I Ancien Testament. 1. État légal.Aussi loin qu'on remonte dans le passé d'Israël, la femme y tient uneposition d'esclave; elle est la propriété, la chose de son mari; lamonogamie est exceptionnelle et tardive. Le mari a acquis ses femmespar enlèvement à la guerre (Jug 5:30,De 21:10-14) ou parachat (Ge 24:16,Ex 22:16,De 22:29). L'état le plus fréquentsemble avoir été la bigamie, qu'il s'agisse des patriarches (Ge16:3 29:23 30:4 et suivants), des Juges (Jug 8:30 9:2) oude particuliers comme Elkana (1Sa 1:2), à tel point que lalégislation réglemente ce cas si fréquent (De 21:15 etsuivants). Les rois, par goût du faste, eurent de véritablesharems (2Sa 5:13,1Ro 11:1 et suivants). Nous ne possédons pasles éléments de distinction entre une femme légitime et uneconcubine. Aucune appréciation morale ne les séparait. Toutefois lapart d'héritage des enfants entrait en ligne (Ge 21:10). Laposition de la famille intervenait aussi. Une législation sommaireprévoit les degrés de prohibition de mariage (Le 18), l'étatd'impureté (Le 15:19 et suivants), le divorce, qui est prononcépar le mari seulement, à son gré (De 24:1); il donnait à safemme répudiée une «lettre de divorce», nullement infamante, quiconstatait son émancipation, sa libération. Le courant jéhoviste etles prophètes cherchèrent à sauvegarder la femme (Ge 3:16,Esa50:1,Jer 3:8,Mal 2:16) et le Deutéronome limite les cas dedivorce (De 22:13,28 et suivant). Mainte femme fit preuved'initiative intelligente: Mical (1Sa 19:11 ss),Abigaïl (1Sa 25:18 et suivants), la Sunamite (2Ro 4:8-378:1-6). Le passage de Pr 31:10 et suivants résume les qualitésdomestiques que le mari attendait de sa femme. Le Siracide (voirApocryphes) est surtout sceptique et dur sur le compte des femmes(par ex. 25:13-26 26:1 ss). 2. Rôle social.On peut s'étonner, après ce qui précède, que les femmes aient joué unrôle public en Israël. Débora (Jug 4:5), qu'on a appelée «laJeanne d'Arc des Hébreux», laissa un profond souvenir. Des exploitscomme ceux de Jaël (Jug 4:21), d'une inconnue au siège deThébets (Jug 9:53), d'une autre au sièged'Abel-Beth-Maaca (2Sa 20:16 et suivants), ont marqué dans lamémoire israélite. La mère du chef de famille et la veuve étaientpresque autonomes. La mère du prince régnant est toujours nommée(2Ro 24:8,12-15, cf. Jug 17:1 et suivants, Tob1:8). Deux reines d'origine étrangère et d'influence baaliste,Jézabel et Athalie, la mère et la fille, ont joué un grand rôle enIsraël et en Juda (1Ro 16:31 9:1 21:7 et suivants, 2Ro 9:30et suivants11). Rappelons l'initiative de Naomi dans le livre deRuth, libérale histoire à l'éloge de la Moabite comme de l'Israélite,et les livres d'Esther et de Judith, en l'honneur de deux héroïnesnationales du fanatisme juif. Pour la «femme étrangère»,voir Étranger. 3. Rôle religieux.Au bas de l'échelle on trouve la sorcière (1Sa 28:7 etsuivants), que la législation ne tolérait pas (Ex 22:18).L'emploi des amulettes (Eze 13:18), le vol des théraphim parRachel (Ge 31:19) sont caractéristiques. Les femmes assistentaux repas solennels (1Sa 1:1-4 2:19,2Sa 6:19). Elles participentaux sacrifices (Jug 13:20,23). De même au temps deNéhémie (Ne 12:43). Les voeux leur sont permis et mêmegarantis (No 6:2 30:4 et suivants). Il est fait mention desfemmes pour le service du Tabernacle (Ex 38:8), mais cettecoutume disparut sans doute. Elles apparaissent dans les fêtes pourles victoires (Ex 15:20,Jug 11:34,1Sa 18:6,Ps 68:23,Ne 7:67). Laprophétie féminine est rare; Miriam, soeur d'Aaron, est appeléeprophétesse (No 12:2), Débora également (Jug 4:4 etsuivants), et au temps de Josias, Hulda (2Ro 22:14). 2Ma 7 attribue à la mère de sept frères israélites uneattitude magnifique d'héroïsme devant le martyre de ses fils. VoirBertholet, Hist. Civ. Isr., p. I73ss.II Nouveau Testament. Les femmes ont une liberté remarquable pour l'Orient. Elles sontprésentes aux repas (mais mangeaient-elles à table avec les hommes?),elles vont adorer au Temple (dans la cour des Femmes), on les trouveà la Synagogue (groupées entre elles). S'il paraissait anormal queJésus parlât avec une femme (Jn 4:27), c'était sans doute parassimilation avec les rabbins, auxquels il était défendu de causer enpublic avec une femme, à plus forte raison avec une femme samaritaine(voir verset 9). L'évangéliste Luc fait une grande place auxfemmes (Lu 1:26 2 5,36 8:1 et suivants, etc.). On connaît leurrôle dans la sépulture de Jésus et leur témoignage à sa résurrection. Dans l'Église primitive, nous les trouvons de même: Marie et samaison (Ac 12:12), Tabitha ou Dorcas (Ac 9:36), Lydie, lapremière convertie en Europe (Ac 16:14), Priscille (Ac18:26), sont des figures marquantes. Les quatre filles du diacrePhilippe «prophétisent» à Césarée (Ac 21:9). Les femmes dequalité (voir Dame) semblent jouer un certain rôle enMacédoine (Ac 17:4,12). C'est à cause de la mauvaise réputationdes femmes qui se faisaient remarquer en public, surtout dans laville corrompue de Corinthe, que saint Paul se préoccupa de la tenuedes chrétiennes dans les assemblées (1Co 11:2-16). Dans 1Co14:34 et suivants, il blâme leurs chuchotements pendant le culte;dans 1Ti 2:11 ss, il leur interdit l'enseignement, pour lequelleur condition sociale les empêchait d'être préparées. Dans Ga3:28, il avait posé les fondements d'une égalité qu'il ne pouvaitqu'entrevoir. Phoebé, de Cenchrées, tenait un rôle officiel dansl'Église, qui se traduit «diaconesse». Pline fait allusion, dans salettre à Trajan, à un ministère féminin (ministroe), qui estinférieur à celui de Phoebé. Les épîtres pastorales font entrevoir laplace importante que les femmes prenaient dans l'Église, les veuvesen particulier, et les problèmes que les pasteurs avaient à résoudreavec tact, clairvoyance et fidélité (1Ti 2:9 3:11 4:7 5:2-16,2Ti3:6,Tit 2:3-5). Voir Famille. Au figuré, saint Paul montre dans la femme aimée par son mari lesymbole de l'Église aimée et sanctifiée par Jésus-Christ (Eph5:25-32); l'Apocalypse personnifie la lutte séculaire du bien et dumal dans le contraste entre la femme perdue (Ap 17:1 etsuivants) et l'Épouse (Ap 21:2 22:17).