Nos versions françaises n'ont ce mot que dans le N.T., en troispassages (Lu 23:43,2Co 12:4,Ap 2:7). L'hébreu pardès dérivelui-même du vieux persan pairidaêza et signifie «enclos»,«jardin». Dans la littérature juive tardive et les écrits chrétiens,ce terme est employé pour désigner le séjour des morts bénis.I Ancien Testament. Le mot pardès, employé trois fois (Ne 2:8,Ec 2:5, Ca4:12), n'a d'autre sens que celui de jardin, parc ou verger. DansEze 31, bien que le terme de paradis ne paraisse pas, le jardind'Éden (voir ce mot) ou jardin de Dieu, dont il est question àmaintes reprises, devient le lieu où se retrouvent les défunts.Semblables allusions prouvent que, déjà à cette époque, avant mêmeque le jardin d'Eden et le séjour des morts ne soient appelésparadis, une évolution s'est faite dans les idées sur l'au-delà.II Littérature apocalyptique juive. 1. Les plus anciens écrits de ce genre où il soit question du paradissont certaines parties du livre d'Hénoch éthiopien remontant au II°siècle av. J.-C. On y voit que seuls deux hommes, Hénoch et Élie,furent admis au «paradis» (Hén. éthiop. 87:3 89:52). 2. Au I er siècle av. J.-C, le paradis est conçu comme le séjourtemporaire des justes et des élus (Hén. éth. 61:12 70:2 60:8). Dansles Similitudes du livre d'Hén. éthiop. (ch. 37-70), qui datentégalement de cette époque, l'auteur montre les justes passantdirectement du paradis au Royaume messianique. 3. Au I er siècle de l'ère chrétienne, deux conceptions se partagent lesesprits: 1° Le paradis est le séjour définitif des justes(Hén. slav. 8 42:3, 5, Pseudo-Esdras 7:36,123); parfois il estconfondu avec le ciel (voir ce mot); c'est d'ailleurs l'idée la plusrépandue. 2° Le paradis n'est que le séjour temporaire desjustes (ainsi, semble-t-il, dans le livre des Jubilés). Dans laconception rabbinique de l'univers, on peut dire que d'une façongénérale le paradis est la demeure des morts bénis. C'est là que setrouve l'arbre de vie, et les justes y vivent en fête. Là géhenne etle paradis sont, dit-on, proches l'un de l'autre et séparés seulementpar une largeur de main. Certains rabbins parlent d'un paradis endeux parties, l'une dans le cheol (voir ce mot), l'autre dans leciel, ce qui s'harmoniserait avec l'opinion que les justes monterontdu paradis d'en bas au paradis céleste. En résumé, le judaïsme n'apas formulé de théorie précise relative au paradis.III Nouveau Testament. D'après les trois passages où se trouve le mot gr. paradeïsos, leparadis est: 1° la demeure des bénis, dans le séjour desmorts (Lu 23:43); 2° l'une des divisions du troisième ciel, sorte deséjour temporaire pour les justes (2Co 12:4); 3° le lieu définitif où vivront les justes (Ap 2:7).IV La pensée protestante. Le catholicisme romain, on le sait, donne des précisions multiplesquant au sort des âmes des bienheureux. Le protestantisme, imitant encela la discrétion des écrits du N.T., s'est généralement refusé àdécrire minutieusement le paradis, estimant que ce ne serait là qu'untravail de pure imagination, sans grand profit pour la piété. Edm. R.