EXPIATION (Réconciliation)

I L'oeuvre historique du Christ pour la rédemption du monde a sonpoint culminant au Calvaire, son heure suprême est celle de la croix.L'expiation est une manière de comprendre, d'expliquer la relationétablie par les textes scripturaires entre la mort de Jésus et laréconciliation du Dieu saint et de l'homme pécheur. Elle n'occupe pas, au début de l'histoire de l'Église, aucommencement de la systématisation des idées chrétiennes, la placeimportante qui, plus tard, lui sera donnée. Les Pères apostoliquesont quelques allusions au sacrifice du Christ, mais leurspréoccupations dominantes sont ailleurs; c'est la personne duSauveur, non l'oeuvre du salut, qui est au premier plan dans lesaffirmations initiales de la foi se condensant, se synthétisant enthèses dogmatiques. Athanase, le premier, au IV e siècle, donne, dansson traité «de l'incarnation du Verbe», un essai sur la rédemption.La mort est la conséquence du péché des hommes; mais Dieu a reprisl'oeuvre de la création en sauvant l'humanité; le Verbe vient dans lemonde, et, d'une part, il révèle pleinement Dieu; d'autre part, en saqualité de victime pure, il acquitte la dette contractée par lespécheurs; ce n'est pas Dieu, c'est la mort qui reçoit la rançonofferte par Jésus. Avec certaines divergences ou certainesprécisions, les principaux Pères grecs se rattachèrent à la théorieathanasienne. Chez les Pères latins, la tendance pratique l'emporte sur latendance spéculative. Tertullien, l'un des plus représentatifs,considère l'oeuvre du Christ comme l'oeuvre parallèle, mais en sensinverse, à l'oeuvre d'Adam: le Christ rétablit ce qu'Adam avaitruiné. La mort de Jésus, résultat du péché des hommes, est une«hostie», un sacrifice pour tous, sacrifice auquel consent le Père etque le Fils accomplit volontairement. La délivrance du péché s'opèrepour le croyant au moment du baptême; devenu capable de bonnesoeuvres, le chrétien les présente à Dieu comme une «satisfaction» etse maintient ainsi dans la grâce. La terminologie originale deTertullien a fortement influé sur la. terminologie ecclésiastique;celle-ci toutefois prendra en un autre sens, et presque à contresens,tels vocables primitifs, comme celui de «satisfaction», par exemple,appliqué à l'action du Christ après avoir désigné l'action de l'homme. C'est la pensée ecclésiastique qui hérite d'Augustin bon nombred'idées, et l'histoire est fondée à voir dans l'évêque d'Hippone lepremier dogma-ticien de la sotériologie. La rédemption manifeste unedouble liberté: celle de Dieu qui, entre plusieurs possibilités poursauver, a choisi l'incarnation, et celle du Christ qui a vouluréaliser le plan divin; la rédemption manifeste un double amour,pareillement insondable, en Dieu et en Christ. La venue de Jésus estmotivée par le péché des hommes, péché à cause duquel aussi Jésusaccepte de mourir. Comment la mort de Jésus aboutit-elle à laréconciliation de l'humanité avec Dieu? Dieu était-il irrité contrenous, et la mort de son Fils, désarmant sa juste rigueur, l'a-t-elleapaisé envers nous? Non, l'apôtre déclare que c'est Dieu lui-mêmequi, par amour pour le monde, lui a donné son Fils, de même que, parun semblable amour, le Fils s'est donné; la miséricorde divine estéternelle; la cause première et l'unique motif de l'intervention deDieu, c'est son amour. Mais cette thèse est infirmée, dans la théologie augustinienne,par une thèse toute différente. La liberté proclamée semble,ailleurs, être réservée à l'initiative de Dieu, et la nécessité pesersur le Christ et la prédestination dominer les hommes. L'amourproclamé semble, ailleurs, voilé par le ressentiment divin, lequelexige qu'une peine soit subie par le pécheur; c'est cette peine queJésus innocent porte à la place des coupables, sa sainteté parfaiteconférant à sa mort la valeur d'une expiation. Cependant ce n'est pasà Dieu que Jésus paye la dette de la culpabilité humaine, c'est àcelui qui, par suite du péché, avait acquis domination sur nous,c'est à Satan. Cette représentation étrange n'est pas une innovation;ébauchée ici et là, elle se cristallise chez Irénée, s'amplifie chezOrigène, reçoit d'Augustin sa forme la plus nette. Elle soulève de sifortes objections qu'elle disparaît au Moyen âge. Par contre, c'estau Moyen âge que la théorie de la satisfaction expiatoire, rappeléepar les disciples d'Augustin, va prendre toute son ampleur, toute saportée chez le créateur de la scolastique, Anselme de Cantor-bery. Avec une science, une dialectique, une logique magistrales,Anselme expose la signification et la nécessité rationnelles del'expiation. L'homme était destiné à la vie en Dieu; mais l'homme apéché, et quiconque pèche ne peut partager la vie divine; pécher, eneffet, c'est ne pas rendre à Dieu ce qui est dû à Dieu, c'est luirefuser l'obéissance à laquelle était obligée la créature vis-à-visdu Créateur. Le péché est à la fois offense et injustice; l'offensedoit être effacée, l'injustice doit être réparée; le pardon est à ceprix. Il convient même que la compensation proposée à Dieu l'emportesur l'obligation qui nous liait à lui: alors seulement il y aura,pour Dieu, satisfaction. Or le péché est d'une gravité infinie;mesuré à la grandeur de Celui qu'il offense et exigeant unesatisfaction proportionnelle, le péché ne saurait être réparé parl'homme; ni logiquement ni moralement l'homme ne peut fournirl'indispensable dédommagement. C'est pourquoi, choisi par Dieu etacceptant sa vocation, le Christ intervient; seul un être divinpouvait offrir la réparation due à Dieu; d'autre part, comme c'estl'homme qui doit cette réparation, le Christ se fait homme pourremplacer l'homme. La justice et la sainteté de Jésus le revêtentd'un mérite sans bornes. Pourtant, comme les hommes, il devait à Dieuune vie juste et sainte; mais sa mort est libre; sa mort est le plusgrand hommage, et non nécessaire, rendu à l'honneur de Dieu; elle estsurérogatoire; elle dépasse la grandeur de l'offense du péché humain;elle est la parfaite, l'absolue satisfaction. N'ayant aucun pardon àobtenir pour lui-même, Jésus veut que ce qui est dû à son méritepropre soit attribué à l'homme par Dieu. Ce que le Sauveur veut,Dieu le veut; la satisfaction que le Christ offre est par là même unacquittement pour l'homme de sa dette du péché, une réconciliationavec Dieu. Anselme entendait n'invoquer ni le N.T. ni les Pères, mais laseule raison. Ce sont précisément ses prémisses rationnelles quidonnèrent lieu à maintes critiques, entre autres à celles d'Abélard.L'honneur de Dieu est conçu comme un attribut métaphysique immuable;comment donc peut-il être offensé? La nécessité s'impose à Dieu derétablir, pour sa propre gloire, l'ordre de la création troublé parle péché; comment donc l'amour serait-il le mobile de la rédemption?La