Le mot homme est pris dans des sens divers, mais son emploi est sicommun qu'il n'y a pas lieu de les définir longuement. Il désignel'espèce à laquelle nous appartenons, par opposition aux espècesanimales; il désigne également un individu de cette espèce; au sensrestreint, il en désigne le mâle, par opposition à la femme.Origine de l'homme. L'homme fut longtemps considéré comme un être à part, distinct dureste de la création. Mais si ses facultés spéciales autorisent uneséparation fondamentale entre lui et les autres êtres vivants, lesanalogies indéniables de son économie physiologique avec celle desanimaux invitent à le rapprocher de ceux-ci. Tous les êtres vivants furent considérés comme le produit decréations spéciales, chacun selon son espèce; les espèces animales,nées par génération spontanée, étaient réputées fixes et immuables àtravers le temps. Ces conceptions s'appuyaient à tort sur uneinterprétation abusive et erronée du récit de la création que noustrouvons dans la Genèse. Mais l'étude de la nature a montré qu'ellesétaient absolument dépourvues de vraisemblance: il faut considérer lemonde, non comme une scène où jouent des acteurs, mais comme unvéritable laboratoire où s'élaborent progressivement des formesnouvelles. Les êtres vivants ont entre eux une parenté, à telleenseigne qu'on a pu imaginer qu'ils descendent purement et simplementles uns des autres et que leurs différences sont dues seulement àl'intensification, au cours des générations, de variationsindividuelles originairement sans importance. L'évolution du monde etdes êtres vivants est une donnée aujourd'hui incontestablementacquise: aucun être organisé n'a vu le jour par une véritablegénération spontanée, et aucun être ne se maintient identique àlui-même à travers le temps: les êtres vivants ont évolué et évoluentencore sous nos yeux. La biologie a tenté d'expliquer l'Évolution; elle s'est efforcéede la ramener à n'être que le résultat de l'action de forcesnaturelles agissant aveuglément dans le monde, et produisant, auhasard, la différenciation des êtres. Plusieurs théories ont étéélaborées pour expliquer que l'Évolution se fait mécaniquement etnaturellement. Ces théories prétendent montrer que d'infimesvariations peuvent donner naissance, à la longue, à des espècesnouvelles, sans qu'aucune ordonnance surnaturelle ait à intervenir:c'est le transformisme. Le transformisme n'est qu'une manièred'expliquer l'Évolution et ne doit pas être confondu, comme on lefait communément, avec l'Évolution elle-même. L'Évolution montre que les êtres vivants, y compris l'homme,n'ont pas toujours existé, mais sont apparus successivement sur laterre et se sont modifiés au cours des âges pour devenir ce qu'ilssont de nos jours; un simple examen de la nature impose cesconstatations. Des recherches diverses ont mis à jour des crânes etdes squelettes humains dont les caractères animaux ou simiesques sonttrès marqués: ces fossiles pré-humains ont reçu des noms divers.Citons par ordre d'antiquité: pithecanthropus de Java, sinanthropus, homo Hei-delbergensis, h. Neanderthalensis, etc.Les premiers appartiennent nettement à l'animalité; les derniers serapprochent un peu de l'homme, mais sont encore des animaux. Onconnaît ensuite trois grandes races qui correspondent aux racesactuelles et sont nettement des races humaines: Grimaldi (Négroïde),Cro-Magnon (Blanche), Chancelade (Jaune). Voir Préhistoire del'humanité. On pense généralement que les fossiles animaux, dont nous venonsde citer les noms, témoignent de l'existence d'ancêtres animaux de larace humaine et prouvent l'ascendance animale de l'homme. On nesaurait le contester: la recherche scientifique doit être