foule se rendit authéâtre, criant: «Grande est l'Artémis des Éphésiens!» (Ac19:23 et suivants). Deux Macédoniens, Aristarque et Gaïus,compagnons de Paul, furent saisis et traînés au théâtre. Paul,apprenant ce qui se passait, voulut intervenir. Mais les fidèles etmême des magistrats romains qu'il avait pour amis, les Asiarques,l'en dissuadèrent. Le tumulte tomba rapidement comme il s'étaitproduit. Après l'intervention, sans doute intéressée, mais fort malaccueillie, d'un Juif du nom d'Alexandre, et alors qu'une partie dela foule commençait probablement à se fatiguer d'être là à crier sanssavoir pourquoi, le grammateus, président habituel des assembléesdu peuple, fit une apparition opportune. En un petit discours forthabile, il donna raison à tout le monde, fit allusion à uneintervention possible des Romains, si le trouble se prolongeait, etcongédia l'assemblée. Si la majorité de la foule, n'ayant rien compris à l'affaire, seretira satisfaite, il n'en fut pas de même pour les ennemis de Paul,qui voyaient ainsi disparaître une occasion de se défaire de lui.Sans doute tramaient-ils contre lui un nouveau complot. La situationdevenait intenable, l'apôtre se décida à partir plus tôt qu'iln'avait pensé, avant la Pentecôte de l'année 57. D'Éphèse, Paul se rendit en Macédoine, où il resta sans doutequelque temps, visitant les Églises et adressant aux fidèles denombreuses exhortations (Ac 20:2). C'est de là qu'il écrivitprobablement 2Cor., pendant l'été de 57. Cette épître (voir art.)suppose une visite à Corinthe, non mentionnée par le livre des Actes.2Co 2:1 permet de croire que cette visite avait été pénible.Paul ne voudrait pas en faire une autre du même genre. Cette visitepénible ne peut pas être le premier séjour à Corinthe, au coursduquel Paul enregistra de grands succès. D'autre part, la visite quePaul annonce aux Corinthiens dans la seconde épître doit être latroisième, ainsi que l'indiquent plusieurs passages (cf. 2Co 12:1413:1 2:1). Comment situer ce voyage? Certains auteursont supposé qu'il avait été fait d'Éphèse avant la composition de lapremière épître (Reuss, B. Weiss, J. Weiss, Zahn). Mais cette lettrene renferme aucune allusion à ce voyage;--16:7 veut dire simplementqu'après avoir eu l'intention de ne leur faire qu'une courte visite,Paul a décidé de voir les Corinthiens plus longuement et de séjournerchez eux. D'autres auteurs estiment plus justement que le voyage enquestion a été effectué d'Éphèse après la rédaction de la 1re épître(Weizsäcker, Pfleiderer, Jülicher, Godet, Goguel). Quand Paul écrit la première épître canonique, en réalité laseconde en date de ses lettres aux Corinthiens, il pense venirprochainement à Corinthe, pour prendre des mesures graves (cf. 1Co5:9 4:21 11:34). Il est naturel de supposer que cette visitefut faite, qu'elle fut pénible, mais qu'elle ne porta pas les fruitsescomptés par Paul. Elle peut avoir eu lieu pendant l'été del'année 56. Elle dut être brève et décevante. De Corinthe, Paul gagnala Macédoine, où il resta peu de temps. Il aurait voulu repasser àCorinthe avant de revenir à Éphèse; mais, n'ayant point obtenu cequ'il désirait, il évita l'Achaïe. (cf. 2Co 1:15 et suivant) Deretour à Éphèse, Paul écrivit une troisième lettre aux Corinthiens,une lettre de reproches, qu'il fit porter par Tite (2Co 2:12 etsuivant 7:6, 8). Lorsque Tite revient, Paul, qui l'avait attendu àTroas, est en Macédoine. C'est de Macédoine que l'apôtre écrit saquatrième lettre aux Corinthiens (la deuxième canonique), pendantl'été de 57. Les Actes nous apprennent que, dès son séjour à Éphèse, Paulavait formé le projet d'aller à Jérusalem, en traversant la Macédoineet l'Achaïe. «Quand j'aurai été là, se disait-il, il faut aussi queje voie Rome» (Ac 19:21 et suivant). Paul fit en Macédoine un séjour assez long. Il parcourut lacontrée, adressant des exhortations nombreuses aux fidèles (Ac 20:2).D'autre part, Ro 15:19 mentionne que Paul a prêché depuis Jérusalemet «en cercle» jusqu'en Illyrie, c'est-à-dire, assurément, beaucoup plusau Nord-O, que Thessalonique ou Bérée, qui sont au coeur de laMacédoine. On ne voit pas d'autre moment de la carrière de Paul oùsituer ce voyage. Peut-être l'apôtre a-t-il alors suivi la voieEgnatia, de Thessalonique jusqu'à Dyrrachium, en passant parLychnidas. Dyrrachium, terminus à l'Ouest de la voie Egnatia, étaitsur les confins de la Dalmatie, partie méridionale de l'Illyrie;mais, suivant l'administration impériale au temps de Paul, encore enMacédoine. Au temps des guerres puniques, l'Illyrie s'étendait plusau sud, jusqu'à l'Épire. Les désignations régionales courantesavaient sans doute moins varié que les divisions administratives. Iln'est donc pas indispensable de supposer que Paul soit monté plus