EXODE

Nom, contenu, subdivisions. Le nom du deuxième livre du Pent. vient du texte grec des LXX, quiemploie dans Ex 19:1 ce mot exodos =sortie; du titre dulivre dans la Vulg, latine (Exodus), il a passé dans nos Bibles.Les Juifs l'appellent Ellèh chemôth («voici les noms...» les deuxpremiers mots de Ex 1:1), ou Chemôth tout court. Le livrereprend l'histoire des clans israélites au moment où, après un séjourplus ou moins long en Egypte, ils subissent les vexations d'unpharaon qui «n'avait pas connu Joseph» (Ex 1:8); et il setermine par la mention des faits qui se sont passés au Sinaï. Lasuite régulière d'Ex, se trouve dans Le et Nomb., avec lesquels ilforme un tout bien lié, puisque la législation du Le est censée`appartenir aussi à la période sinaïtique, et que No raconte la findu voyage au désert. (Pour la division du Pent. en cinq livres,voirGenèse).L'Exode se divise en deux parties: (a) Ex 1-15:21: séjour et souffrances d'Israël enEgypte; préliminaires de la délivrance et sa réalisation. (b) Ex 15 22 à Ex 40: premiers temps duvoyage au désert, promulgation de groupes de lois au Sinaï.L'Exode se distingue des autres livres par la variété de son contenu,comme par la complexité des sujets qu'il traite, renfermant, en desproportions à peu près égales, des textes narratifs et des groupes delois. Le livre résulte de la combinaison des trois mêmes documentsqui ont servi à composer la Genèse et dont aucun n'est contemporaindes faits racontés; le plus ancien, J, a été rédigé environ quatrecents ans après l'époque mosaïque, tandis que le plus récent, P, nousfait descendre jusque vers le milieu du V e siècle. A la façon dont J, E et P (pour leurs caractéristiques et datesrespectives,voir Pentateuque) ont été utilisés dans Ex., on constateque les deux premiers, séparés par un espace d'environ un siècle, nepeuvent pas toujours être distingués l'un de l'autre aussi nettementque dans Gen.; le critère fourni jusqu'ici par la différence dansl'usage du nom divin fait défaut à partir de Ex 3, puisque E,comme J, emploie dès lors Yahvé, pour désigner Dieu. Cependant laprésence, dans ces trois livres centraux, de récits en double, permetde retrouver, dans un grand nombre de cas, les caractères propres àchacun d'eux; voy., par ex., les deux récits de la vocation de Moïse,ch. 3 et 6; de l'envoi des cailles, Ex 16,No 11; l'eaujaillissant du rocher à Mériba, Ex 17,No 20; l'institutiond'auxiliaires de Moïse, Ex 18,No 11; le triple récit concernantles lévites, Ex 32:29,No 3:6,10 18:6. Mais c'est surtout dansles textes législatifs que les doublets sont nombreux; outre lesdifficultés que présente, à cet égard, le récit des faits qui se sontpassés au Sinaï, on trouve en double mention: une loi sur la Pâque,Ex 12:1-13 12:43-49; sur la fête des Pains sans levain, Ex12:14-20 13:3-10 (Ex 23:16 34:18); l'offrande despremiers-nés, Ex 22:29 34:19 et suivant; le triple pèlerinageannuel, Ex 23:14,17 34:23.On constate aussi: des différences dans les noms de personnes etde lieux; ainsi, pour le beau-père de Moïse (Ex 2:18, Réuel;Ex 3:1 Ex 4:18, Jéthro; No 10:29, Hobab fils de Réuel);pour la montagne de la loi (Sinaï dans J et P; Horeb dans E); des désaccords et contradictions:Ex 16:34 présuppose l'existence de la tente du Rendez-vous et del'Arche, dont la construction n'est ordonnée que dans les ch. 25-26;les Tables de la loi, rétablies dans Ex 34:4, renferment une loitoute différente de la précédente (Ex 24:12); Moïse, quittantMadian, ramène en Egypte femme et enfants (Ex 4:20), tandis que,d'après Ex 18:2, ils sont restés auprès de Jéthro, etc.; la présence d'un grand nombre d'éléments ajoutés par le rédacteur final qui a cherché à établir un accord ouune liaison entre les divers docts, rend aussi l'analyse des textesplus difficile;(Ex 21-Ex 23,27-28 Ex 6:13,26-29 9:14-16,19-25 Ex 11:9-1012:21-23,51 13:3-16 15:19 16:8 etc.) des déplacements de textes qui ne secomprennent plus à leur place actuelle; ils sont nombreux dans lesch. 19-24, 32-34, et rendent très difficile la fixation de l'ordrerégulier des faits. Dans ch. 19, le verset 18, qui suppose Yahvé déjàdescendu sur le Sinaï, doit être inséré entre v. 20a et v. 21b; dansch. 