respectéeaussi longtemps qu'elle demeure l'expression de l'observationscrupuleuse et impartiale des faits de la nature. L'évolution desêtres vivants est un fait et leur descendance a toute chance d'êtrel'expression d'une vérité. Mais il convient de se garder desdoctrines scientifiques qui prétendent faire de la métaphysique avecdes observations naturelles: le transformisme, nous l'avons dit, estune de ces doctrines. Il entend prouver que l'Évolution s'est opéréemécaniquement et naturellement; par là, il devient exclusif de toutcréationisme, puisque Dieu n'a rien à faire dans une nature qui sefait toute seule. De telles vues sont absolument erronées et contraires à la fois àla Bible et à l'observation de la nature. En effet, il estincontestable que l'Évolution est progressive, c'est-à-dire que lesderniers êtres présentent une supériorité sur leurs antécédents. Ondoit, par pure logique, conclure que le plus ne peut, naturellement,sortir du moins, c'est-à-dire sans un apport extérieur. Ceci devientévident si l'on considère la supériorité des espèces nouvelles: cen'est pas une supériorité purement animale, la seule que letransformisme puisse expliquer; par exemple, l'augmentation du volumedes membres ou la modification mécanique, par l'usage, d'organesexistants. L'Évolution nous montre des organisations nouvelles, desremaniements profonds de l'économie animale, devant lesquels il estvain d'invoquer le jeu des forces naturelles. Au cours de la sérieanimale, nous voyons les êtres vivants acquérir une indépendancetoujours plus grande vis-à-vis du milieu extérieur (locomotion,circulation close, milieux internes, homéothermie, etc.). Cetteconstatation contredit la théorie de l'adaptation. Enfin l'homme apparaît comme un être tout à fait désadapté dupoint de vue naturel et animal. Il est l'aboutissement d'une lignéeanimale qu'il renie par tous ses caractères spécifiques. Aucune causenaturelle ne peut expliquer le désarmement de l'homme, sa nudité, saphysiologie anormalement délicate, son développement d'une lenteurincomparable, la formation hypertrophique de son cerveau, etc.L'homme manifeste une désadaptation naturelle proportionnelle à uneadaptation nouvelle: l'adaptation à la vie psychique et à la vieconsciente, et par là, à la vie morale et à la vie religieuse.Son apparition implique un acte créateur: il exprime une volontéexpresse de Dieu à son. égard. Il n'est pas convenable de nier l'évidence et de répudier lesprincipes d'Évolution que l'observation nous impose. Une telleattitude manquerait de loyauté et ne saurait se justifier, puisqu'uneévolution bien comprise, loin de contredire le créationisme,l'implique et le démontre au contraire. Il ne s'agit plus, sansdoute, d'une incompréhensible création ex nihilo, mais il estquestion d'une intervention ou d'interventions miraculeuses duCréateur pour façonner sa créature et en faire ce que sa divinesagesse décide pour elle. Nous avons cru devoir insister quelque peu sur ce point, car lesprincipes d'Évolution sont trop souvent confondus avec les doctrinestransformistes qui s'en sont octroyé le monopole. Ces doctrines enviennent à chasser Dieu de sa création, ce qui serait uneinadmissible conséquence.Bible. La Bible ne contredit en rien les principes évolutionnistes, etson enseignement conserve toute sa valeur et sa portée en dépit deséclaircissements que l'observation naturelle peut y apporter. Il estabsolument vain, pour ne pas dire impie, de chercher dans la Bibleune cosmologie ou une anthropologie. Ces questions, qui regardentexclusivement la curiosité humaine, ne sont nullement abordées dansles Saintes Écritures. La Révélation divine est d'ordre religieux etla Bible n'envisage