nature humaine de Jésus est prédéterminée à être ce qu'elle est;que sont donc la libre sainteté et le libre sacrifice de Jésus? Laraison est le seul témoin cité pour établir le bien-fondé d'unedoctrine: que devient donc l'autorité de la révélation? Néanmoins,après un temps d'arrêt, le développement du dogme se poursuit sousl'action de Pierre Lombard, d'Alexandre de Halès et arrive à sonterme avec Thomas d'Aquin. Anselme avait relevé la libre volonté de Dieu, faisant du Christle Sauveur, et la libre volonté du Christ obéissant à Dieu. Plusexpressément encore Thomas d'Aquin souligne cet élément moral de laRédemption. Rien n'était nécessaire, estime-t-il, ni l'oeuvreelle-même, car Dieu aurait pu ne pas sauver l'humanité, ni la manièredont elle s'accomplit, car la satisfaction parfaite que Dieu reçoitn'était pas, à priori, l'unique moyen du pardon divin, ni l'ouvrierqui la réalise, car il n'était pas indispensable absolument que leChrist s'incarnât. Mais la rédemption, telle qu'elle s'est dérouléedans l'histoire, est l'oeuvre «souverainement convenable», si l'onconsidère la qualité du péché, lequel «est en quelque sorte infini».Or si, théoriquement, Dieu peut pardonner à son gré, en fait ildemande une satisfaction proportionnelle au péché commis, donc, enquelque sorte, infinie. De là découle la nécessité que l'ouvrier soitparfait et que l'expiation soit parfaite. A aucun moment de sonexistence, en aucun de ses membres, l'humanité n'aurait pu remplircette double condition. Seule la Passion de Jésus répond à la divineexigence: Jésus, le Fils unique, le Saint, souffre la plus grandedouleur possible parce qu'elle résume toutes les humaines douleurs etparce que la nature de Celui qui les supporte accroît infiniment sonintensité. Le contexte métaphysique de ces idées maîtresses du thomisme leurôte, comme on l'a souvent objecté, une partie de leur clarté et deleur cohérence. Thomas d'Aquin répète à propos de la Passion ce qu'ila fortement affirmé de l'action de Dieu et de l'action du Christ,action de liberté et d'amour: la Passion est le libre sacrifice enfaveur des hommes d'une libre obéissance à l'égard de Dieu; mais,d'un autre point de vue, la Passion est aussi une nécessité à priori,indépendante, semble-t-il, du temps et du lieu où elle devient unfait concret, aussi bien que des dispositions des hommes pourlesquels elle est subie. Il fallait que la Passion soit: le drame duCalvaire se joue entre Dieu et le Christ uniquement; lescontemporains de Jésus n'y ont qu'un rôle d'accessoire historique,auquel du reste ils sont prédestinés puisque le drame lui-même' estprédéterminé. Deuxième création divine dans laquelle interviennent lagrâce et le péché, le surnaturel et la révélation, l'amour et lasainteté, où automatique déroulement d'un plan éternel, les deuxconceptions, que l'on croirait exclusives l'une de l'autre,apparaissent l'une et l'autre dans la Somme théologique, selonque les considérations sont d'ordre philosophique ou d'ordrereligieux. Telle quelle, cependant, la doctrine thomiste est devenuel'officielle doctrine de l'Église romaine. Dans ses lignes majeures, elle a été également acceptée par lesÉglises de la Réforme. Pour écarter plus catégoriquement soit lemérite des oeuvres humaines qui portait atteinte à l'exclusif etsouverain mérite de l'oeuvre du Christ, soit les satisfactions queces prétendues bonnes oeuvres étaient susceptibles d'offrir, soit latendance pélagienne subsistant dans la morale et qui atténuait lagravité redoutable du péché, soit les pénitences quelconquesgénératrices d'indulgences quelconques, les Réformateurs s'appuyèrenten partie sur Anselme et Thomas d'Aquin. Il convient toutefois de nepoint oublier que Calvin, dépassant le légalisme du Moyen âge, letransposant sur le plan de l'Évangile, insistait sur le fait quel'expiation n'acquitte pas seulement une dette, mais a uneconséquence positive d'incommensurable valeur et produit une vienouvelle dans la communion du Sauveur.II Quelles sont les données du N.T. ainsi élaborées, et dont lesmoyens d'élaboration ont été la philosophie grecque avec Athanase etTertullien, le néoplatonisme avec Augustin, le droit pénal et l'usagede la pénitence avec Anselme, l'aris-totélisme avec Thomas d'Aquin? Il n'est pas de terme grec, dans les évangiles et les épîtres,exprimant directement, nettement, l'idée d'expiation. Mais la parentéde cette notion avec les notions de propitiation--hilasmos,hilaskesthaï--;(1Jn 2:3 4:10,Heb 2:17) derédemption--lutrôsis, apolutrôsis--;(Lu 21:28,1Co 1:30,Ro 3:248:23,Col 1:14,Eph 1:7,14 4:30,Heb 9:12,15 11:35) de délivrance parrançon--lutroô, lutron, anti-lutron--;(Mr 10:45,Mt 20:28,Lu24:21,1Ti 2:6,Tit 2:14,1Pi 1:18) de rachat--agorazeïn,exa-gorazeïn--;(Ga 3:13 4:5,1Co 6:20 7:23,2Pi 2:1,Ap 5:9) deréconciliation--katallasseln, apo-katallasseïn,katallagè--,(1Co 5:11,2Co 5:18,Ro 5:10 11:16,Col 1:20,Eph2:16) et, en outre, l'interprétation des paroles de Jésusconcernant la nécessité ou le but de sa mort (Mr 8:31 14:24,Mt16:21 26:28,Lu 9:22 22:19 et suivant) ont permis à la tradition deposer la doctrine sur une large base scripturaire. Les déclarations de Jésus sur sa mort appartiennent à la deuxièmepartie de son ministère. C'est à Césarée de Philippe que lesSynoptiques placent les premières révélations au sujet de la Passion,et le texte de Mr 8:31 «alors il commença à leur enseigner», etcelui de Mt 16:21 «dès lors il commença à leur montrer»soulignent qu'elles sont quelque chose de nouveau. Sans doute lapensée du Maître était familière déjà avec la nécessité, pouraccomplir sa tâche, de suivre une via dolorosa. Bien avant levoyage vers les sources du Jourdain, les intuitions surnaturelles deJésus, sa puissance de pénétration dans les coeurs, lui ont laissévoir à quel degré était susceptible de descendre la mauvaise volontéhumaine, à quels sacrifices successifs pouvait l'amener son sacrificeinitial. Peu après l'appel des premiers disciples, il avait préditque l'époux ne quitterait pas seulement ses amis mais leur seraitôté (Mr 2:19); s'il n'y a là qu'une image, comme on l'a assuré,du moins traduit-elle un sombre pressentiment; en effet, à côté de laconfiance et de la joie du peuple, des heurts et des conflits se sontproduits entre les chefs et le prophète galiléen (Mr 2:73:6,22,Mt 10:25 etc.). Et avant même de se lever pour l'oeuvre desalut, Jésus a choisi, lors de la tentation au désert (Mt 4,Lu4), d'être le Messie selon la volonté du Père, non selon l'idéalapocalyptique, le Messie qui ruinerait l'espérance séculaire d'unedélivrance nationale, d'une suprématie matérielle; c'était par làaussi soulever l'opposition et la haine avec leurs piresconséquences. Césarée marque moins un moment unique dans la vie deJésus que l'heure inscrite au sommet de la courbe