LIT

Les Orientaux se servaient de lits fort semblables aux nôtres etsouvent beaucoup plus opulents. Chez les Égyptiens, le lit, surélevéet sculpté, avait souvent la forme d'un animal étiré, la tête serelevant pour soutenir l'oreiller, les quatre pieds étant représentéspar les pattes. Dans le palais de Suse il est question de lits d'oret d'argent (Est 8:6). Xerxès fuyant la Grèce avait, au dired'Hérodote, abandonné de ses bagages des lits d'or et d'argentcouverts de tapis que le général lacé-démonien Pausanias contemplaavec mépris. Amos parle de riches de Samarie mollement étendus surdes lits d'ivoire. (voir ci-dessous, Am 6:4) La courtisane dulivre des Proverbes vantait la beauté de son lit orné d'étoffe brodéeen fil d'Egypte et parfumé de myrrhe, d'aloès et de cinnamome (Pr7:16). De 3:11 nous parle du lit d'Og, le roi géant de Basan;ce lit était en fer et mesurait environ 4 m. de long sur 1 m. 80 delarge. Holopherne, chef de l'armée d'Assyrie, est présenté par Jug1:13 comme reposant dans un lit à colonnes qui supportaient desdraperies, ou peut-être une moustiquaire. Les lits de Palestine étaient sur des pieds, parfois même assezhauts; peut-être fallait-il dans certains cas avoir, comme cela sevoyait en Egypte, un escabeau à degrés pour y monter, d'oùl'expression «monter sur le lit» (Ge 40 4,Ps 132:3). Il estparfois question de «chevet» ou «tête de lit» (Ge 28:11 47:31,etc.); peut-être s'agit-il là de pièces de bois tourné dont la partiesupérieure, en forme de croissant, épousait la forme de la tête. Onvoit ces chevets retracés sur les monuments d'Egypte; on en trouveencore aujourd'hui chez les peuples primitifs d'Afrique oud'ailleurs. --D'Orient, le luxe des lits passa en Grèce et à Rome. Sur leslanières croisées du cadre on posait des matelas faits avec de laplume ou de la laine fine. Chez les pauvres, la laine était remplacéepar de la bourre végétale. --On étendait sur les lits des couvertures dans lesquelles ons'enveloppait. (cf. Esa 28:20) Le pauvre n'avait qu'unecouverture et encore pouvait-il craindre qu'on ne la lui prît engage (Ex 22:27). Il arrivait que l'indigent n'en possédait pasdu tout (Job 24:7 31:10). Par contre, là où il y avait dubien-être, la ménagère diligente mettait son honneur à confectionnerelle-même des couvertures pour les gens de sa maison (Pr 31:22).Tout l'Orient méditerranéen était déjà renommé dans l'antiquité pourla richesse de ses couvertures aux couleurs voyantes, au tissusavamment ouvragé. (cf. Pr 7:1,6) Les couvertures de Sardesétaient fort estimées pour leur finesse et leur légèreté. Quand leluxe des lits passa d'Orient en Grèce et à Rome, les cités de Milet,Tarse, Sidon, Tyr, Carthage, Alexandrie étaient des centresimportants pour la fabrication des couvertures. La laine de Miletrivalisait avec les duvets les plus fins pour la garniture descoussins et des oreillers. Le christianisme naissant protesta contreces habitudes somptueuses; d'où le passage pittoresque de Clémentd'Alexandrie: «Bannissons de nos lits une vaine magnificence: lesoreillers, les couvertures enrichies d'or et de pierreries, lesmanteaux précieux, les rideaux, les voiles étincelants et milleautres inventions du luxe, plus molles et plus voluptueuses que lesommeil même. Il ne faut dormir ni dans des lits à pieds et à colonnesd'argent, qui trahissent un excessif orgueil, ni dans des litsenrichis d'ivoire, cette dépouille inanimée de l'éléphant. Que le litne soit point travaillé avec une vaine et curieuse recherche; que lespieds qui le supportent soient simples et tout unis. Les innombrablesciselures dont l'art du tourneur les embellit servent souvent deretraite à des insectes nuisibles qui s'y cachent et que la main n'ypeut aller chercher pour les détruire» (cf. R. Ménard, Vie privéedes Anciens, 1881, II, 437). Les Hébreux possédaient comme les Orientaux, outre les lits pourla nuit, les lits pour la méridienne, plus bas, sorte de divansorientaux (1Sa 28:23,2Sa 11:2,Est 7:8) et les lits pour lesrepas (Am 6:4 et suivants, Eze 23:41,Esth,1:6): lesconvives s'étendaient pour manger sur le côté gauche du corps, dansune position où ils n'étaient ni couchés ni assis, le bras gaucheappuyé sur une petite balustrade, ou sur un coussin (lat. cubital), le bras droit libre pour saisir les mets ou les coupes. Quand ons'est représenté cette manière de se tenir qui nous paraîtraitaujourd'hui bien incommode, on comprend la formule du 4 eévangile: (Jn 13:23) «Le disciple que Jésus aimait était couchévers son sein»; formule où les artistes ont vu une attitude efféminéealors qu'elle signifie simplement que Jean était le voisin de droitede Jésus (voir Sein, parag. 5, a).On comprend aussi les remarques de Luc (Lu 7:38) qui représentela pécheresse se tenant derrière Jésus à ses pieds qu'elle mouillaitde ses larmes et qu'elle essuyait avec ses cheveux: si Jésus avaitété assis devant la table, l'hommage que lui rendit la femme eût étéimpossible, mais dans la position couchée il avait le buste vers latable et les pieds étendus vers l'extérieur du cercle.La Bible nous parle aussi du lit nuptial qu'elle veut sanssouillure (Ge 49:4,1Ch 5:1,Ca 1:1-6 3:1, Sir 23:25,Heb 13:4),du lit de maladie (Ex 21:18,Job 33:19,Mr 7:30, cf.Mt 9:2 etc.) et du lit de mort (Ge 48:2 49:33,2Ro 1:4, Sir 48:6,1Ro 1:47, cf. 1Ro 17:19,2Ro 4:10,21).--Voir Sommeil.