Conclusion. En approchant du terme de notre étude, nous comprenons mieux quel'explication de tout le mystère réside dans l'élargissement et lapurification de la conception de Dieu au coeur de Juifs indomptablesdans leur foi et inspirés dans leur méditation. La question étaitreligieuse, non politique, et devait arriver à être libérée deconsidérations étrangères ou simplement nationales. Seul parmibeaucoup d'autres, Dieu était devenu le Dieu unique de son peuple et,grâce à l'enseignement spirituel de ses serviteurs, était regardécomme le Dieu du ciel et de la terre, le Dieu de l'univers. Ainsi futabandonné le culte grossier et sensuel qui prédominait autrefois.Jéhovah demandait la miséricorde et non les sacrifices, les actionsde grâces et la louange pouvaient en tenir lieu, le sacrifice suprêmeétait un coeur brisé (Ps 51:18 et suivant). La parole:«l'obéissance vaut mieux que le sacrifice» commençait à être compriseet à recevoir une application plus large. Le passage remarquablePs 40:8 et suivant est placé par un écrivain plus récent, quilui donne un sens messianique, dans la bouche du «Fils de Dieu» etcet écrivain ajoute: «Il abolit ainsi le premier ordre de sacrificespour établir le second» (Heb 10:4-9). Il en est de même del'idée du péché; de plus en plus l'accent est mis sur les violationsde la justice plutôt que sur les infidélités dans l'observance desrites. Il est vrai que toutes les ordonnances concernant le templesubsistaient, minutieusement réglementées, aussi bien que le grandjour de confession et d'expiation nationales (voir Fêtes), et que lacasuistique et les subterfuges pour se soustraire aux lois gênantesne manquaient pas. Mais une piété réelle et une dévotion paisibledevaient habiter les maisons juives, et il ne faut pas juger lepharisaïsme d'après ses pires représentants. Lorsqu'un peu plus tarddisparut l'organisation tout entière édifiée sur le sacrifice, lapiété juive survécut et montra sa remarquable ténacité. C'est par leséléments de vérité et de vie saine qu'il possède, qu'un grand systèmerésiste à l'épreuve du temps. La croyance en l'immortalité personnelle (voir Eschatologie) neprogresse guère dans l'A.T. Le royaume de Dieu est une perspectivenationale qui doit se réaliser en Palestine, dans la paix et laprospérité, lorsque la nature elle-même sera délivrée des luttes etdu sang versé (Esa 11:6 et suivant). Qu'un homme vécût jusqu'àun âge avancé, mourût en paix et fût enseveli dans le tombeau defamille, cela semblait la destinée normale, et les spéculations surun avenir ténébreux et incertain n'occupaient guère les esprits. Plustard l'influence étrangère stimula peut-être les préoccupations del'au-delà. L'homme pieux, dans sa détresse, termine une prièreémouvante par ces mots: «Détourne de moi ton regard et que jereprenne mes forces, avant que je m'en aille et que je ne soisplus!» (Ps 39:13). Le poète du livre de Job fixe sur l'avenirun long et ardent regard, mais sans posséder une assurance claire etferme. L'auteur de l'Ecclésiaste ne trouve ni dans l'espérancenationale ni dans la foi personnelle le soulagement de son doute. Lepassage: Ps 71:20 signifie peut-être que la mort ne peut briserle lien spirituel qui unit l'âme croyante à son Dieu. Cespréoccupations prennent une plus grande place dans la littératuresubséquente. Au temps de notre Sauveur existait un parti qui croyaita la résurrection (Mt 22:23), Mais, sous l'influence de laprédication chrétienne, l'espérance du royaume de Dieu véritable etde la vie future du croyant reçut une impulsion nouvelle. Quant à l'importance de l'A.T, dans la pensée de Jésus-Christ, unregard sur les évangiles suffit à démontrer en quels rapports étroitsavec les livres sacrés de ses compatriotes il vécut dès sa jeunesse.Il cite de mémoire des passages des Psaumes, des livres historiquesou des prophètes. Il fait constamment allusion à quelque événement del'histoire ou à une grande parole prophétique. Il reconnaîtl'insuffisance de la loi mosaïque et cependant affirme qu'elle doitêtre accomplie. Il dénonce les traditions et la casuistique quirendent inopérante la Parole de Dieu. Il est lui-mêmel'accomplissement des plus nobles aspirations de la loi. A la lumièrede son jugement, nous regardons l'A.T., dans sa faiblesse et sagrandeur réunies, comme un livre prophétique dont l'action fut siconsidérable qu'elle ne saurait être détruite (De 6:1-9). Etcependant on peut dire des saints de l'ancienne alliance qu'unerévélation à venir était nécessaire à la réalisation de leursespérances (Heb 11:40). Jésus le Christ, l'Oint de Dieu, au sensle plus élevé du mot, a des liens étroits et formels avec l'A.T.,mais par son esprit il le dépasse. Le caractère de son enseignement,avec ses paraboles, ses comparaisons, nous rappelle les proverbes des«sages» de l'antiquité; il se sent lui-même étroitement uni auxprophètes et il est reconnu comme tel par le peuple que frappe sonautorité, que touchent ses appels directs au coeur des hommes. A uneépoque rapprochée de la sienne, une grande valeur avait été reconnueà l'élément apocalyptique; Jésus, lui, ne se meut pas dans lessphères politiques. Le royaume de Dieu, pour lui, n'est pas de cemonde; il est une puissance qui doit pénétrer la vie de l'humanitétout entière et rétablir l'union entre le Créateur et sa créature.Aussi avons-nous le droit de regarder Jésus-Christ comme lecouronnement suprême de ces longs siècles de labeur et d'espérance.W.G. J. Voir Bertholet, Hist. Civ. Isr., Payot, Paris 1930; Ad. Lods, Israël, I, Renaissance du Livre, Paris 1930.