MONT

I Mont, montagne, colline. Ces termes désignent des élévations de terrain naturelles etconsidérables. Le terme de montagne s'applique à des massifs degrande étendue et de grande hauteur, tandis que le mot collinedésigne des vallonnements du sol moins importants. Le mont est leplus souvent un massif d'une certaine hauteur, isolé, soit dans uneplaine, soit dans une région montagneuse qu'il domine. Montagnes,monts et collines sont dus à une même cause: le plissement del'écorce terrestre en raison du refroidissement de la terre. Parsuite de ce refroidissement, le volume intérieur diminuant, il seproduit des affaissements ou dépressions que comblent le plus souventles eaux marines. Mais les terres subissent un effort de contractionqui a pour effet de dresser par endroit d'immenses morceaux del'écorce terrestre; cet effort plus ou moins régulier provoque desplissements plus ou moins orientés, que l'on nomme chaînes demontagnes, et c'est la résistance du sol qui donne à ces soulèvementsdes hauteurs et des formes variées. L'aspect des montagnes est sans cesse modifié par l'érosion deseaux (voir Eau), qui use les parties saillantes, creuse des valléeset comble des dépressions, tendant à niveler le relief du sol. Les montagnes valent à un pays sa figure physique; ellescollectent les eaux et dirigent les fleuves, elles orientent lesvents et, en jouant ce rôle de premier plan dans l'établissement durégime hydrographique et éolien, elles déterminent le climat. De pluselles permettent à l'homme le séjour dans des régions plus élevées del'atmosphère, donc plus fraîches et plus pures.Bible. La Palestine est un pays montagneux, mais qui possède peu de sommetsimportants. On peut y considérer trois chaînes montagneuses plus oumoins parallèles, orientées N.-S., qui sont, de l'Ouest à l'Est: 1. La chaîne des monts de Judée, continuée par les montagnes de Samarieet la chaîne du Carmel. Elles délimitent à l'Ouest le bassin de lamer Morte et la vallée du Jourdain. Elles présentent quelques sommetssouvent mentionnés dans la Bible: du S. au Nord, les monts deSéir (Ge 14:6 36:8,De 2:1,5,1Ch 4:42,2Ch 20:10-23,Eze 35:2,7);les montagnes de Jérusalem avec le mont des Oliviers (Za 14:4,Mt21:1 24:3 26:30,Mr 13:3 14:26,Lu 21:37 22:39,Jn 8:1,Ac 1:12); lemont Sion (voir ce mot), colline sur laquelle était bâtieJérusalem: (Ps 2:6 48:3,Esa 18:7 etc.) c'est la «montagnesainte»;voir (Ps 2:6 87:1,Joe 3:17 etc.) ci-dessous, parag.IILa «montagne de l'Éternel» peut aussi désigner Sion, ouMorija (Ge 22:14,Ps 24:3,Esa 2:3 30:29); dans No 10:33 ils'agit du Sinaï. Les montagnes d'Éphraïm (Jos 17:15 19:50 20:724:33 Jug 2:9 3:27 7:24 17:1 191, 1Sa 1:1 9:4 14:22,1Ro 4:8,2Ro5:22,2Ch 13:4,Jer 4:15 31:6 50:19), avec le mont Ébal auNord (De 11:29 27:4,13,Jos 8:30) et le mont Garizim au Sud(De 11:29 27:12,Jos 8:33, Jug 9:7). Enfin, se dirigeantvers l'Ouest, la chaîne du Carmel, terminée par le montCarmel (1Ro 18:19,2Ro 2:25 4:25,2Ch 26:10,Jer 50:19,Am 9:3). 2. Les montagnes de Galilée commencent au torrent du Kison par les montsde Guilboa (1Sa 31:8,2Sa 1:6-21,1Ch 10:1,8); elles bordent àl'Ouest le lac de Génézareth et se prolongent au Nord par la chaînedu Liban (De 3:25,Jug 3:3,Esa 37:24); d'elles se détache au Sudle mont Thabor, isolé dans la plaine d'Esdrelon (Jug 4:6,Ps89:13,Jer 46:18). 