JAMBE

1. L'hébreu kerayîm (toujours au duel, désignantune paire) serait mieux traduit par «pattes»: d'agneau, bélier, etc.(Ex 12:9 29:17,Le 1:9,13, etc., Am 3:12), et les pattespostérieures saltatoires des insectes sauteurs comme lasauterelle (Le 11:21). 2. L'hébreu chôq, plus fréquent, désigne lesjambes de l'homme (Ca 5:15,Da 2:33) ou de la femme (Esa47:2), comme les pattes des animaux destinés aux sacrifices (Ex29:22,27,Le 7:33 et suivant, No 6:20, etc.); dans les dernierspassages, il vaudrait peut-être mieux lire: «cuisses», comme dansBbl. Cent, et quelques fois. Vers. Syn. (Le 9:21,De 28:35),mais la traduction de Sg.: «épaules» (et de la Vers. Syn. dans 1Sa9:24) est erronée. Au fig.: la jambe de l'infirme représente lafaiblesse (Pr 26:7); dans Ps 147:10, Sg. donne la traductionlittérale: «les jambes de l'homme», Vers. Syn. 1nterprète justement:«l'agilité à la course»; de même, dans Jug 15:8: «il les battitcomplètement» (Vers. Syn.), cet adverbe donne le sens de la locutionlittérale du texte: «jambe sur cuisse», rendue ailleurs «cuisse ethanche» (Cramp.) ou «dos et ventre» (Ost., Sg.). 3. Le grec skélos ne se trouve que dans Jn19:31 et suivants, où les chefs juifs: obtiennent de Pilate defaire rompre les jambes aux crucifiés afin de hâter leur mort avantle commencement du sabbat. Le fait que les soldats jugent cetteprécaution inutile pour Jésus est important en ce qu'il manifesteleur conviction de la réalité de sa mort; le quatrième évang, y voitl'accomplissement de Ps 34:21: «Aucun de ses os ne serabrisé». (cf. Ex 12:46) Chose curieuse, dans l'évangile apocr, dePierre, c'est le brigand repentant qui n'a pas les jambes rompues, etceci pour aggraver son supplice: «Il leur faisait ces reproches:nous, nous souffrons ce que nos crimes méritent, mais cet homme étantdevenu le Sauveur des hommes, quel mal vous a-t-il fait? Alors eux,irrités contre lui, défendirent de lui rompre les jambes, pour lelaisser mourir dans les tourments.» Cette mesure était d'ailleurs envigueur dans l'empire romain, moins comme un moyen d'abréger lessouffrances des suppliciés que comme un supplice en soi, le crurifragium, qu'on infligeait aux esclaves à coups de barre defer; Constantin abolit ce supplice ainsi que celui de la croix. Latorture de la roue, pratiquée jusqu'à la Révolution française, étaitune variante raffinée du crurifragium