20, les versets 18,23, qui se rattachaient à Ex 19:19,devaient précéder et non suivre les révélations divines deEx 20:19 et suivant. L'ordre primitif dans Ex 33:12,23 aété tellement altéré qu'il est devenu impossible de le rétablir. Detout cela, il résulte qu'on ne saurait faire de Moïse l'auteur del'Ex.; ce livre lui-même, d'ailleurs, pas plus que Gen., ne se donnejamais comme étant l'oeuvre autobiographique de Moïse, dont il parletoujours à la troisième personne. Bien plus, il relève expressément,comme constituant une intervention exceptionnelle de sa part dans cegenre d'activité, deux seuls cas dans lesquels Moïse reçoit lamission de mettre par écrit: 1° le récit de la victoire sur Amalek,Ex 17:14; 2° les paroles de l'alliance qui venaient d'êtreproclamées, Ex 34:27 - Cette mention spéciale d'une activitélittéraire eût été superflue, si Moïse avait été l'auteur habitueldes récits. Malgré les difficultés résultant de toutes ces modificationsapportées aux textes originaux des documents, on peut reconstruire engrande partie J et E, et retrouver les vues théologiques et laterminologie propres à chacun, surtout dans la première partie, ch.1-15. P y présente aussi ses particularités de style, sa prédilectionpour les données chronologiques et généalogiques; partout lanarration n'y fournit que le cadre nécessaire aux lois; voir, parex., dans Ex 12:1,13, lorsque l'annonce de la dixième plaiefournit à P l'occasion d'insérer dans son texte des règles pour lafête de Pâques, ainsi que le rituel de celle des Pains sanslevain, v. 14, 20, etc. Le caractère transcendant de Dieu y estnettement marqué; l'histoire des plaies est une manifestation de lapuissance divine, qui agit sous la forme de prodiges, dans lesquelsles facteurs naturels ne jouent aucun rôle. Partout P accentue lecaractère nécessaire de l'institution sacerdotale et met en relief lapersonne d'Aaron, alors que celle-ci apparaît très effacée dans J etE (voir Aaron).Questions historiques et géographiques. La base chronologique de l'Exode est difficile à établir, car lelivre lui-même ne fournit pas les précisions qu'on est en droitd'attendre d'un ouvrage d'histoire, tandis qu'il renferme bien destraits qui rappellent le genre propre à la légende. C'est ainsi qu'ilne nous a transmis les noms d'aucun des pharaons sous le règnedesquels les clans hébreux entrèrent en Egypte, y furent persécutéset en sortirent, tandis qu'il a conservé ceux des deux sages-femmes (chiffre déjà bien étonnant, pour une population quiaurait compté 600.000 adultes masculins, Ex 12:37)auxquelles le pharaon aurait ordonné de supprimer tous lesnouveau-nés mâles des Hébreux (Gressmann, Die Anfoenge Israels, vol. II, p. 10 des Schr. des A.T., 1914). Pour obtenir une basechronologique probable, la méthode à employer consistera donc àconfronter le texte biblique avec les données de l'histoire et del'archéologie égyptiennes, et à voir si ce texte rapporte des faitscadrant avec la situation d'une époque déterminée.Est-il, tout d'abord, possible de relever, ailleurs dans l'A.T., desdonnées qui pourraient servir de points de départ pour établir lachronologie de la période de l'Exode? On a cité parfois: Ge 15:13-16, où il est dit à Abraham que sesdescendants seront opprimés dans un pays étranger «pendant quatrecents ans» et que, «à la quatrième génération», ils reviendront enCanaan. Ce texte, en lui-même, ferait supposer qu'une générationhumaine représenterait cent années, ce qu'il est impossibled'admettre. On a donc proposé (Wiener, Bibl. sacra ; Grifnths, The Exodus in the Light oj Archoeol., p. 36), de voir indiquéeici la quatrième génération qui, à partir des débuts de la périodedes persécutions en Egypte, serait appelée à rentrer en Canaan; enattribuant le chiffre normal de vingt-cinq ans à une génération, celasignifierait que la période des persécutions, celle de la sortie,celle du voyage au désert et celle de la conquête de Canaan auraientensemble couvert cent ans, mais cette explication de l'expression«quatrième génération», quoique très ingénieuse, n'est rien moins quecertaine; ce texte ne fournit aucune donnée précise et sûreconcernant la question de date. 1Ro 6:1 dit que, de la sortie d'Egypte à laconstruction du Temple, en la quatrième année du règne de Salomon, ilse serait écoulé quatre cent quatre-vingts ans. Ici encore, la basechronologique apparaît assez précaire, car, aux yeux d'un grandnombre de critiques, cette donnée de 1Ro 6:1 ne serait qu'uneglose ou note additionnelle ajoutée au texte primitif et reposant surun calcul artificiel de douze générations comptées à quarante anschacune; on sait, en effet, quel grand rôle joue le nombre 40 danscertains livres de l'A.T, (voy., p. ex., les Juges). En outre, ilexiste ici une divergence entre le texte hébreu et celui des LXX quiparle de quatre cent quarante ans. Enfin, il est excessif de compterquarante années pour la durée d'une génération; si l'on veut tirerparti de cette donnée, il faut se représenter que les douzegénérations qui, d'après 1Ch 6:3-8, se seraient succédé del'époque mosaïque à celle de Salomon, devraient être comptées àvingt-deux ou vingt-cinq ans chacune, et, de cette façon, onaboutirait à peu près exactement au règne du pharaon Mer-nephta, dontil sera question plus loin. Resterait la donnée de Ex 12:40 qui dit queles Israélites restèrent quatre cent trente ans en Egypte. Ce chiffrene paraît pas être artificiel comme celui de quatre centquatre-vingts ans, puisqu'il n'est pas un multiple de quarante, etpourrait bien renfermer une donnée traditionnelle acceptable. Eneffet, si