des possibilités devictoire visible ou d'apparente défaite du Messie selon l'Esprit,l'heure où la conviction de Jésus, après un développement dont lesdéceptions successives de sa mission permettent de marquer quelquesstades, arrive à la certitude, et où Jésus se décide à initier lessiens à la conception, presque blasphématoire pour un Israélitemalgré le souvenir de Ésaïe 53 et comme le montre la protestation dePierre (Mt 16:22), à la conception du Messie révélateur etrédempteur dont l'oeuvre aboutit à la mort. Dans la suite desévénements, les Synoptiques ne rapportent pas moins de quatorzeentretiens où Jésus reprend le même sujet; l'oeuvre est toujourspareille: sauver; le moyen de cette oeuvre apparaît: sauver par lasouffrance et le sacrifice. Ce moyen fut imposé à Jésus. Les trois textes de l'entretien deCésarée portent tous les trois le terme de la nécessité: deï, ilfaut. Après Césarée, quand le Maître ramène ses disciples troublés àla vision qu'ils se refusent à contempler, le terme significatifrevient, ou son synonyme: melleïn; si le terme est absent,l'ensemble du texte en reflète l'idée. Jésus a nettement reconnucette nécessité, il a parlé de l'efficacité et de la valeur sansbornes de sa mort, il a vu dans sa mort la condition pour atteindrele but de sa vie; le salut des hommes. Trois déclarations desSynoptiques sont éminemment expressives. La première, formulée sous forme d'image, est rapportée parLu 12:49 et suivant: «Je suis venu allumer un feu sur la terre etqu'ai-je à vouloir si déjà il est allumé? Et il y a un baptême dontje dois être baptisé et combien je suis anxieux jusqu'à ce qu'il soitaccompli!» Le feu (voir ce mot) est le symbole des discussions,discordes, oppositions que l'action de Jésus fait naître. Dans l'A.T,le feu représente souvent le jugement de Jéhovah (Esa 26:11,Jer23:29 etc.); de même dans la prédication de Jean-Baptiste (Mt3:10,Lu 3:9). Mt 10:34 rend la même pensée par une imagedifférente: «Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive.»L'oeuvre de Jésus ne saurait laisser les hommes indifférents; ilssont pour elle ou contre elle; elle est comme un glaive jeté entreles êtres, comme un feu qui éprouve le monde par une crise sanséquivalent. «Je suis venu» indique l'apparition historique de Jésus,le fait de son ministère; le résultat n'est pas limité à une régionou à un peuple, il se répercute dans la terre entière; le verbe aupassé montre que l'action est commencée; celle-ci remonte aux joursoù, sur les bords du Jourdain, Jésus s'est présenté aux auditeurs deJean-Baptiste pour accomplir les desseins du Père; le feu est allumé,ce n'est pas une prédiction, c'est la constatation d'un fait; laparole de Jésus a déjà amené un partage, un triage entre disciples etadversaires; la crise est ouverte et va s'accentuer, le feu brûle etva grandir. Tel est le désir de Jésus: qu'ai-je à vouloir? Que laflamme s'élève assez haut pour que le monde soit contraint de seprononcer. Le maximum de la crise, la plus grande ardeur du feu, seradans le proche avenir où Jésus recevra le baptême dont il doit êtrebaptisé. D'autres avertissements de Jésus précisent le symbole dubaptême. Dans Mr 10:38, le Maître interroge deux disciples:«Pouvez-vous boire la coupe que je bois, être baptisés du baptêmedont je suis baptisé?» Coupe et baptême représentent ici le mêmefait. Or, plus tard, dans la prière de Gethsémané (Mt 26:39), seretrouve la même image de -la coupe: «S'il est possible, que cettecoupe passe loin de moi.» La coupe à boire c'est la mort à traverser,le baptême dont il faut être baptisé ne saurait être autre chose. Parle premier baptême au Jourdain, Jésus s'était consacré à«l'accomplissement de toute justice» (Mt 3:15); par le secondbaptême à Golgotha, par une consécration allant jusqu'à l'absolusacrifice, à l'acceptation des ultimes conséquences de sa solidaritéavec l'homme pécheur, Jésus acheva de réaliser sa volonté de salut;le baptême d'eau inaugure le ministère historique, le baptême de sangl'achève, il en est le moment le plus solennel, l'acte le plusémouvant. La deuxième déclaration, conservée par Mr 10:45 et Mt 20:28,répond à la question: pourquoi cet indispensable baptême?«Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir,et donner sa vie comme rançon pour beaucoup.» C'est ici l'une desassertions maîtresses des évangiles sur la nature du sacrificerédempteur. Jésus a exhorté les disciples à l'humilité, et, pourappuyer sa leçon, il cite son exemple, l'exemple du Fils de l'hommevenu pour servir. La notion de service touche à la notion desacrifice: servir c'est chercher toujours le bien d'autrui, jamaisson bien personnel. Le don que le Christ fait de sa vie estl'aboutissement du service voulu par lui. Il revendique la pleineliberté de son sacrifice, lequel n'est pas une contrainte mais unacte volontaire dont le verbe «donner» marque le caractère moral. Ace point extrême qu'atteint la nécessité historique dans l'oeuvre duSauveur, le quatrième évangile affirme pareillement que nul n'ôte savie à Jésus, mais qu'il la donne de lui-même (Jn 10:18). Lemotif de ce don librement offert est indiqué par le termesignificatif: lutron, rançon. Le grec biblique du N.T. et de laversion des LXX, comme le grec classique, expriment par ce mot lesidées de rachat, d'échange ou de substitution. La précisionqu'ajoutent Marc et Matthieu: anti pollôn, «à la place de beaucoup»,donne le sens net de substitution. Si ailleurs l'oeuvre de Jésus estreprésentée comme accomplie «en faveur des hommes», huper (Jn10:15 15:13,Ro 5:6 et suivants Ro 14:15, etc.), c'est commeaccomplie «à leur place» qu'elle est représentée ici; anti n'apas d'autre traduction normale. Quels sont ces polloï, ces «nombreux», à la place desquelsJésus offre sa vie? Le feu allumé par le Christ est jeté sur laterre, dans l'humanité entière; le salut apporté par le Christ estproposé à tous les hommes. Mais les hommes sont libres; ilsn'acceptent pas tous le don divin; une partie écoute Jésus et reçoitle salut; une autre partie refuse d'entendre Jésus et ne participepas au salut. Destinée à tous, la rédemption n'est pas acquise àtous; le mauvais vouloir des hommes fait que l'oeuvre du Christ n'estpas anti pantôn, «à la place de tous», mais à la place de ceuxqui remplissent les conditions posées pour avoir part à sa grâce, anti pollôn, «à la place de beaucoup». Pas de prédestinationcontraignante, pas d'automatique universalisme; ceux qui veulent, etceux-là seuls, sont les rachetés du Sauveur. Le rachat est obtenu par la rançon; dans le texte de Marc et de Matthieula rançon est étroitement liée au service. La première partie duverset: «Le Fils de l'homme est venu non pour être servi mais pourservir» commande la deuxième partie: «et pour donner sa vie commerançon pour