GALILÉE

Nom de la province septentrionale de la Palestine. En grec Galilaïa, en araméen Gâlilâ, en hébreu Gâlîl; ce terme,rattaché à la racine hébraïque gâlal (=rouler), signifie cercle,portion de terre, région, district. Ex: tous les districts desPhilistins (Jos 13:2) et non, comme Luther le comprit: laGalilée des Philistins! Appliqué à la partie de la Palestine qui futplus tard appelée Galilée, le nom ne se trouve que six fois en hébreuet, pour la première, à propos de la ville de Kédès «en Galilée»,dans la montagne de Nephthali (Jos,20:7 21:32,1Ch 6:76), villede refuge (aujourd'hui Kadès, au Nord-N.-O. du lac Hoûlé).Salomon, en échange des bois de cèdre et de cyprès fournis par Hiram,donna au roi de Tyr «vingt villes dans la terre de Galilée» (1Ro 9:11). Le récipiendaire, en cela bienoriental, traita le don de dérisoire, tout en l'acceptantnaturellement. Il appela cette région terre de Kaboul, sans doute dunom de la ville la plus centrale ou la plus importante (1Ro9:13, cf. Jos 19:27; aujourd'hui encore un village de ce nom à15 km. à l'Est de St-Jean d'Acre). Autre mention de la Galilée, aumoment où Tiglath-Piléser III (734 av. J.-C.) enleva à Pékah roid'Israël, avec un certain nombre de villes, Galaad, la Galilée, tout le pays de Nephthali et emmena leurs habitants en exil (2Ro15:29). Enfin, dernière mention et sous une forme quelque peudifférente, chez le prophète Ésaïe, qui annonce des temps meilleursaux régions qui connurent des jours douloureux et parmi elles, cite«la Galilée des nations», c-à-d, des païens. Cette expressioncaractérise très exactement, semble-t-il, un pays que les Israélitesne furent jamais les seuls à posséder. A s'en tenir à ces rares textes, l'histoire de la Galilée seraitbien incomplète et la délimitation du pays presque impossible. L'uneet l'autre peuvent pourtant être précisées. La Galilée étaitsensiblement limitée au Sud par la chaîne du Carmel et la plaine deJizréel, à l'Est par le Jourdain et les rives O. de la mer de Galiléeet du lac Hoûlé. Au N. et au Nord-O, elle touchait à la Phénicie etnous avons déjà vu qu'en la période israélite, ses frontièresvarièrent de ce côté (1Ro 9:11). Le Litani (Nahrel-Kâsimîyê) y formait une barrière naturelle. A l'Ouest la côteresta sans doute en grande partie aux Phéniciens et la limiteoccidentale de la Galilée fut cette plaine côtière, plus ou moinsresserrée, entre la Méditerranée et la région montagneuse du paysoccupé par la tribu d'Asser (Jug 1:31). Les plus anciens documents sur la Galilée nous viennent d'Egypte.Des inscriptions de Séti I er (1320-1300),de Ramsès II(1300-1234),mentionnent comme soumise par eux la région entre Kisonet Liban, qu'ils appellent Asêr. Il est difficile d'admettre qu'àcette date la tribu d'Asser fût déjà installée. Le nom d'Asserqu'elle porte est d'origine cananéenne, (d'après Ge 30:18, Asserest né de Jacob et de sa concubine Zilpa) et l'on peut alors sedemander s'il n'a pas été donné au clan de nomades israélitesarrivant dans cette région au moment de la conquête. Les Cananéensqui y habitaient (les Héviens occupaient le Liban d'après Jug3:3, ou le pied de l'Hermon d'après Jos 11:3) tenaient bon etlivrèrent de dures batailles contre les envahisseurs. Jabin, roi deHatsor, fut l'âme de la résistance, mais la coalition cananéenne futmise en déroute aux eaux de Mérom (que l'on identifie parfois avec lelac Hoûlé, mais non avec certitude). Hatsor fut prise etbrûlée (Jos 11:1-11). Lors de la guerre menée par Débora et Barak de Kédès, les tribusisraélites fixées en Galilée ne montrèrent pas toutes le mêmeenthousiasme: