I Etude exégétique. 1. LES TEXTES.Le don des langues est l'un des charismes d'apparence prodigieusedont l'Église primitive a été gratifiée (voir Charisme). Les 1Co12 à 1Co 14 sont la source de renseignements de beaucoup laplus importante, celle qui permet le mieux de caractériser le «parleren langues» (laleïn glôssaïs ou glôssê), la «glossolalie». D'autres textes, pourtant, doivent être examinés, et notammentAc 2:1,13, où le fait mentionné semble, au premier abord,différent, ressortissant à la xénoglossie, ou parler en languesétrangères non apprises, plutôt qu'à la glossolalie. 1. Le don des langues, d'après 1Co 12-14 Les Corinthiens qui ont consulté Paul, et Paul qui lesconseille (1Co 12:1), sont d'accord sur un point essentiel: le«parler en langues», la glossolalie est un charisme, un don del'Esprit divin (1Co 12:10 et suivants). Sans doute, certainsmembres de la communauté le contestaient-ils, puisque l'apôtre jugebon d'adresser cet avis: N'empêchez pas qu'on parle enlangues (1Co 14:39). Cependant, la majorité de l'Église n'avaitpas besoin d'être encouragée, mais plutôt retenue sur cette voie quin'était pas sans risques. Le glossolale était généralement considéré comme l'inspiré parexcellence (1Co 14:27). Et Paul lui-même ne déclare-t-il pas: Jeparle en langues plus que vous tous? (1Co 14:18) Néanmoins, sonconseil est surtout de prudence vis-à-vis d'un charisme que, surl'échelle des valeurs et des dons spirituels, il ne situe pas tout enhaut (1Co 14:19,23-28). Dans son langage charismatique,l'inspiré n'est plus sous le contrôle de son entendement pour réglersa parole; c'est l'Esprit qui le mène et qui se sert de lui commed'un instrument (1Co 14:14 et suivants). Le «parler en langues» ou «parler en esprit» (1Co 14:2,13,14)est donc un langage automatique dont l'homme, possédépar l'Esprit, n'est pas le producteur conscient, mais l'organepassif. Le glossolale est dans une extase comparable à celle quePhilon décrit en ces termes: «L'intelligence (nous) est chasséepar l'invasion de l'Esprit (pneuma) divin; quand l'Esprit seretire, l'intelligence revient» (Quis rer. div., 53). Dans cet état mystique, l'affectivité déborde et submergel'entendement; elle n'est cependant pas toujours comme diluvienne etchaotique; elle peut suivre le cours de l'Esprit, qui la dirige versl'édification, l'intercession, l'action de grâces (1Co14:2,14,16). Mais l'inspiré lui-même s'en rend à peine compte. Il parle àDieu, non aux hommes (1Co 14:2), et les sons qu'il émet restentmystérieux pour ceux qui l'écoutent. Ils ont besoin d'êtreinterprétés (1Co 14:2 14:27). Sans interprétation, le glossolalen'édifie que lui seul (1Co 14:3 et suivant) et se sépare de lacommunauté (1Co 14:16 et suivant). C'est pourquoi, s'il n'a pasd'interprète, que le glossolale se taise (1Co 14:28). La glossolalie ne se présente pas toujours avec les mêmescaractères: on peut en distinguer des genres différents (génêglôssôn, 1Co 12:10,28). Ces genres ne dépendent pas seulementde l'interprétation, comme le voudrait Holsten, mais de la nature duphénomène, aux aspects variés comme ceux des langues dont les hommesse servent pour se communiquer leurs pensées (génê phônôn, 1Co14:10). En dehors de toute interprétation, la glossolalie produit deseffets divers sur ceux qui l'entendent. Il arrive que l'incrédule,saisi par le prodige, y discerne un signe divin (1Co 14:22).Mais on peut y voir une manifestation de folie (1Co 14:23).L'impression dominante est celle du mystère (1Co 14:2). La glossolalie peut donner l'impression d'une xénoglossie, d'unparler en langue étrangère (1Co 14:21). Mais les langueshumaines sont formées de paroles distinctes, et dont le groupementobéit à des lois. Il n'en est pas toujours ainsi pour laglossolalie (1Co 14:9-11). Elle peut se comparer à desinstruments dont on joue sans en observer les règlesmusicales (1Co 14:7-9). Il arrive, également, qu'elle donnel'impression d'un langage angélique, soit par la douceur oul'harmonie des sons, soit, peut-être, par la ferveur, l'onction ou lajubilation d'un rythme de prière, de louanges ou d'actions degrâces (1Co 13:1). La conclusion qui se dégage naturellement de ce passage, c'estque la glossolalie est un langage extatique, échappant au contrôlerationnel et fermé à l'entendement. Elle se présente sous des formesdiverses et, vraisemblablement, depuis des émissions de sonsinarticulés jusqu'à l'association de mots qu'aucun lien rationnel neparaît unir, mais dont le groupement n'est pas de pur hasard et obéitpeut-être à quelque loi spirituelle. De toutes façons, leglossolale a besoin d'être interprété. 