l'homme que dans ses relations avec Dieu. Lecontexte, qui accompagne les déclarations bibliques, a simplementpour but de permettre au coeur avide d'être éclairé sur sa situationvis-à-vis de Dieu, de comprendre la portée religieuse de sonenseignement spirituel: l'homme, créé comme le couronnement d'unecréation matérielle et animale (Ge 1:26 2:19), est l'effet d'unevolonté créatrice de Dieu (Ge 1:26 2:7). Au commencement, Dieucréa toutes choses (Ge 1:1,25 2:1,6); puis il créal'homme (Ge 1:28-31 2:7). On a voulu, par des procédés divers, extraire de la Bible desthéories scientifiques plus ou moins évolutionnistes. C'est ainsi quecertains proposèrent de traduire le mot jour par période et de voir,dans les six jours bibliques, six périodes géologiques. Toutes cesexplications présentent deux vices qui contraignent à les rejeter: lepremier est un vice principiel: c'est de construire, à partir de laBible, une doctrine scientifique, ce qui est une extrêmeméconnaissance du caractère religieux de la Bible. Le second est unvice de méthode, car toute tentative de conciliation entre uneprétendue science biblique et la science naturelle, contraint àmutiler l'une ou l'autre, à faire dire à l'une ou à l'autre cequ'elle n'est pas en mesure de dire. Pour les jours-périodes, par exemple, il est question dans laBible de jours qui ont un soir et un matin, qui se comptent commeceux de la semaine et dont le septième est le jour du sabbat! ensorte qu'il est inadmissible de vouloir y trouver ce qui ne saurait yêtre exprimé. La création est racontée dans Ge 1:1-31 2:1-3 etdans Ge 2:4,7 2:18-24; on pourrait penser qu'il s'agit de deuxrécits différents, ce qui prouverait le peu d'importance que la Bibleattache au processus de la création. Les deux récits s'accordent pourmontrer la basse origine de l'homme qui, malgré les dons spéciauxqu'il reçoit de son Créateur, n'est que poussière (Ge 2:7), etla haute valeur que lui confère l'acte créateur de Dieu, puisque Dieufait l'homme à son image (Ge 1:26 et suivant). Ainsi la Bible nenous enseigne rien qui touche à la biologie générale ou àl'anthropologie: il n'est pas un seul verset qui ait la moindreprétention scientifique, mais il n'en est aucun qui n'ait une portéereligieuse. Sous le vêtement figuré que le langage impose à toutepensée, c'est cet enseignement religieux qu'il convient d'y chercher. La création de la femme est également présentée sous deux aspectsdifférents. Dans Ge 1:27, Dieu créa l'homme mâle et femelle, ensorte que la création d'Adam et d'Eve procède d'un même acte créateurde l'Éternel. Dans Ge 2:18-23, l'homme nomma les animaux avantque la femme fût créée: c'est d'une côte impaire de l'homme que Dieucréa la femme (Ge 2:21,23). Ce récit symbolique ne prétend pasenseigner que la femme soit inférieure à l'homme, mais au contrairequ'elle a avec lui la plus étroite solidarité (Ge 2:23) etqu'elle est la compagne normale et nécessaire de l'homme (Ge2:24,Mt 19:5,Mr 10:7,Pr 31:10-28 Eph 5:31,1Pi 3:7).Nature de l'homme. L'homme est, en tant qu'être vivant, d'origine animale. Il possède uncorps dont les caractères spécifiques sont: la station verticale, labimanie, la nudité, le volume crânien, etc. Ce corps,physiologiquement, à part ces quelques particularités spécifiques,est entièrement analogue à celui des mammifères (voir Corps). Ce quifait de l'homme un être à part, c'est la capacité conceptuelle dontil est doué. Il peut abstraire ses perceptions de l'objet qui les aprovoquées et concevoir des relations entre des images abstraites.Par là s'ouvre devant lui un monde nouveau: le monde de l'idée auquelpréside l'intelligence. Cette particularité d'abstraire lesphénomènes aboutit