beaucoup». Donner sa vie est une continuation, unachèvement du service; la rançon, le don est un moyen, le moyen leplus efficace de ce service. La mort sur la croix est comprise dansce don; elle est la nécessité morale suprême du service accepté,l'heure capitale de ce service qui remplit toutes les heures de lavie de Jésus. Sur la croix l'amour du Fils de l'homme atteintl'absolu; la fidélité à Dieu devient le renoncement indicible àsoi-même, la miséricorde pour les hommes devient l'acceptation detout ce que le péché comportait d'horreur, la sainteté humainedevient la perfection surhumaine, le service devient tout entier lesacrifice. Et tout cela est la rançon pour que beaucoup soientdélivrés, soient sauvés. La menace qui pesait sur les hommes c'étaitla mort, destruction de l'âme, c'est-à-dire destruction de l'être.Jésus a plusieurs fois parlé de cet anéantissement de l'être, decette perdition totale (Mr 8:36,Mt 10:28,Lu 12:4 et suivant). Ildonne sa vie en rançon pour racheter les hommes de cette mort. Lacause de la mort sans lendemain est le péché qui sépare, qui éloignede Dieu, source unique de la vraie vie. Et tous les hommes sontpécheurs; tous, par le péché dominateur, universel, invincible, sontpoussés à la mort. Nul parmi eux ne peut réaliser la sainteté, raisond'être de l'homme, sa loi et sa gloire, et par laquelle l'hommeaccomplissait le plan de Dieu. Ce que l'homme était à jamaisincapable de faire, le Christ a donné sa vie pour le faire à saplace; il a fait du but assigné à l'homme son propre but et il l'aatteint; la sainteté inaccessible à l'homme, il l'a vécue; la vie deJésus a été une vie d'homme satisfaisant la volonté créatrice deDieu, une vie sainte et demeurée telle au fond des ténèbres et desdouleurs que le péché amasse sur les hommes et que traverse lereprésentant des hommes, une vie donnée en rançon pour tous ceux quivoudraient se réconcilier avec Dieu. La troisième déclaration, commune aux trois Synoptiques, estrappelée aussi dans la première épître aux Corinthiens (Mr14:22-25,Mt 26:26-29,Lu 22:19 et suivant, 1Co 11:23,25). Lequadruple récit de l'institution de la Cène (voir ce mot) relate unacte de Jésus et l'explication que Jésus lui-même donne de cet acte.L'acte est un symbole; fréquents dans l'A.T., les actes symboliquesne sont point inconnus du N.T. (Mr 6:11 et parallèle, Mt27:24,Jn 13:3 20:22,Ac 21:11). Dans la Cène, le symbole traduitd'une manière ineffaçable pour la mémoire et pour le coeur desdisciples la réalité qui est le don total de la personne du Maître.L'explication de Jésus souligne la signification et la valeur de cedon. Jésus parle d'une alliance nouvelle qu'il fonde, et met enrapport la fondation de cette alliance avec la mort prochaine qu'ilva supporter. On a souvent rapproché l'institution de la Cène de laconclusion de l'alliance sinaïtique (Ex 24:8); mais Jésus nerestaure pas une alliance ancienne; quoique Luc et Paul seulsécrivent l'adjectif «nouvelle», il ressort aussi des témoignages deMr et de Matthieu que Jésus inaugure quelque chose de nouveau. Jésussongeait, sans doute, aux promesses de Esa 55:3, de Jer31:31-34, de Eze 36:35; l'alliance nouvelle qui avait étéprédite, lui la fonde, l'alliance messianique consistant non dans uncontrat légal mais dans un pacte de grâce assurant aux hommes lesbénédictions divines en échange de leur fidélité et de leur amour. Leparallélisme est ainsi très étroit entre la révélation ducommencement du ministère de Jésus au sujet du Royaume et larévélation de la fin du ministère de Jésus au sujet de l'alliance.Avant Jésus le Royaume est prêché, avec Jésus le Royaume est établi;avant Jésus l'alliance spirituelle est prédite, avec Jésus l'alliancespirituelle est réalisée. Royaume et alliance ont en Jésus nonseulement leur révélateur ou leur législateur mais leur fondateur;Jésus apporte sur la terre le Royaume de Dieu et l'alliance de Dieu. Par l'assimilation de son corps au pain rompu, de son sang au vinde la coupe, Jésus tourne les pensées de ses disciples vers sonsacrifice; l'alliance nouvelle sera scellée par sa mort. L'idée derachat est moins précise dans le récit de la Cène que dans Mr10:45 et Mt 20:28; la substitution demeure dans l'affirmationque le corps est brisé, le sang versé pour nous. La substitutionreste d'ordre moral; c'est la comparaison trop forcée de la Cène à laPâque juive qui a transféré le caractère légal du rite de l'anciennealliance au rite de la nouvelle alliance. Mais les Synoptiqueseux-mêmes qui font un repas pascal du dernier repas de Jésus ne fontaucune mention de l'agneau du sacrifice; pour Paul, la Cène est uneunion mystique des croyants avec leur Maître et avec leurs frères;pour Jean, elle est la communication de la personne de Jésus sousforme de nourriture et de breuvage spirituels. La Cène qui préfigurela mort, la transfigure en même temps. Le péché des hommes oblige leSauveur à souffrir et à mourir, et le Sauveur fait des souffrances etde la mort le moyen de la définitive victoire; le moment où il passe,par amour, dans l'angoisse et dans la nuit, symbolise, résume,divinise sa vie de Fils de l'homme, la vie vécue et donnée en rançon.Aucun fait ne met mieux en relief que la Cène la place souverainedonnée par Jésus à sa propre personne; personne et oeuvre sontconfondues; l'explication du sacrifice absolu est la complèterévélation de la personne. Le plus ancien commentaire de la Cène, etqui reste le plus fidèle, se trouve dans le quatrième évangile: «Jesuis le pain de vie...celui qui mange ma chair et boit mon sang a lavie éternelle» (Jn 6:35,48,54). Les disciples vivront ens'assimilant la force, l'esprit, l'être même du Christ, du Vivant quipour donner la vie aux hommes les a aimés jusqu'à la mort. Chez Paul, l'oeuvre entière du Christ se concentre dans la mortsur la croix. Dans son ministère à Corinthe, l'apôtre «n'a voulusavoir que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié» (1Co 2:2). Etc'est de lui que s'inspirent surtout les théologiens soucieux dediscerner les premières thèses sotériologiques et christologiques del'Église apostolique. Quelques textes pauliniens sont sans cesseinvoqués, étant parmi les plus explicites et résumant, avec plus declarté, les indications des multiples textes que l'on pourrait citer. Paul expose aux Galates que la loi, prônée encore par beaucoup etdevant laquelle certains chrétiens hésitent, ne saurait donner lesalut; seul le juste par la foi vivra. La loi, loin de nous libérer,nous place sous la condamnation, sous la malédiction. Mais «le Christnous a rachetés de la malédiction de la loi, devenant malédictionpour nous (puisqu'il est écrit: maudit est quiconque est pendu aubois), afin que la bénédiction accordée à Abraham soit aussi pour lespaïens en Jésus-Christ, et que nous