2. Le don des langues, d'après Ac 2:1,13 L'effusion de l'Esprit le jour de la Pentecôte et ses premiersrésultats sont du même ordre que les faits mentionnés par l'apôtrePaul. Le mot choisi par l'auteur des Actes pour désigner l'apparitiondes langues de feu ôphthêsan, (Ac 2:3) est une sorte de termetechnique appliqué aux visions surnaturelles. (Cf. Lu 24:34,Ac9:17 26:16,1Co 15:5,8,1Ti 3:16) Paul a fait l'expérience de cesvisions (optasiaï ; cf. 2Co 12:1,Ac 26:19). Lesmanifestations verbales consécutives à la descente de l'Esprit sont,au premier abord, semblables au phénomène glossolalique. Sous lapuissance de l'Esprit, c'est-à-dire automatiquement, extatiquement,les disciples commencent «à parler en d'autres langues (laleïnhétéraïs glôssaïs), selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer». L'expression hétéraï glôssaï-- autres langues ou languesétrangères, sans autre développement, serait à rapprochernaturellement de 1Co 14:21, où Paul applique à la glossolalieune parole ainsi présentée de Esa 28:11 et suivants: «Jeparlerai à ce peuple par des hommes d'une autre langue (enhétéroglôssoïs), et par des lèvres étrangères (en kheïlésinhétérôn). » On pourrait également rapprocher de 1Co 14:23: «ils dirontque vous êtes fous», la raillerie des auditeurs sceptiques, dansAc 2:13: «Ils sont pleins de vin doux». (cf. Eph 5:18)Pierre, dans son discours explicatif, ne nie point l'apparence qui apu suggérer cette remarque ironique; il s'attache à montrer que laréalité n'est pas ce qu'ont cru les profanes, mais une possession del'Esprit. Ses déclarations mêmes, en tant qu'elles sont explicatives,non, sans doute, du sens, mais de la cause des émissions phoniques,ressortissent à l'interprétation charismatique, à l' hermêneïa de1 Corinthiens. Elles sont «proférées» (grec apophtheggesthaï, lat. effari), suivant une formule également consacrée aux oraclespneumatiques (cf. Ac 2:4 et comp. Ac 26:25, et, dans LXXEze 13:9,Mic 5:12,1Ch 25:1,Za 10:2). Malgré ces indications concordantes, le corps même du récitmontre indubitablement que le rédacteur final a cru à un prodige d'unautre genre que la glossolalie. Le miracle ne consiste pas dans lefait que les auditeurs entendent proférer des sons qu'ils necomprennent pas; mais, au contraire, dans celui que tout le mondecomprend, et que chacun entend parler dans sa propre langue (Ac 2:6). Ce trait qui, pour le rédacteur, est essentiel, reparaît deuxfois, sous une forme interrogative (Ac 2:8,11). L'énumérationdes peuples représentés vient encore accentuer le fait prodigieux. Ona fait observer que les populations mentionnées soit d'après leurorigine ethnique, soit par leur habitat, parlaient, en réalité,quatre langues (le zend, l'araméen, le grec et le latin), et, qu'audemeurant, le grec hellénistique (la langue commune, la koïnê) setrouvait être comme la seconde langue internationale de l'époque.Mais ces observations ne suppriment pas le fait que, pour lerédacteur, chacun a entendu parler dans sa langue maternelle, quellesque fussent, par ailleurs, ses connaissances linguistiques. C'est làque gît le miracle, alors même que le nombre des langues se réduiraità quatre (à la condition, naturellement, d'exclure les dialectes). Ce fait acquis, trois interprétations de la pensée du rédacteurpeuvent être et ont été envisagées. Goethe, suivi par un petit nombre de théologiens, estime qu'ils'agit de «cette langue simple, universelle, dont la recherche afatigué inutilement tant de puissants cerveaux. Chacun croit entendresa langue parce que chacun comprend.» On a parlé, dans le même sens,de «langue élémentaire, espéranto mystique, langage mixte», etc.