(hébreu gan, gannâh). Au sens large, enclos aux environs desvilles, planté d'arbres et d'arbustes, entouré de haiesépineuses (Esa 5:5) ou de murs de pierres (Pr 24:31). Pour protéger vignes et vergers contre bêtes et voleurs,plusieurs jardins ont une hutte ou une cabane (Esa 1:8) ou unetour (Mr 12:1) occupée quelquefois par un gardien (Job27:18). «A l'heure présente on voit encore des tours en grand nombredans les vignes. Elles sont rondes, construites de pierres sèches,d'ordinaire sans mortier...C'est ici que la famille prend sesquartiers d'été et de là qu'on surveille la vigne» (Schneller, Connais-tu..., p. 127). Les jardins de Palestine étaient plantés de fleurs et de plantesaromatiques (Ca 6:2 4:16), d'oliviers et de figuiers (Ex23:10,Jer 29:5,Am 9:14). On y trouve grenadiers, cognassiers,néfliers, citronniers, amandiers (d'après la Mischna), des buissonsaussi (LettreJér.71). «Abstraction faite des fruits savoureux destropiques que la magnifique plaine de Jéricho fournissait jadis, lepays donne encore les fruits d'autrefois, mais en moindre proportion:on y cueille les raisins, les figues, les olives, les dattes, lesgrenades, les oranges, les citrons, les bananes, les melons, lesmûres, les prunes, les pêches, les abricots, les noix, les amandes,les pistaches, les caroubes, les pommes, les poires, etc.» (ouvr.cit., p. 101). Le jardin potager (De 11:10,1Ro 21:2) contenait surtoutdes légumes: herbes amères (voir Herbe, parag. I), moutarde (Lu13:19), etc. Les Juifs pratiquaient la culture des ceps étrangers(Esa 17:10, Targum sur Ec 2:5 et suivant) et sans doute lagreffe (Ro 11:17). Il était défendu par la Loi de mélanger lesespèces (Le 19:19,De 22:9,11); la Mischna ordonne même laconstruction de petits murs pour éviter ce mélange. Évidemment levoisinage de l'eau était très important pour l'établissement d'unjardin (En-Gannim ou Djenîn =la fontaine des jardins, Ca4:15). C'est même le trait qui distingue le jardin proprement dit, du champ,de la vigne ou de l'olivette. Un jardin bien arrosé, un arbre prèsdes eaux courantes désignent la fertilité et la prospéritématérielle (Esa 58:11,Jer 17:8 31:12). Ceux qui abandonnentl'Éternel sont comme des jardins sans eau (Esa 1:30). Du torrent voisin ou de la citerne, des conduits amènent l'eaudans des canaux d'irrigation (Ps 1:3,Ec 2:5 et suivant, Sir 24:31). L'arrosage avec le pied, dont il est question dansDe 11:10, désigne soit une roue que l'on faisait ainsi fonctionnerpour faire monter l'eau, soit plutôt l'arrangement de la terre avecle pied pour diriger l'eau d'une rigole dans l'autre..Des (cf. Pr21:1) pressoirs d'huile étaient souv, construits dans ces jardinsou aux environs; la Mischna parle de ceux de Jérusalem: celui deGethsémané, sur les pentes du mont des Oliviers, nous est le plusconnu. Des tombes étaient creusées dans le roc entre les arbres(2Ro 21:18; tombeau du Christ: Jn 19:41). L'existence d'unjardinier dans la propriété de Joseph d'Arimathée, auprintemps (Jn 20:15), semble indiquer un jardin proprement dit. Lesjardins de Jérico, les orangers de Jaffa et de Sidon, les vergers deDamas étaient célèbres; Pline nous parle de la prospérité de ceux deSyrie sous la domination romaine. Sous la royauté, au temps de ladécadence, les jardins devinrent des lieux d'idolâtrie (Esa 1:2965:3 66:17). Les rois et les nobles avaient des maisons de campagne entouréesde jardins (2Ro 9:27, Vers. Syn.: parc; jardin du palais,d'Uzza, 2Ro 21:18-26; de Cyrus, Ne 2:8; d'Assuérus, Est1:5 7:7;voir Jardin du roi), où ils donnaient des fêtes (Ca5:1). Le jardin évoque l'idée de communion avec Dieu, (Éden, Ge2:8,Eze 28:13 31:8 et suivant) de prospérité (Eze 36:35,Joe2:3), de joie (Esa 51:3), de bienfaisance (Sir40:17), et de champ d'action du Royaume de Dieu (Lu 13:19). Ona souvent remarqué le contraste entre la chute du premier Adam dansle jardin d'Éden et l'agonie du second Adam dans le jardin deGethsémané, puis la victoire du Ressuscité dans le jardin de Josephd'Arimathée. Enfin le jardin est devenu le symbole du Ciel dans les troisgrandes religions monothéistes: le Gân-Éden (=Jardin d'Éden) desJuifs, Vil-l'iGannat (=le Jardin) des musulmans, le Paradis (perse fardés =Jardin) des chrétiens.