recevions par la foi l'Esprit quiavait été promis» (Ga 3:13). Anselme interprétait: le Christnous a sauvés en prenant sur lui-même la malédiction de Dieu que nousavions encourue, en subissant en sa personne la peine des péchéscommis par les hommes. L'interprétation se fonde sur une analogie determes, non sur une parenté d'esprit. Par le rachat qu'il opère, leChrist nous libère du pouvoir d'un premier possesseur et nous placedans la dépendance d'un second. Le premier possesseur est la loi, laloi personnifiée et prononçant un jugement. En effet, ce n'est pas àDieu que le Christ achète ceux qu'il délivre. Le même verbe exagorazeïn, impliquant rachat, reparaît dans trois autres textespauliniens: Ga 4:5 où il s'agit encore de délivrer «ceux quisont sous la loi», et 1Co 6:20 7:23 où, non seulement Dieu n'estpas le vendeur mais tout au contraire l'acquéreur, le Maître nouveauqui reçoit les rachetés. Par le Christ, l'homme va de la loi qui lemaudit à Dieu qui veut son retour. Le Christ, pour opérer ce transfert, «devient malédiction pournous». Le contexte montre qu'il devient malédiction par sacrucifixion, laquelle le mettait au rang des coupables condamnés,maudits par la loi. Par la loi, ainsi que l'indique sans confusionpossible la citation de De 21:23. Il ne s'agit donc pas, endépit d'Anselme, d'une malédiction de Dieu. La malédiction de la loisupportée par le Christ est une conséquence de sa mort sur la croix,la mort sur la croix n'est pas la conséquence d'une malédictionexprimant un jugement divin. L'apôtre emploie le terme abstrait:malédiction, non le terme concret: maudit. Dieu n'a ni directement,ni indirectement, ni comme intermédiaire, ni comme substitut, Dieun'a pas maudit le Christ; Dieu a laissé le Christ subir une mort dontla nature entraîne, de par la loi, une malédiction. L'apôtre qui,selon sa coutume, cite librement l'A.T., a écarté la précisioncontenue dans le texte hébreu comme dans le texte des LXX, que lescrucifiés étaient «malédiction auprès de Dieu». La malédiction de laloi, dans la conception paulinienne, consiste en ceci: aucun de ceuxqui comptaient sur elle pour trouver le salut ne pouvaient laréaliser, se justifier par elle, devant elle; tous tombaient doncsous sa condamnation. Jésus se met à notre place et brise letyrannique joug de la loi en faveur de ceux qui, par la foi,accepteraient la délivrance qu'il obtient pour eux et qu'il leuroffre «par pure grâce». Cette oeuvre de substitution a impliqué à sonterme la mort; le Christ a accepté de mourir. La mort sur la croixs'accompagnait de la malédiction de la loi; le Christ a accepté cettemalédiction. Souffrances, peines, mort, tout ce qui donnait àl'oeuvre volontairement entreprise par le Christ un caractèretragique imposé par le péché dans lequel persévéraient les hommes, leChrist a voulu le subir pour atteindre le but: sauver ceux quicroiraient en lui. Le but est indiqué par la conjonction de finalitédont le sens est constant dans le grec biblique et dans le grecclassique: ina, «afin que». Ce but est, selon le texte,éminemment positif; se substituant à l'homme pour arracher l'homme àson esclavage, le Christ a préparé, a permis le don de l'Esprit deDieu aux hommes, à tous les hommes, païens comme Juifs. La grande péricope Ro 3:24-26 a, dans l'histoire du dogme,une portée et une autorité dominantes. «Tous sont justifiésgratuitement par la grâce de Dieu, par la rédemption qui est enJésus-Christ; Dieu l'a établi comme moyen de propitiation par la foien son sang, pour la manifestation de sa justice; parce que dans sadivine patience il avait supporté les péchés antérieurs, sa justices'est manifestée dans le temps présent, afin qu'il soit juste etqu'il justifie celui qui croit en Jésus.»Deux affirmations se détachent en premier plan: (a) tous sont justifiés gratuitement par la rédemptionqui est en Christ; (b) Dieu l'a établi comme moyen de propitiation par lafoi en son sang. Paul emploie sept fois le mot essentiel; apolutrôsis, délivrance, rédemption; tantôt avec unesignification générale et sans lien direct avec l'oeuvre deJésus (Ro 8:23,Eph 1:14 4:30), tantôt pour synthétiser lesmoments et aspects divers de cette oeuvre (1Co 1:30,Col 1:14),tantôt pour énoncer la conséquence de la mort de Jésus (Ro3:24,Eph 1:7). La terminologie abstraite seule ne fixe donc pasla pensée précise, c'est l'ensemble d'une péricope qui fixe le sensconcret de la terminologie. C'est pourquoi ici encore, et ailleurs,Anselme avec des vocables pauliniens présente des idées nonpauliniennes. Hilasterion, propitiatoire, traduit dans les LXX l'hébreu kopher, couvercle de l'arche. Aspergé par le sang des victimesoffertes en holocauste, le couvercle de l'arche devenaitpropitiatoire. Tel devient dans la Nouvelle Alliance Jésus aspergé deson propre sang. Ro 3:25 porte l'adjectif verbal neutre prissubstantivement: hilasterion; la traduction correcte,grammaticalement, est: moyen de propitiation, et non: victimepropitiatoire; le substantif «victime» ajouté au texte de Paul estune interprétation de la pensée de Paul; il convient de s'en tenir àce que l'apôtre a dit. Dans l'A.T, le sacrifice est un aveu deculpabilité de la part de l'homme, une preuve du remords qu'iléprouve devant ses transgressions; et cet homme, sacrifiant quelquechose qui lui appartenait, cherche, par le renoncement matérielsymbole du renoncement à ses fautes, à rentrer en rapport avec Dieu.L'animal, sur l'autel, n'est point représenté comme souffrant ce quel'homme aurait dû légalement souffrir. La fête des Expiations est uneexception dans le rite sacrificatoire. A côté du taureau et du boucamenés pour l'holocauste, un deuxième bouc était chargé parl'imposition des mains «des transgressions par lesquelles les enfantsd'Israël ont péché». Mais cette victime-là n'était ni offerte à Dieu,ni mise à mort; elle était dévouée à Azazel (voir ce mot) et chasséeloin du tabernacle, siège de la présence divine. De quelque côtéqu'on l'envisage, symboliquement, matériellement, le sacrifice duChrist est inassimilable aux sacrifices lévitiques, qu'il déborde detoutes parts. Paul voit donc dans le Christ un moyen de propitiation. Du Christvient, en effet, la réconciliation avec Dieu, et le pardon de Dieu,et la reprise de la vie avec Dieu. Ce moyen c'est Dieu qui l'aétabli; Dieu «a présenté» en Christ la délivrance. Le verbe proéthéto a le même sens dans les deux autres passages oùl'apôtre l'emploie (Ro 1:13,Eph 1:9), et il est le seul auteurdu N.T. qui l'emploie. Dieu, cause première dans la Rédemption commedans la Création, a voulu sauver en Christ et par le Christ. Etl'apôtre montre comment Dieu a réalisé dans l'histoire sa volonté desalut, usant tantôt de patience et laissant les hommes vivre dansleurs péchés, tantôt de miséricorde et appelant les hommes