l'on place l'arrivée des Israélites en Egypte à l'époque dela domination des;Hyksos (qui aurait duré d'environ 1680 à 1580), onaboutirait, pour l'exode, à une date qui serait à peu près exactementcelle à laquelle s'est ralliée la majorité des critiques actuels: lerègne de Mernephta, 1234-1214, dont il sera question plus loin. On peut constater qu'il existe, à la base de l'Exode, un ensemblede données qui, d'une manière générale, paraissent bien cadrer avecla réalité historique que nous font connaître les découvertesarchéologiques de notre époque. «Diverses inscriptions relatent bienl'admission d'Asiatiques en Egypte. Mais aucune d'elles ne peut viserl'entrée des Hébreux au pays des pharaons: la date ou le contenu destextes s'y opposent. Ils prouvent cependant la très grandevraisemblance des faits racontés par la tradition israélite» (A.Lods, Israël, des orig. au mil. du VIII e s., p. 189, 193SS).Les conditions politiques et économiques de la Palestine et del'Egypte, telles qu'elles se présentent à nous au XV e siècle av.J.-C, dans les tablettes de Tell el-Amarna (voir Genèse), seraient denature à expliquer que, sous la pression de la famine et de diversesdifficultés intérieures, des clans hébreux aient été poussés àémigrer en Egypte. On peut considérer comme reposant sur une basehistorique la tradition contenue dans nos trois documents et d'aprèslaquelle les clans hébreux auraient reçu la permission de s'établirdans la région que J appelle «terre de Gosen» (Ge 47:6) et P «lepays de Ramsès» (Ge 47:11); ces deux noms paraissent, en effet,désigner la même région, car on voit les LXX rendre par le nom de Ramsès le Gosen de Ge 46:28. Cette région, qui seraitdélimitée par les localités de Zagazig à l'Ouest, de Belbeis au Sudet l'extrémité du ouâdi Tumilat à l'Est (d'autres retendent plus auNord, jusqu'au bras tanitique du Nil; ainsi Ebers, et Lods o.c, p. 196), était placée dans la sphère d'influence de l'empire despharaons, et l'on peut aisément se représenter que les clans hébreuxy aient fait un séjour temporaire. En effet, Ed. Naville a conclu, del'étude de textes appartenant aux XIX e et XX e dynasties, que larégion de Gosen n'était pas «une province organisée, occupée par unepopulation agricole», mais «une contrée de pâturages qui pouvait êtreassignée à des émigrants étrangers, sans dépouiller la populationindigène»; et, en fait, les données égyptiennes parlent, à diversesreprises, de clans asiatiques qui, à l'instar de Joseph et de sesfrères, auraient obtenu l'autorisation de s'établir dans cetterégion; c'aurait été en particulier (d'après Breasted, AncientRecords, III, 273) le cas très peu d'années après le départ desIsraélites. Il n'est pas possible de déterminer exactement la durée du séjouren Gosen: les rares textes bibliques que l'on pourrait interrogeramènent à des conclusions divergentes et peu sûres; c'est ainsi queles uns indiquent neuf générations entre Jacob et David (voirGe 38:29 comparé avec Ru 4:18-22) sans compter ces deuxpersonnages, tandis que d'autres (Ex 6:16,20, comp, avec 1Ch6:49,63) en comptent treize de Jacob à Tsadok contemporain deDavid, non compris ces deux-là. On pourrait même, d'après J, croireque le séjour en Egypte n'aurait duré qu'une cinquantaine d'années etque la sortie aurait eu lieu au cours de la deuxièmegénération. --Quelles sont, d'après la majorité des critiques, lescirconstances historiques qui rendirent possible cette sortied'Egypte, pour les clans hébreux? L'Exode le donne à entendre assezclairement, dans des récits qui s'ouvrent par ces simples mots: «ils'éleva sur l'Egypte un nouveau roi qui n'avait pas connuJoseph» (Ex 1:8); en d'autres termes, il a dû se produire, dansles conditions politiques du pays, des changements qui avaient eupour conséquence de modifier profondément la situation des clansisraélites: les usurpateurs hyksos avaient été expulsés par dessouverains appartenant aux dynasties indigènes, qui n'avaient plusles mêmes raisons de favoriser ces clans d'immigrés et qui devaientmême trouver opportun d'affaiblir cette population de race étrangère,dont le nombre s'était sans doute beaucoup accru, qui occupait uneportion du territoire particulièrement exposée aux invasions venantd'Asie et qui, en outre, pouvait avoir, à un moment donné, latentation d'unir ses forces à celles de ses congénères restés enPalestine, ou de faire cause commune avec les ennemis du dehors, ens'émancipant du joug qui pesait sur elle; Ex 1:12 le dit assezclairement: «on prit en aversion les enfants d'Israël». Les conditions dans lesquelles la dix-neuvième dynastie monta surle trône justifiaient les craintes auxquelles il vient d'être faitallusion. Séti I er n'avait pas pu reconquérir les territoires quiavaient été pris par les Hittites; son successeur, Ramsès II, avaitbien conclu un traité avec ces derniers, à la suite d'une campagned'une