MARDOCHÉE

(hébreu Mordekaï; LXX, Mardo-khaïos) 1. Un des Juifs qui revinrent de l'exil avec Zorobabel. Indûmentassimilé au n° 2, puisque, d'après la chronologie, le Mardochéed'Esther aurait eu au moins 130 ans au moment de son élévation à lacharge de premier ministre d'Assuérus. 2. Père adoptif d'Esther qui réussit à déjouer le complot d'Haman contreles Juifs et à se venger des ennemis de son peuple (Est 2:5,etc.; AddEsth 1:1, etc.;voir Esther). On a voulu trouver à ce nom,qui n'a rien d'hébreu, une origine persane, mais il a fallu se rendreà l'évidence: Mardochée dérive de Mardouk, le grand dieubabylonien. Le nom d'Esther, auquel on donne comme étym, le nompersan Star a =étoile, pourrait bien n'avoir été rapproché de Star a qu'après coup, pour consacrer le fait qu'Esther avait étél'étoile du harem d'Assuérus. Comme Mardochée vient de Mardouk,Esther ne viendrait-il pas d 'Istar, la grande déesse deBabylone? Quelques orientalistes ont fait remarquer que les nomsHaman et Vasthi rappellent ceux d' Uman et Wasti (ou Masti), divinités du peuple élamite, voisin et ennemi de Babylone,en sorte que la victoire Mardochée-Esther sur Haman-Vasthi pourraitbien n'être pas autre chose que la victoire des puissances de lumièresur les puissances de ténèbres. Dans ce cas, le livre d'Esther, qu'ona tant de peine à situer dans l'histoire, serait apparenté dans sonorigine au mythe solaire babylonien. La fête des Pourim (ou Purim) est célébrée par les Juifs àl'époque où les Babyloniens célébraient, en l'honneur de Mardouk etd'Istar, l'équinoxe de printemps: victoire du jour sur la nuit,inaugurant l'année babylonienne. Parmi toutes les hypothèsesinspirées par l'énigme du livre d'Esther, celle-ci valait d'êtrementionnée, ne serait-ce que pour donner une idée de l'extrêmecomplexité du problème posé par ce genre de littérature. Notonsd'autre part que le mot pour ne signifie «sort» dans aucunelangue de l'Asie occidentale, mais qu'il existait une fête persaneappelée phourdi, phourdigan, et que l'on retrouve des variantesdu texte grec de l'A.T, où la fête des Pourim est appelée: Phourdia, Phourdaïa. Ceci nous amènerait à penser que la fêtejuive ne fut à l'origine que la réplique d'une fête persane déjàexistante et qui commémorait le massacre d'une nation ennemie(Hérodote). La seule chose certaine est qu'il faut descendrejusqu'aux environs de l'ère chrétienne pour trouver la premièremention d'une fête appelée «journée mardochéenne» (2Ma15:36 cf. 1Ma 5:56-59).