JÉRICO

A proximité de la localité moderne de Erîkhâ, située à 11 km. dela mer Morte et à 4 km. 1 /2 du Jourdain. La Jérico de l'A.T, est à rechercher au Nord-O, du village arabe,près de la fontaine du Sultan, Ain es-Soultân, en bordure del'oasis et non loin de la falaise abrupte du Djebel Karantal Jérico, forteresse cananéenne, fut prise par Josué à la suite d'uneopération qui reste assez mystérieuse et marqua le point de départ dela conquête de la Palestine (Jos 2-6). La ville fut détruite ou plutôt, sans doute, démantelée, etattribuée à Benjamin (Jos 18:21). Son importance avait dûdécliner et les ambassadeurs de David, malmenés par Hanun, pouvaienty abriter quelque temps leur «grande confusion» (2Sa 10:5,1Ch19:5). Au IX e siècle, Hiel de Béthel releva les murs de Jérico etsacrifia deux de ses fils, suivant ainsi les vieux rites cananéens defondation (1Ro 16:34). La ville était le siège d'une école deprophètes et l'on rapportait à Elisée le miracle de l'assainissementdes eaux du pays (2Ro 2). Au temps d'Achaz, les prisonniers de Juda furent ramenés parleurs vainqueurs à Jérico, la ville des palmiers (2Ch 28:15),Jérico est souvent désignée par cette appellation, qui caractérisaitune de ses grandes richesses (De 34:3,Jug 1:16 3:13). Sédécias,fuyard, fut rattrapé par les Babyloniens dans les plaines de Jérico,vit son armée dispersée et fut fait prisonnier (2Ro 25 =Jer39:5 52:8). Après l'exil, 345 captifs rentrèrent à Jérico (Ne7:36) et certains d'entre eux participèrent à la restauration desmurs de Jérusalem (Ne 3:2). A l'époque macchabéenne, Bacchidès, général syrien, construisiten Judée un certain nombre de villes fortes, au nombre desquellesJérico (1Ma 9:50), dont l'existence continua d'êtremouvementée: cadeau d'Antoine à Cléopâtre, vendue au roi Hérode, elledevint pour le monarque iduméen une magnifique résidence d'hiver. Acette époque, la ville s'était déplacée vers le S., et c'est dans laplaine, à l'entrée du ouâdi el-Kelt, qu'il la faut chercher etque se situent les diverses scènes du N.T.: Bartimée (Mr 10:46et parallèle), Zachée (Lu 19:1). L'homme de la parabole, qui descendait de Jérusalem (790 m.d'altitude) à Jérico (250 m. au-dessous du niveau de la mer),traversait une région désertique et peu sûre (fig. 138).Des.attentats étaient chose courante (Lu 10:30). C'est à Jéricoque se réunissaient les pèlerins galiléens qui avaient passé enTrans-jordanie pour éviter la Samarie et qui montaient àJérusalem (Lu 18:31 19:28). Il n'est pas impossible de penserque les montagnes vers lesquelles les pèlerins levaient lesyeux (Ps 121:1) sont celles que l'on voit de Jérico et quimarquent la direction de Jérusalem (fig. 130). La Jérico cananéenne a été fouillée en 1904, puis en 1907-09, parSellin et Watzinger. Deux grands remparts ont été dégagés: l'un ausommet (fig. 115), l'autre ceinturant le tell et englobant la sourcedite aujourd'hui Ain es-Soultân. Les fouilleurs ont marqué laplus grande indécision quant à la date de ces enceintes. Le murextérieur (superbe construction, avec soubassement en gros appareil,glacis et muraille de briques) est-il cananéen ou israélite? Est-cecelui qui s'écroula devant Josué ou celui que construisit Hiel deBéthel? Sellin a repris en 1924 sa théorie première: le mur extérieurest celui que détruisit Josué; il se développait sur 278 m et lasuperficie de la ville enfermée fut évaluée a près de 5 hectares. Destraces d'occupation pré-cananéenne ont été relevées (III emillénaire). Après avoir subi le contre-coup de la domination égyptienne (vers1500 av. J.-C), Jérico fut détruite au XII e siècle par lesIsraélites entrant en Palestine. Du XII e au IX e siècle, la fouilleatteste que la vie y fut à peu près nulle. Au IX e siècle, Hiel deBéthel restaura la ville et l'activité reprit, pour cesserdéfinitivement au temps des Macchabées. On le voit, les recherchesarchéologiques ont confirmé sensiblement les données scripturaires.Pendant la guerre, la vieille muraille, splendide spécimen du travaildéfensif cananéen, fut exploitée en carrière et disparut entièrement.Les trouvailles sauvegardées sont d'ailleurs assez maigres: un peu decéramique, vingt-deux tablettes, des anses estampillées. L'enceintecananéenne était, de beaucoup, le document le plus important. Raisonde plus pour regretter sa disparition. A. P.