réussite douteuse; mais la situation en Syrie n'était pas sûreet on pouvait redouter, pour l'avenir, des complications de cecôté-là. Quelle position prendraient donc les clans établis à lafrontière d'Egypte? C'est alors que se serait ouverte la période depersécutions et de corvées que racontent les premiers chap. d'Exode.Bien que la résidence méridionale de Thèbes fût restée la capitalereligieuse de l'empire, Ramsès envisagea l'opportunité de construireentre autres, dans le Delta septentrional, deux villes dont Ex1:11 nous donne les noms: Pithôm, retrouvée par Edouard Navilledans le Tell el-Maskuta du ouâdi Tumilat actuel, et Raamsès (=PerRamsès, la Demeure de R.), résidence royale septentrionale que lesuns identifient avec le Tell Rotab du ouâdi Tumilat, tandis qued'autres (ainsi Brugsch, Alan Gardiner, Lods) la retrouvent plus auNord dans la ville de San (Tanis). C'est donc lui qui, pour lamajorité des critiques, aurait été «le nouveau roi qui n'avait pasconnu Joseph», le monarque fastueux, passionné pour les constructionsgrandioses, qui régna soixante-sept ans et mourut presquecentenaire, laissant après lui une très nombreuse postérité, parmilaquelle s'éleva son treizième fils et successeur Mernephta, quiaurait été le pharaon sous lequel se produisit l'exode. Mernephta, qui régna vingt ans (1234-1214), nous est connu par lavictoire que, dans les débuts de son règne, il remporta sur lesLibyens établis à l'Ouest de son royaume. Il l'est surtout par unestèle du plus haut intérêt, découverte en 1896 par Flinders Pétrie,dans le tombeau du pharaon. L'inscription fait d'abord mention de ladéfaite infligée aux Libyens, de la paix imposée aux Hittites; puis,par la mention d'un certain nombre de noms, elle montre que diversesvilles de Palestine ont été prises et soumises, et déclare, à la fin,que «tous les pays sont pacifiés». Parmi les noms cités, on trouvecelui d'Israël, précédé du dénominatif égyptien qui accompagnehabituellement les noms d'hommes; il s'agit donc bien ici d'unecollectivité, d'un peuple. Mais, à quelle défaite subie par Israëlpeut-il être fait allusion ici? Et que faut-il entendre par Israël? Il est difficile de répondre à cette question. L'opinionla plus probable paraît être celle qui voit, indiqués par ce nom, lesclans hébreux qui étaient restés établis en Canaan, alors qued'autres avaient émigré en Egypte. Griffiths (ouvr. cit., p.52SS) pense qu'il serait fait allusion aux événements racontés No14:40 et suivants (De 1:41,46), à cette défaite des Israélitesqui, pendant le voyage au désert, avaient essayé d'envahir Canaan parle Sud, et qui furent battus par les Amalécites et les Cananéens.Cette opinion est aussi celle de Lods, o. c, p. 214. Maspérovoyait, dans l'expression «leur semence (ou race) n'est plus», uneallusion aux persécutions dirigées par Ramsès II contre les clanshébreux de Gosen, et trouvait dans ces mots «la version égyptienne del'exode, courante à la cour de Mernephta». Ajoutons ici que cettesortie d'Egypte a dû se produire dans les premières années du règnede Mernephta, car un document de la VIII e année de ce règne, citépar Breasted (Ancient Records, III, 173), fait mention de tribusde bédouins édomites qui auraient été admises à habiter la régionmême que les clans hébreux avaient occupée; il fallait donc queceux-ci fussent déjà partis. Dans l'absence presque complète dedonnées égyptiennes concernant les clans israélites et leur séjourdans le pays du Nil, la mention de ce peuple sur un monumentépigraphique datant de l'époque présumée du pharaon sous lequelaurait eu lieu l'exode, revêt un intérêt tout particulier, et, malgréles objections que l'on a pu faire et que quelques critiques fontencore à cette identification de Mernephta avec le pharaon del'Exode, les raisons favorables paraissent l'emporter sur les autres;et le fait que l'on a retrouvé la momie de ce monarque dans lanécropole de Thèbes n'infirme nullement cette identification, car lerécit du désastre subi par les Égyptiens au passage de la mer desRoseaux ne dit nulle part expressément que le pharaon lui-même aitpéri dans les eaux; s'il y avait trouvé la mort, l'hymne de victoirede Ex 15 aurait certainement relevé le fait, et il n'en dit rien.Indiquons ici, pour terminer, quelques-unes des dates proposées pardivers critiques pour l'Exode: Partant des données chronologiques de la périodeJosué-Juges-début des Rois, et admettant que tous les chiffrestransmis représentent toujours des faits consécutifs les uns auxautres, et non simultanés dans certains cas, on a trouvé que lechiffre total 534 (de l'exode à la quatrième année du règne deSalomon) donnerait l'an 1500 environ pour la date de la sortie. Lespartisans de cette opinion se représentent donc que la conquête deCanaan aurait été contemporaine de l'époque des tablettes de Tellel-Amarna (vers 1400 av. J.