HYSOPE

(hébreu ézob, grec hussâpos). Plante qui pouvait se mettre enbouquet (Ex 12:22), pour servir aux aspersions rituelles d'eauou de sang destinées à diverses purifications légales (Le14:4-7,49-52,No 19:6,18,Heb 9:19), et devenue symbole de lapurification (Ps 51:9). Elle est citée dans 1Ro 4:33 comme poussant dans lesmurailles, et mise en contraste avec le cèdre du Liban: deux extrêmesentre lesquels se placent arbres, arbustes et arbrisseaux. Mais latraduction courante de Jn 19:29, mentionnant une «canne» ou«tige» d'hysope assez forte pour porter une éponge imbibée devinaigre, se concilie difficilement avec la description de tous lesautres passages; le texte dit seulement: «Ayant fixé l'éponge à unehysope, ils l'approchèrent de sa bouche», et les parallèles (Mr15:36,Mt 27:48) parlent d'un «roseau», qui ne pouvait provenird'une plante à bouquets; il est donc permis de supposer que l'épongede vinaigre fut fixée à l'extrémité du roseau, mais enveloppée dansle bouquet d'hysope, le rôle de celle-ci devant être en tout casd'aromatiser le vinaigre. Il semble en effet fort probable qu'il s'agit d'une des labiéesaromatiques abondantes en Palestine, et peut-être plus spécialementd'un origan voisin de la marjolaine, origanum maru L., plante dela région méditerr.; il se peut d'ailleurs que le terme d'hysopedésignât pour les anciens non une seule espèce mais un certain nombrede plantes voisines, labiées des genres origan, thym, menthe, sauge,romarin, d'où l'on tire aujourd'hui des essences antiseptiques(thymol, menthol, etc.); l'hysope de nos pays (hyssopusofficinalis L.) appartient à cette famille et croît aussi enPalestine; c'est un sous-arbrisseau odorant, à feuilles linéaireslancéolées, à fleurs blanches, bleues, rosés, aimant les lieuxarides, et un aromatique amer entrant dans la fabrication de lachartreuse, de l'eau de mélisse des carmes, etc. Une détermination moins probable, inspirée par la ressemblance,d'ailleurs contestée, entre l'hébreu ézob et l'arabe asaf, afait penser au câprier (capparis spinosa L.), très commun sur lesroutes et les murs en certains points d'Orient, p. ex. à Jérusalem,mais dont les tiges garnies d'aiguillons ne se prêteraient guère auxaspersions (voir Arbrisseaux, 6). D'autres proposent: phytolaccadecandra L. (fam. des Phytolaccacées); un voisin du teucriumPolium L., le djaili des bédouins (fam. des Labiées); même unemousse, bryum trunculatum, abondante sur les murs de Jérusalem. Ch.-Ed. M.