ORPHELIN

Dans l'A.T, il est fréquemment question d'orphelins. L'hébreu yathôm a un sens plus étroit que notre mot français: nousl'entendons d'un enfant qui a perdu père ou mère, ou les deux, tandisque les Israélites désignaient ainsi exclusivement celui qui n'a plusde père. (cf. Ex 22:24,La 5:3) La loi de l'A.T., surtout le code deutéronomique, recommandaitl'orphelin, ainsi que la veuve (voir ce mot), à la bienveillance dela communauté. Non seulement la loi interdit de porter atteinte à sesdroits (De 24:17 27:19) mais, passant du domaine de la justice àcelui de la charité, elle invite l'Israélite aisé à laisser pourl'orphelin--comme pour la veuve--au temps des récoltes, une gerbedans le champ, des olives sur les oliviers, et des grappes sur lesceps. En outre, tous les trois ans, une dîme supplémentaire, dîme decharité, avait pour but de donner à l'orphelin, ainsi qu'à la veuveet à l'étranger, une occasion de se rassasier et de seréjouir (De 26:12 et suivant). L'homme intègre avait égard à lacondition de l'orphelin (Job 29:12 31:17,21,Pr 23:10, Sir4:10 etc.), et l'Israélite aimait à considérer son Dieu comme lePère des orphelins (Ps 10:14-18 68:6,Jer 49:11, Sir 35:17).Souhaiter que des enfants devinssent orphelins, c'était prononcer uneterrible malédiction (Ps 109:9). Bref, l'orphelin ainsi que laveuve et parfois l'étranger étaient les types mêmes des misérables,victimes de la société, sans appui ni recours naturel (Esa1:17,23,Jer 7:6,Za 7:10,Mal 3:5, 2Ma 3:10 8:28-30, Lettre deJérémie 38, etc.). Le N.T. emploie deux fois le terme d'orphelin (gr. orphanos) Dans Jas 1:27 orphelins et veuves représentent, comme dans lesderniers textes cités de l'A.T., les pauvres gens matériellement etmoralement abandonnés: le croyant prouvera la réalité de sa«religion» en les visitant pour leur porter secours. Dans Jn14:18, la promesse de Jésus à ses disciples, lors des adieux de lachambre haute: «Je ne vous laisserai point orphelins», prend cedernier terme au sens de: privés de votre chef, de votre Maître. (cf.La 5:3) Cette tendre comparaison continue celle par laquelleil a commencé ces entretiens suprêmes: «mes petits enfants» (Jn13:33). Elle répond aux appels éplorés de ces «petits enfants»devant l'annonce de la séparation cruelle; de Pierre: «où vas-tu?» deThomas: «...le chemin!» de Philippe: «...le Père!» Et Jésus leurgarantit qu'il ne les laissera point orphelins, puisqu'en «venant àeux», par l'Esprit, il leur révélera leur destinée, leur chemin, leurPère. On lit dans le Manuel du Stoïcien Epictète: «Aucun des hommesn'est orphelin, car il existe un Père qui, en tout temps etconstamment, s'occupe d'eux tous» (III, 24:15).