-C), et que les Habirou dont parlent cesdocuments devraient être identifiés avec les Hébreux sortis d'Egypte. D'autres admettent que les tribus israélitesquittèrent l'Egypte déjà sous le règne de Ramsès II, vers 1260, ets'installèrent en Canaan vers 1230. D'autres enfin font descendre cette sortie jusquesous le règne de Ramsès III, vers 1200.--Pour l'identification,proposée par Winckler et d'autres, de Mitsraîm (l'Egypte) avec Mutsri, pays situé au Nord-O, de l'Arabie,voir Mitsraîm.Moïse. Tous les faits racontés par l'Exode sont groupés autour du grand nomde Moïse. La tradition a conservé le souvenir des traits principauxde sa vie; elle a raconté les circonstances extraordinaires qui ontaccompagné sa naissance, comme aussi elle évoquera, dans De 34,les conditions mystérieuses dans lesquelles se produisit sa mort.Elle le montre tout ensemble comme guide, chef et juge de sescompatriotes, celui qui a su leur donner l'unité nationale, etsurtout celui qui leur a révélé une forme plus haute et plus pure dela connaissance religieuse; enfin, elle a vu en lui le grandlégislateur auquel elle a fait remonter la promulgation de toutes leslois de la nation. Pour tous les détails de sa biographie,voir Moïse.Les plaies d'Egypte. Les trois documents d'Ex, font précéder le récit de la sortied'Egypte par celui de toute une série de fléaux dont Yahvé se seraitservi pour briser la résistance du pharaon qui refusait de laisserpartir les clans hébreux. Nous nous bornerons ici à l'observationsuivante. Le chiffre de dix, qu'on a l'habitude d'indiquer pourl'ensemble de ces fléaux, ne se retrouve dans aucun des troisdocuments, dont chacun présente un nombre différent: J en raconte six(le Nil frappé, les grenouilles, les taons, la peste bovine, lagrêle, les sauterelles); E, quatre (les eaux changées en sang, lagrêle, les sauterelles, l'obscurité) et P, quatre (les eaux changéesen sang, les grenouilles, les moustiques, les pustules). J et Eparlent l'un et l'autre de la dixième plaie (mort des premiers-nés),que P a dû raconter aussi, bien que ses données ne figurent pas dansle récit actuel. Il existait donc une tradition nationale relative àdes fléaux qui auraient précédé la sortie ; mais il y avaitdésaccord quant au nombre et à la forme de production de cesfléaux. J n'indiquait pas d'agent humain pour l'envoi ou le retraitdes plaies, que Yahvé produisait par son action directe sur lanature; tandis que, pour E et pour P, Yahvé est au-dessus de lanature, et les fléaux sont introduits par un intermédiaire terrestre,le bâton d'Aaron. D'après J, ces fléaux sont des faits naturels qui,en eux-mêmes, ne paraissent pas avoir un caractère miraculeux; pour Eet P, au contraire, ce sont avant tout des faits miraculeux. Pour lesdétails,voir Plaies d'Egypte.La sortie d'Egypte. La route de l'exode Voir Atlas 3J, E et P racontent tous trois cet événement. A la base de larédaction qui les a combinés se trouve P, qui en forme le cadre etdonne le plus de détails géographiques, tandis que J n'en fournit quede très généraux, et que E cite les deux villes de Pithôm et deRamsès et indique les deux routes que les clans pouvaient prendre enquittant Gosen. J décrit le phénomène de la colonne de nuée quiguidait les Israélites et qui, à un moment donné, vint se placerentre eux et les Égyptiens et, la nuit, se transforma en une colonnede feu. En outre, dans J, le chemin qui s'est ouvert à travers la meret qui a permis le passage des Israélites, se referme sur lesÉgyptiens parce que Yahvé a fait souffler un vent d'Orient pendant lanuit. Dans E et P, le chemin qui s'ouvre et les flots qui sereferment proviennent de l'intervention du bâton magique de Moïse,ils accentuent donc le fait prodigieux que J rattache, au contraire,à l'action d'un agent naturel employé par Yahvé. Quant à l'itinérairesuivi, il est, dans P, jalonné par un certain nombre de stations dontles noms ne sont pas tous identifiés; le seul qui le soit d'une façoncertaine est Pithom (voy. plus haut). Soukkoth estprobablement l'équivalent de l'égyptien Tukut ou T'kut, et,d'après Cart (Au Sinaï et dans l'Arabie pétrée, Neuchâtel1915, p. 399), ces noms désigneraient une région voisine de Pithom,plutôt qu'une ville. La localité d'Étham, «à l'extrémité dudésert» (13:20) à laquelle les clans arrivent, est en dehors du ouâdiTumilat actuel (l'ancien Gosen), et l'on retrouve dans ce nom le Chetam ou Chetem égyptien, c-à-d, la ligne de forteressesélevées à l'Est pour arrêter les invasions des nomades asiatiques.C'est là que les clans changèrent de direction. Ils avaient le choixentre deux routes: celle qui, se dirigeant vers le N.