chez l'homme à un état nouveau: celui où l'êtrepensant, non content de s'abstraire du milieu extérieur, s'abstraiten quelque sorte de lui-même, se regarde penser, c'est-à-dire prendconscience de lui-même. L'homme sera désormais en mesure de se proposer des fins; toutesses facultés physiologiques se trouveront modifiées par cetteconscience de soi; il ne vivra plus exclusivement d'instincts dictéspar la nature, mais il raisonnera; il ne vivra plus seulementd'impressions reçues du dehors, mais il fera acte de volonté; il neconnaîtra plus seulement les tendances physiologiques, mais il auraaccès à un domaine nouveau: le sentiment. De plus, sa facultéconceptuelle trouvera dans le langage un moyen de s'exprimer (Ge2:19) et l'homme sera en mesure d'avoir avec ses semblables deséchanges abstraits, d'idées et de sentiments. Mais cette consciencede soi, qui marque l'achèvement et le couronnement de la créationphysiologique, met l'homme dans une situation nouvelle: il est unêtre appelé à l'indépendance complète vis-à-vis de la nature; il serace qu'il se fera; il est conduit au seuil d'un monde nouveau auquelDieu le convie: le monde spirituel.Bible. La Bible n'offre pas plus de doctrine sur la psychologiehumaine, qu'elle ne renferme de théorie biologique. Les conceptionsqu'elle met en oeuvre sont des conceptions élémentaires susceptiblesd'être comprises de tous les temps; elles varient d'ailleurs d'unlivre à l'autre. L'analyse des facultés humaines n'y est nullementtentée; la Bible n'en tient compte que pour mettre l'homme en gardecontre les déviations dont sa nature physiologique ou psychologiquepourrait être cause. La chair, le corps caractérisent l'être humain dans sonapparence terrestre, sa faiblesse, ses instincts, sa corruptibilité,le siège des tentations et finalement du péché (Php 3:3,Ge 6:3,Ps78:39,Mr 14:38,Jn 3:6,1Jn 2:16,Eph 2:1-5,Ro 7:14 etc.). Voir Chair. L'âme est le plus souvent le principe vital;(1Ro 17:21,1Sa 1:26 17:55 25:26,Job 12:10,Mt 16:26,Mr 8:36,Ac 10:20) ceprincipe vital de nature organique, commun à l'homme et auxanimaux (Ge 9:4,De 12:23,Le 17:11,Ps 74:19,Jas 2:26), estsouvent confondu avec le principe spirituel proprement dit, qui estparticulier à l'homme fait à l'image du Créateur (Esa 61:1066:3,Mt 10:28,Jn 12:27,Ac 15:24,1Co 15:45). Voir Image, parag. 11. L'esprit (voir ce mot) exprime tantôt le souffle,(Ps 104:29,La 2:12,Za 12:1 etc.) tantôt la capacité religieuse del'homme, la puissance divine qui agit en lui,(1Sa 16:13,No 11:25,Esa 61:1,Mic 3:8 etc.) tandis que le coeur est le forintérieur, le foyer de la vie personnelle, le siège des sentiments,voire de la conscience morale (Mt 5:8 9:4,Ro 1:24,Ga 4:6,1Co4:5 etc.). Voir Coeur, Entrailles.Doctrine de l'homme. Adam est le type de l'humanité: ce mot hébreu signifie «l'homme». Ilapparaît dans la Bible comme le premier être vivant qui porte ce nom,mais non pas comme le seul être humain qui existe, puisqu'il estquestion ailleurs des filles des hommes (Ge 6:2). Sa naturepropre, comme celle du reste de l'animalité, n'est quepoussière (Ge 2:7,Ec 3:20), mais il reçoit un don spécial qui neprovient pas de la terre: il est créé à l'image de Dieu (Ge1:26,1Co 11:7,Col 3:10,Jas 3:9). Ce n'est pas à dire que Dieu puisseêtre découvert par la contemplation de l'homme, auquel il auraitservi de patron; ce n'est ni dans les caractères physiques, ni dansles caractères psychologiques qu'il faut chercher la ressemblance del'homme avec Dieu (Col 3:10), mais dans une personnalité capablede connaître un développement spirituel, puisque capable des'affranchir de la nature d'abord et de soi-même ensuite, pour sedonner soi-même à son Dieu qui l'appellera. Par son