a laréconciliation. Après avoir permis à l'homme de commettre le mal, ilest intervenu dans le monde comme un Dieu qui aime mais dont l'amourn'est ni faiblesse ni impuissance à côté de la justice. Il a montrésa justice en Jésus-Christ lui-même, par la rédemption queJésus-Christ accomplit. Salut pour celui qui accepte l'appel divin etcroit en Christ, et c'est la grâce de Dieu qui pardonne ainsigratuitement; rejet de celui qui ne croit pas au Christ et n'acceptepas l'appel divin, et c'est la justice de Dieu qui ne fléchit pasdevant la rébellion des pécheurs. En justifiant par grâce lescroyants en Jésus-Christ, Dieu demeure un Dieu juste. La foi au Sauveur est caractérisée comme «la foi en son sang».L'expression, ou son équivalent, est employée dans Actes, 1 Pierre, 1Jean, Hébreux, Apocalypse. Paul la répète Eph 1:7 2:13,Col1:14-20, comme dans Ro 5:8,10, autre texte important de lasotériologie de l'apôtre. «Dieu a prouvé son amour envers nous en ceque, quand nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. Aplus forte raison étant justifiés maintenant en son sang, serons-noussauvés par lui de la colère.» Les mots du verset 9: justifiés devantDieu, et du verset 10: réconciliés avec Dieu, sont synonymes; lesdeux moyens de justification et de réconciliation, le sang du Christ,la mort du Christ, sont semblables. Dans la consécration de la vie deJésus au service de Dieu, la mort, selon Marc et Matthieu, est le doncouronnant tous les dons, l'acte d'amour visible et sensible entretous les actes d'amour. De même chez Paul la mort du Christ est lesacrifice achevant tous les sacrifices, le fait qui met dans le pluspuissant relief la nature de son oeuvre rédemptrice, le summum dela souffrance endurée, de la substitution voulue. Quand, à la placedu terme «mort», l'apôtre emploie le mot «sang», il rappelle par cedeuxième vocable, plus frappant que le premier, que la mort de Jésusfut véritablement un sacrifice, un supplice nécessité par le péchédes hommes, qu'elle fut une mort violente. C'est un fait del'histoire que l'apôtre évoque pour les Romains, ainsi qu'il l'avaitfait pour les Galates (Ga 3:1); à propos de ce fait, maintesexplications seront fournies au cours des siècles, mais l'apôtre nedonne pas d'explication. Il se borne à constater l'action de Dieu etl'action du Christ, la manière dont la double action est produite, lerésultat de la double intervention: justification de l'homme devantDieu, réconciliation de l'homme avec Dieu. Cette réconciliation semanifeste par un changement d'attitude des hommes à l'égard du Pèrequi leur envoie un Révélateur, un Rédempteur; un état de croyance, defoi, d'obéissance, d'amour succède à l'état d'indifférence, de péché.Dieu qui a l'initiative dans le plan du salut, puisqu'il a établi leChrist comme moyen de propitiation, a l'initiative aussi dans laréalisation du plan, car c'est son amour qu'il prouve en acceptantque le Christ meure pour les hommes. Les dispositions de Dieu pourles hommes sont toujours les mêmes dans les manières diverses dont ilagit dans le monde; il aime et tout vient de là: l'apparition del'homme aux premiers jours de la création, et l'apparition du Christdans le monde quand les temps sont accomplis. Après que le péché adégradé l'univers et l'humanité, et quand le péché s'oppose à larestauration rédemptrice, Dieu ne cesse pas d'aimer, pas plus qu'ilne cesse d'être juste, comme l'apôtre l'a déjà affirmé. Or la justicene peut s'accommoder de l'injustice, ni la sainteté supporter lepéché. Dieu, parce qu'il est juste et saint, ne peut que pour untemps--le temps de la patience (Ro 3:25) --admettre le péché.Dans l'A.T., la colère de Jéhovah est la réaction de la saintetédivine devant les transgressions; dans le N.T., la colère divinen'est pas un sentiment positif de rigueur, d'irritation; ellesignifie que la sainteté de Dieu est inconciliable avec le péché, quel'homme persévérant dans son péché est abandonné de Dieu et livré auxconséquences du péché, à la mort. Or, le plus puissant et le pluspressant appel de Dieu est adressé par Jésus, et la démonstration laplus éclatante que l'amour de Dieu est infini, c'est la croix deJésus. Après cela, il n'y a plus rien à faire qu'à laisser l'hommerebelle suivre la voie fatale dans laquelle il s'obstine, descendrevers la perdition inévitable; mais par la croix l'homme qui se repenta l'assurance que rien ne le séparera désormais de l'amour de Dieu,du Dieu qui «a réconcilié le monde avec lui en Christ, en ne tenantplus compte des péchés des hommes» (2Co 5:18, cf. Col1:20,22,Eph 2:16). Justice de Dieu et amour de Dieu ne sont pas deux qualités quis'opposent, qui entrent en lutte dans la pensée ou l'action divines.Par la croix du Christ, Dieu fait confiance à l'homme qui, au nom duChrist, s'approche de lui; Dieu sait que le pardon gratuit ne serapas une cause de démoralisation et il justifie le pécheur. Le Christest l'intermédiaire, le garant par lequel la sainteté de Dieu, sanspactiser avec le péché, tient le péché pour aboli en l'homme et entreen contact avec le croyant. L'homme qui croit en Jésus est mis aubénéfice de la sainteté de Jésus; celui-là a rompu en principe avecle péché et en pratique rompt chaque jour davantage avec le péché. Lamort sur la croix, acceptée comme la conséquence du péchévolontairement porté jusqu'au sacrilège, a brisé la puissanceuniverselle du mal et consacré l'invincible puissance de la saintetéde Jésus. La sainteté de Jésus, réalisée pour l'homme, à la place del'homme, rétablit l'union entre l'humanité et Dieu. L'homme qui croiten Jésus est considéré par Dieu comme participant à la sainteté deJésus, comme réalisant la condition posée à la race humaine pour quela vie divine devienne sa vie. Selon l'évangile de Jean, le Christ, au terme de sa vieterrestre, allait retrouver «la gloire qu'il avait avant que le mondefût» (Jn 17:5); selon l'épître aux Philippiens, «parce que leChrist a été obéissant jusqu'à la mort, Dieu l'a souverainementélevé» (Jn 2:9); l'épître aux Hébreux, en accord avec lachristologie johannique et paulinienne, déclare que le Christ, «mispour quelque temps au-dessous des anges, a été couronné de gloire etd'honneur...par ses souffrances pour les hommes, Dieu lui a donné laperfection» (Jn 2:9 a). Cette perfection n'est pas seulement laperfection morale de la personne, c'est-à-dire la sainteté que leChrist historique possédait déjà; elle implique un but atteint, commel'indique le terme teleïôsis ; elle est la plénitude que rien nesaurait plus compléter ou achever, et qui concerne l'oeuvre de Jésuscomme la personne de Jésus; elle marque d'un caractère absolu leSauveur et le Salut. Jésus savait qu'une joie spéciale lui étaitréservée à la fin de sa tâche; cette certitude l'a soutenu dans lesjours de lutte: «en vue de la joie placée devant lui, il a souffertla croix et méprisé l'ignominie» (Heb 12:2). Une joie purementpersonnelle s'accorderait mal avec l'amour que le Christ a eu pourles hommes; la joie vers laquelle regardait le Christ c'est lavictoire de son amour, c'est le fait que venu parmi les hommes pourles sauver, il pourrait sauver quiconque croirait en lui. Les donnéesdiverses de l'épître montrent que, selon la volonté de Dieu, l'oeuvrede salut accomplie par Jésus se résume dans l'abolition du péché. Comment le péché a-t-il été aboli? L'auteur, pour l'expliquer, seplace sur le terrain de ses lecteurs, Juifs devenus chrétiens, maishésitant à accepter pleinement, uniquement, le christianisme: il partde l'Ancienne Alliance pour démontrer que, sur celle-ci, la NouvelleAlliance l'emporte de toutes manières et infiniment. L'oeuvre deJésus s'est achevée par la croix. Dieu a permis ce fait, il l'a voulupuisque rien n'arrive sans que Dieu le permette. La mort du Messieaccomplit le salut selon la grâce de Dieu, comme les sacrificeslévitiques accomplissaient la propitiation selon la loi de Moïse.Mais comparer n'est pas égaler, car, à considérer le sanctuaire, lesacrificateur, la victime, le sacrifice, le culte chrétien apparaîtcomme la réalité définitive dont le culte juif était la simplepréparation. Pourquoi un disciple de Moïse s'étonnerait-il que lesdisciples de Jésus saluent le Messie dans le Crucifié? Ne sait-il pasque, d'après la loi «presque tout est purifié avec du sang, et sanseffusion de sang il n'est pas de pardon»? (Heb 9 22) Du point devue de l'Ancienne Alliance, au lieu de douter de Jésus à cause de lamort sur la croix, il faudrait croire en Jésus. Certes, l'auteur saitbien que pendant son ministère le Fils de l'homme avait le pouvoir depardonner les péchés et qu'il a maintes fois usé de cette autoritésouveraine; mais le sacrifice de la croix étend à tous les êtres et àtous les siècles ce qui a été, du vivant de Jésus, l'exceptionnelprivilège de quelques croyants. Par sa mort, Jésus est devenu, pourl'humanité entière, le Sauveur unique; il a tout résumé et achevédans ce dernier renoncement: «Ce n'est pas avec le sang des boucs etdes veaux, mais avec son propre sang que Jésus est entré une foispour toutes dans le lieu très-saint, et il a acquis une rédemptionéternelle. Car si le sang des boucs et des taureaux, si la cendred'une génisse jetée sur ceux qui sont souillés, sanctifient quant àla pureté de la chair, combien plus le sang du Christ, qui, par sonesprit éternel, s'est offert lui-même sans défaut à Dieu,purifiera-t-il des oeuvres mortes votre conscience, pour le servicedu Dieu vivant!» (Heb 9:12-14). Dans ce paragraphe, le plusnotable de l'épître, le sacrifice de Jésus, sacrificateur et victimetout à la fois, semble déborder l'histoire et se rattacher ausacrifice initial du Christ préexistant; il serait sans exemple, dansle N.T., de parler de «l'esprit éternel» d'un être de la terre. Surla croix, la mort est une offrande que Dieu agrée et qui, en retour,vaut aux hommes la miséricorde de Dieu. Dans les livres mosaïques, lesacrifice est essentiellement une offrande; il est uniquement celadans l'épître aux Hébreux. L'auteur le rappelle à propos desfonctions du grand-prêtre (Heb 5:1 8:3 9:9). Jésus, parce qu'ilest saint, offre à Dieu un sacrifice d'une valeur infinie; sa mortest l'apogée de la consécration que fut sa vie terrestre et de lasainteté qui fit de cette vie un parfait accomplissement de lavolonté de Dieu; la vie sainte donne son prix inestimable à la mort;l'acceptation de la mort est le fait capital de la vie, le faitrédempteur d'où résulte le pardon divin. Plus loin, en un langage dont aucune traduction ne rend l'ampleuret la majesté, l'auteur écrit: «Vous vous êtes approchés de lamontagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste,des myriades des anges, de l'assemblée des premiers-nés inscrits dansles cieux, de Dieu le juge de tous, des esprits des justes parvenus àl\a perfection, de Jésus le médiateur de la Nouvelle Alliance et dusang de l'aspersion qui parle mieux que celui d'Abel» (Heb12:22-24). C'est l'oeuvre historique de Jésus qui fonde l'AllianceNouvelle, c'est la mort de Jésus qui est le gage éternel de laréconciliation avec Dieu, c'est l'oeuvre et la mort ensemble quipermettent au croyant cette communion surnaturelle avec la personneet la vie même de Dieu et des créatures unies à Dieu. La loi estdépassée, périmée; son rôle de pédagogue a pris fin quand le Maîtreest apparu (Ga 3:24); il n'est de salut qu'en Jésus, qui a vécupour les hommes et qui est mort pour eux. La pensée est analogue dans 1Pi 2:21,24 où est librementtransposée la grande prophétie de Ésaïe 53. La vie de Jésus estl'exemple inspirateur de la vie chrétienne; la sainteté--lui qui n'apoint commis de péché--, la patience--outragé il ne rendait pasl'outrage--, la confiance en Dieu--il s'en remettait à Celui qui jugejustement--, en sont les traits saillants; elle est vécue pour leshommes comme la mort est soufferte pour eux: «Il a porté nos péchésen son corps sur le bois afin que morts au péché nous vivions pour lajustice.» Les péchés de l'homme ont conduit le Christ à la mort aprèsl'avoir conduit à la souffrance; venu pour délivrer l'homme, Jésus,pendant sa vie terrestre, a vaincu le péché, et il l'a porté sur lacroix pour achever de le détruire. Avec plus de netteté dans lestermes l'épître redit: (1Pi 3:18) «Christ est mort, lui justepour des injustes, afin de nous amener à Dieu.» C'est toujours lemême but, le but suprême voulu dès l'origine et atteint dans lestragiques conditions imposées par le péché: permettre aux filsprodigues de rompre avec le mal qui les asservit, pour retourner auPère qui les attend. Les autres livres du N.T. reprennent l'enseignement des livresexaminés, et dans ces livres les autres textes se ramènent aux textesinterrogés. Les points de vue divers et les expositions multiples,rebelles peut-être à une rigoureuse et complète unification,s'accordent en tout cas, la note personnelle de chaque auteurs'harmonisant avec les autres notes en un choeur sans dissonance,s'accordent pour déclarer que la réconciliation entre l'homme et Dieuest opérée par Jésus-Christ, seul médiateur, seul Sauveur, parl'oeuvre de Jésus-Christ, par la croix de Jésus-Christ.III A cet ensemble de témoignages, les thèses des docteurs du Moyenâge ajoutent certains éléments et de cet ensemble elles négligentcertains éléments. Le grand principe de la doctrine d'Anselme: «culpam poena absolvit, la peine absout la faute», n'a pas depoint d'appui dans le N.T.; il amènera à une trop exclusiveinsistance sur les souffrances matérielles de Jésus; quelquesthéologiens établiront même une sorte d'équivalence mathématiqueentre les douleurs