-E., les auraitconduits, à travers le désert, directement au Sud de Canaan; c'étaitla route la plus courte, mais il fallait passer par la ligne desforteresses, et c'était aller au-devant de difficultés et de dangerscertains, et s'exposer à une poursuite plus facile de la part dupharaon. Restait l'autre route, celle qui, au sortir de Gosen,aboutissait à une région entrecoupée par des étendues d'eau plus oumoins considérables: c'était, le plus au Nord, le lac Balah, puis, auSud, le lac Timsah, situé en face de l'ouverture du ouâdi Tumilat;plus au Sud encore, les lacs Amers, et enfin, le golfe actuel deSuez. Cette route est celle que, d'après les indices fournis par nostextes, les Israélites ont suivie. On s'est demandé si, à une époquetrès ancienne, la mer ne s'étendait pas jusqu'à la hauteur de Gosen;c'était l'opinion d'un savant de l'expédition de Bonaparte en Egypte,Du Bois-Aymé, et celle d'Ed. Naville, dont les découvertesconfirmeraient cette hypothèse (voy. Cart, o, c, p. 400-409). Lesgéologues ont même émis l'idée que, à l'époque la plus reculée, laMéditerranée et la mer Rouge auraient communiqué entre elles; mais ilne paraît pas probable que, aux époques historiques, cet état dechoses existât encore; on pourrait admettre seulement qu'au moment dela sortie, les lacs recouvraient une étendue plus considérablequ'aujourd'hui, qu'ils étaient reliés entre eux et que, en se fondantsur l'état dans lequel se trouvaient les deux bassins du Timsah etdes lacs Amers, lorsque fut percé l'isthme de Suez, ils étaient d'unefaible profondeur. D'après l'hypothèse qui semble la plus probable, lepassage se serait effectué à travers le lac Timsah; c'est à lahauteur de la vallée de Tumilat qu'il aurait sa moindre largeur(environ 400 m.), tandis qu'elle est beaucoup plus considérable auNord. Si l'on admet qu'à une époque ancienne les lacs Timsah et Amersaient été reliés à la mer Rouge, on pourrait expliquer la possibilitédu passage des clans israélites, en faisant intervenir un phénomèned'ordre naturel: l'action du vent (peut-être combinée avec celle dela marée?) aurait amené un refoulement des eaux, lequel aurait permisle passage des Israélites; J lui-même a, d'ailleurs, rappelé cetteaction du vent d'E. au verset 21, en l'attribuant à l'actionprovidentielle de Dieu. Quant à l'expression de «mer des roseaux»employée par E pour désigner ici un lac intérieur, comme le Timsah,elle n'a rien d'extraordinaire, puisque le mot yâm est courammentemployé en hébreu pour désigner une mer ou un lac, (voy. No34:11, «la mer de Génézareth») et, dans le cas présent,l'expression «mer des roseaux» se comprend d'autant mieux que lesroseaux ne croissent pas dans les eaux salées; ici, il est questiond'un bassin intérieur jusque dans lequel, à l'époque des grandescrues, les eaux du Nil venaient se déverser par le ouâdi Tumilat: lesroseaux pouvaient donc y croître à leur aise.De la sortie d'Egypte au Sinaï. Ex 15:22 à Ex 40 présente, dans les textes racontant lesfaits qui ont précédé l'arrivée au Sinaï, bien des récits qui nesemblent pas être à leur place. Ainsi, dans ch. 17, les murmures à Massa et Méribâ, il paraît difficile d'admettre qu'un même lieuait porté ce double nom; E parlait de la source de Massa, et J decelle de Méribâ. Or De 32 51 appelle celle-ci Meribâ deKâdesch, et, dans les récits parallèles de E et de P (No 20),le fait en question se serait passé après l'arrivée à Kadès.C'est à ce même séjour à Kadès que doit se rapporter le fait racontéà (No 17:8) et suivants, la défaite infligée aux Amalécites.Ceux-ci n'avaient rien à voir dans la région du centre de lapéninsule sinaïtique, mais, dans No 14:43,45, lorsque lesIsraélites voulurent entrer directement en Canaan par le S., cesmêmes Amalécites, qui habitaient au Nord et à l'Ouest de Kadès, lesattaquèrent et les battirent. Le ch. 17 serait donc plus à sa placedans le cycle des récits de Kadès. On dira la même chose du ch. 18,qui fait supposer qu'Israël possédait déjà une certaine organisationjudiciaire et des lois, que Moïse appliquait; or, ces lois ne lui ontété données que plus tard, au Sinaï (ch. 19-34). On a donc supposéque, entre le passage de la mer et le Sinaï, J et E ne contenaientaucun récit des événements de cette partie du voyage, et que lerédacteur aura comblé cette lacune en insérant dans le texte actueldes récits qui ne seraient que des parallèles ou des doubles de faitsqui se seraient passés postérieurement à cette période. Enfin, lesdifficultés deviennent toujours plus grandes dès qu'on aborde les ch.19, 20, 24, 32-34, concernant les montées et descentes de Moïse auSinaï, sur lequel il serait monté jusqu'à six fois! Dans ch. 19, ontrouve deux récits parallèles, très enchevêtrés l'un dans l'autre, del'apparition de Yahvé à Moïse; le verset 2a (P) doit être placé avant le v. 1; le verset 18, qui suppose Dieu déjà descendu surle Sinaï, doit être transposé entre v. 30a et 20b. Dans ch. 20, lesverset 18,21, se rattachant directement à Ex 19:19, devaient précéder et non pas suivre les révélations divines dont parleEx 20:19. Le ch. 24 présente les indices de remaniements divers;deux versions d'une même tradition y