Nephthali et Zabulon affrontèrent la mort pour la causenationale. Par contre, Asser demeura tranquille dans sesports (Jug 5:17 et suivant). Il s'était peut-être moins bienaffirmé que ses compatriotes voisins, en face des Cananéens nonassimilés (Jug 1:31 et suivant), dont il partageait le pays. Onpourrait croire qu'il se racheta en répondant à l'appel deGédéon (Jug 6:35 7:23). Un autre chap, du même livre (Jug18) raconte la migration des Danites qui s'installèrent au Nord dela Galilée, dans la région des sources du Jourdain, et rebâtirent àl'emplacement de Laïs la ville appelée Dan (Jug 18:29,Jos19:47), aujourd'hui Tell el-Kâdi, 4 km. à l'Ouest de Bâniyâs(Césarée de Philippe). On se rappelle l'expression courante «de Dan àBéer-Séba» pour indiquer le territoire israélite, de l'extrême N. àl'extrême S (Jug 20:1,1Sa 3:20). Mais Dan, de par sa situation,n'appartenait pas à la Galilée. Celle-ci était devenue assezloyaliste, à tel point que les gens de Abel-Beth-Maaca (aujourd'hui Abil el-Kamh, à la hauteur de Dan), il est vrai sous la pressionde Joab, exécutèrent Séba, fils de Bicri, l'ennemi de David (2Sa20:14-22). Nous avons vu que Salomon donna à Hiram de Tyr vingt villes deGalilée (1Ro 9:13) et il est douteux qu'il en ait reçu du roiphénicien. (malgré 2Ch 8:2) Ben-Hadad I er, roi de Damas,conquit sur Baésa, roi d'Israël, une bonne partie de la Galilée:Ijjon (le nom s'est maintenu dans le site de Merdj Ayoûn, entrele Nahr el-Litani et le Nahr el-Hâsbâni), Dan, Abel-Beth-Maaca ettout Kinnéroth (c-à-d, le pays de la mer de Galilée) et tout le paysde Nephthali (1Ro 15:20). Cette domination dura-t-elle? Rienn'est précisé. Si Ben-Hadad dut reculer sans doute devant Achab,Hazaël avait rétabli la situation. Jéroboam II réussit pourtant àretrouver les frontières du royaume de Salomon (2Ro 14:25), maispas pour longtemps. La Galilée fut à nouveau envahie parTiglath-Piléser qui s'empara de Ijjon, Abel-Beth-Maaca, Janoah (Yânous, à l'Est et à 10 km. de Tyr), Kédès, Hatsor, cette villefortifiée par Salomon (1Ro 9:15), qui se trouvait (d'après 1Ma 11:67,73) dans une plaine et au Sud de Kédès, maisdont le site n'a pas été fixé avec certitude (ou Merdj el-Hadr, ou Khan Harra, ou Tell Khoureibé, à l'Ouest du lac Hoûlé). Les Assyriens emmenèrent en captivité les habitants vaincus etc'est à ces épreuves que faisait allusion Ésaïe (Esa 9:1). Desautres localités mentionnées à l'époque israélite, on peut encoreidentifier: Acsaph de Jos 11:1 12:20, avec Kh. Iksaf, auSud-E, de la boucle du Litani; Jiréon de Jos 19:38, avec Yâroûn (16 km. à l'Ouest du lac Hoûlé); Rama de Jos 19:36,avec er-Râmé (sur la route de Safed à St-Jean d'Acre); Kana,Jos 19:28, avec Kâna (S.-E, de Tyr); Abdon, Jos 21:30,avec Kh. Abdé (S.-E, du Ras en-Nâkoûra). Les Assyriensamenèrent-ils des colons pour les installer en Galilée comme ils lefirent pour la Samarie? (2Ro 17:24) On ne sait. Il restad'ailleurs des Israélites (2Ch 30:11); et si leur nombreaugmenta, il ne fut jamais capable d'imposer aux païens qui, àl'époque macchabéenne, se préparaient à exterminer tous lesJuifs (1Ma 5:1 et suivant). Judas chargea son frère Simonde défendre ses compatriotes menacés. Simon partit pour la Galilée oùil livra de nombreux combats, tuant 3.000 païens, mais ramenant enJudée tous les Juifs de Galilée «avec leurs femmes, leurs enfants ettous leurs biens, au milieu de grandes démonstrations dejoie» (1Ma 5:21-23). Jonathan combattit pour Antiochus. VI contre les soldats deDémétrius, entre Hatsor et Kédès (1Ma 11:67-74), mais selaissa prendre par Tryphon, en 142 av. J.