LIN

Plante textile, de la fam. des Linacées, genre linutn ; il enexiste 90 espèces dans les régions tempérées et subtropicales. Cesont des herbes, quelquefois des sous-arbrisseaux, à feuillesordinairement alternes, entières, étroites; à fleurs régulières engrappes, jaunes, bleues, blanches ou rouge sanguin; tout y est par 5:sépales, pétales, étamines fertiles, étamines stériles, carpellessoudés en ovaire à 5 loges, le fruit étant une capsule s'ouvrant en10 coques à une graine. Le lin a été connu dès la plus hauteantiquité. L'espèce la plus importante est le l. usitatissimum L., plante annuelle, à tige dressée d'environ 50 cm. et ramifiée à lapartie supérieure seulement; feuilles linéaires, vert glauque; fleursbleues en corymbe paniculé; graines luisantes, brunes. L'écorcefournit une filasse très fine. La graine est riche en mucilage, enhuile, en albumine; l'huile de lin est siccative et fort employée enpeinture. Espèce originaire d'Asie ou du Caucase, cultivée depuis quatre àcinq mille ans par les Assyriens et les Égyptiens; ceux-ciprétendaient en avoir appris l'utilisation par la déesse Isis. Le lind'Egypte était le plus fameux dans l'antiquité; les corps embaumés yétaient obligatoirement enveloppés de bandes de lin, et les prêtresétaient aussi tenus de porter des étoffes de lin (Hérodote), qui enpays chaud sont plus légères et plus hygiéniques que la laine ou lecoton; on pense que les «habits de coton» des prêtres, mentionnésdans l'inscription de la pierre de Rosette, se portaient par-dessusles vêtements de lin, et seulement hors des sanctuaires. Dans uncertain nombre des passages bibliques énumérés plus loin, l'influenceégyptienne est manifeste. D'après la Mischna, le lin était aussicultivé en grand en Galilée, tandis que la Judée produisait surtoutde la laine; aujourd'hui, «en Galilée comme dans toute la Palestineon ne cultive plus le lin: la toile de cotonnade l'a supplanté»(Dalman). Pour la fabrication des tissus de lin, voir Filage ettissage. 1. Le nom biblique le plus général est l'hébreu pichtâh (plur, pichtim), en grec linos: il peut désigner la plante sur pied,en fleur (Ex 9:31), ses tiges coupées (Jos 2:6), destinéesau tissage (Pr 31:13), les cordes qu'elles servent àfabriquer (Jug 15:14,Eze 40:3), les fines étoffes préparées enEgypte (Esa 19:9) et les diverses pièces de l'habillement(Jer 13:1,Ex 28:6-39,40,Le 13:47 52,59,Eze 44:17 et suivant,Jug 16:8). Le lin devient ainsi un terme synonyme de vêtement(Os 2:5-9,Ap 15:6; comp. Racine, Athalie, IV, 3: «...cachésous ce lin, comme eux vous fûtes pauvre...»); c'est d'ailleurs lemot lin qui a donné en franc, linge (voir ce mot). On tressaitaussi le lin en mèches pour les lampes (voir ce mot); d'où latraduction: lumignon (litt., lin) fumant (Esa 42:3, cité Mt12:20; de même, dans Esa 43:17, le texte hébreu dit litt.:éteints comme un lin). 2. L'hébreu bad, par contre, paraît s'appliquer exclusivement auxvêtements; il est employé à propos du costume religieux deSamuel (1Sa 2:18), des prêtres de Nob (1Sa 22:18), deDavid (2Sa 6:14) et de diverses parties des habitssacerdotaux (Ex 28:42 39:28,Le 6:10 etc.), et dans lesdescriptions de personnages célestes (Eze 9:2,11 10:2,6 etsuivant, Da 10:5 12:6). 3. Nos versions rendent ordinairement par «fin lin» le terme hébreu chéch ainsi que le mot tardif bouts, d'origine araméenne,devenu en grec bussos (dans les LXX et dans Lu 16:19,Ap18:12); le latin byssus est passé dans diverses traductions(Sg., Cramp.). Il s'agit d'une des matières premières employées dansla confection des tentures de prix et des vêtements de cérémonie (chéch: Ex 25:4 26:1,36 27:9 16,18 etc, Est 1:6[Vers. Syn.: marbre blanc], Pr 31:22,Eze 16:10-13 27:7; bouts: 1Ch 4:21 15:27,2Ch 2:14 3:14 5:12,Est 1:6 [Vers.Svn.: lin blanc] Est 8:15 [id.], Eze 27:16). L'apocr.Esdras parle aussi d'un diadème de byssus (3:6). Beaucoup d'auteurs yont vu aussi le lin d'Egypte cf. Ge 41:42), souvent tissé pardes femmes (Ex 35:25). Mais d'autres, peut-être en plus grandnombre aujourd'hui, rapprochant l'hébreu chéch de l'arabe moderne chach (=gaze de coton), pensent que ce terme ainsi que sonsynonyme bouts désigne précisément le coton, plante qu'il nousfaut décrire maintenant. 4. En effet, l'hébreu carpas dans Esth, 1:6, traduit «tenturesviolettes» dans Vers. Syn., «bleues et vertes» dans Sg., doit en toutcas désigner le coton (sanscrit karpâsa). Il s'agit alors duduvet de la graine du gossypium arboreum, arbrisseau de la fam.des Malvacées, à feuilles ordinairement lobées, à fleurs assezgrandes, jaunes ou pourpres. Le fruit est une capsule de 3-5 loges, àgraines subglobuleuses ou anguleuses; les cellules de la surface dela capsule s'allongent jusqu'à former des poils longs de 4-5 cm.,d'abord comprimés, puis en saillie au-dehors quand les valvess'écartent: ce sont les brins de coton. Dès le V e siècle av. J.-C,le coton a été cultivé en Egypte. Ch.-Ed. M. et Jn L.