intelligence, l'homme dominera la création et, parl'appel de Dieu, il pourra devenir un être spirituel. En effet, parle fait même de la création spéciale dont il vient d'être l'objet,l'homme trouve deux voies ouvertes devant lui: l'une est la voienaturelle, l'autre est la voie divine. L'une le portera à poursuivre,avec le concours des capacités intellectuelles dont il est doté,l'évolution organique et naturelle qu'il devrait clôturer, et àrégner pour son propre intérêt sur la création. L'autre l'invitera àdépasser le monde naturel et à continuer l'évolution spirituelle queDieu a amorcée en lui, s'affranchissant de la nature et régnant surlui-même pour s'offrir à Dieu. Cette alternative est illustrée defaçon symbolique et magnifiquement éloquente par le fruitdéfendu (Ge 2:15-17). Manger le fruit de l'arbre de laconnaissance du bien et du mal, c'est faire servir son intelligence àdes fins organiques et terrestres, c'est s'ériger en juge du bien etdu mal et prendre en main, pour soi-même, la direction de savie (Ge 3:6,22); voir Chute. Respecter le fruit selon ladéfense divine, c'est éviter cet écueil et poursuivre, par le moyendes facultés reçues; une évolution spirituelle, laissant à Dieu ladirection de sa vie pour parachever l'oeuvre de la création. L'homme, tenté par la nature qui parle en lui, refuse de répondreà l'appel de Dieu: (Job 15:14,16) ce qui fait la force duserpent tentateur, l'animal qui se meut tout près de la terre, c'estqu'il fait entendre la voix de la nature (Ge 3:1). Dès cemoment, l'essor de l'évolution créatrice est arrêté, car la dernièrecréation de Dieu, la plus délicate, vient d'avorter (Ge 3:23).La création du corps a suivi l'ordonnance divine; il en est de mêmede l'intelligence qui y est partiellement liée; mais la mystérieuseintervention du serpent a empêché le Créateur de faire sortir l'hommede cet état organique pour réaliser une communion spirituelle aveclui. Le refus de l'homme exprime sa volonté de se complaire enlui-même et de négliger Dieu. Désormais tout homme héritera de cesdispositions hostiles à l'égard de Dieu (Ro 5:12,18) et setrouvera naturellement porté vers les choses animales, égoïstes ourationnelles, auxquelles il ramènera toute son activité (Job11:12,Jer 10:14). Son seul régulateur sera la contrainte sociale, etencore ne par-viendra-t-il à l'accepter que par la force (lois),restant toujours prêt à dévorer son semblable sous de pieux prétextes(guerres). Un cruel désarroi sera dans son coeur, qu'il tentera derésoudre de bien des manières (magisme, fétichisme, rationalisme,civilisation scientifique ou morale), sans en obtenir aucunapaisement. Dieu avait confié à l'homme son image et l'homme a dégradé cetteimage, profitant, si l'on peut ainsi dire, du cadre et négligeant leportrait. Dieu laissa évoluer l'humanité sur le plan organique oùelle était restée, humanité morale du point de vue naturel, dévoyéedu point de vue divin. Au sein de cette humanité, par un lent travaildont l'A.T, nous apporte les échos, il sauva les restes de son image.Puis, le moment venu (Ga 4:4), il tenta une nouvelle création,non plus organique, car la création organique avait réussi; non pluspsychologique, car la création psychologique avait réussi; maispurement spirituelle: ce sera la création du second Adam (Ga4:4,Mr 1:15). Cette création n'est pas plus que les précédentes unecréation ex nihilo, mais l'aboutissement d'une lente évolution,une intervention créatrice de Dieu dans le monde. Pleinement homme,puisqu'issu de la création organique et psychologique antérieure, leChrist sera pleinement Dieu, puisqu'il sera une création spirituellevenant directement du Créateur. Il est la réincarnation de Dieu