(hébreu zaïth, gr. élaïa) 1. L'olivier et son fruit sont cités une cinquantaine de fois dansla Bible. C'est l' olea Europoea L., de la fam. des Oléacées,probablement originaire de Syrie et d'Anatolie, mais introduit depuisune haute antiquité sur tout le pourtour de la Méditerranée. Ilapparaît, comme le figuier, dès les premières pages de la Bible: lacolombe en rapporte un rameau à l'arche (Ge 8:11). C'est unarbre d'assez grandes dimensions qui dans les pays chauds peutatteindre jusqu'à 16 m. de haut, mais dont la croissance est trèslente et dont le bois jaune veiné de brun est très dur, susceptibled'un beau poli. Tronc rugueux, noueux, à écorce grisâtre; feuillesopposées, longues, étroites, coriaces, persistantes, d'un vert sombreen dessus, cendrées et couvertes de poils en écusson en dessous;fleurs petites, blanchâtres, en grappes axillaires, légèrementodorantes; fruits en baies, ou drupes, variables de forme et devolume, ordinairement ovales, de la grosseur d'un gland, violetverdâtre à la maturité; leur saveur âcre et désagréable est adouciedans la saumure. Les olives, qu'on récolte vertes à la fin de l'étéou mûres au milieu de l'automne, entrent dans l'alimentation, maisservent surtout à la fabrication de l'huile (voir ce mot, et Onction). Accommodant pour la nature du sol, l'olivier prospère mieux dansles terrains calcaires secs et pierreux, (cf. De 32:13) abritéset ensoleillés; la Judée et la région de Jérusalem lui offrent doncun sol particulièrement favorable. Il est d'ailleurs très commun enPalestine, au-dessous des altitudes de 700 à 800 m.; il n'est guèrede village qui ne s'entoure d'oliveraies; les plus belles plantationsse trouvent dans les anciennes régions de Phénicie et Philistie, deSichem, les environs de Jérusalem, de Bethléhem et d'Hébron. Ellesétaient encore plus nombreuses jadis en Canaan: les pressoirs enruines qui parsèment le pays, comme les fréquentes allusionsbibliques, l'attestent clairement. Le Talmud cite ce proverbe:«Il est plus aisé de lever une légion d'oliviers en Galilée qued'élever un enfant en Palestine». (cf. Ps 128:3) On juge de quel prix inestimable était cet arbre pour le fermierpalestinien: les olives lui procuraient nourriture, base de lacuisine, remède, lumière, parfum (l'huile d'olive de Judée futpendant des siècles article d'exportation); le bois était utilisédans l'ébénisterie de luxe; (cf. 1Ro 6:23) les branchessuperflues servaient de combustible. Aussi l'olivier est-il cité lepremier dans la célèbre fable des arbres qui cherchent un roi, avantle figuier et la vigne (Jug 9:8 et suivant); les anciensl'appelaient en effet «le premier des arbres». Il est plusieurs foismentionné parmi les principales ressources agricoles du pays (Am4:9,Mic 6:15,Hab 3:17,Ag 2:19, Sir 24:14, cf. Jas 3:12).Le droit de glanage des olives était accordé aux pauvres (De24:20). Mais la culture de l'olivier exige une longue et attentivediscipline: il faut attendre plusieurs années avant de le taillerpuis de le greffer; au début, l'arrosage est indispensable, ainsi quede fréquents bêchages ou labours (plusieurs par an); souvent aussil'on y met de l'engrais. La loi juive prévoyait sa mise en jachère,comme pour la vigne, pendant l'année sabbatique (Ex 23:11). Cen'est qu'au bout de 15 à 19 ans que l'arbre atteint sa pleine valeur.Mais ensuite il peut durer des siècles, à la condition toutefoisd'une culture toujours attentive, car il souffre de l'humiditépersistante et des grands froids, des atteintes de divers insectesqui font tomber les fruits, et de redoutables parasites végétauxcomme la fumagine, champignon de poussière noire. Tant de soins nécessaires développent dans une société laprudence, la prévoyance, des habitudes industrieuses, l'amour de lapaix. «L'olivier est l'un des éducateurs de l'humanité sur la voie dela