MÛRIER

(hébreu bâcâ, grec sucaminos). Le mot hébreu, qui est un nompropre dans l'épisode de 2Sa 5:23 et suivant parallèle 1Ch14:14 et suivant, a été traduit poirier (pirus) par la Vulgate,et pleurs (klauthmôn) par les LXX, à cause de la ressemblance de bâcâ avec le verbe bâcâh (=pleurer);voir Baca. Pourexpliquer cette ressemblance, beaucoup d'auteurs modernes y voientquelque arbre balsamique, laissant couler des larmes de baume;certains y voient le peuplier tremble (voir Peuplier), la plupart lemûrier. C'est aussi le mûrier qui est désigné dans Lu 17:6, commedans les écrits et les papyrus du temps, par le terme grec sucaminos, malgré sa ressemblance trompeuse avec le nom dusycomore (voir ce mot); précisément le mûrier est un des arbres lesplus faciles à déraciner, ce qui est une pratique courante enPalestine pour le porter à la ville comme bois de chauffage: en cecas comme en d'autres, le Seigneur aura tiré parti d'une coutumeconnue de ses auditeurs pour donner un enseignement imagé, pousséd'ailleurs jusqu'à l'hyperbole: «Si vous aviez la foi gros comme ungrain de moutarde, vous diriez à ce mûrier: Déracine-toi, et va teplanter dans la mer, et il vous obéirait.» Les mûriers, fam. des Moracées, sont des arbres ou desarbrisseaux à suc laiteux, à feuilles alternes, entières ou à 3lobes, dont les fleurs sont groupées en épis allongés (chatons mâles)ou courts (femelles). L'ovaire mûr est un akène sec, mais lepérianthe devient charnu et les fruits s'agrègent en un fruit charnu,la mûre (sorose), qu'il ne faut pas confondre avec le fruit de laronce (rubus), d'une tout autre structure. Les plus importantes espèces de mûriers sont: morus nigra L., mûrier noir, originaire de laPerse, qui peut atteindre 13 m., à feuilles caduques, grandes,cordiformes, rudes en dessus, pubescentes en dessous, dont les fruitssont verts, rouges, puis noirs, luisants, comestibles; morus alba L., mûrier blanc, originaire de laChine, qui peut atteindre une très haute taille et a été introduitdans l'Europe méridionale avec le ver à soie au XII e siècle; c'esten effet l'arbre de la sériciculture. Il est moins rustique que leprécédent. Les feuilles sont ovales, cordées, lisses en dessus, peupubescentes en dessous, vert clair sur les deux faces. Le fruit variedu jaune au rosé et au rouge foncé. Le bois est très estimé enébénisterie. Ces deux espèces sont aujourd'hui très communes enPalestine, mais le mûrier blanc n'y était sans doute pas encoreintroduit à l'époque de Jésus. Ch.-Ed. M. et Jn L.