de Gethsémané et de Golgotha et les tourmentsmérités par les pécheurs. Or la mort de Jésus a toujours et surtoutune valeur spirituelle, résultant du fait que le Christ qui offre cesuprême sacrifice est saint, et non du fait que la Passion comportetel ou tel degré de souffrance. Par contre, la vie de Jésus quisatisfait la volonté créatrice de Dieu, l'enseignement de Jésus quicontient la révélation définitive, passent à l'arrière-plan,deviennent très secondaires si on limite la rédemption à une punitionsupportée pour les hommes. La notion du péché est plus juridiquequ'évangélique dans les formules de la scolastique. Le péché paraîtse réduire, le plus souvent, à un fait matériel entraînant uneconséquence matérielle, un châtiment; or il est essentiellement unmal moral entraînant une conséquence morale, la séparation de l'hommeet de Dieu. La réconciliation, dans le dualisme poussé à l'extrême,entre la justice divine et l'amour divin, pourrait parfois être prisepour une réconciliation de Dieu avec lui-même, les attributs opposésétant unis par la croix. Et on a vu plus haut que Paul entend parréconciliation la réconciliation de l'homme avec Dieu, et non laréconciliation de Dieu avec l'homme, Dieu, dans sa miséricorde, ayantsans cesse cherché, appelé l'homme, et la venue de Jésus étant lasuprême tentative de la grâce du Père. Telle que l'ont conçue et léguée à la théologie Anselme et Thomasd'Aquin, l'expiation paraît trop étroite, trop négative, en regard duN.T.; le concept même d'expiation est trop limité pour exprimerl'oeuvre rédemptrice de Jésus-Christ, pour dire tout le «comment» dela réconciliation de l'homme avec Dieu. C'est le concept de lasubstitution qui le dit et qui garde à la personne du Sauveur toutesa grandeur, toute son ampleur à son sacrifice. Du point de vuehistorique, la substitution commence, bien avant la Passion, avecl'activité publique de Jésus, quand après trente ans de silence, deprières, animé de l'Esprit divin, Jésus se révèle comme l'envoyé deDieu parmi les hommes. Et elle commence bien avant toute, activitéterrestre si l'on s'en rapporte à Paul et à Jean, pour lesquels lerenoncement du Christ préexistant domine et permet l'oeuvre du Christhistorique; elle commence quand, devant l'impuissance définitive dela race humaine de comprendre, et à plus forte raison de réaliser lavocation à laquelle le Créateur l'avait appelée, c'est-à-dire devouloir et de vivre la sainteté qui devait faire l'homme «semblable àDieu», le Christ, renonçant à l'existence divine, entre dansl'existence humaine (Php 2:7) et vient, à la place de l'homme,faire ce que Dieu avait voulu que l'homme fasse. Elle s'affirme dansla vie où le Fils de l'homme n'a jamais cherché sa propregloire (Jn 8:50), ni voulu autre chose que la volonté deDieu (Jn 4:34), ni lutté pour autre chose que pour le salut deshommes (Mt 18:11,Lu 19:10). Elle se termine à la mort par lacroix, à l'abaissement suprême auquel le péché des hommes qui neveulent pas se repentir contraint Jésus et dont Jésus fait la suprêmevictoire de sa sainteté et de son amour, l'évidente preuve que toutest accompli pour le salut. Du point de vue moral, la substitution est plus qu'un faitnégatif, acceptation d'une peine ou paiement d'une dette; elle est unfait essentiellement positif, une réalisation du plan de Dieu, unecréation nouvelle. En ce sens, elle est une expiation qui expie plusprofondément que l'expiation proprement dite. Le péché, qui aentraîné dans le désordre le monde entier en séparant l'humanité deDieu, qui a opposé un perpétuel obstacle aux desseins du Créateur,n'est pas vraiment réparé s'il est seulement puni; la punition nefait pas ce qui n'a pas été fait, ne refait pas ce qui a été défait.La réparation vraie c'est la reprise du plan divin et c'est sonaccomplissement. Jésus, le deuxième Adam, selon l'appellationinspirée de l'apôtre, recommence l'épreuve humaine à la place del'homme et réalise la vie que Dieu demandait à l'homme. Parti del'innocence, le deuxième Adam touche à la sainteté. Par lui le péchéest vaincu. Par lui une ère nouvelle s'ouvre pour Dieu et pourl'homme, parce que, dans la vie de Jésus, Dieu voit réalisée savolonté créatrice, c'est-à-dire la sainteté humaine librement voulueet librement acquise, et parce que l'homme, dans la vie de Jésus,voit accomplie la destinée de sa race et atteint le but à sa raceassigné, c'est-à-dire la sainteté qui fait de l'homme un fils deDieu. La Passion, dernière tentation et dernière lutte du péché, metsur cette vie le sceau de l'absolu; la mort sainte et la vie sainte,inséparables l'une de l'autre, ne se comprennent pas l'une sansl'autre. Du point de vue religieux, la substitution, dressant la mort surle piédestal de la vie sainte, met en un relief à nul autre pareil lagravité du péché de l'homme, l'infinité de l'amour de Dieu, lagratuité du pardon en Jésus-Christ. Que le juste qui affirmait: «leprince de ce monde vient, mais il n'a rien en moi» (Jn 14:30),ait dû mourir par le péché des hommes après être apparu au milieu deshommes pour les affranchir, qu'il ait fallu que le Fils de l'hommemontât sur la croix après avoir révélé Dieu comme le Père céleste,fondé le Royaume que Dieu voulait établir sur la terre, après êtreredevenu le Fils de Dieu par sa sainteté avant de le redevenir par sagloire, il y a là un fait qui dévoile le péché comme un abîme sansfond et atteste la démoniaque puissance qu'il exerce dans le monde.Devant ce péché, l'homme prend conscience qu'il est lié par unadversaire invincible, qu'il ne peut rien, qu'il est perdu. Mais c'est la substitution du Saint au pécheur qui se continue ets'achève sur la croix, qui va ainsi jusqu'à la «folie» et jusqu'au«scandale», et la mort de Jésus est, si l'on veut reprendre laformule du Moyen âge, «le prix infini de l'expiation entreprise». Quel'amour du Christ ait voulu cela, que l'amour de Dieu ait acceptécela, il y a dans ce fait la démonstration, l'évidence que l'amourdivin surpasse toute connaissance. Or cet amour divin offre à l'homme le pardon; l'homme, devant lacroix où «tout est accompli» pour que le pardon soit possible,contemple son salut; par Jésus-Christ qui a vécu et qui est mort pourl'homme, par Jésus-Christ seul, sans autre intermédiaire, sans autreoeuvre que la sienne, l'inexpiable péché est effacé, l'incurableimpuissance est transformée, la réconciliation avec Dieu estcertaine, la grâce de Dieu pose dans le coeur et dans la vie duracheté un commencement nouveau. L'homme qui, par la foi, s'unit àJésus-Christ, participe à sa vie sainte et reçoit de cette communionla force de vouloir, la force de faire; et Dieu sait qu'une tellerémission du péché, parce qu'elle lie au Sauveur l'être pardonné,fait de cet être une création nouvelle répondant à son plan éternel.And. A.