civilisation.» (Fischer). Aussi les peuples antiques de làMéditerranée en ont-ils fait le symbole de!a paix et des vertusciviques: après la défaite d'Annibal par Scipion, les Carthaginoisqui vinrent implorer la clémence du Romain étaient portés sur unnavire tout couvert d'oliviers. Les poètes et prophètes de l'A.T, ontvu en cet arbre l'image de la santé, nationale ouindividuelle (Os 14:6,Jer 11:16,Ps 52:8), et aussi de labeauté (Sir 24:14 50:10). Pour son triomphe, Judith secouronne de rameaux d'oliviers ainsi que ses compagnes (Jug15:13); de même les vainqueurs des jeux olympiques recevaient une couronne faite d'un rameau de l'arbre sacré, coupé par unadolescent avec une lame d'or. Dans la vision de Zacharie (Za 43,11,14), deux oliviers (ou branches d'olivier) représentent deuxoints de l'Éternel, le prince et le prêtre (Zorobabel et Jéhosua); cepassage est imité dans la vision de (Apo 11:4). L'abattage des olivesest par contre le symbole des châtiments de l'Éternel (Esa 17:624:13). Les oliviers les plus célèbres sont ceux des pentes du mont desOliviers, en face de Jérusalem, déjà cités dans 2Sa 15:30,Za14:4, puis dans le N.T. (Mr 11:1,Mt 24:3 26:30,Lu 19:29,37;dans Ac 1:12, Deissmann lit: montagne dite de l'Oliveraie). Lesexemplaires extrêmement anciens qu'on visite aujourd'hui à Gethsémané(fig. 96-98) passent dans les explications des guides pour avoir ététémoins de l'agonie du Sauveur (Mt 26:30,36 et suivants); maisbien qu'ils soient en effet séculaires, il est fort peu probablequ'ils aient dix-neuf siècles. 2. L'olivier sauvage (hébreu éts chèmèn, gr. agrié-laïos) estl' olea Europoea L. var. silvestris DC, ou olea oleaster L. Il se distingue de l'arbre cultivé par son fruit plus petit, dontla chair est moins épaisse, et par les épines qui terminent sesrameaux. Il existe aujourd'hui dans une vaste région à l'Est et àl'Ouest de la Syrie, depuis le Pendjab et le Béloutchistan jusqu'auPortugal, à Madère, aux îles Canaries, au Maroc, et depuis l'Atlasjusqu'au Midi de la France, à l'ancienne Macédoine et au Caucase. Nosversions françaises le désignent aussi du nom d'olivier, maisl'hébreu et le grec de nos textes le distinguent nettement: Salomonfit en bois d'oleaster deux chérubins et une porte à deux battants àl'entrée du sanctuaire (1Ro 6:23,31,33); l'Éternel promet à sonpeuple de mettre dans le désert le cèdre, l'acacia, le myrte etl'oleaster (Esa 41:19). Néhémie, lors de la fête desTabernacles, fait chercher à la montagne des rameaux d'oliviercultivé et d'olivier sauvage (Ne 8:15). L'apôtre Paul, dans un développement allégorique dont le sensprécis n'a pas encore été tout à fait élucidé, fait de la greffe del'olivier une figure de la vocation des Gentils, qui ont été entésdes branches de l'olivier sauvage sur l'olivier franc, c-à-d, sur letronc d'Israël (Ro 11:17-24). L'application spirituelle de cettecomparaison est claire par elle-même; la greffe est un procédéinverse de celui qu'indique ici l'apôtre: c'est la branche d'olivierfranc qui est entée sur le tronc d'olivier sauvage. Aussi les savantsse divisent-ils sur ce point: 1° d'après les uns, saint Paul se seraitgrossièrement trompé en empruntant une image à une technique qu'ilaurait mal connue; 2° pour d'autres, il aurait sciemment interverti le procédé pour faireentendre que la grâce de Dieu peut opérer dans le domaine spirituelune rénovation que l'homme est incapable de provoquer dans le domaineagricole; 3° on a enfin affirmé que ce procédé interverti sepratique pourtant en certains cas exceptionnels, auxquels l'épîtreferait allusion. (Voir entre autres W. Ramsay, Pauline Studies, étude IX, qui défend vigoureusement la troisième hypothèse, et W.Ewing dans DB, art. Grafting, qui, à la suite du commentaireSanday-Headiam sur l'épître aux Rom., soutient l'hypothèse précédente.)Ch.-Ed. M. et Jn L.