MAMRÉ

Nom en relation étroite avec l'histoire d'Abraham. Est quelquefoiscelui d'un personnage, Amoréen (Ge 14:13-24), propriétaire dechênes--ou d'un chêne--(Ge 13:18 18:1) auprès desquels Abrahamvint planter ses tentes. Il est pourtant plus généralement employé pour désigner un site(on peut prendre dans ce sens les textes Ge 13:18 18:1), trèsproche d'Hébron (Ge 13:18), l'imprécision des récits interdisantde dire si Mamré est un quartier, ou même un des nomsd'Hébron (Ge 35:27), malgré Ge 23:19 où tous reconnaissentune glose rédactionnelle. Par contre Mamré est toujours--oupresque--mis en relation avec le champ de Macpéla (voir ce mot), enface de lui (Ge 23:17-19 26:9 49:30 50:13). Si la caverne deMacpéla est sous la mosquée actuelle d'Hébron, l'emplacement de Mamrédevrait être facilement identifiable. Ce qui n'est pas, puisque à cesujet la tradition orale tout au moins a sensiblement varié.Vis-à-vis de Macpéla, c'est strictement le versant de er-Roumeidé, où beaucoup recherchent le site de Kirjath-Arba(Hébron), mais où personne ne songe sérieusement à Mamré. La tradition actuelle montre un «chêne d'Abraham» dans le jardinde l'hospice russe, au Nord-O, et assez loin de la mosquée duHaraméen Josèphe (G.L, IV, 9:7) connaissait un arbre identique à6 stades d'Hébron, mais Jérôme et Sozomène signalent un chêne vénéréau Nord et à 15 stades (près de 3 km.), en un emplacement qui esttrès probablement celui que l'on reconnaît aujourd'hui au Râmetel-Khalll Depuis longtemps les voyageurs (Renan, de Vogué, de Saulcy) yavaient signalé une enceinte sacrée ou les ruines d'une églisechrétienne. Des fouilles entreprises en 1926-28 par E. Mader ontapporté des précisions nouvelles qui attestent tout au moins uneinstallation prolongée en cet endroit. Les vestiges visibles avantles recherches, datés désormais avec quelque certitude de l'époqued'Hadrien (II e siècle ap. J.-C), appartenaient à un haram oùConstantin fit élever, au IV e siècle, une basilique dont on peutsuivre les destinées jusqu'au IX e siècle; mais la constructionromaine reposait déjà sur une autre, que l'on attribue à Hérode leGrand, le constructeur du Haram d'Hébron, succédant elle-même à uneinstallation archaïque, sanctuaire primitif consacré, dès le VI e oule VII e siècle av. J.-C, au souvenir du campement d'Abraham etvénérant le puits (un puits a été dégagé), le chêne (l'archéologuecroit pouvoir le localiser) et l'autel du patriarche. Ces recherches,dont les résultats sont remarquables, seront très discutées, car avecelles la localisation de Mamré pourrait être facilitée. Seulementc'est tout le problème d'Hébron qui se pose à nouveau, celui aussi dela fameuse caverne de Macpéla. Si Mamré était identifié avec le Râmet el-Khalîl, on nepourrait plus dire que Macpéla est situé «vis-à-vis» (ou à l'Est,suivant certains traducteurs), si du moins Macpéla est àl'emplacement de la mosquée d'Hébron. Il vaut mieux, avant de seprononcer définitivement, attendre le résultat de fouilles quis'appliquent à situer exactement Kirjath-Arba. Jusque-là, des sixlocalisations proposées pour Mamré, c'est encore celle du KhirbetNimra (2 km. au Nord d'Hébron) qui nous apparaît la plus plausible,ce qui n'est pas incompatible avec l'existence d'un chêne (les LXXont le sing, et non le pluriel, qui parut préférable aux éditeursjuifs, soucieux de combattre le culte de l'arbre; voir Ge 13:1814:13 18:1) vénéré en souvenir d'Abraham au Râmet el-Khalîl etexplique peut-être le choix de la caverne de Macpéla comme sépulturepatriarcale. A. P.