GUÉZER

Aujourd'hui Tell Djézer, en bordure de la plaine philistine et auSud-O, de la route moderne de Jérusalem à Jaffa. Ancienne ville quidut son importance à son emplacement stratégique. Mentionnée dans leslettres de Tell el-Amarna (Ga-az-rï), Guézer résista à laconquête israélite (Jos 16:10,Jug 1:29), malgré une traditionplus optimiste (Jos 10:33 12:12). A une époque postérieure, prise par l'Egypte, la ville entra dansla dot de la fille du pharaon, qui devint la femme deSalomon (1Ro 9:16). Il semble difficile de tenir pourhistoriques les données sacerdotales qui classaient Guézer parmi lesvilles lévitiques (Jos 21:21), ainsi que l'indication de 1Ch20:4. A l'époque macchabéenne, la ville est souvent citée sous lenom de Gaséra (1Ma 4:16 9:52 13:43,53j etc.). Elleétait redevenue une forteresse importante. C'est à proximité du mont Gisart que Baudouin IV vainquit Saladin en 1177. Des fouillespratiquées sur ce site (1902-1909) ont permis d'arriver à desrésultats intéressants. Il semble établi que la race troglodyte qui occupa la premièrecet emplacement et qui pratiquait l'incinération de ses morts, dutcéder le terrain devant des Sémites, aux environs de 2500 av. J.-C.Cette race nouvelle pratiquait l'inhumation et usait d'une techniqueplus développée, dans le domaine des métaux (bronze) et de lapoterie. Divers documents égyptiens attestent des relationsimportantes avec le pays du Nil, et cela dès la douzième dynastie(2000 av. J.-C). La ville était défendue par un rempart (troismurailles, élevées successivement, ont été retrouvées) et sonapprovisionnement en eau était prévu, en temps de siège, grâce à un sînnor (conduit souterrain). Deux ou même trois «palais» ont étérepérés, mais la grande découverte fut à Guézer celle de sonsanctuaire. L'évolution de ce haut-lieu (fig. 110 à 113) est assezdifficile à préciser avec certitude. Il semble pourtant que lesSémites occupant (vers 2500) le sanctuaire néolithique (caverne etcupules) y ajoutèrent deux bétyles (pierres sacrées). Un cataclysme, dû peut-être à l'invasion des Hyksos, ravagea lepays (vers 1800 av. J.-C). Quatre cents ans plus tard, la population,relevant ses ruines, restaura le haut-lieu, et, considérant le bétylesurvivant comme un fétiche, lui adjoignit toute une file de stèles,véritable cortège d'honneur (hypothèse du P. Vincent). C'est à Guézerque l'on trouva aussi un des ensembles les plus impressionnants desacrifices de fondations: jarres funéraires contenant des squeletteshumains, quelquefois d'enfants (fig. 91). Après la guerre de1914-1919, on découvrit, à l'Ouest. du haut-lieu, l'hypogée royal,véritable labyrinthe de salles. Tous les documents (bijoux,scarabées, harpe, diadème, cylindres) représentent la tripleinfluence, égyptienne, égéo-mycénienne, orientale. Voir encore H. Vincent, Canaan; Macalister, Gaar, etc. A. P.