GESTES

Les Orientaux Ils se livrent à des gestes multiples qui étonnentl'Occidental réservé. Parmi les innombrables traces qu'en contient laBible, nous ne pouvons citer que quelques exemples.LA TETE.Lever la tête était signe de succès (Jug 8:28,Zach,1:21,Ps 83:3110:7). La secouer, marque de mépris (Ps 22:8,Jer 18:16,Mr15:29 et parallèle). En cas de deuil (voir ce mot) on se lacouvrait (2Sa 15:30,Jer 14:3,Est 6:12), on se mettait la mainsur la tête (2Sa 13:19), ou l'on y mettait des cendres, de lapoussière (Jos 7:6,1Sa 4:12,2Sa 1:2 13:18).LA MAIN.On élevait les mains dans la prière (1Ro 8:22,Ps 134:2); on lesétendait pour des reproches (Esa 65:2); on les frappait pourconclure une affaire (Pr 6:1, litt. «si tu as frappé de ta maindans celle d'autrui»; cf. l'usage moderne de «toper»); on pouvaitcroiser les mains pour dormir (Pr 6:10). On les levait pourbénir (Le 9:22). La main au bout du bras étendu signifiaitl'autorité qui commande ou châtie (Ex 6:6 14:16 etc.). Enélevant les doigts réunis, on demandait le silence pour pouvoir sefaire entendre (Ac 12:17 13:16 21:40). Se laver les mains étaitune protestation d'innocence (De 21:6 et suivant, Ps 26:673:13), devenue rite symbolique (Ex 30:19 et suivant), et qu'arendue tristement proverbiale le geste de Pilate (Mt 27:24).Arroser les mains d'autrui était une fonction de serviteur (2Ro3:11).SALUTATION.Envers son supérieur, la salutation d'un Oriental est la suivante: ilfait un large geste de la main jusqu'à terre, puis relève la main àson coeur et à son front. Les intimes s'embrassent sur les joues, lesenfants baisent la main des parents et des personnes âgées (voirBaiser). Des amis se prennent le menton ou la barbe (2Sa 20:9).Au contraire, on rompt avec un offenseur en secouant la poussière deses sandales (Mt 10:14 et parallèle, Ac 13:51), ou ensecouant ses vêtements (Ac 18:6). Laver les pieds au visiteurétait une politesse nécessaire (Ge 18:4,Lu 7:38,Jn 13:5,1Ti5:10).Jésus-Christ. C'est surtout au point de vue religieux que les gesticulationsorientales nous paraissent exagérées: grande est la différence entreles dévotions musulmanes qui exigent plusieurs aplatissements àterre, bras allongés, etc., et la prière silencieuse du protestantdebout dans un temple. Le principe du Christ, attribuant au Malin cequ'on dit ou ce qu'on fait de plus (le texte signifie: ce qu'onajoute) quand on a dit: oui, ou non (Mt 5:37), ouvre une èrenouvelle, celle de la simplicité dans la sincérité. Jésus n'en a pasmoins participé personnellement à la nature humaine corporelle, dontsont inséparables certains gestes, postures ou mouvements expressifs;il en a même usé consciemment en exerçant son ministère.Il étend la main (Mt 12:49), lève les yeux au ciel (Mr 6:41et parallèle, etc.), lance des regards indignés (Mr 3:5),affectueux (Lu 6:20 22:61,Mr 10:21), soupire (Mr 7:348:12), frémit (Jn 11:33,38), pleure (Jn 11:35,Lu 19:41,Heb5:7), se courbe en terre par discrétion pour ne plus voir (Jn8:6 et suivant), une fois s'agenouille (voir Genou) pour la prièrede l'agonie (Lu 22:41). Il touche certains malades pour lesguérir (Mr 1:41 7:32,Mt 9:29,Lu 22:51,Jn 9:6 etc.), et desmalades le touchent (Mr 5:27 6:56, etc.); il en prend par lamain (Mr 1:31 5:41 et parallèle cf. Ac 3:7 9:41); ilimpose les mains (voir Imposition des mains) à des malades ou auxenfants (Lu 4:40,Mr 10:16 etc.), prend ceux-ci dans ses bras(Mr 9:38 10:16, cf. Lu 2:28); il rompt le pain en rendantgrâces (Mr 14:22,Lu 24:30,35); par un geste symbolique ilsouffle sur ses disciples en leur conférant le Saint-Esprit (Jn20:22 et suivant); il les bénit de ses mains élevées au moment del'Ascension (Lu 24:50).Tous ses miracles sont aussi symboliques, mais ils sont plus que desgestes, ils sont des actes. Et c'est lorsque le Seigneur fut mis, parson supplice, dans l'impossibilité matérielle de faire un seul geste,que son attitude impuissante devint la plus puissante prédicationadressée à l'âme humaine: l'amour rédempteur du Crucifié.