-C; 2.000 des siens, menacésdans «la grande plaine de la Galilée» (la plaine de Jizréel), purentrentrer en Judée, mais pleurant Jonathan et ses 3.000compagnons (1Ma 12:47-52). Jean Hyrcan poussa lesfrontières du royaume juif jusqu'à la Galilée, conquise sans doutepar Aristobule. En 64, Pompée établit Hyrcan II comme ethnarque deGalilée. Sous le proconsul Gabinius, des troubles éclatèrent; en 47,Hérode devint gouverneur du pays et fit exécuter comme «brigand»Ézéchias, partisan des Hasmonéens. Antigone, fils d'Aristobule,profita de l'invasion parthe pour provoquer un autre soulèvement. Ilétait à nouveau maître du pays. Hérode, appuyé par Rome, le repritpied à pied. En 38, il exterminait les rebelles Galiléens en lespourchassant dans les grottes d'Arbèle (Jos., G.J., I, 16:2). En37, il réoccupait Jérusalem. La Galilée eut dès lors une période depaix. La mort d'Hérode (4 av. J.-C.) amena de nouveaux troubles. Judasde Gamala, fils d'Ézéchias, s'empara de Sepphoris, mais Varus réprimale soulèvement. La Galilée et la Pérée, par ordre d'Auguste, furentattribuées au fils d'Hérode le Gd, Hérode Antipas. Celui-ci reçut letitre de tétrarque (Lu 3:1), et il garda cette fonction jusqu'en39 ap. J.-C. Résidant d'abord à Sepphoris (Saffoûrîyé, N. deNazareth), il habita par la suite Tibériade, qu'il fit bâtir de 16 à22 ap. J.-C. C'est l'époque où se place l'activité de Jésus, quicommença son ministère en Galilée, prêchant, guérissant, jusqu'aumoment où il dut quitter la région, peut-être pour échapper à ce mêmeHérode (Lu 13:31). La Galilée était devenue depuis l'an 7 (recensement de Quirinius,soulèvement de Judas le Galiléen, Ac 5:37) le foyer dunationalisme exalté et le centre du mouvement zélote. Jésus eut mêmeparmi ses disciples un membre de ce parti, Simon (Mr 3:18,Lu6:15). Pilate, dans une circonstance que nous ne connaissons pas,fit exécuter des Galiléens, venus à Jérusalem pour remplir leursdevoirs rituels (Lu 13:1). Après la disgrâce d'Hérode, Agrippaobtint la Galilée et la Pérée, et en 41 l'empereur Claude y ajouta lereste de la Palestine. En 44, à la mort d'Agrippa, le pays retrouvale régime des procurateurs romains. En 53, Agrippa II recevait, avecl'Iturée, les villes de Tibériade et de Tarichée. En 66,l'insurrection juive éclatait malgré les efforts conciliateursd'Agrippa II, et Josèphe était envoyé en Galilée pour organiser larésistance. Il fortifia les points importants: Tibériade, Tarichée,Gamala. Vespasien, partant de Saint-Jean d'Acre, reprit la Galilée,et certaines villes se rendirent même sans combat (ainsi Sepphoris).Josèphe fut fait prisonnier au siège de Jotapata (Tell Djéfât, auNord de la petite plaine d'el-Battôf), et Tibériade, Tarichée,Gamala, Giscala, tombèrent une à une aux mains des Romains (67 ap.J.-C). La Galilée fut à nouveau administrée par des préteurs et lespossessions d'Agrippa II furent rattachées, à sa mort (100 ap. J.-C),à la province de Syrie. La Galilée participa sans doute àl'insurrection juive du temps d'Adrien (132-135), mais on ne saitrien de certain à ce sujet. La Galilée de l'époque juive différait quelque peu de celle destemps où les tribus d'Asser, de Nephthali, de Zabulon et d'Issacars'installaient en Palestine. Au témoignage de Josèphe (G. J., III, 3:1 et suivants), elle commençait au Nord de la «grande plaine»(Jizréel) et de Scythopolis (Beth-Séan =Beisân) et se divisaiten Galilée inférieure et Galilée supérieure, celle-ci commençant àBersaba (on hésite pour l'identification entre Abou ech-Chebâ, auNord de Kefr Anan, Ain et-Tabigha, l'Hepta-pêgon grec, leBirsabée de Théodosius, et Kh. el-Oreimeh, au bord du lac deTibériade). La Mischna divise la Galilée en trois parties: la Galiléesupérieure, au delà de Kephar Hananyah (Kefr Anan, à 8 km. auSud-S.