Ce sont des objets qu'on envisage comme ayant en eux-mêmes lapuissance de protéger celui qui les porte contre toute espèce dedangers et de maléfices, ou de lui assurer la possession des chosesqu'il désire. Le mot amulette vient du latin amuletum (amoletum) et signifie «ce qui écarte»; talisman, en arabe tilasmun, vient d'une racine grecque qui signifie «accomplir». Les amulettes appartiennent au domaine des croyances magiques quiont existé chez tous les peuples et se retrouvent encore partout sousles formes les plus diverses. Innombrables sont les objets auxquelson attribue un pouvoir magique: parties du corps de l'homme ou desanimaux, plantes, pierres, métaux, monnaies, armes, outils, etc. Uneinscription, fût-elle très courte, leur donne une valeur particulière. Les fouilles pratiquées en Palestine ont montré que, là aussi,les amulettes ont joué un grand rôle dans la vie des habitants dupays, à l'époque israélite comme à l'époque cananéenne. On a retrouvéde simples petites pierres percées d'un trou, des figuresgrossièrement taillées, des coquillages, des représentations del'oeil d'Horus (dieu égyptien), spécialement efficaces contre le mauvais oeil, de petites statuesde Bez (dieu domestique égyptien) ou d'Astarté, qui devaient assurerla faveur de ces divinités, des scarabées en grand nombre, des«lunes» (croissants), des «soleils», etc. L'influence égyptienne esttrès visible, mais en Assyro-Babylonie les amulettes n'étaient pasmoins nombreuses ni moins variées qu'en Egypte (voir art. Apotropoeen du Reallexic. dev Assyriol., fasc. 2, 1929). L'existence d'une foule d'amulettes en Canaan à l'époqueisraélite ne surprend pas, car la magie sous toutes ses formesoccupait une grande place dans les conceptions et les pratiquespopulaires, comme le montrent les défenses de la Loi et la polémiquedes prophètes: Ex 22:18,Le 19:26,De 18:10,Esa 2:6,Eze 13:17-19,Mal3:5, cf. 1Sa 28:9,2Ro 21:6. Cependant les amulettes ne sont que rarement mentionnées dansl'A.T. Le mot même ne se trouve qu'une fois, Esa 3:20, dansl'énumération des nombreux objets dont les femmes avaient coutume dese parer. Mais d'autres passages font évidemment penser à desamulettes: Ge 35:4, boucles d'oreilles que Jacob enterre avecles idoles des membres de sa famille; (cf. Ex 32:3) Jug8:23, croissants au cou des chameaux des Madianites; Ca 4:9,collier qui a un charme spécial; Ge 38:18, le cordon que Judadonne à Tamar; cf. Os 2:4. Plusieurs prescriptions de la loi, qui ont actuellement uneportée spirituelle, ont conservé le souvenir de la croyance à lavaleur préservatrice de certains objets. Ainsi les clochettes d'or etles grenades qui ornaient la robe du grand-prêtre étaient sans doute,à l'origine, destinées à éloigner les mauvais esprits (Ex28:33-35), et les franges, avec le cordon bleu que les Israélitesdevaient mettre aux coins de leur vêtement, pour se souvenir descommandements de l'Éternel (No 15:37-41), avaient primitivementune signification analogue. Dans De 6:8 11:18 (comp. Ex13:9) la recommandation toute spirituelle d'avoir constamment laloi devant les yeux fait allusion à des signes et à des toiaphoth (mot de signification obscure =probablement des bandeaux autour dela tête) que l'on portait autrefois en guise d'amulettes. Chosecurieuse, la recommandation de De 6:8 a été prise plus tard aupied de la lettre, et on a confectionné de petites bottes contenantdes passages de la loi, que l'on assujettissait au bras gauche et surle front pendant la prière. Ce sont les phylactères de Mt 23:5,et leur nom (=préservatifs) indique qu'on leur attachait la valeurd'amulettes. La croyance aux amulettes est contraire à la vraie religion, quiréclame l'unique confiance en Dieu, mais elle tend constamment àreparaître quand la piété diminue. Voir Magie. Voir les Manuels récents d'archéologie biblique et les documentssur les fouilles en Palestine; Bertholet, Hist. Civ. Isr., etc.L. A.