«Cette langue, d'après Billroth, aurait été la seconde par rapport àla langue primitive de l'humanité; elle contenait les rudiments deslangues historiques les plus diverses; elle était aux véritableslangues, plus tard parlées par les peuples chrétiens, ce que lechristianisme primitif lui-même, avec ses signes et ses miracles, futaux Eglises historiques et nationales des temps postérieurs.» Ce sontlà fantaisies plus littéraires qu'exégétiques. L'usage de cettelangue imaginaire aurait été inutile, car un second miracled'audition ou d'interprétation eût été nécessaire. Dans la seconde catégorie d'hypothèses, le miracle s'effectue nonsur ceux qui parlent, mais sur ceux qui écoutent. Comme l'a indiquéSuarez, deux conjectures sont encore possibles: il pourrait y avoireu soit miracle d'audition par perception réelle, en plusieurslangues, de paroles prononcées dans une seule, l'araméen; soitmiracle de compréhension, par une intelligence commune, malgré ladiversité linguistique, du sens de ces paroles. La seconde de cesconjectures est celle d'un phénomène purement télépathique, d'unelecture de la pensée telle qu'on en cite de nombreux cas, dontquelques-uns paraissent bien observés. Mais le texte impliquenettement que l'oreille des auditeurs a été frappée par des sonsfamiliers: ceux de la langue maternelle de chacun en particulier. Faudrait-il en conclure au prolongement auditif d'un phénomèned'ordre télépathique? L'auteur, assurément, n'y a jamais pensé, nonplus, d'ailleurs, qu'à la première des deux conjectures. Leverset (Ac 2:4) est formel: le miracle porte non sur lesauditeurs, mais sur les disciples. Les langues proférées étaientétrangères (hétéraï) pour les disciples, mais familières à leursauditeurs (hêmétéraï, v. 11). Il y a eu certainement, pourl'auteur, une émission réelle de sons réels, une manifestationphonique. Il faut même aller plus loin et reconnaître que, pour lui,ce prodige ressortit nettement à la «xénoglossie». Le récit, dans sonincohérence rédactionnelle, présente en somme une glossolalieinterprétée comme une xénoglossie. Cette interprétation n'a-t-elleaucun fondement? On ne saurait l'affirmer, car les frontières de laglossolalie et de la xénoglossie sont imprécises: la première, entant que désignant simplement les automatismes phoniques, englobe laseconde. Mais l'auteur, en accentuant de manière exclusive un traitqui a pu se rencontrer aussi, bien que sporadiquement, dans laglossolalie corinthienne, a déplacé le centre de gravité du récit etmis ce dernier en équilibre instable. On se demande quel principe ila suivi dans son classement des races et des pays. L'ensemble doit-ilêtre ordonné sous la rubrique Juifs et prosélytes, qui vientincidemment au lieu d'être en tête ou en conclusion? Mais lerédacteur a voulu donner l'impression d'une beaucoup plus grandevariété. Pourquoi mentionne-t-il également la Judée? Déjà Tertullienlisait Armeniam et Jérôme Syriam, au lieu de Judoeam ; ungrand nombre d'autres substitutions du même genre ont été proposées;mais elles sont aussi gratuites qu'inutiles. D'autre part, aux versets(Ac 2:14) et suivants Pierre parle à la foule dans une seulelangue et se fait comprendre. Si les auditeurs n'avaient connu queleurs propres idiomes, ce discours eût donc été l'occasion, comme lenote Reuss, d'un nouveau miracle. Et, d'autre part, si tous ces gensparlent l'araméen ou bien le grec hellénistique, quelle était doncl'utilité d'un prodige de polyglottisme ou de xénoglossie? Cesdifficultés, qui font ressortir le caractère secondaire de larédaction, laissent intacte la question de savoir pourquoi l'auteurles a risquées. Von Dobschütz considère la scène de Ac 2 comme ayant étéprimitivement une manifestation visible du Christ, une christophanie.Des automatismes visuels, des «photismes» ont précédé, effectivement,les automatismes phoniques; ils ont