LARMES

Cette manifestation de la sensibilité humaine, exprimant généralementla douleur, (cf. Sir 22:19) est très souvent mentionnéedans la Bible, parfois en contraste avec le rire (voir ce mot), lescauses d'affliction (voir ce mot) pouvant être fort diverses. Particulièrement fréquentes sont les larmes du deuil (voir cemot), plus ou moins accompagnées de lamentations funèbres (Ge23:2,2Sa 19:1,Za 12:10, 1Ma 12:52 13:36,2Ma 4:37,Sir22:11, Ac 9:39 etc.); des larmes sont versées par peur de lamort (2Ro 20:1,3-5); il y a les pleurs des opprimés (Ec4:1, Sir 35:18 et suivant, etc.), ceux des oppresseurs oudes jouisseurs châtiés (Jas 5:1,Ap 18:9), les larmes du remordsinutile (Heb 12:17), les larmes du repentir (2Ro 22:19,Joe2:12,Mr 14:72,Jas 4:9 etc.). Les horreurs de la guerre fontpleurer des populations entières (1Sa 11:5 30:4,Jer 22:10 31:15etc.). C'est aussi le regret d'un beau passé disparu (Ps 137:1,Esd3:12), et surtout la désolation des prophètes sur l'indignité dupeuple de Dieu, sur la ruine de la nation et de Jérusalem (Jer 9:113:17 14:17,Esa 16:9,La 1:2 2:11-18 3:49 etc.). La piété personnelle des croyants des Psaumes, dans laquelle parendroit semble aussi se personnifier leur sentiment national, seprésente au Seigneur avec larmes, du fait de la persécution ou dudécouragement (Ps 6:7 39:13 42:4 80:6 102:10 etc.); on a mêmevu dans l'appel de Ps 56:9: «Recueille mes larmes dans tesurnes», une allusion aux «lacrymatoires» romains, vases de parfumsque l'on a crus à tort destinés à conserver les larmes répandues auxfunérailles: le psalmiste exprime simplement par cette image del'urne, comme par la suivante, celle du livre (voir ce mot), sonbesoin de compter sur la fidèle mémoire de son Dieu témoin de sasouffrance et de sa fidélité. Par contre, sont condamnées les larmesdu formalisme (Za 7:3,5,Mal 2:13), de l'hypocrisie (Sir12:16) ou des professionnels (Mr 5:38 et suivant).Pour les pleurs sur Thammuz, voir (Eze 8:14) ce mot. Pour lespleurs et grincements de dents des réprouvés,voir (Mt 8:12,etc.) Dent, I,1. L'A.T, renferme déjà bien des promesses précieuses aux fidèlesqui pleurent: le croyant sera préservé (Ps 116:8), ses larmesseront essuyées (Ps 126:5 et suivant, Esa 25:8 30:1965:19,Jer 31:16 etc.). Et la bonne nouvelle de l'Évangile proclame dès l'abord: «Heureuxceux qui pleurent, car ils seront consolés!» (Mt 5:4, cf. Lu6:21-25). Un certain nombre d'exemples en sont donnés,matériellement parlant, dans les évangiles: la veuve de Naïn (Lu7:13), la pécheresse (Lu 7:38,44), Marie soeur deLazare (Jn 11:31-33). Dans Mr 9:24, Ost. et Mart, suivaientun texte grec d'après lequel le père de l'enfant démoniaque«s'écriait avec larmes: Je crois..., etc.»; la variante estabandonnée aujourd'hui par les traducteurs, mais le détail n'a riend'invraisemblable. Sur la voie douloureuse, des femmes de Jérusalem pleurent sur ladestinée du Seigneur condamné à la croix (Lu 23:27); après samise au tombeau, Marie de Magdala (Jn 20:11,16) et ceux quiavaient vécu avec lui sont dans le deuil et dans les larmes (Mr16:10). Les uns et les autres n'ont pas encore compris que sessouffrances étaient pour lui la condition de la victoire et de lagloire, tandis qu'un motif bien plus grave de désolation est leprochain sort tragique de la cité même et de ses habitants: tel étaitle sens de l'apostrophe de Jésus aux femmes éplorées deJérusalem (Lu 23:28,31). Le Christ lui-même avait pleuré trois fois, à notre connaissance,au cours de son ministère. Précisément sur son peuple et sur sa ville,lorsqu'il aperçoit celle-ci, le jour des Rameaux, du haut du mont desOliviers, au tournant du chemin, peut-être aux environs du lieutraditionnel appelé aujourd'hui Dominus flevit =le Seigneurpleura (le verbe grec, klaueïn, signifie se lamenter à hautevoix). Jésus est secoué de sanglots sur la cité soi-disant sainte quitue les prophètes, sur le sacerdoce qui déshonore Dieu, profane Sonculte et va mettre à mort Son Envoyé, le Sauveur, obstinément méconnu(Lu 19:41 et suivants, cf. Lu 13:34 et suivant). Devant le tombeau de Lazare, Jésus pleure (verbe dakrueïn =laisser couler des larmes silencieuses): émotionprofonde, dans le «trouble» et le «frémissement», au milieu des amistout en pleurs sur leur disparu (Jn 11:33-35). sympathie pourtoutes les victimes de la brutale séparation, et sans doute aussihorreur d'un monde où le règne du péché condamne tous les hommes à lamisère, à la honte, à la mort. Dans l'agonie de Gethsémané, «prière etsupplications offertes avec de grands cris et avec larmes»: (Heb5:7) suprême angoisse à la vue de sa propre mort, acceptée dansl'obéissance à son Père et la solidarité volontaire avec ceux pourqui le Fils de l'homme devait mourir afin de leur donner le salut etla vie...Dans ces trois tableaux si caractéristiques des larmes duSeigneur, se dresse sur la terre en sa grandeur divine «l'homme dedouleurs connaissant la souffrance» (Esa 53:3), mais dont laparfaite mission rédemptrice lui permettait de déclarer aux siens,dès avant la consommation de son sacrifice: «Que votre coeur ne setrouble point...Je donne ma vie...Je donne la vieéternelle...» (Jn 14:1 10:17,28). Parmi les apôtres, saint Paul a comme son Maître versé les larmesd'un coeur saignant sur les égarements, l'endurcissement,l'inconduite des victimes et des coupables que les appels de soninfatigable amour n'ont pas pu ramener au bien (Ac 20:29,31,2Co2:4 12:21,Php 3:18 et suivant); il a connu pourtant aussi la joied'en conquérir pour Dieu (2Co 7:5,10). Il a versé les larmes desséparations entre frères (Ac 20:37 21:13), recommandé la vraiesympathie qui possède le secret de pleurer avec ceux qui pleurent(Ro 12:15, cf. Sir 7:34), et il a proclamé qu'en facede la mort le Christ ressuscité ne nous laisse point affligés, sansespérance comme les autres hommes (1Th 4:13), ou les plusmisérables de tous les hommes: (1Co 15:19) la Bonne Nouvelle,c'est que Jésus-Christ a détruit la mort et mis en lumière la vie etl'immortalité! (2Ti 1:10) Devant le péché, le malheur et la mort, rien n'est moinslarmoyant, rien n'est plus triomphal, que l'Évangile de Jésus-Christ(voir Évangile, Béatitudes, Joie). Jn L.