aunord, vers Scodra (Scutari), Épidaure ou Salone. Si Paul est venujusqu'à Dyrrachium, il paraît probable qu'il gagna de là Corinthe parmer, peut-être en faisant escale à Nicopolis, en Épire, où il devaitplus tard hiverner (Tit 3:13). Il longea ainsi l'une des côtesles plus pittoresques d'Europe, avec les sites harmonieux de Corcyre(Corfou) et le parcours grandiose du canal corinthiaque. La quatrième lettre de Paul aux Corinthiens avait produit lerésultat cherché. Paul put faire à Corinthe le séjour depuislongtemps projeté; il y resta trois mois et en repartit un peu avantla Pâque de l'année 58. C'est de là qu'il écrivit l'épître auxRomains, après les grandes luttes, dans le calme de la victoire. Carte: 3° Grand Voyage Départ d'Antioche pour parcourir successivement le pays galatiqueet la Phrygie.--Itinéraire (Ac 18:23) suggéré: Antioche, Tarse,Portes Ciliciennes, Tyana, Archelaïs Colonia, ou peut-être Tyana,Mokissos (=Justinianopolis; carte: Justiniano,), Ancyre, Gordium,Germa, Pessinus, Amorium, Antioche.--Paul se rend à Ephèse par lehaut pays.--Séjour (Ac 19:1) à Éphèse.--Ce (Ac 19:1,41)séjour dut être coupé par un voyage à Corinthe avec retour par laMacédoine.--Départ (2Co 2:1 1:15) d'Ephèse pour la Macédoine,par Troas.--Ici (Ac 20:1,2Co 2:12), probablement, traversée dela Macédoine jusqu'aux confins de l'Illyrie, par la voie Egnatia, deThessalonique à Dyrrachium.--De (Ro 15:19) Dyrrachium àCorinthe, par mer.--Séjour de trois mois à Corinthe.--De (Ac20:3) Corinthe en Macédoine, par la voie deterre.--Embarquement (Ac 20:3) à Néapolis, port de Philippes,pour Troas.--De (Ac 20:4,12) Troas à Assos, parterre.--Assos (Ac 20:13 et suivant), Mitylène, Chio, Samos,Milet.--Milet (Ac 20:14-38), Cos, Rhodes, Patara, Tyr,Ptolémaïs, Césarée.--Arrivée (Ac 21:8-11) à Jérusalem (Ac21:15-17). Les Juifs n'avaient pas désarmé. Leurs embûches obligent Paul àfaire un grand détour pour se rendre à Jérusalem. Au lieu de prendrela voie directe par mer, vers la Syrie, il monte par la. voie deterre, vers la Macédoine, sur des routes et parmi des sites célébréset consacrés déjà par dix siècles d'histoire et de poésie. Il passeainsi d'un casier à l'autre de cet échiquier montagneux qu'est laGrèce, et c'est une gloire humaine que soulève chaque pas du pèlerinde l'éternité: Eleusis, Thèbes, les Thermopyles, Pharsale, l'Olympe,la vallée de Tempe. Paul désirait être à Jérusalem pour la Pentecôte,y remettre le produit d'une collecte, puis réaliser son vaste projetde voyage à Rome et dans l'Occident, jusqu'en Espagne (Ro 15:22et suivants). L'itinéraire que lui imposait une prudence avertie étaitbeaucoup plus long. Il n'avait pas de temps à perdre, et c'est parétapes rapides que se fit le voyage. Il s'arrêta dans sa chère Églisede Philippes pour y passer la Pâque (Ac 20:6). Tychique etTrophime l'avaient devancé à Troas, où il les rejoignit bientôt, avecLuc. C'est en effet à partir de Philippes que reprennent les«fragments nous» (Ac 20:5). Paul resta une semaine à Troas; il ytint une réunion coupée par l'accident d'Eutyche et sa guérisonmiraculeuse (Ac 20:7-12). De Troas à Assos, Paul fit la route àpied, tandis que ses compagnons prenaient la voie de mer (Ac20:13). D'Assos, ils firent voile ensemble pour Mitylène, la villeet le port le plus important de Lesbos, où ils relâchèrent (verset14). De là, le navire mit le cap sur Chio, où il jeta l'ancre pour lanuit. Il arrivait le lendemain à Samos, et le jour suivant à Milet,où eut lieu une rencontre émouvante avec les anciens d'Éphèse, Pauln'ayant pas le temps de monter jusqu'à eux (verset 15,38). De Milet,ils firent voile vers Cos, Rhodes et enfin Patara, sur la côtelycienne (Ac 21:1). Le navire n'allait pas plus loin; mais unautre était en partance pour la Phénicie. Les missionnaires leprirent, et le navire, laissant Chypre à sa gauche, cingladirectement vers Tyr. Le navire y déchargeait sa cargaison avant decontinuer vers Césarée. Paul et ses compagnons attendirent donc etfurent reçus par la communauté chrétienne de Tyr. Ils repartirent 7jours après, accompagnés jusqu'au rivage par les fidèles (verset4,6). Ils relâchèrent un jour à Ptolémaïs, où Paul put visiter lesfrères, et arrivèrent enfin à Césarée, où ils demeurèrent plusieursjours (Ac 21:10). Le voyage, à la faveur d'un concours heureuxde circonstances, s'était effectué très rapidement. Paul décidad'attendre les approches de la Pentecôte avant de monter à Jérusalem.Il ne se souciait pas d'être entravé dans ses vastes projets par lescomplots qu'on lui prédisait, et dont, à Césarée même, Agabus, venude Judée, lui annonça l'imminence. La prophétie devait en effet seréaliser, mais un peu différemment. Toujours est-il que Paul ne selaissa pas arrêter et monta à Jérusalem (Ac 21:15).