3. A l'Est du Jourdain, une chaîne montagneuse borde du sud au nord lamer Morte et la vallée du Jourdain jusqu'aux sources de ce fleuve;elle vient presque du fond de l'Arabie, avec le Sinaï ouHoreb (Ex 19:11,18,23 34:29,Jug 5:5,Ne 9:13,Ps 68:9,Ac 7:30,Ga4:24,Ex 3:1 33:6,1Ro 19:8), se continue d'abord par les montagnes deSéir avec le mont Hor (No 20:22,25 33:39) et par les montsAbarim (No 27:12 33:48) avec le mont Nébo (No 33:47,De32:49), puis en bordure du Jourdain atteignant jusqu'à 1.000 mètresen chaîne ou plateau, s'étend jusqu'au mont Hermon (De 3:84:48,Jos 11:17 13:11,Ps 42:7 89:13 133:3). Les montagnes peuvent offrir un refuge (Ge 19:17,Jug 11:38),un lieu élevé pour proclamations publiques (De 27:12 etsuivants, Jug 9:7); c'est ainsi que Jésus a souvent enseigné lesfoules en Galilée (Mt 5:1 14:23 15:29 17:1 24:3,Mr 3:13 6:46 9:214:26,Lu 6:12 9:28 19:29 21:37 22:39,Jn 6:3 8:1). Les montagnes sont l'objet de nombreuses comparaisons oumétaphores poétiques: (Ps 98:8,Esa 49:13 55:12 Jer 13:16 51:25,Ps72:3 etc.) emblème de stabilité (Esa 54:10,Ps 90:2 104:8), vul'étendue de leurs fondements (Job 18:4 9:5), leur ébranlementest une manifestation de puissance extraordinaire (Ex 19:18,Job9:5 14:18,Ps 46:3 114:4,Esa 5:25 40:4,Mt 21:21,1Co 13:2). Lesantiques cosmogonies (voir ce mot) considéraient les montagnes commeétant les colonnes qui soutenaient le ciel à l'horizon (Job26:11). Voir Palestine, parag. II, et art. aux divers noms de montagnes.H. L.II Montagnes saintes. Les expressions «sainte montagne, montagne de Dieu, montagne deJéhovah» se retrouvent plus de trente fois dans l'A.T. Ellesattestent la grande place que les sommités tenaient dans la religiond'Israël. En cela les Hébreux différaient peu des nations voisines.Dans les religions de l'antiquité, les sommets des montagnes étaientconsidérés comme des lieux où la divinité se révélait volontiers, etl'on dressait des sanctuaires de préférence sur les élévations: leshauts-lieux (voir ce mot). Cette croyance s'expliquait par le faitque pour les anciens la voûte du ciel, séjour de Dieu, reposait surles sommets des montagnes comme sur des colonnes naturelles. Ainsi, guidés par leur instinct, les hommes vivaient dans unsymbolisme suggestif: pour s'approcher de. Dieu, il faut monter.C'est le même instinct qui poussait les habitants des plaines deCaldée--Sumer et Accad--à ériger des bâtisses colossales, montagnesartificielles destinées à élever l'autel aussi près de Dieu quepossible. La ziggourat d'Our (fig. 288) portait le nom de «montagnede Dieu» ou «colline du ciel» (Woolley). La tradition babyloniennegardait même le souvenir d'une entreprise folle où les premiershumains auraient voulu, par une tour gigantesque, forcer la demeurede la divinité; leur hardiesse impie indisposa les puissancescélestes, leur fit craindre pour leur souveraineté; elles prirent desmesures contre l'humanité et ce fut pour celle-ci l'origine de sesdivisions et de ses malheurs (voir Babel). Le Carmel et l'Hermonavant de jouer un rôle dans l'histoire du peuple élu étaient desmonts sacrés pour les Phéniciens. Le massif imposant de l'Horebl'était certainement aussi pour les nomades de la péninsule. Les montagnes avec leurs formes souvent fantastiques, les nuagesdont s'enveloppent leurs cimes, leurs grottes mystérieuses, leurséchos effrayants, parfois les flammes de leurs cratères, étaient bienfaites pour donner à l'imagination des primitifs une impression deterreur et de surnaturel; elles pouvaient leur paraître comme unprolongement du séjour des dieux sinon leur résidence même. (cf.Ex 19:12,21 et suivants) Chez les Grecs, le sommet du montOlympe, qu'ils prenaient sans doute pour la montagne la plus haute etla plus