dansl'humanité; il est la restitution de Dieu à l'humanité. L'image de Dieu a été brisée par l'homme: l'original, en Christ,sera déposé dans l'humanité, afin qu'il devienne possible, àquiconque lèvera les yeux vers cette image, de voir se recomposer enlui l'image de Dieu (Jn 3:14,17,1Co 15:45 etc.). Cependant l'état de péché de l'humanité demeure: (Ro 7:14)l'image de Dieu, à laquelle Adam avait été créé, ne peut plus êtrenaturelle en l'homme, comme elle l'eût été si Adam nous l'avaitconservée (Ro 5:14). L'échec que l'homme fit au plan divin est,naturellement, irréparable, et si le salut sera désormais, paramour (Jn 3:16), mis gratuitement à la disposition de l'homme,ce salut sera conditionné par une naissance nouvelle (Jn 3:3)qui le fera mourir au péché (Ro 6:1-23) pour renaître à la viespirituelle et divine (Esa 17:7, Ézéch, 11:19 36:27, Jean 3:6, Ac1:8, Ro 3:28 8:5-9, 1Co 2:14, Ga 4:6 5:5,18,25 6:1; 1P. 2:2, etc.).H. L.Au mot «homme» se rattachent des locutions particulières: 1° Homme de Dieu. Ce titre désigne dans l'A.T,une fois un envoyé céleste (Jug 13:6,8) et dans tous les autrescas «un prophète» (De 33:1,Jos 14:6,1Sa 2:27 9:6,1Ro 12:22 13:1-3120:28,2Ro 1:9 4:9-40 5:8,14 6:6 et suivant, 1Ch 23:14,2Ch 8:1428:9 30:16,Esd 3:2,Ne 12:24;voir Prophète). 2° Le vieil homme et le nouvel homme. Par cestermes saint Paul désigne dans Ro 6:6,Eph 4:22 et suivant,Col 3:9 et suivant l'homme selon la chair (voir Chair) etl'homme selon l'Esprit ou le régénéré (voir Esprit). 3° L'homme intérieur ou l'homme extérieur Ces expressions répondent, comme les précédentes, à la conditionspirituelle ou charnelle de la créature devant Dieu (Ro 7:22,Eph3:16,2Co 4:16). Le conflit entre ces deux hommes au point de vuemoral est dépeint dans Ro 7. Mais 2Co 4:16 rappelle que lecontraste est ici dans le fait que l'homme extérieur subit les loisde la nature, se détruit et meurt, tandis que l'être intérieur, parla vertu de l'Esprit, se renouvelle sans cesse et s'affermit dans lavie éternelle. Nous rejoignons ici la théologie de Jean. 4° L' homme de péché, ou d'iniquité (2Th 2:3)=l'Antéchrist (voir ce mot, et art. suiv.). 5° Le Fils de l'homme. Cette locution désigne,dans quelques passages des Écritures, simplement la créaturehumaine (Job 25:6,Esa 51:12 etc.); on la trouve aussi aupluriel: «les fils des hommes» (Ps 4:3,Eph 3:5 etc.). DansDa 7:13 et suivant, il s'agit d'un être spécial, d'un personnagequi vient du ciel et qui est le représentant de Dieu sur la terre. Detrès bonne heure on a vu dans ce terme une allusion au Messie. Jésuss'est servi de cette expression avec prédilection pour se désignerlui-même, dans la réalité de sa nature humaine et aussi comme typeaccompli de l'humanité fille de Dieu. On retrouve cette expression 31fois dans Matthieu,14 fois dans Marc 25 fois dans uLc, 12 fois dansJean; et c'est toujours dans la bouche de Jésus se désignantlui-même. On la retrouve encore dans le discours d'Etienne (Ac7:55) et dans les visions d'Apocalypse apparentées à Daniel (Apoc,1:13 14:14). Devant l'imposante concordance des témoignages, ilparaît difficile d'accorder un crédit quelconque à la théorie d'uneécole critique moderne, qui fait argument de l'absence de cetteexpression dans les épîtres de Paul et ailleurs, pour la refuser àJésus-Christ et la considérer comme une création de la littératurechrétienne entre les années 60 et 90. Paul, apôtre des païens,évangélise un milieu dans lequel les prophéties de Daniel etl'Apocalypse messianique ne jouaient nullement le rôle qu'ellesavaient dans les auditoires palestiniens auxquels Jésus s'adressait.Une expression qui disait tout à ceux-ci n'aurait rien dit à ceux-là.Voir les art. sur Jésus-Christ.