été accompagnés d'automatismesauditifs et tactiles: la sensation d'un souffle, d'un vent. Un bruitsemblable à celui d'une bourrasque remplit toute la maison, et c'estalors que les disciples aperçoivent des langues séparées qui semblentde feu, et qui se posent sur chacun d'eux (Ac 2:2,3). On pourrait invoquer ici un grand nombre d'exemples qui montrentcomment les phénomènes d'inspiration ont très souvent été accompagnésde ces deux manifestations sensorielles: la perception d'un souffle,d'un vent, la perception d'une flamme, d'un feu. Le fait a été sicourant qu'une véritable tradition mystique, susceptible à son tourd'action psychique intense et caractérisée, s'est formée, appelantces deux impressions physiques comme un concomitant normal etnécessaire du phénomène essentiel de l'inspiration. A tellesenseignes que, dans toutes les langues, les expressions mêmes quiservent à désigner l'esprit, le vent et quelquefois le feu, sontvoisines, souvent interchangeables, et parfois identiques. Ainsi rouakh, en hébreu; pneuma, en grec; spiritus, en latin, veulent dire également: souffle, haleine, vent ou esprit.Yahvé, comme les dieux homériques, a les vents pour messagers (Job38:1 Eze 1:4,Ps 104:4); à son approche, les cimes des arbres fontentendre comme un bruit de pas (2Sa 5:24). L'Esprit est comparé,identifié avec le vent (Eze 37:9,Jn 3:8, cf. 1Ro 19:11). A ces faits anciens l'on pourrait en adjoindre de plus récents etmême de modernes (cf. Lombard, De la glossolalie..., p. 75; H.Bois, Le Réveil au Pays de Galles, p. 383). Le feu accompagnait,comme le vent, les manifestations de Dieu ou de l'Esprit (cf. Ex3:2 19:18,1Ro 18:38 19:12; Josèphe, Ant. 8:4; cf. Mt 3:11,Lu3:16). Les impressions lumineuses, ou «photismes», à caractèremystique, sont très fréquentes jusqu'à nos jours (cf. Lombard, o.c.; H. Bois, 0. e, pp. 354SS; Théâtre sacré des Cévennes;Mémoires d'Abraham Mazel, p. 20). Les termes glôssaï ôseï puros (langues comme de feu) ontégalement de nombreux parallèles. Le plus remarquable estl'expression hébraïque lechôn éch, qui veut dire littéralement:langue de feu; si bien que, par extension, lâchôn seul, quisignifie langue, veut dire également tantôt flamme et tantôt parole.Il y a là comme l'aboutissement verbal d'une tradition mystique, et,en même temps, l'introduction au miracle des langues. Il n'en demeure pas moins que, pour l'auteur des Actes, l'accentdu récit de la Pentecôte ne porte pas sur une christophanie, mais surune manifestation phonique de l'Esprit, sur une «hétéroglossie», qui,même dans sa conception particulière, demeure essentiellement une«pneumoglossie». Comment s'est effectuée la déviation rédactionnelle constatée? Laplupart des auteurs sont ici d'accord. Suivant la tradition juive, lafête de la Pentecôte était la commémoration de l'institutionsinaïtique de la Loi. Or, le judaïsme contemporain de Jésusconsidérait déjà la Loi comme ayant été promulguée non seulement pourIsraël, mais pour tous les peuples. A l'occasion de cettepromulgation, afin de la rendre efficace, des prodiges ont eu lieuqui ne sont pas sans analogies avec ceux que rapporte, le chap. 2 desActes. Ainsi, Philon raconte comment le retentissement de la voixdivine a porté jusqu'aux extrémités de la terre, pour atteindre ceuxqui n'étaient pas présents au Sinaï (De Septenario). Cette voixqui descend du ciel, et dont la portée est universelle, est une voixde feu (pros pur phlogoeïdes métabalousa). Le feu descend du cielcomme un fleuve, et la flamme s'articule dans les divers dialectes (tês phlogos eïs dialecton arthrouménês). Cette description dePhilon (De De-calogo, parag. 9 et 11) présente un parallèle trèsnet avec le récit de la Pentecôte, et les traditions juives surlesquelles il se fonde n'ont sans doute pas été sans influencer larédaction des Actes. L'auteur a eu vraisemblablement à sa disposition, non seulementla tradition orale, mais également une source ou plusieurs sourcesdivergentes. Son récit, bien que secondaire, apporte une précieusecontribution à la connaissance et à la compréhension du charisme deslangues dans l'Église primitive. 