ont été fondues: v. 1 - 2 - 9,11 d'une part, et v. 3, 8 de l'autre. En outre, dans v. 12 - 18, il ya deux épisodes distincts: les versets 12,15a qui préparent la remisedes tables de la loi du ch. 32, et les versets 15,18a qui préparentles prescriptions cultuelles des ch. 25-31. Ni l'un ni l'autre nefont allusion à l'entrevue des 70 anciens avec Yahvé sur la montagne (verset 9,11); en effet, au début de ces deux épisodes, Moïse est au pied du Sinaï. Au ch. 32 (histoire du veau d'or), onretrouve les traces très nettes de deux récits parallèles etdistincts. Dans ch. 33, les versets 7,11 ont été remaniés et l'ordreprimitif des verset 12,23 fortement troublé. Enfin, le ch. 34 soulèvedes questions embarrassantes et, comme l'a observé Driver (Introd.A.T., 9 e éd., p. 39), «la grosse difficulté réside dans le faitqu'une chose y est commandée, tandis qu'une autre y est faite», c-à-d, qu'au v. 1 c'est Yahvé lui-même qui va écrire lestables de la loi, alors qu'au v. 28 c'est Moïse qui grave les parolesde l'Alliance (voir plus loin). Le groupe de lois inséré actuellementdans Ex 34:10-26 et suivante trouve à une place qui ne luiconvient nullement, puisque, après Ex 32:34 et Ex 33:1,3,qui renferment l'ordre de quitter le Sinaï, on ne s'attend plus àvoir surgir un nouveau groupe de lois. La promulgation de ces loisdoit, à l'origine, avoir été suivie de l'ordre de marche indiqué dans32 3411; puis devaient venir Ex 33:12 34:9 33:15,16, qui donnentla suite logique des événements.--(Pour la question géographiquesoulevée par le Sinaï, v. ce mot.)--Ces chapitres, malgré laconfusion qui y règne, sont très importants, parce qu'ils encadrentles groupes de lois les plus anciens de la législation hébraïque. Cesont:Groupes de lois de l'Exode. 1. LE DECALOGUE MORAL ET RELIGIEUX, Ex 20:2,17, ne paraît pasavoir, à l'origine, appartenu à E; pour la plupart des critiques, ily aurait été substitué, sous l'influence de la prédicationprophétique du VIII e siècle, à un Décalogue de nature cultuelle plus ancien, qu'on désigne sous le nom de Paroles de l'Horeb (nomque E emploie pour désigner la montagne de la Promulgation) et quiserait aujourd'hui fondu dans le Code de l'Alliance; voy. 22 28b-2923:12-19. Ce Décalogue moral présentait sans doute, dans sateneur originale, la forme prohibitive brève que l'on retrouveaujourd'hui dans les 6 e, 7 e et 8 e commandements. On a, en outre,remarqué qu'il existe des éléments de J et de E dans les 2 e, 3 e, 4e et 10 e commandements; des éléments de D dans les 2 e, 3 e, 4 e et5 e; enfin, que l'influence de P s'est exercée sur le 4 e; celasuppose un long développement, par lequel le Décalogue (voir ce mot)a dû passer avant d'en arriver à sa formule actuelle. 2. LE LIVRE OU PACTE DE L'ALLIANCE, Ex 20:22-23 19 (ainsi nomméd'après Ex 24:7), a été aussi rattaché à E, dont il rappelle laterminologie. On y distingue actuellement trois parties: (a) des articles de droit civil et pénal, désignéshabituellement par le terme hébreu michpâtîm (prescriptionsjuridiques, lois, Ex 21:1), Ex 21:1-22:17; ces articles delois sont introduits par les conjonctions si ou lorsque ; (b) des règles relatives au culte et aux fêtesreligieuses, Ex 20:22-26 22:29-30 23:10 19) (c) des préceptes de morale sociale, Ex 22:18-28 23:1-9.Ces deux derniers groupes, b) et c), sont généralement désignés parle mot debârîtn, répondant à l'expression Paroles de Yahvé qui sert à les résumer dans Ex 24:3. Ce groupe soulève denombreuses questions critiques, quant à sa date et à la place qu'iloccupe actuellement. En raison de l'état de civilisation qu'ilsuppose, il ne paraît pas pouvoir remonter jusqu'à l'époque mosaïque,au moins sous sa forme actuelle; il vise une population établie dansle pays, vouée à l'agriculture et à l'élevage du bétail, de sorteque, tout en admettant qu'il contient des éléments plus anciens, onlui attribue assez généralement la date de composition de E, c-à-d,le milieu du VIII e siècle. A voir la différence de genre des deuxparties du Pacte, on peut déjà supposer qu'il a été constitué par desgroupes de lois plus anciens. Quant à la place qu'il occupeaujourd'hui, elle paraît lui avoir été attribuée à une époque plustardive; il aurait, à l'origine, occupé la place du Deutéronome actuel, etil y aurait figuré sous la forme d'une dernière exhortation de Moïse(au moins dans la partie des michpâtîm), forme qui se retrouveencore à la fin de Ex 23:24,33, promesses relatives à l'entréeen Canaan. En tout cas, les ressemblances entre Deut. et Ex21 Ex 22 Ex 23 sont si réelles qu'on a pu appeler le Deutéronome«un Pacte de l'Alliance élargi et développé» (Cornill). Le «Pacte»n'aurait été mis à la suite du Décalogue de Ex 20:2-17 quelorsque le Deutéronome eut été combiné avec J et E; on l'aurait alorstransporté à l'époque sinaïtique, avec laquelle il n'avait aucunrapport de date. En effet, nos textes n'établissent aucune relationentre ce Code et la promulgation de la loi au Sinaï; le passage Ex20:18-26 contient des éléments très disparates, les versets 18-21(voy. plus haut) appartiennent au récit concernant le Décalogue etdevaient suivre Ex 19:19; les versets 22,26 sont, suivant lescritiques, rattachés soit à E soit à J; enfin, dans la suite destextes de J et de E, ch. 31-34, il n'est fait aucune allusion auPacte (voir Alliance, livre de 1'). 