rapprochée des cieux, était considéré comme le séjour ou toutau moins le marchepied des dieux; c'est de cette hauteur qu'ilsobservaient l'univers et qu'ils réglaient les actes des mortels. Dans la Bible, les montagnes ou les collines saintes sontnombreuses: Rama, Guibéa, Mitspa, Gabaon étaient de par leurs nomsmêmes des collines; il faut mentionner aussi la montagne de Galaad oùfurent invoqués, pour cimenter l'alliance entre Laban et Jacob, leDieu d'Abraham, le Dieu de Nacor et les divinités ancestrales (Ge31:53 et suivants). La plupart de ces montagnes devaient êtresacrées déjà pour les Cananéens dépossédés par Israël. Mais il est un certain nombre de montagnes ou de collines liéesaux plus saisissantes révélations qui marquent les étapes humainessur le chemin conduisant à Dieu.La montagne de Morija, où Abraham dut donner la preuve suprême deson obéissance et recevoir la promesse qui fit de lui le père descroyants (Ge 22:2).La montagne de Béthel, (cf. 1Sa 13:2) où Dieu renouvela sonalliance avec Jacob et lui donna le nom d'Israël.Le mont Sinaï, où Moïse reçut la Loi divine qui devait constituerle peuple élu (Ex 19:11).Le mont Nébo, montagne d'Abarim (fig. 183), où Moïse dut serésigner à mourir sans entrer dans la Terre promise (De 32:48).Le mont Ébal et le mont Garizim, où Josué lut devant tout lepeuple la Loi de Moïse avec ses bénédictions et sesmalédictions (De 11:29,Jos 8:33 et suivants).Le mont Carmel, séjour du réformateur Élie (1Ro 18:19), la«montagne de Dieu à Horeb » (massif du Sinaï), où Jéhovah donna auThisbite la révélation complémentaire de celle que Moïse y avaitreçue (1Ro 19:11).La montagne de Sion (voir ce mot), appelée par excellence «mamontagne sainte» (Ps 2:6,Esa 27:13 etc.), qui devint lacapitale religieuse d'Israël, le lieu où retentirent les prédicationsdes hommes de l'Esprit, celles de Jésus, celles des premiers apôtres.La double colline de Bethléhem, de la même altitude que lacolline O. de Jérusalem (777 m.), patrie de David (1Sa 16:1) etlieu de naissance de Jésus (Lu 2:4).La montagne des Béatitudes, qui domine le lac de Tibériade, oùJésus choisit ses douze apôtres et prononça le discours inaugural deson Royaume (Mt 5:1 et suivants).Le mont Hermon, dont la rosée fertilisait les terres dePalestine (Ps 133:3) et sur les contreforts duquel, selon touteprobabilité, eut lieu la transfiguration de Jésus (Mt 17:1; dansla contrée de Césarée de Philippe, Mt 16:13).Le mont Thabor, célébré dans les Psaumes, (cf. Ps 89:13)joyau des monts de Palestine, où Barak, sur l'appel de la prophétesseDébora, réunit les tribus d'Israël pour combattre Sisera (Jug4:6 et suivant), et où la tradition, oubliant qu'au début del'ère chrétienne le sommet était couvert de maisons, dit, depuisOrigène, que Jésus fut transfiguré.La colline du Calvaire, où Jésus fut crucifié.La montagne de Galilée, où le Christ ressuscité donna rendez-vousà ses disciples et où il prononça les paroles royales sur lesquelless'achève son ministère terrestre: «Tout pouvoir m'a été donné, allezet instruisez toutes les nations» (Mt 28:16 et suivants).Enfin le mont des Oliviers, où David avait adoré (2Sa 15:30et suivants), où Jésus monta si souvent avec ses disciples, (cf.Mt 24:3,Lu 22:39) où il prit congé d'eux et d'où il remonta auciel (Ac 1:12). Voir art. à la plupart des noms de ces montagnes. Bien d'autres montagnes jouèrent un rôle dans la vie religieusedu peuple de Dieu et servirent de sanctuaires au recueillement deJésus (Mt 14:23,Lu 6:12 9:28,Jn 6:3 etc.). Alex. W.