-O. de Safed), la Galilée inférieure en deçà et le cercle deTibériade. Le Jourdain et les eaux des lacs de Tibériade et de Hoûlérestaient la limite E. La frontière N. est plus difficile à préciser.Josèphe (Ant., XIII, 5:6; G.J., II, 18:1; IV, 2:3) mentionneQedasa (ancienne Kédès) comme une ville forte de Tyr, à la frontièrede Galilée. A l'Ouest la limite n'avait pas changé. On se rend compteque le pays s'était surtout étendu vers le S., puisqu'il comprenaitplus encore que le territoire occupé autrefois par la tribu deZabulon. Josèphe dit en effet expressément (G.J., III, 3:4) quela limite méridionale de la Galilée passait à Ginaïa (Djenîn, l'ancienne En-Gannim de Jos 19:21, au Sud de la plaine deJizréel et à la naissance des collines de Samarie). La Galilée devint, au II e siècle ap. J.-C, le centre du judaïsmerabbinique; cela est assez piquant, quand on songe au dédain aveclequel les Juifs de Judée regardaient les Galiléens et leurprovince (Jn 1:46 7:52), les plaisantant volontiers sur leuraccent particulier (Mt 26:73), et aussi quand on se rappellequ'en pays païen la désignation de Galiléens fut parfois donnée auxchrétiens. Après la mort de Gamaliel II (vers 130 ap. J.-C), lesanhédrin fut transféré de Jamnia à Uscha (Kh. Houché) où ilresta jusqu'en 150. Il résida ensuite à Sepphoris, puis à Tibériade,avec Juda II, en 220. C'est à Tibériade que se constituèrent laMischna et la Gemara et que fut fixée, du V e au VIII e siècle, laponctuation dite massorétique de la Bible hébraïque. La population de la Galilée juive était, d'après Josèphe, trèsimportante. L'historien juif comptait 204 villages et 15 villesfortes (Vie, 45). Déjà au moment de l'occupation israélite, pourles quatre tribus d'Asser, Nephthali, Zabulon et Issacar, on donne lenom de 69 villes (Jos 19:10,39), mais il est bien évident qu'ilfaut entendre par là des sites fort divers quant à la population et àl'étendue. Cependant la Galilée, avec son climat agréable, son soltrès riche, ses ressources végétales abondantes, ses monts couvertsde chênes verts, de térébinthes et de mûriers, ses coteaux plantésd'oliviers, de figuiers, d'amandiers, ses bords de lac avec leurspalmiers et lauriers-roses, ses champs où le blé, l'orge poussaientrapidement, alternant avec des jardins d'orangers, tout ce paysfavorisé par la nature et contrastant si étrangement avec la rocaillede Judée, était par excellence la région d'élection. Autour du lac,les villes s'égrenaient, brillantes de lumière et, dans les pâturagesabondants des bords du Semachonitis, les troupeaux paissaientnombreux. Des villes ou villages de Galilée, mentionnés à l'époque juive oupar le N.T., beaucoup ont été identifiés avec une quasi-certitude. Enplus des noms indiqués plus haut, il faut mentionner: Exaloth, quimarquait pour Josèphe (G.J., III, 3:1) la frontière S. de laGalilée inférieure, aujourd'hui le village d'Iksal; Naïn (Lu7:11), aujourd'hui Neïn, sur la pente N. du Djebel ed-Dahî. Surla rive O. du lac de Tibériade, les localisations sont parfois trèsdiscutées. A proximité de la sortie du Jourdain, Philotéria (et nonTarichée) est à rechercher à Khirbet el-Kérac. A 6 km. au Nord,les sources chaudes de Tibériade, à l'emplacement de Hammat (Jos19:35), appelé par Josèphe Ammathous (Ant., XVIII, 2:3; G.J., IV, 1:3). Tibériade, aujourd'hui Tabarîyê, construitepar Hérode Ant. et, d'après le Talmud, à l'endroit de l'ancienneRakkath (Jos 19:35). Tarichée, ville fortifiée par Josèphe etprise par Vespasien, qui s'avançait du S. au Nord (arrivant deScythopolis), aujourd'hui Medjdel, l'ancienne Magdala, patrie deMarie (Lu 8:2). Pour les identifications des sites plus auNord,voir art. suivant. De Magdala partait vers l'Ouest la grandevoie de communication, la fameuse via maris, qui reliait Damas àSaint-Jean d'Acre et, empruntant le ouâdi el-Hammâm, passait à Karn Hattîn, traversait la petite plaine intérieure du Battôf, aboutissant enfin à la Méditerranée. C'était cette routeque suivait toujours Jésus, descendant de Nazareth à Capernaüm (Jn2:12) et évitant ainsi la ville païenne de Tibériade. Au S. duouâdi el-Hammâm, se trouvent les fameuses grottes d'Arbèle, où Hérodemassacra les Galiléens rebelles (38 av. J.-C). Sur la route deNazareth (en-Nâsira), le petit village de Kefr Kenna quidispute à Khirbet Kana, 8 km. au Nord de Sepphoris, l'honneurd'être sur le site de Cana (Jn 2:1). Sepphoris (aujourd'hui Saffoûrîyé, au Nord de Nazareth) était la ville la plusimportante de Galilée, jusqu'à la fondation de Tibériade qui lasupplanta. Elle se rendit sans résistance aux Romains, lors del'insurrection. Plus au Nord, Jotapata (Tell Djéfât); KepharHananya (Kefr Anân); Giscala (ed-Djîch), la patrie du fameuxadversaire de Rome, Jean; Safed, ville sainte du judaïsme (Sephdans Josèphe, Sephat dans le Talmud), qui pourrait être cette villeplacée sur une montagne, dont parla Jésus (Mt 5:14). Denombreuses ruines de synagogues juives ont été retrouvées à KefrBirim, Mérôn, Irbid, Kérazé (Corazin), Tell Hoûm (Capernaûm), ed-Djîch, Oumrn el-Amad, qui datent vraisemblablement des II- IIIe siècle ap. J.-C. La division géographique de Josèphe est encore aujourd'huivariable. Il y a bien une haute Galilée et une basse Galilée, queséparerait sensiblement une ligne tirée de Akka (Saint-Jeand'Acre) à l'extrémité N. du lac de Tibériade et passant par MedjdelKeroûm, er-Râmé. En haute Galilée, un massif montagneux, oùcertains sommets dépassent 1.000 m.: Dj. Adâthir (1.006), Dj. Djermak(1.198), Dj. Arous (1.073), Dj. Heider (1.049), où poussent chênesverts, arbousiers, caroubiers. En basse Galilée, des hauteursmoindres: Ras Krouman (564), Dj. ed-Dedebe (543), Dj. Tourân (541),Dj. et-Toûr, l'historique mont Thabor (562), qui dominent de leurspentes abruptes le lac de Tibériade (--208 m.), ceinturent la petiteplaine intérieure d'el-Battôf (15 km. sur 4 km.) et s'arrêtent au Sudet au Sud-O., face au «petit Hermon» et au Carmel, dont les sépare lagrande plaine d'Esdre-lon. La Galilée, quoique montagneuse, étaitsillonnée par de nombreuses routes ou pistes de caravanes. En plus dela fameuse via maris signalée plus haut, deux voies reliaientl'arrière-pays à la côte: la première, de Bâniyâs (Césarée dePhilippe) à Tyr, par Kédès, Abel-Beth-Maaca, Acsaph; la deuxième, dela Gaulanitide à Saint-Jean d'Acre, par le gué des Bénât-Yâkoûb,Safed, er-Râmé, Medjdel Keroûm. Du N. au Sud le massif montagneuxétait difficile à traverser. Aujourd'hui le réseau routier s'estamélioré, et de Safed on peut gagner, par des voies directes,Nazareth, Acre, Tyr et Damas. La physionomie du pays n'a pas dûbeaucoup changer (fig. 92). Mieux que partout ailleurs en Palestine,les récits de l'Évangile y sont toujours ces «fleurs vraimentgaliléennes, écloses aux premiers jours...» Et chaque année, quandrevient le printemps, s'étend à nouveau le verdoyant tapis oùmarguerites et anémones, dévalant jusqu'aux flots bleus du lac,mêlent le rouge ou l'or de leurs corolles à la couronne rosé deslauriers en fleurs. A. P.