Premiers mots et titre latin liturgique du cantique de Siméon,(Lu 2:29-32) d'après la Vulgate: nunc dimittis servum tuutn, Domine =maintenant tu laisses aller, Seigneur, ton serviteur, etc. Ce cantique, prononcé par un pieux Juif de Jérusalem (voirSiméon, S), lorsqu'il a pris dans ses bras l'enfant Jésus présentépar ses parents au Temple, consiste en une phrase unique d'action degrâces adressée à Dieu: 1° remerciement au Seigneur qui le laisse aller(grec apolueïn), litt, le congédie, le relève de son poste aprèsson temps de garde; il s'agit évidemment de la retraite d'une mortprochaine, mais ce sera pour lui l'entrée dans la paix; 2° motif de cette paix: en la personne duSauveur (Il ne dit rien de l'enfant comme tel) il voit, suivant lapromesse divine (voir verset 26), le salut de Dieu; 3° caractères de ce salut: préparé d'En-haut,destiné à tous les peuples, lumière qui ôtera le voile couvrant lespaïens, gloire du peuple d'Israël porteur de ce salut. --De même que Marie avait célébré surtout le Messie Roi(Lu 1:46-55;voir Magnificat) et que Zacharie avait célébrésurtout le Messie Prêtre (Lu 1:67,79;voir Benedictus), de mêmeSiméon célèbre surtout le Messie Prophète, en termes inspirés commeces deux autres chants de passages de l'A.T, (voir Bible àparallèles), et comme eux il annonce la gloire d'Israël, l'honneurfait par le Dieu Sauveur à son peuple alors méprisé, tout enproclamant que ce salut est universel. Belle préface à l'Évangile,incomparablement supérieure au judaïsme du temps, qui, dans lesPsaumes de Salomon par exemple, ne destinait aux païens ni «salut»,ni «lumière», mais seulement le «jugement», c'est-à-dire lacondamnation. Le Nunc dimittis, bel hymne de paix, entra dès le V e siècledans les liturgies chrétiennes. Pour les catholiques, c'est un chantdu soir (à complies, dernière heure des prières quotidiennes), quiinvite les fidèles à vivre chaque journée comme la dernière de leurvie, reconnaissants pour le salut de Dieu en Jésus-Christ, et prêts àpartir en paix vers lui. Quelques Églises épiscopales etpresbytériennes le font entendre à l'issue des services funèbres. EnEcosse et très souvent en France les protestants le chantent après lacélébration de la sainte Cène. C'est Marot qui le traduisit en versfrançais parmi les cinquante qu'il publia dès 1540; révisé plus tard,il resta populaire chez les Huguenots, qui le chantèrent au prêche,au Désert, en prison, sur les galères. Il fut quelquefois le premiermot des convertis de la Réforme: «Mes yeux ont vu ton salut...», etfréquemment le dernier cantique des saints sur leur lit de mort:«Laisse-moi désormais,--Seigneur, aller en paix...» --L'expression nunc dimittis s'emploie proverbialement commeallusion à la grande joie d'une très chère espérance enfin réalisée,qui permet de mourir en paix.Jn L.