3. LE DÉCALOGUE CULTUEL YAHVISTE de Ex 34:14,26,dans lequel certains critiques ont même vu un Dodécalogue, c-à-d, une série de douze prescriptions, présente un caractèrearchaïque très net et parle d'une époque où toute l'importance de lareligion nationale résidait dans l'élément cultuel. On pourrait mêmeattribuer à ce petit groupe la priorité sur le Décalogue moralclassique de Ex 20, car ce dernier proscrit toute espèced'image de la divinité, tandis que Ex 34 se borne à interdire toute image de métal fondu ; il y a là l'indice d'un progrès quicorrespond bien à ce que nous dit l'histoire religieuse d'Israël. Cedécalogue yahviste est placé à la suite d'un texte narratif, v. 1-9,dans lequel l'auteur a voulu donner un récit de l'histoire desdeux tables de la loi et de l'alliance conclue entre Yahvé et sonpeuple; les textes Ex 24:4 et Ex 34:27 se rapportent àcette alliance avec Yahvé; dans J, ce sont donc les versets 14-26 duch. 24, et non les ch. 21-23 qui constituent le «livre de l'alliance»auquel font allusion ces deux textes. La place que ce petit groupecultuel occupe aujourd'hui, il la doit sans doute au rédacteur qui afait du récit yahviste de la rupture des Tables, non pas le pendant de celui de E, mais sa suite. A l'origine, J et E ontdû placer le récit de la rédaction des Tables à la suiteimmédiate de l'arrivée au Sinaï: Ex 34:1-4,10-28 représenteraitdonc le récit yahviste original de la conclusion de l'alliance auSinaï, par conséquent la suite naturelle de Ex 19:20-25 et deEx 24:1,2,9-10 dans J. 4. Les deux groupes de lois, 25-31 et 35-40, de P. Le premiercontient des instructions concernant: la construction de la Tente duRendez-vous, les meubles sacrés, le parvis; puis, l'élection d'Aaronet de ses fils comme prêtres; le costume du grand-prêtre etl'installation des prêtres (ch. 25-29). Dans ch. 30-31, on trouve desprescriptions supplémentaires: l'autel des parfums, l'impôt decapitation, la cuve de bronze, l'huile sainte et le parfum; lesouvriers chargés d'aménager la tente; enfin, une ordonnance sur lesabbat. On remarquera: que l'autel des parfums n'est pas mentionné au ch.25, à la place où on l'attendrait, parmi les meubles sacrés; il n'estmentionné pour la première fois que dans les prescriptionssupplémentaires, Ex 30:1-10; dans Le 16, qui décrit endétail les cérémonies du Jour des Expiations, ne figure pas le riteexpiatoire indiqué Ex 30:10 et l'on n'y parle que d'un seulautel, celui des holocaustes. Le 16:12-13 parle, en effet, d'unbrasier sur lequel se faisait l'offrande des parfums; il ignore doncl'autel destiné à ce service. L'onction sacerdotale qui, dansEx 29:7,Le 8:12, était réservée au seul grand-prêtre, apparaîtétendue dans Ex 30:30 et suivants à tous les prêtres, bien quel'expression consacrée de prêtre-oint pour désigner legrand-prêtre (Le 4:3,5,16 16:32 21:10 etc.) semble attribuer àce dernier seul l'onction sacerdotale. Ces deux points desprescriptions supplémentaires paraissent appartenir à une couchesecondaire de P et reflètent des usages cultuels d'une époque plusrécente. On peut en dire autant de l'impôt de capitationpour l'entretien du culte, Ex 30:11,16; la confection d'une cuvede bronze, Ex 30:17-21; l'ordonnance relative au parfum, Ex30:34-38.--Le second groupe de P, ch. 35-40, décrit à peu près dansles mêmes termes l'exécution des ordonnances contenues dans ch.25-31, y compris celles qui nous sont apparues comme supplémentaireset plus récentes (ch. 30-31); seulement ces dernières y occupent leurplace régulière: l'autel des parfums, parmi les meubles sacrés, et lacuve d'airain, auprès de l'autel des holocaustes, dans le parvis;telle d'entre elles (celle sur l'autel des parfums) manque dans letexte grec-alexandrin, et l'ordre des ch. 37-39 y est fortementaltéré. De ces constatations il faudrait conclure que, au moment oùse fit la traduction des LXX, la dernière main n'avait pas encore étémise au groupe des ch. 35-40. BIBLIOGRAPHIE --Commentaires: Knobel-Dillmann, B. Bentsch, Holzinger, Strack, W.H.Bennett (Century Bible), --A.H. McNeile (Westminster Bible), S.L. Browne A nos Comm. onHoly Scripture, éd. par Gore, Gough et Guillaume.--A. Westphal, Jéhovah ; Sources.--Léon Cart Sinaï et dans l'Arabie Pétrée --Ad. Lods, Israël, des origines au milieu du VIIIe siècle ,Paris, 1930.--H. Trabaud (dans Bbl. Cent.).--Introd, à l'A.T.: Lucien Gautier, Driver, Steuernagel, Baudissin,Wildeboer, Cornill, Riehm, etc. Ant.-J. B.