3. Autres passages du N.T. sur le don des langues On vient de voir que la glossolalie n'avait pas été limitée àl'Église corinthienne, puisqu'il faut englober sous ce nom génériqueles automatismes phoniques les plus divers (génê glôssôn). Elleapparaît souvent dans les périodes d'effervescence religieuse; ilserait surprenant qu'elle eût absolument laissé indemnes les autrescommunautés pauliniennes. Pourtant, l'apôtre n'en fait mention, d'unemanière certaine, que dans 1Co 12-14. On a rapproché de 1Co14:39,1Th 5:19: «N'éteignez pas l'esprit», avec la mentionparallèle de la prophétie, et l'on en a conclu que la glossolalie,manifestation pneumatique par excellence pour les Corinthiens, étaitégalement connue à Thessalonique. Ce n'est qu'une hypothèse. On avoulu, de même, interpréter Col 3:16 par 1Co 14:15. Maiscomment Paul recommanderait-il aux Colossiens des chants«pneumatiques», quand il les déconseille aux Corinthiens, sansd'ailleurs les prohiber absolument? Le livre des Actes, en dehors durécit de la Pentecôte, sa contribution la plus importante, mentionneà deux reprises le charisme des langues, dont il fait le signecourant et l'effet habituel du baptême de l'Esprit (Ac 10:4619:6). C'est un trait de lumière! Il faut signaler également que la fin de Marc (Mr 16:17)fait allusion à la glossolalie (glôssaïs lalêsousin kaïnaïs) On peut encore citer les passages où Paul mentionne ses proprescharismes. Dans 2Co 12:1 et suivants, l'apôtre invoque sesvisions et révélations du Seigneur: il a été transporté jusqu'autroisième ciel; il ne sait s'il était alors ou non dans son corps; ila entendu des paroles mystérieuses qu'il n'est pas permis à l'hommede dire (arrêta rêmata, v. 4, cf. 1Co 2:9 13:1). Les parolesineffables (arrêta rêmata) sont entendues sans doute exclusivement.L'apôtre était, d'ailleurs, richement doté en propriétés de ce genre.Il n'a pas eu seulement des visions, des messages et desavertissements d'en haut, (cf. Ac 16:9 18:9 22:17 23:11 27:23,Ga2:2) mais aussi des impulsions motrices. Il a parlé en langues, et,vraisemblablement, de diverses manières: «plus que vous tous»,déclare-t-il aux Corinthiens (1Co 14:18). On a pensé que Ga4:6,Ro 8:15-26 pouvaient impliquer une répercussion motrice etphonique de l'inspiration. Ce n'est qu'une conjecture fondée sur lefait que les réminiscences lointaines et les archaïsmes sont trèsfréquents dans le langage automatique. Mais la mention du seul termearaméen: abba (père) n'est pas suffisante pour que l'on puissepréciser cette simple supposition. Conclusion de l'examen des textes Les passages du N.T. où il est question du «parler en langues» fontallusion à des phénomènes qui, dans leur variété, présententcependant une certaine unité. Qu'il s'agisse de la glossolaliecorinthienne ou de la xénoglossie ou pseudo-xénoglossiehiéro-solymite, nous avons affaire similairement à des états deconscience réduite, voire totalement obnubilée, où le mécanismephonique, échappant au contrôle personnel, est actionné par une forced'apparence étrangère; cette puissance mystérieuse est attribuée àl'Esprit ou identifiée avec lui. «Glossolalie» (ou «pneumolalie», qui accentuerait la notion ducharisme) pourrait être usité comme terme générique pour désigner lesvariétés du «parler en langues», d'après les indications ou simplesallusions du N.T. La glossolalie est un automatisme moteur de natureexclusivement phonique; mais elle va de pair avec d'autresautomatismes sensoriels ou moteurs qui forment son cortège habituel. 2. LE SENS DE L'EXPRESSION BIBLIQUE: «parler en langues, ou enlangue ». L'expression se rencontre 11 fois chez Paul: 6 ou 7 fois(suivant les manuscrits) avec le substantif au pluriel (glôssaïslaleïn), dans 1Co 12:30 14:5,6,23,39) et peut-être v. 18; 4 ou5 fois avec le substantif au singulier (glôssê laleïn), dans1Co 14:2-4,13,27, et sans doute v. 18 (dans les manuscrits Sin.,A,D,G, latin). Il faut signaler, dans la même épître, les expressions voisines: