JACQUES

Plusieurs personnages du N.T. portent ce nom; la question del'identification ou de la distinction de quelques-uns d'entre eux asoulevé beaucoup de discussions, que nous ne pouvons qu'effleurer. 1. Fils de Zébédée et de Salomé, apôtre. Appelé à suivre Jésus en mêmetemps que son frère cadet Jean (Mr 1:19 et suivant); plus tardélu par Jésus au nombre des Douze (Mr 3:17 et parallèle). Lesurnom de Boanerges (voir ce mot), «fils du tonnerre», désigne bienle caractère impétueux des deux frères, tel qu'il se montre dansl'épisode des Samaritains (Lu 9:52-56) et dans la requête despremières places dans le Royaume (Mr 10:35,40). Admis dans laplus grande intimité du Sauveur, Jacques, ainsi que Pierre et Jean,fut témoin de la résurrection de la fille de Jaïrus, de latransfiguration de Jésus et de son agonie en Gethsémané (Mr 5:379:2 14:33 et parallèles). Il fut le premier apôtre martyr, ayant étémis à mort par Hérode Agrippa I er vers l'an 44 (Ac 12:2). Lalégende catholique a fait de lui l'apôtre de l'Espagne; sanctuaire deSaint-Jacques-de-Compostelle (Galice), si célèbre au Moyen âge, etd'où les pèlerins rapportaient en souvenir des «coquilles de saintJacques». 2. Fils d'Alphée, apôtre (Mt 10:3,Mr 3:18,Lu 6:15,Ac 1:13). On nesait rien de lui, mais on l'identifie généralement avec Jacques,surnommé le Petit ou le Mineur (soit à cause de sa petitetaille, soit pour le distinguer de J. fils de Zébédée), fils deMarie (Mr 15:40 16:3,Mt 27:56,Lu 24:30). On admet aussi que samère est la même que Marie (femme) de Cléopas ou, plus exactement,Clopas (Jn 19:25), Alphée et Clopas pouvant être deux formesrapprochées du même nom; mais ceci demeure très discutable (voirAlphée, Clopas). 3. «Le frère du Seigneur» (Ga 1:19). Il partagea d'abordl'incrédulité des frères de Jésus, dont il semble avoir étél'aîné (Mr 6:3); mais O fut gagné par une apparition duRessuscité (1Co 15:7). S'étant dès lors rattaché à la communautédes disciples, il devint avec le temps le chef considéré de l'Églisede Jérusalem (Ac 12:17). L'apôtre Paul mentionne la visite qu'illui fit trois ans après sa conversion (Ga 1:19). Au Synode deJérusalem, Jacques joua un rôle prépondérant en présidant l'assembléeet en proposant la résolution qui fut adoptée (Ac 15:13-21).Dans cette occasion, Paul l'appelle une des «colonnes» del'Église (Ga 2:9). Lors de son dernier voyage à Jérusalem, cefut encore à Jacques et aux anciens que Paul remit le produit de lagrande collecte des Églises en pays païen (Ac 21:18 et suivant).Nous pensons que «le frère du Seigneur» est l'auteur de l'épître deJacques (Jas 1:1, cf. Jude 1:3); voir art. suivant. Jacques représente dans l'Église apostolique la tendancejudéo-chrétienne, fidèle à la loi (Ga 2:12). La traditionpostérieure (Hégésippe, II° siècle) le décrit comme un homme d'unegrande piété et; d'un ascétisme austère, n'ayant jamais bu ni vin niliqueur fermentée et ne se nourrissant que de légumes. On l'avaitsurnommé le Juste, et l'on disait qu'il restait de longues heuresagenouillé dans le temple, priant Dieu pour les péchés de son peuple,tellement que la peau de ses genoux était devenue calleuse commecelle des chameaux. Suivant l'historien Josèphe, pendant l'intervalle entre la mort dugouverneur Festus (Ac 24:27) et l'arrivée de son successeurAlbinus, le grand-prêtre Hannah fit comparaître devant le SanhédrinJacques, «frère de Jésus, surnommé le Christ», et quelques autres,et, les ayant accusés de violer la Loi, les fit lapider (an 62).Selon Hégésippe, la mort de Jacques se placerait quelques années plustard, vers 66. Ayant confessé publiquement que Jésus était le Messie,il fut précipité du haut du temple. Peu après, Vespasien commença lesiège de Jérusalem, ce qui fut considéré comme une punition de cecrime. L'exégèse catholique, à la suite de Jérôme, identifie l'apôtreJacques, fils d'Alphée, et Jacques, frère du Seigneur; il s'agiraitalors d'un cousin de Jésus. Le Concile de Trente s'estformellement prononcé dans le même sens à propos du sacrement del'extrême-onction, qu'il prétend trouver dans Jas 5:14. Bienqu'en effet le passage déjà cité, Ga 1:19, ne permette pas dedécider si «le frère du Seigneur» était, oui ou non, un apôtre, latrès grave difficulté de la thèse catholique réside dans le fait queJacques fils d'Alphée était un apôtre du vivant de Jésus, tandis queses frères ne croyaient pas en lui (Mr 3:21,31-35 Jean 7:5). VoirFrères du Seigneur. 4. Père de l'apôtre Jude (Lu 6:16,Ac 1:13). Inconnu. Le texte dit:«Jude de Jacques»: il faut donc suppléer le titre sous-entendu; maisla traduction: «Jude, frère de Jacques», est improbable, et vise àl'identification des Jacques n° et suivant 2, 3, 4 (voir Jude, 1).Th. L.